par
Richard Webb
Les trois présentes études de cas sur la foresterie urbaine en Asie du sud-est portent principalement sur Hong-Kong, Kuala Lumpur et Singapour, trois villes où, dans le développement urbain, ont été incluses d'importantes activités de foresterie sociale. Les études fournissent des informations générales sur les villes sous l'angle de l'emplacement, de la taille, de la densité de population et des caractéristiques physiques. Elles décrivent également le développement historique de ces villes et de la foresterie urbaine dans leurs territoires respectifs.
Si l'on examine la situation de la foresterie urbaine dans ces trois villes, on remarque que le verdissement urbain a bénéficié d'un appui politique considérable. La plantation d'arbres s'est focalisée sur l'établissement d'arbres d'alignement et la création de parcs pour des motifs d'ombrage, d'amélioration de l'environnement urbain et de loisirs. Les études passent en revue les questions institutionnelles et montrent comment, dans chaque ville, la plantation et la gestion des arbres sont intégrées dans la planification urbaine. Les principales initiatives entreprises par les organisations concernées sont décrites également.
Parmi les questions techniques affrontées figurent la sélection des espèces plantées pour différentes fonctions et dans différents lieux, l'établissement et la gestion des arbres, la gestion des résidus d'émondage, notamment dans la zone intensément urbanisée de Hong-Kong, qui est dominée par un réseau dense de trottoirs au-dessous desquelles se trouvent de nombreux services publics souterrains. A Kuala Lumpur, beaucoup de fonctionnaires techniques ont une licence d'aménagement paysager, d'horticulture, de botanique et de génie civil qui porte aussi sur la foresterie urbaine. A Singapour, l'emploi depuis de longues années d'un large éventail d'espèces arborées a permis d'évaluer leurs qualités à long terme en tant qu'arbres urbains. Les stratégies de conservation suggèrent l'établissement de couloirs pour la faune sauvage à Kuala Lumpur et à Singapour pour relier entre eux les parcs urbains et pour joindre la zone urbaine à la zone périurbaine.
L'une des raisons du succès des programmes de verdissement est le mécanisme de coordination qui a été institué. Il comprend le Comité d'action de la ville-jardin de Singapour, qui réunit les principaux acteurs au niveau de la direction. Le fait que l'unité de plantation faisait partie du département responsable des routes et des infrastructures a permis la coordination des initiatives à Kuala Lumpur. A Hong-Kong, le Groupe de travail interdépartemental sur les arbres urbains a été un moyen efficace de communication entre les départements concernés. L'engagement résolu du secteur privé et des communautés intéressées a représenté un élément clé dans le verdissement de ces villes.
Pour conclure, les présentes études de cas fournissent un grand nombre de leçons qui pourraient aider d'autres villes à promouvoir des programmes de foresterie urbaine. Ces leçons mettent en évidence: a) l'importance de formuler une politique efficace et structurée de verdissement citadin; b) la nécessité d'instaurer une collaboration entre les organismes publics participant aux activités forestières; et c) l'importance d'encourager la participation populaire aux programmes de plantation et d'entretien des arbres.
Les présentes études de cas examinent trois villes dont le développment urbain a comporté d'importantes initiatives de foresterie, à savoir Hong-Kong, Kuala Lumpur et Singapour. Elles donnent des informations générales sur la ville, fournissent une analyse des questions institutionnelles et techniques liées à la foresterie urbaine et s'achèvent par des conclusions et recommandations qui montrent comment le développement des forêts urbaines et des espaces verts à Hong-Kong, Kuala Lumpur et Singapour offrent des enseignements importants aux villes dont les programmes de foresterie urbaine sont à leurs premiers stades de mise en oeuvre.
La ville de Hong-Kong1 se compose de plus de 200 îles et d'une partie continentale rattachée à la province chinoise de Guangdong. Lîle de Hong-Kong proprement dite couvre une superficie de 78,64 km2. L'ensemble des terres émergées, y compris les nouveaux territoires et les îles extérieures, occupent une surface de 1 065 km2. La présente étude de cas porte sur la zone métropolitaine de Hong-Kong et de Kowloon, telle qu'elle est définie dans la Hong-Kong Metroplan Study, et qui fait l'objet de la stratégie de foresterie urbaine de Hong-Kong.
Hong-Kong était autrefois une colonie de l'empire britannique administrée par le gouvernement de Hong-Kong. En vertu de la déclaration conjointe, le ler juillet 1997, la ville est devenue une région administrative spéciale de la République populaire de Chine. Hong-Kong a une population d'un peu plus de 6 millions d'habitants, dont la moitié environ vit dans la zone métropolitaine couverte par cette étude. La densité de la population de l'Ile de Hong-Kong et de Kowloon est de 26 180 habitants par km2, soit six fois la densité de Singapour (Daryanani, 1994). Hong-Kong est un important centre commercial et financier international qui s'est développé comme entrepôt pour le commerce avec la Chine, et a connu une croissance économique et urbaine spectaculaire à partir des années 70. Avec une valeur brute de 2 119 milliards de dollars de Hong Kong ($HK)2 d'échanges visibles en 1993, Hong-Kong est au dixième rang des économies commerciales du monde.
La ville est située sur la côte du sud-orientale de la masse asiatique et à l'extrémité nord des tropiques, ce qui donne à la région un climat subtropical de mousson prononcé où s'alternent la saison sèche et la saison des pluies. Cette dernière a lieu en été de mai à septembre et est la conséquence des vents chauds et humides qui soufflent de la Mer de Chine méridionale vers le nord. La saison humide se caractérise par des températures relativement élevées touchant en moyenne 29 °C en juillet et d'abondantes précipitations (environ 1 840 mm). Des cyclones, de violents orages tropicaux entraînant de fortes baisses de pression et des vents forts (jusqu'à 165 km/h) peuvent se produire entre juin et octobre. La saison sèche dure d'octobre à avril lorsqu'une modification du modèle des vents apporte au sud de l'air plus sec et frais en provenance de la masse continentale. Pendant cette saison la température varie entre 10 et 16 °C et les pluies n'atteignent que 230 mm.
La géologie de Kowloon et de la partie centrale du nord de l'Ile de Hong-Kong consiste en granits du jurassique supérieur sur lequel se sont formés des sols podzoliques rouge jaune, pauvres en nutriments et facilement érodables (entisols), alors que, dans l'ouest et le sud-est de l'île, se trouvent des roches volcaniques du jurassique moyen à partir desquels se sont formés des sols krasnosem (entisols). Un type de sol caractéristique de Hong-Kong, trouvé notamment dans la baie de Kowloon, à l'ouest et à l'est de Kowloon et au nord de l'île, est présent dans les terres récupérées formées de sable marin et de granit décomposé provenant d'excavations pratiquées dans le flanc des montagnes. A ce jour, 9 000 ha de terres récupérées ont été affectés à la création des nouvelles villes situées dans les nouveaux territoires.
Les collines à pente raide et boisées qui forment l'épine dorsale de l'Ile de Hong-Kong constituent une toile de fond spectaculaire, formant avec les parcs, les jardins et les arbres d'alignement ce que l'on pourrait appeler la «forêt urbaine de Hong-Kong».
