3.1 Les facteurs socio-économiqes
La réussite de la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté peut améliorer le cadrage du secteur forestier.
Madagascar met en œuvre depuis 1986 une politique économique orientée vers le libéralisme qui a commencé à porter ses fruits depuis quelques années notamment en 1997 où le taux de croissance économique a dépassé celui de la croissance démographique.
Tab.4 : Evolution du taux de croissance du PIB en % entre 1994 et 1998
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1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
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PIB Constant |
0,0 |
1,7 |
2,1 |
3,7 |
3,9 |
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PIB constant/hab |
- 2,6 |
- 1,3 |
- 0,7 |
+ 0,5 |
+ 0,8 |
Source : D'après la SNLP, janvier 2000
Cependant, cette croissance est encore jugée insuffisante pour réduire les contraintes dues à la pauvreté. Ainsi, l'Etat au début de cette année a décidé de mettre en œuvre une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté qui peut avoir une incidence importante sur l'amélioration globale du cadre exogène du secteur forestier. Cette stratégie tourne autour de la mise en œuvre de 3 grands axes :
La mise en place d'un cadre économique, institutionnel et réglementaire favorable à la croissance économique et la réduction de la pauvreté, (volet gouvernance) ;
L'accélération de la croissance économique en faisant participer les pauvres, (volet croissance économique) ;
Le développement des capacités humaines et la réduction des inégalités au sein de la société. (volet développement des capacités humaines).
3.1.1 Les volets
Le volet gouvernance est une réponse aux contraintes institutionnelles du secteur forestier. L'axe stratégique correspondant au volet gouvernance s'articule autour de trois actions stratégiques :
La poursuite du rétablissement de l'équilibre macroéconomique,
La redéfinition des missions de l'Etat pour rendre ses institutions efficaces, et
L'incitation du privé pour constituer le moteur de la croissance.
La mise en œuvre de cette stratégie devrait donc permettre de lever dans le futur à la fois les contraintes de l'investissement, des arrangements institutionnelles et faciliter le désengagement de l'Etat des secteurs productifs.
Le volet croissance économique est constitué pour lever les contraintes liées aux facteurs et aux moyens de production. La mise en œuvre de cet axe stratégique est prévu d'être réalisée par :
L'accroissement de la productivité du secteur agricole,
La promotion des micro entreprises et les activités du secteur non structuré,
La promotion de l'industrialisation à forte intensité de main d'œuvre,
Le développement des infrastructures économiques de base (routes, transport, énergie, eau, communication),
La sauvegarde de l'environnement.
Le volet développement des capacités humaines est constitué pour atténuer les effets négatifs de la croissance démographique galopante liés aux contraintes d'accès à l'éducation et à la santé. Ce volet comporte trois actions stratégiques qui consistent à :
Garantir l'accès des pauvres à l'éducation,
Assurer la fourniture des services de santé et d'approvisionnement en eau potable aux pauvres,
Et maîtriser la croissance démographique.
La mise en place des provinces autonomes pour accélérer le processus de décentralisation et de déconcentration des services techniques pourraient constituer à la fois un frein et un encouragement pour lever les contraintes énoncées dans les paragraphes précédents. La décentralisation du pouvoir de décision et la déconcentration des services techniques pourraient avoir :
- des effets positifs notamment :
En permettant un allègement des procédures tant au niveau de la mise en concession des exploitations que dans l'effectivité de la responsabilisation des acteurs,
En donnant les moyens aux techniciens de sortir de la pression des politiciens au niveau central,
En conférant plus d'autonomie aux provinces autonomes et donc plus de marge de manœuvre par rapport à la mise en œuvre de la politique forestière et des plans directeurs forestiers régionaux.
- et des effets négatifs sur les enjeux financiers du fait que l’autonomisation institutionnelle nécessite beaucoup de moyens que le processus n'a pas défini par avance. L'exploitation non contrôlée des ressources naturelles notamment forestières risquerait d'être la première conséquence de l'expression de ces enjeux dans le pire des cas.
