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Etat actuel du secteur forestier

Le contexte forestier

Le contexte favorise pas le développement des activités forestières. La poussée environnementaliste a permis de garder l'importance des surfaces constituant le Domaine Forestier National.

Les forêts sont composées de Réserves Naturelles intégrales (RNI), de Réserves Spéciales (RS), de Parcs Nationaux (PN), de Stations Forestières (SF), de Forêts Classées (FC), de Réserves Forestières (RF), de Périmètres de Reboisement et de Restauration (PRR), des forêts domaniales, et de Mangroves. Ces catégories de forêts forment le Domaine forestier National.

Les Réserves Naturelles Intégrales (RNI) sont au nombre de 8 et d'une superficie totale de 328 822 ha soit 4,6 % des ressources forestières. Les Parcs Nationaux (PN) sont au nombre de 15 et d'une superficie totale de 1 006 548 ha, soit 14,2 % des ressources forestières. Les Réserves Spéciales (RS) sont au nombre de 23 d'une superficie totale de 382 099 ha et représentent 5,4 % des ressources forestières. Les Forêts Classées (FC) qui sont au nombre de 166 et ayant une superficie totale de 2735836 ha dominent à 38,6 % des ressources forestières. 89 Réserves Forestières (RF) existent à Madagascar ayant une superficie totale de 1 494 939 ha soit 21 % des ressources forestières. Les Périmètres de Reboisement et de Restauration (PRR) sont au nombre de 151 pour une superficie totale 1 129 372 ha soit 15,9 % des ressources forestières. 2 stations forestières occupant une superficie de 17 244 ha existent à Madagascar soit 0,3% des ressources forestières. Mais malgré cela la répartition du couvert forestier reste insuffisant pour qu'il puisse jouer à la fois le rôle de régulateur dans le système agraire et satisfaire aux besoins quotidiens.

 

2.1.1 Le couvert forestier

Le couvert forestier constitue moins du quart de la superficie nationale. Les résultats de l'Inventaire Ecologique Forestier National (IEFN) ont permis d'élucider et de mieux cerner la situation actuelle des ressources forestières qui donne une couverture forestière de moins de 23 % pour l'ensemble du pays bien que plus de 70% soit constitué de végétation.

Tab.1: Occupation du sol sur le territoire malgache

Occupation du sol

Superficie

 

(%)

(Ha)

Formations forestières

Végétation

Autres occupations du sol

Non classifié

22,6

72,7

4,2

0,5

13 260 000

42 631.000

2 460.000

307.000

TOTAL

100

58 658.000

Une formation dominée par les forêts denses sempervirentes de l'Est et les forêts décidues de l'Ouest sont en constante dégradation. Les formations forestières couvrent au total 13 260 000 ha du territoire national correspondant à un taux de boisement de 22,6%, le taux est assez faible pour permettre à la formation forestière de jouer le rôle de protection et de régulation de l'écosystème terrestre.

Tab.2: Importance des ressources forestières à Madagascar en 1996

Type de forêts

Superficie

 

(%)

(Ha)

Forêts denses humides sempervirentes (Est, Sambirano et Centre)

43

5 721.000

Forets sclérophylles des pentes occidentales (centre)

2

260.000

Forêts et fourrés sclérophylles de montagne (centre)

1

81.000

Forêts denses sèches décidues de l'Ouest

30

3 987.000

Forêts denses sèches décidues du Sud

8

1 003.000

Forêts xérophiles du Sud

11

1 444.000

Mangroves

2

327.000

Forêt ripicole et / ou alluvions

1

121.000

Peuplements forestiers artificiels

2

316.000

TOTAL

100

13 260.000

L'ensemble des 12,155 millions d'ha de ressources productives pourrait produire près de 2,037 milliards de m3 (MEF, 2000). Mais, plus de la moitié de ces ressources auraient déjà subi une dégradation avoisinant le quart de celles-ci (24 % pour les forêts denses décidues de l'Ouest, 23 % des forêts denses décidues du Sud et 32 % des forêts xérophiles du Sud).

 

2.1.2 Les contraintes au développement du secteur forestier

Les contraintes au dévéloppement du secteur forestier sont encore liées à des problèmes économiques souvent exogènes. Les contraintes socio-économiques exogènes au secteur forestier se manifestent souvent par la nécessité de recourir à l'exploitation, sous diverses formes, des ressources forestières.