R. Webb
Photo 1: La forêt de Hong-Kong
1 Maintenant Chine, Région administrative spéciale de Hong-Kong
2 2 119 milliards de $HK = environ 273 milliards de $EU (1993)
Lorsque les anglais ont pris possession de l'île de Hong-Kong en 1841, elle était décrite comme un «rocher dénudé» formé de collines herbeuses, de boisements clairsemés dans les vallées et de petits bosquets protégés derrière les villages. Un Département botanique et du boisement a été institué en 1880 pour réaliser des programmes de plantation d'arbres dans la ville à des fins d'ombrage, et dans les campagnes pour fournir du bois de feu aux villageois (récolte soumise à un permis d'exploitation) et pour stabiliser les flancs de colline gravement érodés.
En 1938, 70 pour cent de l'Ile de Hong-Kong avaient été boisés grâce à des plantations établies par le gouvernement et composées essentiellement de Pinus massoniana, et 200 km2 des nouveaux territoires étaient occupés par des parcelles forestières cédées à bail et utilisées comme source de bois de feu. Les jardins zoologique et botanique de Hong-Kong ont été construit entre 1861 et 1871; ils occupent à l'heure actuelle 5,35 ha et renferment plus de 500 espèces d'arbres et d'arbustes. Un herbarium local a également été institué en 1878 et a permis de nouer des relations officielles avec des botanistes, jardiniers et forestiers à l'étranger.
Presque tous les arbres des collines de l'Ile de Hong-Kong et de Kowloon ont été abattus pour fournir du combustible pendant l'occupation japonaise qui a eu lieu au cours de la deuxième guerre mondiale, exposant ainsi les bassins versants à l'érosion (rapport annuel, 1948). Le gouvernement a officiellement formulé une politique forestière en 1951. Ses objectifs étaient les suivants:
Reboiser les collines dénudées de la colonie qui étaient, pour la plupart, érodées et nues et constituaient de ce fait une menace pour le bassin de réception.
Gérer la forêt pour qu'elle puisse donner un rendement durable en perches, bois de feu et petit bois d'oeuvre.
Encourager la foresterie privée et aider les villageois des nouveaux territoires à établir et gérer leurs plantations (Robertson, 1953).
En 1963, il y avait environ 10 000 acres (4 166 ha) de plantations gouvernementales et près de 2 000 acres (833 ha) de plantations villageoises subventionnées par le gouvernement (Daley, 1975).
Cependant, à la fin des années 60, le programme a été réduit en raison de la baisse de la demande de bois de feu, à mesure que de nouvelles sources d'énergie se rendaient disponibles, et du nombre accru d'incendies dans les collines. Le programme de verdissement a repris dans les années 70 et en 1980 Hong-Kong comprenait 21 parcs nationaux ainsi que 37 sites d'intérêt scientifique spécial choisis pour leur intérêt botanique, archéologique et éducatif.
Il existe un grand nombre d'organisations à Hong-Kong qui participent d'une manière ou d'une autre aux activités de foresterie urbaine.
Département des services urbains
Le Département des services urbains (Urban Services Department) est responsable de la plantation et de l'entretien des arbres dans les parcs et le long des rues de Hong-Kong. En 1993, il a organisé la plantation d'environ 9 000 arbres, dont 90 pour cent étaient produits dans les pépinières municipales. Le département s'occupe également de 1 059 parcs et terrains de jeux. Il y a quatre grands parcs dans la zone métropolitaine, à savoir le parc de Kowloon, le parc de Hong-Kong Park, le parc Lye Yue Mun et le parc Victoria. Ce dernier attire environ 200 000 personnes par jour pendant les fins de semaine. Une Unité de promotion de l'éducation (Education Promotion Unit) relève aussi du département. Cette unité offre des cours de formation horticole au public et un programme de vulgarisation aux écoles et à des groupes de jeunes et de volontaires.
Pour promouvoir le verdissement de Hong-Kong, le Conseil urbain, qui relève du Département des services urbains, a lancé une campagne de verdissement et formé son propre groupe de travail (Working Group for Greening Hong Kong) à la fin de 1992. Le groupe, qui se compose de membres du conseil et de personnel technique, met au point et réalise ses propres programmes, et lance et surveille différents programmes communautaires visant l'expansion des espaces verts.
L'année 1993 a été proclamée «année du verdissement» et elle a commencé par une foire de l'arbre organisée dans le parc Victoria et une campagne publicitaire efficace lancée avec l'appui de la télévision et des journaux. C'était la première campagne de verdissement jamais organisée à Hong-Kong. Le Conseil urbain a investi plus de 10 millions de $HK3 cette année-là en faveur du projet qui comprenait la plantation d'arbres le long des rues et sur les pentes. En outre, une série d'activités communautaires, telles qu'ateliers et séminaires, plantation d'arbres par les collectivités, mini-expositions de fleurs et visites guidées aux pépinières et aux principaux parcs, ont été organisées pour sensibiliser le public aux besoins environnementaux. Les 10 Commissions de district urbaines (Urban District Boards), rattachées aux départements gouvernementaux, et des organisations écologistes volontaires ont donné leur appui à la campagne.
3 10 million de $HK = environ 1,3 million de $EU (1993)
R. Webb
Photo 2: Arbres séculaires le long de la Haiphong Road, Kowloon, Cinnamomum camphora
Le Département des autoroutes
Le Département des autoroutes (Highway Department) entreprend des plantations d'arbres d'alignement dans le cadre des travaux paysagers associés aux principaux programmes d'amélioration des routes. Il est aussi responsable de la délivrance des permis nécessaires pour le creusement des trous de plantation.
Le Département du logement
Le Département du logement (Housing Department) plante environ 6 000 arbres chaque année (y compris de grands palmiers) dans le cadre des plans d'aménagement paysager associés au programme de logements sociaux. Le dernier programme réalisé sur une période de cinq ans comprenait la préparation du sol et la plantation et l'entretien des arbres pour un coût d'environ 10,25 millions de $HK4. La Section de la gestion des logements (Housing Management Branch - HMB) du Département du logement dispose d'une équipe de base de 14 fonctionnaires spécialisés en horticulture détachés par le Département des services urbains. Le rôle de cette équipe est de conseiller les responsables des logements en matière d'entretien du paysage, d'offrir des cours de formation à l'intention du personnel du département et de gérer une pépinière qui couvre 50 pour cent des besoins en plantes du département. La plantation d'arbre, l'aménagement paysager et l'entretien des arbres sont réalisés par une entreprise paysagiste sous-traitée par le gouvernement et qui est conseillée et dirigée par l'équipe de base. Le Département du logement entretient environ 190 ha de plantations.
4 10,25 millions de $HK = environ 1,3 million de $EU (1995)
Les Commissions de district
Les Commissions de district (District Board), à savoir l'administration au niveau local, entreprennent aussi des activités de plantation d'arbres par le biais de leurs programmes secondaires d'amélioration de l'environnement pour lesquels le Conseil urbain (Urban Council) du Département des services urbains alloue 9,0 millions de $HK5 par an. Les commissions de district peuvent également affecter jusqu'à 300 000 $HK6 de leurs propres ressources à n'importe quel projet ayant des objectifs de protection de l'environnement, y compris la plantation d'arbres.
