1. Introduction
Cette étude est effectuée dans le cadre du programme de partenariat CE-FAO (1998-2000) sur la Collecte et l’analyse de données pour l’aménagement durable des forêts dans les pays ACP – Joindre les efforts nationaux et internationaux dont l’objectif est de renforcer les capacités nationales ayant trait aux informations et statistiques forestières.
La méthodologie utilisée pour sa réalisation est la suivante :
Collecte des données et informations auprès des principales institutions traitant des statistiques forestières (SIGIF, SGS, Douanes, Ministère des Mines, Directions techniques du Ministère de l’Environnement et des Forêts, Expert canadien en matière de planification et fiscalité forestière, herbier national etc.)
Revue de la littérature sur le sujet. Plusieurs rapports et documents ont été consultés (voir références bibliographiques)
Elaboration d’une première version du document et soumission à la lecture du Directeur des forêts, du Point Focal du projet FOSA, des responsables du SIGIF ;
Intégration des observations et production du document final.
L’étude s’articule autour des points ci-après :
Situation des produits forestiers dans le pays
Situation présente des statistiques forestières relatives au secteur forestier
Evaluation de la fiabilité des informations disponibles sur les produits forestiers (production, consommation et commerce).
Proposition de mesures pour l’amélioration du processus de mise en œuvre des statistiques nationales
Références et sources
La revue des données disponibles dans l’Annuaire FAO des produits forestiers est faite dans un rapport annexé au présent document.
1. Situation des produits forestiers dans le pays
1.1. Le Cameroun et ses produits forestiers
La forêt du Cameroun est importante sur le triple plan de l’étendue, du potentiel ainsi que de sa biodiversité.
Sur le plan de l’étendue, le pays est classé au deuxième rang en Afrique. Les données de références sur le couvert forestier au Cameroun demeurent celles établies en 1985 par le Centre National de Développement des Forêts par interprétation d’images Landsat complétées par des contrôles aériens et terrestres. Les résultats de la planimétrie présentaient le territoire forestier ainsi qu’il suit :
1.1.1. Superficie des forêts méridionales au Cameroun
Tableau no 1 : Type et superficie des forêts méridionale au Cameroun
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Type de forêts |
Superficie(ha) |
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Forêt dense sur sol ferme Forêt dense périodiquement inondée Forêt dense marécageuse Forêt dégradée Savane arbustive et arborée Savane arbustive dégradée Galeries forestières Forêts claires Savane boisée et savane arbustive dense Savane arborée avec ou sans sous-étage arbustif avec ou sans cultures |
17.430.000 158.000 549.000 4.538.900 3.438.200 720.000 269.500 1.509.975 5. 805.400 6.484.850
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Total |
40.903.825 ha |
Au regard du taux de dégradation du couvert végétal, la superficie du couvert forestier du Cameroun serait à ce jour, de moins de 20 millions d’hectares, dont environ 14 millions parcourus par une exploitation sélective.
Sur le plan du potentiel, les inventaires sur 14 millions d’hectares (soit 3/5 du territoire forestier) dans la partie méridionale du pays ont révélé un potentiel ligneux sur pied exploitable d’environ 1,517 milliards de m³ pour les DHP > DME et de 2,648 milliards de m3 pour les DHP > 20 cm. Ces volumes pourraient être multipliés par 4 si l’on devait prendre en compte le bois de pâte à papier (tout venant) et le bois énergie.
A ce jour, 300 espèces sont commercialisables, mais une soixantaine seulement font l’objet d’une exploitation régulière. Le potentiel exploitable sur la base des conditions actuelles du marché de bois, s’élève à environ 750 millions de m³. A ce potentiel, il faut ajouter, les autres produits forestiers(plantes médicinales, les plantes nutritives, les plantes de services etc.) dont les possibilités sont aussi diversifiées et importantes.
En effet le dénombrement de ces espèces utiles n’a pas encore été fait, seules les espèces ligneuses étant jusqu’à présent prises en compte dans les inventaires. Tout au plus, quelque unes sont connues à la suite des travaux de l’Herbier national, du Centre d’Etudes des Plantes Médicinales et différents départements des Universités du Cameroun. Toutefois, les quelques données existantes sont peu raffinées, éparses et mal maîtrisées. Certaines de ces espèces font actuellement l’objet d’un commerce intense tel que le pygeum Africanum, le Paunsinystalia yohimbe, le Ngnetum africana etc. Par contre l’implantation géographique des principales espèces est connue par grande région géographique.