Madagascar présente une topographie particulièrement accidentée et les surfaces cultivées ne représentent que 4% de la surface totale alors que l'agriculture emploie 77% de la population. Ceci génère des conflits fonciers au niveau du monde rural et provoque la pauvreté d'une partie importante de la population de façon relative. D'autant plus que le métayage est encore une pratique courante qui prend de l'ampleur dans le système agraire. Les paysans acculés par ces contraintes sont alors incités à la recherche de revenus supplémentaires à travers une exploitation accrue, de caractère anarchique et souvent illégale, des ressources forestières. Par ailleurs, la pression due au facteur démographique entraîne un décalage croissant entre d'une part les besoins économiques et sociaux de la population et d'autre part les ressources forestières susceptibles d'y faire face :

Le défrichement est l'une des principales causes de la dégradation des Ressources Forestières. Autorisé, il atteint en moyenne 350.000 ha/an mais le chiffre est peut-être beaucoup plus important puisqu'une grande partie des pratiques réelles de "tavy" ne sont pas toutes répertoriées..

Parallèlement, les feux de brousse contribuent à accélérer le phénomène d'érosion et à limiter les initiatives de reboisement. Outre, le renouvellement du pâturage, les feux peuvent être dus à des opérations de nettoiement incontrôlées et d'extraction minière, au mécontentement populaire, à la lutte anti-acridienne ou à brouiller les pistes des voleurs de bœufs. Les feux de brousse atteignent en moyenne 650.000 ha/an

La migration populaire est également une contrainte majeure dont les besoins énergétiques et de construction menacent les Ressources Forestières environnantes. Cette migration populaire pourrait entraîner l'envahissement des Aires Protégées et des Forêts Classées avoisinantes.

En somme, la forêt constitue un champ de manifestation idéal de dérégulation des systèmes politique, social ou économique ; quand l'un de ces systèmes fonctionne mal, c'est la Ressource Forestière qui en subit les conséquences. Cependant, des contraintes techniques et financières persistent et peuvent bloquer les initiatives de rationalisation de la gestion de la ressource forestière :

Devant l'insuffisance des moyens humains et matériels propres à l'administration forestière, le suivi et le contrôle de l'exploitation des forêts par le service forestier ne sont pas toujours satisfaisants. Ce qui favorise le développement des prélèvements illicites des Ressources Forestières ;

Les données de base sur l'importance, le fonctionnement et la croissance des Ressources Forestières ne sont pas toujours disponibles pour permettre l'élaboration et la mise en œuvre de plans d'aménagement forestier précis ;

Le Reboisement, une des alternatives pour le maintien de la couverture forestière, est confronté à des problèmes d'investissements. Le reboisement ne compense pas encore la dégradation puisqu'en général il ne permet de recouvrir que près de 0.40 % de la surface totale annuelle détruite ou endommagée par les feux, les exploitations ou les défrichements. Mais, par rapport au défrichement et à l'exploitation, le reboisement arrive quand même à compenser près de la moitié des forêts dégradées dans le Faritany d'Antananarivo et un peu moins de 10% dans le Faritany de Fianarantsoa, bien qu'il ne compense que près de 4% pour l'ensemble de Madagascar.

Tab.3: Importance de la surface totale détruite par les feux, les exploitations et les défrichements et le reboisement par Faritany

Faritany

Superficie moyenne en (Ha)

Exploitée

Incendiée

Défrichée

Reboisée

Taux de reboisement par rapport à la surface totale détruite

Taux de reboisement par rapport à la surface exploitée et défrichée

Antananarivo

1645

314 349

328

1 100

0.35

55.75

Antsiranana

3698

15 534

9 816

276

0.95

2.04

Fianarantsoa

7457

93 474

2 099

891

0.86

9.32

Mahajanga

8425

167 842

2 697

234

0.13

2.10

Toamasina

25 120

8 298

9 214

370

0.87

1.08

Toliara

11 054

66 214

1 511

115

0.15

0.92

Total

57 399

66 5711

25 665

2 986

0.40

3.59

 

Les exploitants forestiers sont rarement des professionnels et se comportent comme des opérateurs soucieux avant tout du profit à court terme. C'est pourquoi les moyens et méthodes d'exploitation qu'ils mettent en œuvre n'intègrent aucun souci de pérennisation des Ressources associées souvent à des pratiques de corruption.