5 9,0 millions de $HK = environ 1,2 million de $EU (1995)
6 300 000 $HK = environ 40 000 $EU (1995)
Le Département du développement territorial
Le Département du développement territorial (Territory Development Department) est responsable de la gestion des principaux projets d'infrastructure, y compris les plans de récupération. Ils comprennent la plantation d'arbres d'alignement et d'arbustes faite de manière à assurer qu'un espace adéquat est réservé tant aux arbres qu'aux services souterrains. C'est ainsi que, dans la zone récupérée de l'est de Kowloon, 33 000 jeunes arbres ont été plantés dans les zones tampons de Mei Foo Sun Cheun et Nam Cheung et 2 040 arbres adultes ont été établis le long des routes au nord de la zone de récupération en 1994–1995 pour un coût d'environ 10,2 millions de $HK7.
7 10,2 millions de $HK = environ 1,3 million de $EU (1995)
Le Département de l'agriculture et des pêches
Le Département de l'agriculture et des pêches (Department of Agriculture and Fisheries) est responsable des quatre parcs nationaux de l'Ile de Hong-Kong: (1) Aberdeen; (2) Tai Tam et son extension; (3) Pokfulam; et (4) Shek O. Ils couvrent une superficie totale de 3 023 ha, soit environ 40 pour cent de l'île. En réalité, les parcs nationaux sont situés hors des limites administratives de la zone urbaine bien qu'en pratique ils puissent être considérés comme des réserves forestières périurbaines. Composés d'un mélange de forêt régénérée naturellement et de plantations d'arbres, les parcs dont l'objectif principal est la protection des bassins versants, ont été établis en 1977 aussi comme lieux de récréation et pour la protection de la faune sauvage. Le département plante actuellement environ 300 000 arbres par an comme mesure de lutte antiérosive, pour réparer les dommages causés par les incendies et pour des motifs d'agrément. Normalement, seuls des arbres introduits artificiellement comme les acacias pourront supporter l'âpre milieu constitué par les pentes dénudées et érodées, mais lorsque les conditions sont plus favorables on plante aussi des essences indigènes pour donner un habitat à la faune sauvage.
R. Webb
Photo 3: Nouvelles plantations d'arbres d'alignement par Hong Kong Land Ltd
Le Département des terres et les Bureaux de district
Tous les plans de développement du territoire, y compris la coupe des arbres et les propositions d'aménagement paysagers, doivent être approuvés par le Département des terres (Lands Department) moyennant les Bureaux de district (District Lands Office). Les procédures à suivre pour la protection des arbres sur les sites de construction sont décrites dans la circulaire technique 24/29 de la section des travaux intitulée «préservation des arbres». En ce qui concerne l'abattage des arbres et les propositions d'aménagement paysager, les Bureaux de district sont conseillés par des architectes paysagistes relevant du Département des services architecturaux (Architectural Services Department). Parmi les autres départements gouvernementaux qui ne sont pas directement concernés par les arbres, mais dont les remarques doivent être sollicitées lorsqu'il est question de planter des arbres d'alignement, figurent le Département de services de drainage (Drainage Service Department), le Département de l'approvisionnement en eau (Water Supplies Department), le Département des transports (Transport Department) et, occasionnellement, la Police royale de Hong-Kong (Royal Hong Kong Police).
Ces dernières années ont été caractérisées par un accroissement de l'intérêt manifesté à Hong-Kong pour la plantation d'arbres d'alignement mais ces activités ont souffert du manque de coordination entre les différents départements gouvernementaux et les autres organismes qui entreprennent des programmes de plantation. La création en 1991 du Groupe interdépartemental de travail sur les arbres urbains (Interdepartmental Working Group on Urban Trees), dont le secrétariat siège auprès du Département du développement territorial, a représenté un important progrès aux fins d'améliorer l'entente et la coopération entre les différents départements. Le groupe de travail s'est concentré sur la coordination des projets forestiers départementaux, y compris ceux organisés par le Conseil urbain et les commissions de district, et sur la résolution des problèmes administratifs qui entravaient la plantation d'arbres d'alignement.
L'une des premières réalisations du groupe de travail a été la production de la circulaire technique 25/92 intitulée «Allocation d'espace pour les arbres urbains» qui harmonisait les besoins des différents départements en matière d'emplacement des nouveaux arbres par rapport aux services publics souterrains et aux carrefours, et simplifiait la procédure de plantation des arbres d'alignement.
Le groupe de travail a préparé, en outre, une stratégie de foresterie urbaine qui comprend un programme et un budget pour la plantation et l'entretien des arbres d'alignement et de ceux sur les pentes et les terres incluses dans la circonscription des départements gouvernementaux, dans la zone urbaine de l'île de Hong-Kong et de Kowloon. La stratégie a été mise au point sur la base des réponses à un questionnaire mis en circulation dans 18 départements et organismes gouvernementaux s'occupant de plantation d'arbres, et en s'inspirant d'activités arboricoles urbaines réussies ailleurs. Son principal objectif était de promouvoir la participation des secteurs public et privé au verdissement de la ville par l'organisation d'initiatives comme les campagnes de plantation d'arbres.
La Commission du district de Wanchai a lancé sa propre initiative privée dans le cadre de laquelle elle a déjà planté 500 arbres d'alignement dans l'un des quartiers le plus congestionnés de la ville. Le programme obtient des crédits du secteur privé en offrant aux entreprises un «paquet» de 10 arbres, outre des grilles et des tuteurs portant le logo de la compagnie, à planter autour de leur enceinte et au prix de 100 000 $HK8. Le programme a été couronné de succès et est géré par un consultant paysagiste pour le compte du bureau de district. Le district espère planter un minimum de 100 arbres par an dans le cadre de ce programme, et d'autres commissions de district envisagent de mettre en oeuvre des projets similaires.
La Commission de district de Wanchai a également mis en oeuvre un plan de «gardiennage des arbres» fondé sur une approche chinoise traditionnelle. Dans le cadre du programme, des groupes de résidents, notamment des retraités, reçoivent une formation en matière d'entretien d'arbres du Département des services urbains et deviennent ainsi les gardiens des arbres de leur rue dont ils prennent soin. Ces gardiens vérifient la sécurité des liens et des tuteurs, éliminent les déchets autour des arbres, les arrosent pendant les périodes de sécheresse et signalent tout problème important au personnel d'entretien des arbres du Département des services urbains. Les gardiens peuvent aussi communiquer leurs activités aux écoles et aux groupes communautaires locaux et promouvoir des initiatives de plantation. De telle manière, les populations locales apprennent à protéger les arbres de leur propre quartier et soulagent le Département des services urbains des tâches routinières d'entretien. Le programme est opérationnel depuis un an et a jusqu'à présent obtenu du succès.
Le seul projet volontaire de plantation collective d'arbres en zone urbaine a été celui intitulé «campagne pour le verdissement de notre ville» organisé par l'organisation Friends of the Earth (Hong-Kong). Le projet a été opérationnel de 1991 à 1992 et a bénéficié d'un appui financier de 1,3 million de $HK9 du Sino Group. Au cours du projet, 342 arbres d'alignement ont été plantés en collaboration avec le Département des services urbains.
8 100 000 $HK = environ 13 000 $EU (1995)
9 1,38 million de $HK = environ 180 000 $EU (1992)
Les cérémonies communautaires de plantation d'arbres comportent normalement la plantation de jeunes arbres par des familles ou des organisations communautaires et sont très populaires. Celles qui sont organisées au printemps de chaque année par le Département des services urbains et le Département de l'agriculture et des pêches ont beaucoup de succès et plus de 20 000 personnes y prennent part chaque année. Le Département de l'agriculture et des pêches promeut aussi un programme de «foresterie scolaire» où à chaque école est assignée une zone de la forêt dans laquelle elle organise des études environnementales, y compris la plantation et l'entretien d'arbres. Des camps forestiers, fréquentés par environ 2 000 jeunes chaque année, sont aussi organisés pendant l'été par le Département qui offre des cours hebdomadaires en matière d'éducation écologique, de méthodes de plantation d'arbres, de techniques de pépinière et de gestion des forêts.
