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5.  CONCLUSIONS

Le lecteur du présent rapport y verra peut-être une liste d'échecs plutôt que de succès, une liste de problèmes plutôt que de solutions. Il reflète pourtant, dans une mesure considérable, la situation actuelle de l'aménagement des pêches. Mais, comme nous l'avons indiqué, cet aménagement est indispensable si l'on veut que les pêches deviennent une source permanente de bénéfices assurant nourriture et emploi aux communautés côtières et apportant une contribution substantielle au bienêtre économique. Une des principales préoccupations qui nous inspirait était de montrer les erreurs qui ont été commises et qui continuent de l'être par les pays dévéloppés dans le domaine de l'aménagement des pêches. Cela tient en partie aux problèmes que soulevait le précédent régime juridique international de l'océan. Les pays en développement, en particulier ceux qui ont des pêches en développement, chercheront peut-être à tirer d'utiles enseignements de ces erreurs, plutôt que d'adopter les méthodes d'aménagement du monde développé. Un certain nombre de techniques de contrôle de l'effort de pêche ont été passées en revue ici et l'examen des résultats obtenus - succès et plus nombreux échecs - pourra fournir des éléments d'appréciation pour la conduite de l'aménagement.

Le point essentiel est qu'il n'existe pas de méthode unique de réglementation de la pêche. Pour donner de bons résultats, les programmes d'aménagement doivent prévoir une combinaison de dispositions réglementaires et d'autres formes d'intervention. Toutefois, il ne servirait à rien de rechercher un dosage susceptible d'apporter une solution parfaite et définitive. Les conditions économiques et sociales évoluent, le comportement des ressources de poissons de l'océan est variable et, dans une large mesure, imprévisible: il faudra donc adapter les mesures d'aménagement à des circonstances changeantes. C'est pourquoi il est essentiel de reconnaître que l'aménagement doit être nuancé et, qu'il faudra peut-être instaurer de nouvelles mesures de régulation de l'effort de pêche et en abandonner d'autres. Un système d'aménagement conçu pour être éternel sera un échec, peut-être aussi total que l'absence d'aménagement. Il sera beaucoup plus facile d'assurer la souplesse nécessaire si l'on réussit à faire participer les pêcheurs et les autres personnes travaillant dans l'industrie de la pêche au processus d'aménagement. Des mesures mal comprises ou impopulaires se révéleront difficiles et coûteuses à appliquer.

Il importe aussi de se rendre compte des limitations de l'halieutique. Dans l'avenir prévisible, le comportement des stocks de poissons continuera d'être déroutant. Cela ne veut pas dire que les études scientifiques sont inutiles, mais plutôt qu'elles ont des limitations inévitables. Les mêmes considérations valent pour la surveillance. Reconnaître ces restrictions est indispensable pour assurer un aménagement correct. Néanmoins, des distinctions utiles peuvent être faites et des prévisions à différents degrés sont possibles pour différents types de pêcheries qui peuvent donc être soumises à des degrés de surveillance différents, avec des méthodes d'aménagement différentes.

Pour l'aménagement de certaines pêcheries, on utilisera utilement les données sur le régime d'exploitation auquel tendent à se stabiliser la ressource de poisson et la pêcherie qu'elle alimente. Dans d'autres cas, ces données risqueront d'induire gravement en erreur. De la même manière, on peut conclure que l'étude des aspects économiques de l'industrie de la pêche n'a pas permis de bien reconnaître l'importance des risques dans les pêcheries qui ont un caractère imprévisible ou présentent des fluctuations. Par suite, on a eu recours à des subventions et autres formes d'aide financière créatrices de distorsions qui ont aggravé l'instabilité des pêcheries, au lieu de concevoir des programmes ajustables au degré de risque comme cela se fait pour le secteur agricole. En outre, les changements souhaités sur le plan de l'équité, qu'il appartient aux administrateurs des pêches de prendre en considération, ne sont pas clairement spécifiés et, de fait, on ne s'est pas suffisamment intéressé aux moyens de les réaliser. Enfin, on peut dire que le climat dans lequel s'est déroulé la Consultation a montré qu'elle fournissait très opportunément un carde à des échanges de vues entre divers spécialistes des pêches. Etant donné le degré de frustration qu'implique la recherche de techniques d'aménagement appropriées, on peut espérer que les échanges de vues se poursuivront.

Dans la section prévédente, nous avons essayé de décrire quelques-uns des principaux types de pêcheries, leurs problèmes particuliers et les mesures d'aménagement appropriées.

Aux différences entre les ressources s'ajoutent les différences entre les structures sociales et économiques des pays. Il s'ensuit que chaque pêcherie est exploitée dans des conditions particulières, et justifie des mesures de réglementation d'une nature et d'une ampleur particulières. La seule certitude est que l'inévitable évolution des conditions rendra plus tard d'autres mesures nécessaires.

L'une des principales causes de changement sera le développement. Souvent, cependant, les mesures prises au hasard pour encourager le développement ont des effets fâcheux du point de vue de l'aménagement. Pour obtenir de meilleurs résultats, il y aura donc lieu d'intégrer ces activités de développement et d'aménagement des pêches, soit dans chaque pays, soit dans le carde d'une organisation internationale.


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