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1. INTRODUCTION

L’état des forêts du monde continue de susciter de vives préoccupations. Les évaluations mondiales réalisées par diverses institutions (FAO, PIGB, JRC et WCMC) ont montré que la dégradation, la fragmentation et le déboisement des forêts avaient atteint un niveau alarmant, notamment dans les pays en développement (Amérique latine, Afrique et Asie). La Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement (CNUED), tenue à Rio de Janeiro en juin 1992, avait mis en exergue ces préoccupations, sur lesquelles plusieurs conférences ultérieures, tant internationales que sous-régionales, ont continué à attirer l’attention.

En effet, l’on admet communément maintenant que les forêts sont cruciales pour le bien-être de l’humanité. Elles sont indispensables à la vie terrestre grâce à leurs fonctions écologiques, car régularisant le climat et les ressources en eau et servant d’habitat pour la flore et la faune. Les forêts fournissent aussi une vaste gamme de produits essentiels pour l’homme, tant ligneux (bois d'œuvre, bois d’énergie et bois de service) que non ligneux (fruits, tubercules, exsudats, fourrage, plantes médicinales, cordes, …), mais aussi de services (protection,…), de loisirs (récréation,…) et de pratiques cultuelles. En outre, les forêts naturelles, par le fait qu’elles sont les plus grands dépositaires de la diversité biologique terrestre (diversité des écosystèmes, des espèces et des ressources génétiques) renferment très probablement les solutions aux besoins présentement inassouvis de l’humanité dans les domaines tant médical (Sida,…), alimentaire, qu’autres.

Depuis au moins deux décennies, les forêts, sous les tropiques, sont soumises à la pression de la croissance démographique qui conduit fréquemment à leur conversion ou à leur dégradation au profit de modes d’utilisation des terres non durables. Sous l’effet des principaux facteurs de dégradation (défrichements agricoles, exploitation ligneuse minière, passage de virulents et fréquents feux de brousse, surpâturage et sécheresse), les forêts ainsi agressées, perdent de plus en plus leur fonction de régularisation de l’environnement, ce qui accroît les risques d’inondations et d’érosion, appauvrit les sols et contribue à la disparition de la vie animale et végétale (baisse constante de la biodiversité).

Depuis 1947 et en liaison avec d’autres partenaires, la FAO entreprend tous les 10 ans environ, une évaluation des ressources forestières mondiales. Le Programme d’évaluation des ressources forestières (ERF ou FRA- Forest Resource Assesment), répond aux préoccupations susdites, en faisant des évaluations périodiques des ressources forestières du monde. La dernière ERF se rapportait à 1990, et a été réalisée par la FAO, la CEE et les pays membres.

 

PIGB : Programme International Géosphère-Biosphère

JRC : Centre conjoint de Recherche de la Commission Européenne

WCMC : Centre Mondial de Surveillance de la Conservation

 

La mission du Programme ERF (ou FRA) de la FAO, exécuté par le Département des Forêts, est de donner à la communauté mondiale des informations fiables pour décrire et comprendre l’état des forêts du monde et de leurs ressources, ainsi que leurs changements dans le temps.

L’Evaluation mondiale des ressources forestières 2000 (FRA 2000), qui est actuellement la principale activité du Programme, rendra compte de l’état des forêts du monde en cette année 2000, et contiendra des informations sur la superficie forestière, les aspects écologiques et le potentiel économique des forêts.

Les dernières données chiffrées FAO concernant l’état du couvert forestier mondial indiquent qu’en 1995 les forêts naturelles et les plantations forestières couvraient une superficie totale de 3.454 millions d’hectares. Entre 1990 et 1995, le bilan des superficies forestières du monde présente un recul de 56,3 millions d’hectares, correspondant à une perte de 65,1 millions d’ha dans les pays en développement (défrichements agricoles et feux de brousse) et une augmentation de 8,8 millions d’ha dans les pays développés (reboisement des terres agricoles abandonnées). L’on estime que les forêts naturelles des pays en développement (où a lieu la plus grande partie de cette déforestation) ont régressé à un rythme annuel d’environ 13,7 millions d’ha entre 1990 et 1995, contre 15,5 millions d’ha durant la décennie 1981-1990. Ainsi, bien que la perte de couvert forestier au niveau mondial soit restée très élevée, notamment dans les pays en développement, les chiffres laissent prévoir un ralentissement du taux de déforestation.

D’après la FAO, dans le monde entier, 1997 et 1998 ont été des années particulièrement néfastes en matières d’incendies de forêt, touchant tous les types de formations forestières, même celles des zones d’habitude épargnées par ce fléau , telles les forêts tropicales humides, du fait de leur état de siccité imputable aux sécheresses associées au phénomène El Nino (Indonésie, Australie, Papouasie-Nouvelle Guinée, Mongolie, Russie, Colombi, Kénya, Rwanda, …).

Par ailleurs, la Commission Européenne (CE) et la FAO partagent un intérêt commun dans l’avancement de l’aménagement durable des forêts (ADF). Cet intérêt en faveur des forêts s'intègre dans un contexte plus large et général, celui du Développement Durable. En collaboration avec les pays africains, des Caraïbes et du Pacifique (pays ACP) signataires de la Convention de Lomé, la CE et la FAO ont lancé un programme conjoint d’une durée de trois ans (1998-2001) pour améliorer la qualité des données forestières ainsi que leur fiabilité. Le Projet GCP/INT/679/EC vise à renforcer la capacité des pays ACP sélectionnés pour compiler et analyser les données essentielles, affiner la méthodologie pour collecter l’information non encore enregistrée (telle que les arbres hors forêt, le bois de chauffe et les produits forestiers non ligneux) et produire une meilleure évaluation des développements prévisibles dans le secteur forestier.

 

 

L’intérêt mondial croissant pour l’aménagement durable des forêts (ADF), basé sur une politique forestière équilibrée qui considère à la fois les aspects économiques, environnementaux et sociaux, exige le besoin de données actualisées et fiables sur les ressources forestières, sur les produits forestiers ligneux et non ligneux. Dans certains pays ACP, il a été constaté que les données disponibles ne sont ni assez justes, ni assez complètes pour servir de base à la formulation d’une politique forestière nationale d’aménagement durable des ressources forestières. Avec des données améliorées et fiables, les gouvernements auront l’information nécessaire, pour établir leur politique forestière ainsi que les procédures devant leur permettre de calculer et mettre en œuvre les niveaux d’exploitation compatibles à un ADF.

En effet, des informations fiables concernant la qualité et le type des ressources forestières, leur usage actuel, les marchés potentiels pour les produits forestiers, sont nécessaires pour développer l’engagement du secteur privé et les investissements en faveur de l’ADF. Dans la plupart des pays tropicaux, les formations forestières naturelles offrent d’une part, aux populations rurales la possibilité de tendre vers un plein emploi en saison sèche, avec la collecte et la commercialisation des produits forestiers non ligneux (fruits, exsudats, miel,…), et les services (guides et pisteurs pour les touristes cynégétiques), et d’autre part aux opérateurs économiques présents dans la filière "PNFL" de s’investir dans un créneau intéressant pour l’approvisionnement des marchés des villes du Centre-Nord, ou pour l’exportation.

Cette présente étude, axée sur les ressources forestières naturelles et les plantations forestières du Sénégal se situent ainsi dans le cadre de l’implication par le Projet d’experts nationaux dans la collecte des données nationales, et dans l’élaboration d’une méthodologie pour collecter des données importantes mais actuellement manquantes.

 

 

 

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