R. Webb
Photo 4: Plantation d'arbres communautaire, district de Wong Tai Sin, Hong Kong
L'ancien Bureau du développement des zones urbaines (Urban Area Development Office) du Département du développement territorial a également assisté quatre commissions de district à organiser des journées communautaires de plantation d'arbres. Le bureau de district qui relève de la Commission du logement et du développement prend contact avec ces groupes communautaires et organise la journée. L'entreprise sous-traitée par le Bureau du développement des zones urbaines prépare le site et se procure les arbres des pépinières du Département de l'agriculture et des pêches et en prend soin pendant un an ou deux jusqu'au moment de leur établissement. De nombreux groupes communautaires prennent part à cette opération. Normalement, environ 100 personnes, provenant souvent de huit différents groupes, plantent jusqu'à 800 arbres pendant les activités de la matinée. Le plus jeune parmi les planteurs n'avait que deux ans et demi et le plus âgé 102 ans. La Commission du district de Wong Tai Sin a été particulièrement active à cet égard et, en 1993, a publié son propre «Bulletin des plantes vertes» pour promouvoir le verdissement du district et encourager les activités horticoles parmi le public.
L'un des aspects du verdissement urbain qui n'a pas été encouragé officiellement est celui relatif aux «jardins du promeneur matinal». Beaucoup de résidents retraités de Hong-Kong ont l'habitude de se lever tôt le matin et de marcher jusqu'aux collines qui bordent la ville. Là, ils font leurs exercices matinaux et leur tai chi et rencontrent leurs amis. Beaucoup d'entre eux créent de petits jardins sur les flancs des collines et plantent des fleurs, des arbustes et parfois des légumes, appliquant des méthodes de collecte de l'eau et de jardinage d'une ingéniosité étonnante. Ils plantent aussi des arbres d'ombrage lorsqu'ils peuvent obtenir des plantules. Les jardins des promeneurs matinaux ont été créés notamment au pied des collines de Kowloon où les gens sont libres d'organiser leurs propres activités comme bon leur semble, à l'abri des contraintes de leur existence ordonnée. En réalité ces jardins occupent illégalement des terres appartenant à l'Etat. En outre, certains jardins sont enlaidis par de lourdes clôtures construites à l'aide de bois et de métal de rebut. Lorsqu'ils reçoivent des plaintes, les fonctionnaires du Bureau de district sont obligés de les faire abattre. Le bureau cherche à décourager cette installation de squatters sur les flancs des collines car il a représenté jusqu'à tout récemment un grave problème social et environnemental pour Hong-Kong. En général, les jardiniers vont établir de nouveaux jardins ailleurs car la pratique des jardins du promeneur matinal est fermement ancrée. Le projet forestier destiné à la banlieue mis en oeuvre par le Département du développement territorial a offert gratuitement des plantules aux promeneurs du matin afin qu'ils s'en servent pour délimiter leurs jardins.
En 1993, le Département des services urbains a demandé à l'université de Hong-Kong d'actualiser l'enquête de 1985 sur les arbres d'alignement et d'identifier de nouveaux sites de plantation. L'enquête a été achevée en 1994 (Jim, 1994a) et a révélé l'existence de 19 154 arbres plantés le long des trottoirs et dans les plates-bandes médianes des avenues et les refuges pour piétons, couvrant environ 30 pour cent du réseau routier. L'enquête comprenait des données sur plus de 200 arbres considérés comme appartenant au «patrimoine» de l'Etat en raison de leur taille exceptionnelle, de leur âge et de leur rareté. La plupart de ces arbres étaient des banyans (Ficus microcarpa) ou des camphriers (Cinnamomum camphora) (Jim, 1994b). Certains sont vénérés car ils font partie d'un ensemble de croyances traditionnelles chinoises connu sous le nom de Fung Shui et, en tant que tels, bénéficient d'une protection spéciale. En effet, si les travaux de construction endommagent un arbre «fung shui», les responsables sont tenus d'offrir une compensation à la communauté (Webb et Williams, 1994). Par ailleurs, la plantation d'arbres devant les boutiques étant considérée comme une mauvaise pratique de «fung shui», de nombreux commerçants s'opposent à leur établissement dans la rue hors de leur magasin.
Quelque 149 essences forestières provenant de 45 familles botaniques ont été également enregistrées dans la zone urbaine (elles ne comprennent pas les essences indigènes des parcs nationaux ni ceux de la ceinture verte). Les deux tiers de ces essences ne sont pas originaires de Hong-Kong et ont été introduits au fil des ans. La plupart des essences exotiques ont été plantées à des fins d'ombrage et d'ornement (Jim, 1992). Parmi les arbres d'alignement, 53 pour cent sont des espèces feuillues sempervirentes, 29 pour cent des palmiers et 17 pour cent des feuillus décidus qui poussent facilement dans le climat subtropical de Hong-Kong. L'arbre d'alignement de loin le plus répandu est le bancoulier (Aleurites moluccan) qui absorbe 13 pour cent du total, alors que le cajeputier (Melaleuca leucadendron) et le palmier royal Alexandra (Archontophoenix alexandrae) représentent les deuxième et troisième espèces les plus communes. En général, à 10 espèces sont imputables plus de 70 pour cent du nombre total d'arbres d'alignement, autrement dit on tend à recourir de manière excessive à certaines espèces, car rares sont les arbres capables de survivre dans les conditions difficiles des rues de Hong-Kong.
Pour accroître la variété des arbres à planter et réduire la dépendance excessive vis-à-vis d'espèces comme Aleurites moluccana, 25 différentes essences seront plantées à l'avenir. Sur ce nombre Bombax malabaricum représentera 15 pour cent, Melaleuca leucadendron 14 pour cent, Bauhinia blakeana 10 pour cent et Aleurites 10 pour cent. Ce programme de plantation s'étendra sur les cinq prochaines années avec un objectif total de plantation de 7 500 arbres et un coût total d'environ 46 millions de dollars HK10.
Enfin, de nombreuses pentes herbeuses et de petites zones non allouées appartenant à l'Etat (Crown Land), proches des rues et des zones résidentielles, sont adaptées à l'établissement d'arbres. La plantation de ces zones à l'aide de jeunes arbres pour créer de petits boisements comprenant des espèces indigènes visant à attirer la faune sauvage serait un moyen économique d'améliorer la qualité de l'environnement.
10 46 millions de $HK = environ 5,93 millions de $EU (1995)
Les problèmes liés à la gestion des arbres d'alignement dans la zone urbaine de Hong-Kong ont déjà été mis en évidence par Jim (1986a), en même temps qu'ont été préparés un inventaire initial des arbres (Jim, 1986b), une évaluation des arbres d'agrément (Jim, 1990a), des conseils d'arboriculture (Jim, 1990b) et une indication de la provenance des arbres ornementaux utilisés dans ce climat subtropical (Jim, 1992). Les techniques de plantation et d'entretien des arbres de Hong-Kong et les règlements gouvernementaux concernant leur préservation et leur abattage ont été indiqués par Webb (1991).