La filière bois-énergie est tout aussi importante. En effet, près de 80% de la population camerounaise tire son énergie du bois(586 kg/hab. en 1989/90). Suivant le rapport du Plan Energétique, 64% de la consommation d’énergie du Cameroun est fournie par la biomasse. Toutefois, en dépit de son importance, très peu de données sont disponibles. Les chiffres actuellement disponibles en matière de consommation d'énergie à partir du bois sont antérieurs à l'année 1990. Les informations disponibles en matière d'énergie ligneuse ne le sont qu'à partir des rapports d'activités, des mémoires d'étudiants, des travaux de recherches, etc.
Cette ressource est inégalement repartie. Au-delà des mœurs et coutumes, la forte dépendance en bois énergie est fortement liée à sa disponibilité et surtout à l’inaccessibilité des populations aux énergies alternatives actuellement utilisées.
Sur le plan de la diversité biologique, le Cameroun compte 16 à 17 % des phanérogames, 44 à 52 % des ptéridophytes. D’une grande diversité de milieux écologiques le Cameroun abrite l’une des faunes les plus riches et les plus variées du continent africain. Sur une superficie représentant 1,6% de celle du continent, le Cameroun recèle :
6 % des espèces vertébrées du monde,
21% d’espèces de poissons
48% d’espèces de mammifères
54% d’espèces d’oiseaux
50% d’espèces de batraciens
30 à 75% d’espèces de reptiles
25 à 50% d’espèces de papillons africains,
ce qui le classe au cinquième rang en Afrique.
Source : Politique forestière du Cameroun
Cette faune sert à l’alimentation des populations et constitue la première source de protéines animales dans certaines provinces du pays. Elle constitue également un élément moteur du tourisme au Cameroun.
1.2. Productions forestières et commercialisation :
La production du bois d’œuvre se situe actuellement autour de 3,5 millions de m3 de grumes par an, répartie sur une centaine d’espèces dont cinq (Ayous Sapelli Azobe Iroko, Frake) représentent près de 70% de cette production. Le tableau 2, ci-après, donne l’évolution de la production du bois sur les cinq dernières années.
Tableau n° 2 : évolution de la production et de la transformation du bois au Cameroun 1995 - 2000.
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Année |
Production totale |
Volume entré en scierie |
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1995 - 1996 |
2.820.287 |
1.624.000 |
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1996 - 1997 |
3.378.274 |
1.858.000 |
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1997 - 1998 |
3.362.419 |
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1998 - 1999 |
3.647.800 |
2.270.000 |
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1999 - 2000 |
3.400.000 |
Pas encore déterminé |
Source : Direction des forêts
En dehors du bois d’œuvre et de quelques plantes médicinales dont l’exploitation est assurée par quelques entreprises formelles, les données sur les productions forestières nationales dans leur globalité sont mal maîtrisées, aucun observatoire n’étant mis en place à cet effet.
Le Cameroun, pays forestier, exporte de nombreux produits forestiers, notamment le bois et ses dérivés principalement sur les marchés européens et asiatiques. Le tableau 3 ci-dessous, présente la situation des exportations des produits forestiers (types de produits, tonnages, volumes, valeurs) sur les quatre(4) derniers exercices.
Tableau n°3 : évolution des exportations des produits forestiers 95/96 à 98/99.