PADR
Le PADR en appui au SNLP pour améliorer le secteur agricole et indirectement le secteur forestier. Trois projets en cours de mise en œuvre peuvent avoir des conséquences non négligeables sur le secteur forestier :
La formulation et la mise en œuvre d'un référentiel national du développement rural qui inclue le domaine de l'agriculture, de l'élevage et des forêts : Le Plan d'action pour le Développement Rural (PADR) ;
La sécurisation foncière, et ;
La mise en œuvre de la stratégie nationale de transfert de gestion des ressources naturelles aux communautés de base.
Les deux derniers projets peuvent constituer des moyens stratégiques pour la mise en œuvre du plan d'action pour le développement rural qui vise à :
Assurer une bonne gestion du monde rural par la définition et la mise en œuvre des réformes institutionnelles. Le monde rural ne sera plus vu sous une approche sectorielle mais considéré comme un système qui forme un tout ;
Inciter l'émergence des acteurs économiques, partenaires du développement rural. Même, si la mise en œuvre de cette orientation peut être considérée comme contradictoire avec la stratégie de transfert de gestion, elle peut contribuer à faciliter la responsabilisation des acteurs notamment du secteur forestier dans la gestion forestière ;
Accroître et promouvoir la production agricole avec une utilisation optimale ainsi qu'une gestion durable des ressources et des infrastructures. L'amélioration de la production agricole peut avoir des effets notables sur l'évolution des défrichements qui sont en fait un système agricole extensif ;
Assurer une disponibilité alimentaire suffisante dans toutes les régions notamment par la promotion des moyens de transport, le développement intégré et la maintenance des infrastructures, le développement et organisation des marchés. Elle devrait permettre d'augmenter la monétarisation des échanges tout en facilitant l'accès à la disponibilité monétaire aux acteurs de l'exploitation et de la gestion forestière. En effet, la relative faiblesse des marges attribuées dans les filières bois aux producteurs ne s'explique pas seulement par leur faible capacité de négociation mais aussi et surtout à leur capacité à garder une disponibilité monétaire suffisante pour prévenir les utilisations quotidiennes ;
Développer les infrastructures sociales en vue d'améliorer l'accès aux services sociaux notamment par l'accessibilité à l'eau potable, la disponibilité des services sociaux de base et l'amélioration des conditions d'habitation.
La mise en œuvre effective de ces 5 principales orientations (dont le nombre et le contenu sont évolutifs) doivent être complémentaires avec la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté pour améliorer le cadrage macroéconomique du secteur forestier.
Le processus du PADR n'est pas seulement intéressant par la formulation de ses axes et de ses orientations. Il constitue vraiment un moteur du changement dans la mesure où :
Le processus de formulation du référentiel, participatif, est évolutif dans le temps,
Les orientations et axes stratégiques constituent un référentiel national qui sert non seulement à la coordination des actions liées au développement rural mais aussi à la répartition égalitaire des appuis et des financements,
Logiquement, il devrait donc constituer un outil pour les réformes institutionnelles et la mise en œuvre de la décentralisation du pouvoir et la déconcentration des services publics.
Cependant, le développement de l'industrie forestière est lié à l'émergence des initiatives privées qui sont pourtant confrontés aux facteurs économiques de production. A cause, surtout, du mauvais état des routes, du problème d'accès au crédit de financement pour le renouvellement du matériel, et la faible potentialité d'absorption du marché local, le développement des industries forestières ne présente pas de perspective de développement suffisante pour accroître la performance économique du secteur forêt. L'absence de normes ou la non effectivité des normes existantes dans la filière bois en général, contribue à développer encore plus le secteur informel qui use des pratiques traditionnelles peu coûteuses et de faible rendement. Ce souci de minimisation des risques et des coûts favorise alors l'exportation légalisée de bois brut par l'abrogation de l'arrêté d'interdiction d'exportation et affaibli encore plus la compétitivité des industries forestières exportatrices. L'insuffisance de formation professionnelle sur les métiers liés à la filière bois ne contribue pas au développement de la rationalisation de l'exploitation forestière et des rendements de transformations. Une sombre perspective se profile malgré les tendances de l'investissement dans le secteur bois. En 1997, près de 0,24% seulement de la population active a été recensée comme travaillant dans la branche industrie du bois. Les projets agréés au titre du code des investissements prévoyaient un investissement de plus de 126 milliards de fmg (.