Il est extrêmement difficile de planter des arbres d'alignement dans les vieux quartiers de Hong-Kong en raison du réseau dense de trottoirs et des nombreux services publics souterrains comme les tuyaux d'alimentation en eau et en gaz, les drains et les lignes électriques, téléphoniques et de la télévision. Le gros des travaux d'entretien est le fait des équipes techniques du Département des services urbains composées d'arboriculteurs spécialisés dont la fonction est d'inspecter les arbres d'alignement des zones urbaines deux fois par an. Cette tâche comporte la surveillance de l'effet sur les arbres des constructions privées et l'éclaircissement régulier des houppiers pour éviter les graves dommages que pourraient causer la chute de branches pendant les cyclones. Des déchiqueteuses de broussaille sont utilisées pour déchiqueter tous les résidus de l'émondage des arbres d'alignement et des parcs, ce qui produit environ 9 600 m3 par an de paillis servant aux parterres des parcs, et permet de réaliser une économie de 576 000 $HK par an11, soit le prix d'une quantité équivalente de matériel de paillage.
11 576 000 de $HK = environ 74 000 $EU (1992)
R. Webb
Photo 5: Problèmes auxquels font face les arbres des trottoirs encombrés de Hong-Kong
Le coût d'entretien des arbres à la charge du Département des services urbains pour trois équipes s'est élevé en 1991–1992 à 7,0 millions de $HK12. Ce chiffre ne comprend ni les coûts d'entretien des petits arbres plantés dans le cadre des initiatives du Conseil urbain et dans les parcs, et qui sont soignés par le personnel des parcs, ni le coût des interventions d'urgence à la suite des cyclones. Au cours des cinq prochaines années, le département ajoutera sans doute 11 000 arbres au matériel existant pour atteindre un total d'environ 30 000 arbres d'alignement.
12 7,0 millions de $HK = environ 900 000 $EU (1992)
R. Webb
Photo 6: Déchiquetage des résidus d'émondage pour la production de paillis, Département des services urbains, Hong-Kong
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Kuala Lumpur est la capitale de la Malaisie. La ville se situe dans une région qui renferme l'une des forêts tropicales les plus riches de la terre (Zakariya, 1990). De nombreux îlots de forêt subsistent encore dans la ville alors que dans la zone périurbaine on trouve de vastes réserves de diptérocarpacées de basses plaines et de collines. Le climat est semblable dans l'ensemble à celui de Singapour.
Née comme petit village de mineurs d'étain dans les années 1850, la ville s'est accrue depuis lors et comptait quelques milliers d'habitants en 1900. Après être devenue la capitale de la Malaisie et territoire fédéral en 1974, atteignant ainsi 1,25 million d'habitants, son industrie et son commerce se sont développés rapidement de même que l'emploi. Le taux de croissance démographique est actuellement de 4 pour cent (1994) et il est attendu que d'ici l'an 2000 la population atteindra 2 millions d'habitants.
Le verdissement de Kuala Lumpur remonte à 1889, lorsque le trésorier de Sélangor, Alfred Venning, proposa de construire un jardin botanique connu aujourd'hui sous le nom de Taman Tasik Perdana et qui est l'un des principaux parcs de la ville. Au début des années 70, ayant pris conscience de la dégradation de l'environnement causée par l'urbanisation accélérée, le gouvernement a réservé une place prioritaire dans ses programmes à la plantation d'arbres.
En 1972, l'Unité de l'embellissement (Beautification Unit) a été créée au sein du Département des services urbains (Urban Service Department); son objectif était d'améliorer l'environnement et l'image de la ville afin d'attirer des investissements et des touristes (Hussin, 1993). En 1970, cette unité a été promue au rang de Département indépendant des parcs et des activités récréatives.
La révision de l'Acte fédéral de planification du territoire (1973) (Federal Territory Planning Act) qui date de 1982 a établi l'intégration des programmes de verdissement de la ville, y compris des règles sur la plantation, la coupe et la préservation des arbres, dans les procédures de planification urbaine. Le plan structurel de Kuala Lumpur de 1984 a également mis l'accent sur l'importance de planter des arbres pour des raisons d'ombrage et de stabilisation des pentes. Deux importants événements ont stimulé les allocations budgétaires à des fins de plantation d'arbres et d'aménagement paysager urbain: l'accueil des jeux olympiques de l'Association des nations de l'Asie du sud-est (ANASE) et la désignation de 1990 comme «l'année de la visite en Malaisie».
Hussin (1993) souligne qu'à la fin de 1993, le nombre d'arbres plantés s'élevait à 253 289, soit un objectif annuel moyen de plantation de 10 000 arbres. Cependant, le nombre effectif d'arbres plantés ces quatre dernières années est très inférieur à ce chiffre car les sites les plus accessibles ont déjà été plantés (Abdul Latif, comm. pers.).
La principale institution responsable de la foresterie urbaine a Kuala Lumpur est le Département des parcs et des activités récréatives (Parks and Recreation Department).
Ses principales fonctions sont les suivantes:
Réaliser des activités de plantation et d'entretien des arbres dans toute la zone urbaine, y compris les parcs publics et les espaces libres, les routes et les autoroutes, les domaines industriels et les zones résidentielles.
Analyser et, le cas échéant, approuver des activités de plantation en bordure de route et des plans d'aménagement paysager privés.
Fournir des commentaires et des suggestions concernant la coupe d'arbres sur des terres privées avant l'approbation du bureau du maire.
Donner pour chaque route la description et le coût des activités de plantation.
Organiser la construction de nouveaux parcs et d'espaces libres de récréation, outre la planification de couloirs verts le long des voies ferrées et des cours d'eau, et choisir des arbres appropriés pour la conservation de la faune sauvage.
Promouvoir la «culture du vert» par des séminaires et des causeries à l'intention des écoles et des communautés locales, et fournir des services consultatifs techniques aux institutions intéressées au développement de la foresterie urbaine.
Encourager les compagnies privées à participer à des activités de verdissement (obtenir l'appui des compagnies aériennes malaysiennes et des banques locales, par exemple, pour parrainer la plantation d'arbres et l'aménagement paysager).
A cette fin, le Département des parcs et des activités récréatives a divisé la ville en trois zones; dans chacune, un architecte paysagiste et un assistant horticole sont chargés d'identifier des espaces adaptés à la plantation et de mettre au point des plans de plantation. Le département ne dispose pas de forestiers ou de personnes formées spécifiquement à l'arboriculture. Les assistants horticoles et les techniciens sont envoyés aux collèges agricoles de Malaisie ou d'Indonésie pour parfaire leur formation. La plupart des membres du personnel technique ont une licence d'aménagement paysager, d'horticulture, de botanique ou de génie civil ou des diplômes dans ces domaines ou d'autres connexes.
L'Institut de recherche forestière de Malaisie (Forest Research Institute of Malaysia - FRIM) a été établi en 1983 et se compose d'experts en pathologie forestière, entomologie et gestion des arbres. L'institut poursuit les objectifs suivants:
Sensibiliser le grand public aux fonctions esthétiques et environnementales des arbres dans les zones urbaines.
Mener des études sur la plantation et l'entretien (y compris des informations sur les ravageurs et les maladies les plus courants) d'espèces forestières indigènes adaptées.