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Année |
Produits |
Tonnage (kg) |
Volume(m3) |
Valeur en FCFA |
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95/96 |
Racines, écorces et fruits Plaquettes-sciures Charbon de bois Grumes Bois équarris Bois feuillards Paille, farine ou laine de bois Traverses Bois sciés Feuilles de plaquage Bois profilés Panneaux de particules Autres panneaux de fibres Contre-plaqués Bois densifiés Cadres Caisses et palettes Tonnellerie Outils, montures et manches Ouvrages, cadres, chambranles Articles en bois Statuettes Autres ouvrages en bois |
4500 880766147 820752 434076 13453724 187010987 20191110 1323172
5739033
93796 10439 2190 294 19452 3789862 |
1103470 1083 4070 12226 235116 47031 2911
132089
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500000 78983054084 82296310 464668959 1715412789 39916605860 10058136741 594639843
2396986336
4905140 7050403 1354000 1305400 19615162 683022631 |
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TOTAL 95/96 |
134.929.553.658 |
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Année |
Produits |
Tonnage (kg) |
Volume(m3) |
Valeur en FCFA |
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97/98 |
Racines, écorces et fruits Plaquettes-sciures Charbon de bois Grumes Bois équarris Bois feuillards Paille, farine ou laine de bois Traverses Bois sciés Feuilles de plaquage Bois profilés Panneaux de particules Autres panneaux de fibres Contre-plaqués Bois densifiés Cadres Caisses et palettes Tonnellerie Outils, montures et manches Ouvrages,cadres,chambranle Articles en bois Statuettes Autres ouvrages en bois |
1392171 12958 28260 1378805438 7123922 123349 13200 2174779 305 343109 27064394 8095213 20100 10019142
83500 1111 53825 3426 1297863 |
14,102 30 1763840,463 7720,899 113,794 15 1976 391076,860 65756,200 13904,8 45 24072,752
186 2,311 210,01 112 |
698282205 5789400 1494863 158368274867 631771965 15195208 5887480 329214827 83272504250 17983094903 3351354276 9503800 4806108473
16784704 1031200 9345400 2896900 158290379
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TOTAL 97/98 |
269652361 |
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98/99 |
Racines, écorces et fruits Plaquettes-sciures Charbon de bois Grumes Bois équarris Bois feuillards Paille, farine ou laine de bois Traverses Bois sciés Feuilles de plaquage Bois profilés Panneaux de particules Autres panneaux de fibres Contre-plaqués Bois densifiés Cadres Caisses et palettes Tonnellerie Outils, montures et manches Ouvrages, cadres, chambranle Articles en bois Statuettes Autres ouvrages en bois |
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1301437,346 18671,017 229,630 7521,67 457059,247 53364,784 11135 2 81267,453 232
18,11
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121181763037 2258559522 38194642 28800000 1343115091 109496729104 17958735368 3607099653 130000 190200 6373410179 54185340 13603800 1600000 3867450 28940169 20000 6244800 171529736 |
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TOTAL 98/99 |
262566718091 |
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Source : Direction des douanes
Au regard de ce tableau, la moyenne des exportations des produits forestiers pour les quatre derniers exercices se situe autour de 208 Milliards de francs CFA, les grumes et les sciages représentant environ 88% de cette valeur. Il convient de relever que le Cameroun conformément à la Loi a décidé d’arrêter en janvier 1999 l’exportation de certaines essences de bois sous forme de grumes, ce qui devrait influencer dans les prochaines années la valeur de la contribution des grumes aux exportations des produits forestiers.
La commercialisation du bois est bien structurée en ce qui concerne les exportations, mais reste inorganisée au plan du commerce local, malgré un marché intérieur en nette progression. Les principaux importateurs du bois camerounais sont restés les pays de la CEE avec 70% de grumes et 90% de sciages. Le marché sous- régional est quasi inexistant.
Le marché local consomme essentiellement les sciages et contre-plaqués de 2eme choix. Toutefois, il y a lieu de relever qu’une bonne partie de la demande intérieure de bois est satisfaite par le bois débité provenant en majeure partie des scieurs artisanaux qui, de ce fait, occupent l’espace du marché laissé par l’industrie qui privilégie d’abord le marché extérieur. En somme, les données sur la consommation intérieure sont parcellaires et mal connues. En matière de consommation de bois-énergie, les données récoltées suivant une enquête nationale sur environ 6000 ménages datent de 1988.
1.3. Impact du secteur forestier sur l’économie nationale.
La contribution du secteur forestier à l’économie nationale a toujours été importante, même si elle reste en deçà des attentes au regard de ses potentialités. Le secteur bois génère actuellement environ 45.000 emplois dont 22.000 dans le secteur informel. Il représente environ 20% de la valeur des exportations et constitue le deuxième produit d’exportation au Cameroun. Il contribue pour environ 6% à la formation du PIB. Le secteur faune génère à l’Etat des recettes directes annuelles de l’ordre d’un milliard de francs CFA provenant pour l’essentiel des différents droits et taxes souvent liés : droits et permis de chasse, droits d’entrée dans les aires protégées, etc. Les emplois directs du secteur faune sont estimés à 2 000 personnes dans le secteur formel. Le secteur informel quant à lui emploierait 8000 personnes comme chasseurs, braconniers, revendeurs etc.
En somme, le poids du secteur forestier dans l’économie nationale est important et continue à se renforcer tout en s’améliorant. Il est à remarquer que ce poids est sous-estimé. Les données disponibles n’étant pas complètes et une bonne partie du secteur notamment les " autres produits forestiers " et la faune relevant souvent du secteur informel