Le problème serait moins complexe si les contraintes institutionnelles n'existaient pas. Mais, le secteur forestier est encore caractérisé par des problèmes :

Liés à l'insuffisance des moyens humains, matériels et financiers et reste dépendant des bailleurs de fonds (70% constituent la contribution des Bailleurs de fonds et 30% proviennent de l'Etat dans le cas de la mise en œuvre des programmes ESFUM et Bassin versant) ;

Relatifs à la coordination de la gestion des Ressources Forestières à cause de l'existence de multitude de programmes et d'institutions intégrées dans cette gestion ;

De la non-effectivité de la décentralisation du pouvoir et la déconcentration des services qui fait que les décisions sont encore très centralisées alors que les moyens de communication font défaut ;

De compétence à cause de la situation démotivante du service forestier et l'absence d'une politique de recyclage de ses agents.

 

2.1.3 Le Plan d'Action Environnemental

Heureusement des efforts n cours constituent des atouts à valoriser. Des mesures ont été prises par les autorités malgaches en vue de la préservation des ressources naturelles et plus particulièrement des ressources forestièr. Madagascar a été le premier pays Africain à avoir défini un Plan d'Action Environnemental et une stratégie nationale de conservation. Le secteur forestier malagasy dispose :

D'une base juridique et réglementaire cohérente avec les objectifs définis pour ce secteur : la législation forestière et ses décrets d'application ;

D'un document d'orientation stratégique qui constitue la nouvelle politique forestière depuis 1997 ;

D'un Plan Directeur Forestier National (PDFN) et de plusieurs Plans Directeurs Forestiers Régionaux (PDFRs) : Antsiranana, Toamasina, Mahajanga, Toliara, Antananarivo et Fianarantsoa ;

D'un Fonds Forestier National (FFN) et des Fonds Forestiers Régionaux (FFR) qui restent toutefois à réorganiser.

Dans le cadre de l’amélioration de la gestion des informations, différentes actions ont été entreprises. Un système d’informations élaboré constitue un instrument de base utile d’une part, pour entreprendre convenablement tous travaux de recherche, de planification et du suivi-évaluation des activités courantes et d’autre part, pour prendre des décisions bien fondées à partir des informations fiables. C’est dans ce sens que les actions suivantes ont été initiées avec différents partenaires :

L'élaboration du « Charte de gestion des informations environnementales » par l’ARSIE, Association Réseau du Système d’Informations sur l’Environnement, dont l’objectif est de mettre en réseau ses institutions membres et d’enrichir les bases de données environnementales nationales afin de faciliter la fluidité, l’accès et la disponibilité des informations sur l’environnement ;

L’étude sur la mise en place d’une base de données permanente sur les espèces de flore et de faune malagasy sujettes au commerce international dont l’objectif principal est de capitaliser les informations afin d’établir une liste de ces espèces malagasy ;

L’analyse « coût bénéfice » d’une étude devrait être menée du point de vue économique, social et surtout environnemental avant de s’engager à différents niveaux d’investissement. Tels ont été les cas de la création des Aires Protégées de Mantadia au niveau de la population environnante et de l’analyse des impacts du système ferroviaire FCE sur l’économie régionale… ;

L’étude pilote sur le bois énergie et sur les Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) dont l’objectif consiste à instaurer et à gérer les bases de données nationales y afférentes ;

La création d’un Groupe National de Travail (GNT) « élaboration des normes nationales pour la bonne gestion des forêts malgaches, plate-forme constituée de compatriotes bénévoles issus d’entités professionnelles diverses qui sont disponibles pour réfléchir ensemble sur un mode consensuel et proposer des solutions pertinentes concourant à la gestion durable des ressources forestières à travers le développement des normes nationales et la certification ;

L’étude sur la définition du cadre global du Système d’Information dont l’objectif est de déterminer une stratégie qui devrait permettre, grâce à une gestion efficace et efficiente des informations techniques, administratives et opérationnelles, d’ améliorer le processus de prise de décision et de faciliter les communications interne et externe.

Si tels ont été les atouts et les faiblesses du secteur forestier, ce dernier ne constitue pas toutefois un système indépendant. L’évolution et le développement de ce secteur dépendent en effet non seulement des facteurs endogènes mais également des facteurs exogènes (situation socio-économique du pays). L'ensemble de ces facteurs exogènes constitue ici ce qu'on entend par les moteurs du changement.

 

 

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