Organiser des cours de formation en foresterie urbaine pour les étudiants des collèges techniques et le personnel des organisations administratives locales de l'ensemble du territoire.
Effectuer des recherches sur le bien-fondé et les besoins d'entretien de certaines espèces en vue de la production de bois d'oeuvre de qualité à utiliser dans les travaux d'artisanat.
Surveiller l'impact du tourisme sur les parcs et les lieux de récréation.
Les premières zones désignées comme réserves forestières dans la ville (l'une d'entre elles, Bukit Nanas, remonte à 1906) couvrent une superficie d'environ 89 ha. Tant Bukit S. Puteh que Bukit Sg. Besi sont des massifs de forêt secondaire fortement dégradée, et seul Bukit Nanas renferme des formations résiduelles de diptérocarpacées indigènes de basses plaines. Une enquête menée sur deux peuplements de végétation naturelle dans la ville, à savoir une forêt secondaire établie à Kenny Hill, et Bukit Nanas au centre de la ville, a révélé l'existence de 52 espèces d'arbres et arbustes dans le premier et 78 dans le deuxième. D'après les observations, des îlots de forêt secondaire de tailles et de phases différentes se rencontrent dans toute la ville (Ang, 1986). Les zones où la végétation secondaire est assez avancée et contient des arbres adultes ont été déclarées réserves naturelles urbaines. Dans le cadre de la stratégie de conservation formulée pour Kuala Lumpur, Kavanagh et al. (1988) suggèrent l'établissement de couloirs pour la faune sauvage afin de relier aux parcs des habitats d'oiseaux identifiés. Cette même proposition est maintenant mise en oeuvre à Singapour.
Grâce à ses procédures de planification, la municipalité a établi que, dans certaines parties de la ville, la forêt naturelle serait maintenue dans son état actuel et conserverait sa flore et sa faune. Au moins 445 ha de forêt naturelle ont été protégés en tant que réserve naturelle (voir encadré 1).
Encadré 1: Zones de forêt naturelle protégées en tant que réserves naturelles à Kuala Lumpur
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Les réserves forestières sont entretenues par le Département des forêts. Outre les forêts classées, plusieurs zones étendues ont été converties en parc public en 1990. Ces zones couvrent une superficie totale de 342 ha (encadré 2).
Encadré 2: Parcs publics de Kuala Lumpur autres que les forêts classées
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De nombreux autres parcs ont été construits depuis lors ou sont envisagés, ce qui représente un espace ultérieur de 205 ha. Le gouvernement fédéral a également affecté 607 ha, qui font partie d'une ancienne plantation d'hévéas à Bukit Kiara et Petaling Jaya, à la construction d'un parc et d'un arboretum comprenant 4 000 espèces indigènes originaires de la Malaisie. Kuala Lumpur est également entourée de nombreuses riches et vastes réserves forestières qui sont gérées par l'Etat de Sélangor. Certaines d'entre elles s'étendent jusqu'aux zones de montagne et couvrent divers types d'écosystèmes.
Zakariya (1987) a recommandé l'établissement d'un deuxième système forestier urbain à une certaine distance de la ville afin de créer un poumon vert additionnel, une zone de récréation en plein air et des refuges pour la faune sauvage. Il a également illustré les possibilités d'acquisition et de gestion que les autorités municipales pourraient coordonner avec le gouvernement de l'Etat. Kavanagh et al. (1988) ont aussi recommandé que des mesures soient prises pour assurer que les forêts situées en amont de la ville soient conservées et aménagées afin de réduire le risque d'inondations pendant la saison des pluies.
Ang, L.H. 1986. Comparison of floristic composition of Kenny Hill secondary vegetation and Bukit Nanas forest stand and their implications on urban forestry. Faculty of Forestry, UPM Serdang, Malaisie. [Thèse]
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La République de Singapour est un Etat indépendant situé à l'extrémité sud de la péninsule de Malacca, à 137 km au nord de l'équateur. Elle est formée de l'île de Singapour, qui est séparée de la Malaisie par un détroit peu profond d'une largeur de 0,6 km à son point le plus étroit, et de diverses iles de plus petite taille. Elle couvre une superficie de 626 km2, dont plus de 30 km2 ont été ajoutés par des travaux récents de récupération. L'île de Singapour a un relief peu accidentée et son altitude moyenne est de 15 m. Au centre se trouve une zone de collines de granit et d'autres roches ignées qui atteignent 162 m de hauteur à Bukit Timah. A l'ouest s'étendent des rochers sédimentaires de faible altitude alors qu'à l'est on rencontre des zones relativement plates de sable, gravier et alluvions. La plupart des sols sont des limons sablo-argileux acides à l'exception des sables et argiles marins utilisés dans les travaux de récupération.
Singapour a un climat équatorial typique avec des précipitations annuelles moyennes de 2 375 mm et un minimum mensuel de 100 mm. La température mensuelle moyenne est de 26°C. Le saisons ne sont pas marquées dans cette zone géographique et ce phénomène est reflété dans le nombre de rues bordées d'arbres qui sont verts toute l'année mais sans la floraison massive des autres villes tropicales.
Singapour a une population d'environ 2,87 millions d'habitants (1994), une densité moyenne de 4 313 habitants par km2 qui atteint 9 000 par km2 dans les zones urbaines. Le taux de croissance démographique est de 2 pour cent. Singapour est un important centre régional d'échanges commerciaux et l'une des villes d'Asie dont le niveau de vie est le plus élevé. Son PNB par habitant atteint 24 871 dollars de Singapour ($S)13.
13 24 871 $S = environ 18 000 $EU
Lorsque les anglais arrivèrent en 1819, toute l'île, à l'exception des mangroves côtières, était couverte de forêts ombrophiles tropicales, la forêt à diptérocarpacées de basses plaines des forestiers malaisiens (Whitmore, 1984). La culture croissante du gambier (Uncaria gambir) produit pour l'exportation à destination de la Grande-Bretagne, a entraîné une réduction rapide et draconienne de la forêt primaire, qui est passée à environ 64 pour cent en 1848 (Thompson, 1850). La culture du gambier a vite épuisé le sol et en 1859 un tiers de la superficie de l'île était décrit comme terre abandonnée (Burkill, 1959). L'exploitation et la récolte de bois de feu ont par la suite sérieusement endommagé la forêt restante.
En 1848, les préoccupations concernant les effets possibles du déboisement sur le climat de Singapour ont amené le gouverneur à interdire la destruction ultérieure des forêts sur les collines (Corlett, 1988). En 1882, il a été demandé à Cantley, le surintendant des jardins botaniques nouvellement établis, de dresser un inventaire des ressources forestières des Straits Settlements d'où il ressort que 7 pour cent seulement de l'île étaient boisés (Cantley, 1884). Cantley a recommandé la création de réserves forestières et, grâce à cette mesure, 10 pour cent de l'île ont pu être protégés. Cette situation n'a pas duré car la plupart des réserves ont été exploitées pour le bois d'oeuvre (Corlett, 1992a). Cependant, le déclin des réserves forestières a coïncidé avec un accroissement de la zone protégée de bassins versants dû à la construction de nouveaux réservoirs au centre de l'île. La zone d'expansion incluait des fragments de forêt primaire dégradée. Vu le mauvais état des réserves, elles ont finalement été abolies en 1936. Cependant, Bukit Timah et quelques zones de mangroves ont été mises sous la surveillance des jardins botaniques.
Encadré 3: L'histoire de la plantation d'arbres à Singapour |
Certaines des plantes ornementales qui poussent à Singapour aujourd'hui ont été cultivées dans la région bien avant la fondation de la ville. (L'histoire de la plantation d'arbres dans cette ville a été décrite de manière succincte par Corlett, 1992d). L'angsana (Pterocarpus indicus), originaire de Johore, a été planté largement à Singapour et sur la presqu'île de Malacca depuis le 18e siècle, et a été utilisé intensivement à Penang avant son introduction à Singapour peu après la mise en place du premier établissement (Burkill, 1965). C'était l'arbre d'ombrage le plus populaire dans tout le 19e siècle bien qu'un grand nombre d'autres espèces étaient plantées aussi. |
Le flamboyant (Delonix regia) a été introduit en 1850 environ et a connu un succès rapide (Johnson, 1973). Le bois de corail (Adenanthera pavonina) était un arbre d'ombrage populaire dans les années 1870 et 1880 et le bois de nèfle (Eugenia grandis) a été planté largement par Cantley à partir de 1882 environ comme pare-feu le long des routes traversant les terres incultes de lalang (Burkill, 1965). Albizia falcataria, l'arbre de pluie (Samanea saman) et l'acajou d'Amérique centrale (Swietenia macrophylla) ont été également introduits pendant cette période. Le tembusu indigène (Fragraea fragrans) était planté dans de nombreux parcs et jardins privés. |
Dès 1860, Cavenagh, le gouverneur de l'époque, a déclaré que des pépinières avaient été établies auprès des postes de police et des prisons «pour la propagation d'arbres et d'arbustes utiles et ornementaux», et que les prisonniers participaient aux activités de plantation et d'entretien. L'année suivante il écrivait que «des progrès considérables ont été accomplis dans la plantation d'arbres d'alignement le long des routes les plus fréquentées». Toutefois, en 1876, Henry James Murton, le surintendant des jardins botaniques, a demandé que l'on plante des arbres produisant du bois d'oeuvre le long des routes «à la place des érythrines, etc. sans valeur qui sont en usage maintenant» (Murton, 1877). Sa proposition d'établir une pépinière pour les arbres présentant un intérêt économique dans les jardins botaniques a été adoptée, et ces jardins ont eu une grande influence sur la plantation d'arbres ornementaux à Singapour depuis lors. |
En 1914 une maladie de l'angsana, d'origine inconnue, est arrivée du nord et s'est graduellement propagée dans tout le territoire, causant en 1928 la mort de la plupart des arbres (Furtado, 1935). Pendant les 40 ans qui suivirent, cette espèce n'a guère été plantée. Dans de nombreux endroits les angsana morts ont été remplacés par les arbres de pluie. L'acajou d'Amérique centrale a été largement planté dans les années 20 et 30 en même temps qu'une grande variété d'anciens favoris et de nouvelles introductions comme Arfeuillea arborescens. En 1924, un recensement non publié des arbres d'alignement a révélé la présence de 5 626 arbres de 38 différentes espèces le long de 63 routes. Les jardins botaniques ont joué un rôle important dans l'introduction de plantes, la fourniture de conseils, la surveillance et l'inspection des plans municipaux de plantation (Corner, 1938). |
Dans la période qui a suivi immédiatement la guerre, la participation du gouvernement à la plantation d'arbres et à l'aménagement paysager s'est accrue. Le nouveau Département des parcs du Conseil municipal (Parks Department of the City Council) était responsable d'une grande partie des plantations réalisées au sein de la ville, alors que le Département des travaux publics (Public Works Department) l'était pour les rues rurales. D'après les rapports annuels des jardins botaniques, les espèces préférées à l'époque comprenaient l'acacia (Acacia auriculaeformis), l'acajou d'Amérique centrale, l'angelin (Andira inermis), le flamboyant, Arfeuillea arborens, le tamarin de l'Inde (Pithocellobium dulce), Miletia atropurpurea, l'arbre de pluie, le palmier royal (Roystonea regia), le myrobalanier (Terminalia catappa), le bois de nèfle et Peltophorum pterocarpum (Burkill, 1956; 1957). A la fin des années 1950, la plupart des zones résidentielles de Singapour possédaient de nombreux arbres mais une grande partie du quartier industriel en était dépourvu (Burkill, 1960). |
Le désir de créer un environnement plus agréable et de rendre la vie plus saine a amené le premier ministre, Lee Kwan Yew, à lancer une campagne en 1963 dans le but de planter 10 000 arbres par an (Burkill, 1964). Cette campagne avait pour objectif spécifique de rehausser l'image de la ville car le premier ministre «ne voulait pas que Singapour ressemble à Hong-Kong». La campagne a été réactivée grâce à l'initiative visant à conserver Singapour «propre et belle» en 1967. L'Unité des parcs et des arbres (Parks and Trees Unit) a été créée au sein du Département des travaux publics en juin 1967. Pour sensibiliser le public à l'importance du verdissement de la ville et encourager la participation publique, le premier «jour de l'arbre» a eu lieu en novembre 1971. |
L'année 1973 vit la formation du Comité d'action de la ville-jardin qui avait pour mandat de diriger et de surveiller le déroulement du programme de plantation. Cette initiative a préparé la voie à l'établissement du Département des parcs et des activités récréatives en 1976 qui a conduit à la fusion de l'Unité des parcs et des arbres avec les jardins botaniques. Ces derniers ont été ensuite rattachés à la Commission des parcs nationaux (National Parks Board). |
L'accent portait initialement sur la quantité, si bien que la propagation et l'établissement sont devenus des facteurs clés dans le choix des espèces forestières. Les plantules d'espèces se reproduisant par semence comme l'acacia, le bois de nèfle, l'arbre à pluie et ahouai (Cerbera odollam) ont été largement utilisées mais étaient lentes à exercer un impact sur le paysage. On s'est donc orienté vers les arbres «instantanés» propagés à partir de boutures de tige de 2 m de hauteur et transplanté comme arbres semi-adultes. Les arbres sont cultivés dans des banques d'arbres établies sur tout terrain vacant disponible, y compris les bords des parcs. Il a été estimé que l'angsana représentait l'arbre «instantané» idéal et sa tolérance aux sols pauvres en a fait la base des grands programmes de plantation. Parmi les autres espèces qui pouvaient résister au stress de la transplantation comme arbres semi-adultes figuraient le bois de nèfle, l'acajou d'Amérique centrale, l'arbre de pluie, le pong pong et l'arbre de corail (Erythria variegata). Vers 1980 le verdissement initial de la ville était achevé et l'accent a alors porté sur la qualité de la couleur et du parfum. |
En 1951, la totalité du bassin de réception de Bukit Timah, quelques forêts de mangrove et d'autres habitats particuliers ont été désignés comme réserves naturelles en vertu du décret sur les réserves naturelles. La majorité de la grande foret de mangrove de Singapour a survécu jusqu'au 20e siècle tout en ayant été intensément exploitée pour le bois de feu. Toutes les zones existantes de mangrove, sauf 1 pour cent, ont été converties à l'agriculture ou à l'élevage de crevettes, à la construction et à la création de réservoirs d'eau douce (Corlett, 1987). La zone de mangrove de Sungei Buloh, protégée comme refuge pour les oiseaux, couvre 87 ha dont une partie consiste en anciens étangs de pisciculture. La réserve offre des structures de loisir pour les touristes, avec des sentiers, des tours organisés et une exposition.
R. Webb
Photo 7: La forêt de Singapour: vue de la réserve naturelle de Bukit Timah
Le système de réserves naturelles consiste, à l'heure actuelle, en 2 795 ha au centre de l'île, dont 164 dont occupés par la réserve naturelle de Bukit Timah et le reste par la Commission des services publics des bassins versants (Public Utilities Board Catchment Area). Les réserves naturelles sont gérées par la Commission des parcs nationaux (National Parks Board) qui a été établie en 1990. La forêt ombrophile primaire, perturbée à différents degrés, n'est présente que dans la réserve naturelle de Bukit Timah, dont les deux tiers consistent en forêt primaire, et dans des îlots clairsemés totalisant environ 50 ha dans le bassin de réception voisin. La plan de verdissement de Singapour prévoit que 5 pour cent des terres seront protégés à des fins de conservation de la nature (Ministère de l'environnement, 1993). Dix-neuf sites, couvrant une superficie d'au moins 3 130 ha, ont été identifiés. Les critères qui ont dicté ces choix étaient les suivants: un environnement naturel doté de paysages ou de faune sauvage, la stabilité écologique et la capacité de tolérer et de soutenir une grande variété d'animaux sauvages. D'autres facteurs déterminants étaient la capacité d'offrir des activités récréatives et éducatives et de présenter un intérêt pour la recherche scientifique, l'aptitude à coexister avec des initiatives de promotion immobilière et le coût d'opportunité d'autres utilisations de la terre. Les sites choisis vont des forêts primaires et secondaires aux mangroves et aux marais. Ces zones appartiennent au gouvernement et seront surveillées par la Commission des parcs nationaux. Des couloirs de faune et de flore reliant les espaces naturels sont aussi envisagés pour renforcer la diversité biologique des sites en favorisant la mobilité des animaux et des oiseaux. En outre, un réseau des raccords (Park Connector Network) devrait relier la plupart de ces espaces naturels aux parcs grâce à un système intégré de couloirs verts, y compris des sentiers de jogging et des pistes cyclables le long des cours d'eau et des réserves de drainage. Huit kilomètres de raccords ont déjà été réalisés.
La réserve naturelle de Bukit Timah consiste en 164 ha de forêt ombrophile et un mélange de forêts de diptérocarpacées des basses plaines et côtières et de forêt secondaire. Elle n'est qu'à 8 km du centre de la ville et à quelques minutes à pied de trois centres commerciaux. Elle a été décrite comme la plus ancienne petite réserve de forêt ombrophile du monde ayant été protégée depuis les années 1840 pour des raisons climatiques, et les zones centrales de la réserve paraissent très similaires à la forêt ombrophile non perturbée de Malaisie (Corlett, 1988). La forêt de Bukit Timah n'a jamais été exploitée et, comme les autres massifs résiduels de forêt primaire à Nee Soon et MacRitchie, se caractérise par la diversité de ses espèces et sa complexité structurelle exceptionnelles, et par la présence de nombreuses espèces peu dispersées (Corlett, 1992b). Sous l'angle du nombre des espèces, cinq familles, à savoir les rubiacées, les euphorbiacées, les myrtacées, les annonacées et les lauracées, sont les plus importantes mais c'est aux diptérocarpacées, comme Shorea curtsii, une espèce caractéristique de la forêt ombrophile côtière malaysienne, qu'est imputable le nombre le plus élevé de grands arbres individuels (Wong, 1987). Si l'on tient compte du fait que la réserve renferme dans ses 164 ha plus d'espèces forestières que toute l'Amérique du nord et que chaque vallée a ses propres essences caractéristiques, le rôle vital dans la conservation que joue Bukit Tiak devient apparent (Corlett, 1991). Le reste de la zone du bassin de réception central est couvert d'une forêt secondaire d'âges différents et se distingue de la forêt primaire par sa stature plus basse et la diversité de ses espèces, ainsi que par l'absence totale de diptérocarpacées (Corlett, 1992c).
Bukit Timah et les autres réserves sont gérées par la Commission de gestion des parcs nationaux qui consiste en un président et neuf curateurs dont deux sont nommés par le Président de la république et les autres par le Ministre du développement national. En pratique, Bukit Timah est géré par le Département des parcs et des activités récréatives pour le compte de la commission. La réserve a été visitée par 130 000 personnes en 1994, y compris des promeneurs, des joggeurs, des amants de la nature, des groupes scolaires et des touristes. En outre, de nombreux scientifiques mènent des recherches sur la réserve. Il existe un centre pour les visiteurs où sont illustrés certains aspects de la réserve, ainsi que des sentiers balisés mais, jusqu'à ce jour, aucun fonctionnaire à plein temps n'est chargé de l'éducation ou des programmes scolaires relatifs à ce parc.
Depuis leur création en 1859, les jardins botaniques de Singapour ont joué un rôle clé dans le verdissement de la ville et on peut les considérer comme les premiers jardins botaniques des tropiques. Ils sont à l'origine de la promotion du caoutchouc et de l'huile de palmier qui ont révolutionné l'économie de Singapour et des Etats malaysiens.
Au moment de l'accession du pays à l'indépendance, le gouvernement de Singapour s'est tourné vers les jardins pour y chercher un soutien esthétique et scientifique, et l'on a puisé dans leurs ressources pour donner un environnement plaisant et adapté à ce centre industriel naissant de l'Asie du sud-est. D'institut consacré à la recherche, et dont les responsabilités s'étendaient à l'ensemble du territoire, les jardins sont devenus les fournisseurs exclusifs de services botaniques et horticoles destinés à la ville de Singapour (Tinsley, 1989). Au début des années 70, une pépinière a été créée pour fournir des plantes aux projets de verdissement publics et privés. En 1972, l'école d'horticulture ornementale (School of Ornamental Horticulture) a été instituée pour satisfaire la demande croissante de compétence technique; elle dispense un cours sanctionné par un diplôme d'horticulture et, par la suite, un diplôme d'aménagement paysager. Les cours à temps partiel de deux ans ont environ 20 étudiants chacun et sont fréquentés par des cadres moyens du secteur public et privé.
Pendant les années 70, les jardins relevaient du Département des parcs et des activités récréatives mais, depuis 1988, ils ont été transformés en une division indépendante du Ministère du développement national (Ministry of National Development), et chargés de la recherche, de l'éducation et du développement horticole. Leur mandat est de jouer une fois de plus le rôle de centre international principal de la botanique tropicale. Parmi leurs réalisations les plus importantes figurent la production d'hybrides d'orchidées, un produit d'exportation de base du pays, la culture tissulaire d'une variété particulièrement florifère de l'arbre ornemental Lagerstroemia indica et la recherche en matière de santé et nutrition des arbres et arbustes urbains. L'introduction de nouveaux arbres et arbustes adaptés à la ville de Singapour se fait par l'entremise de l'Unité d'introduction des plantes qui organise ses propres expéditions de collecte de végétaux. Le dernier projet de cette unité a été la remise en état des 4 ha résiduels de la forêt ombrophile primaire au sein des jardins, entreprise rendue possible grâce au parrainage de la Banque de Hong-Kong et de Shangaï.
R. Webb
Photo 8: Cocotiers nains et manguiers dans une rue de Singapour