Tab.5: Importance des investissements dans le secteur industriel de 1990 à 1997
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Type de projet |
Investissement en 106 FMG |
% |
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Projet de création (1990-1997) |
4 4496 |
|
|
Projet d'extension, de diversification, amélioration de la qualité, réhabilitation |
39 481 |
|
|
Agréments abrogés en zone franche (jusqu'à ce jour) |
1 370 |
% |
|
Projets agréés en zones franches (1990 à ce jour) |
43 018 |
|
|
Total |
3.1.2 Le tourisme écologique
Le tourisme écologique est un marché pour rentabiliser les investissements consentis sur les aires protégées et mener à terme la politique de conservation. Le tourisme écologique est l'un des services qui commence à rentabiliser les investissements consentis sur les aires protégées. Les recettes en devise qu'apportent le tourisme en général et l'écotourisme en particulier sont comparables à celles des produits d'exportations. Entre 1993 et 1997 presque 500% de taux de croissance du revenu généré par le tourisme à Madagascar a été enregistré et l'écotourisme a probablement contribué à ce rebondissement spectaculaire. Il faut noter que ces chiffres ne comprennent pas les frais de transports internationaux, mais ils incluent les recettes bénéficiées par les prescripteurs de voyages, les hôtels, les transports intérieurs et les échanges bancaires
Tab.6: Evolution des recettes touristiques ( en milliards de F.M.G)
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Année |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
|
Recettes |
74 254 |
145 188 |
187 580 |
262 377 |
371 146 |
Source : Ministère du tourisme, 1999
Une perspective rassurante se profile à l'horizon pour le tourisme écologique à condition que les tendances actuelles soient bien maîtrisées. L'Essor actuel du tourisme dans la grande île est dû entre autre aux mesures entreprises depuis le d&e acute;but des années 90 par les institutions concernées. Les plus importantes de ces mesures sont les suivantes :
Création à la fin de l'année 1991 du Comité Nationale pour le Développement du Tourisme (C.N.D.T) et de la Maison du Tourisme de Madagascar
Sortie du code du tourisme ( Loi n° 95-017 du 25 août 1995), et refonte de la législation et de la réglementation applicable au secteur ( Décret n° 96-773 du 3 septembre 1996)
Libéralisation du trafic intérieur et régional achevé en 1994. Elle a permis l'arrivée de 4 nouvelles compagnies : Air Austral de la Réunion, Air Mauritius, Inter Air de l'Afrique du sud et le TAM de Madagascar qui desservent actuellement les réseaux.
Tab.7 : Raison du choix de Madagascar indiquée en pourcentage
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Pourcentage |
Pour quelles raisons êtes-vous venus à Madagascar ? |
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Ecotourisme, Environnement |
Tourisme balnéaire |
Autre |
TOTAL |
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|
Tourisme à titre principal |
66,6 |
24,1 |
9,3 |
100 |
|
Tourisme à titre secondaire |
16,8 |
6,5 |
76,7 |
100 |
|
TOTAL |
41,7 |
15,3 |
43 |
100 |
Source : MADIO, 1998
3.1.3 L’Energie à Madagascar
Des impacts de la fluctuation des prix des produits pétroliers au niveau mondial sur les stratégies de substitution envisagées dans le cadre de la déclaration de politique du secteur de l'énergie à Madagascar. La déclaration de politique sectorielle, approuvée par le gouvernement Malgache le 21 juin 1999., définit les objectifs globaux du secteur énergie suivant les sous secteurs hydrocarbures, électricité. Ces objectifs ont trait à la libéralisation des deux sous secteurs et à l'accélération de l'accès à l'électricité (zone urbaine 15% en 2005 et zone rurale 5% en 2005).
L'utilisation des produits pétroliers et de l'électricité comme produit de substitution, malgré l'amélioration attendue de l'approvisionnement (avec la libéralisation du commerce de produits pétrolier et la privatisation des entreprises d'état) qui devrait inciter sa plus grande utilisation, reste toutefois limitée du fait de la nécessité de mobiliser une somme importante pour l'achat des réchauds. Si l'on tient compte des fluctuations des prix des produits pétroliers dans le monde et de l'ampleur des investissements à faire pour exploiter l'énergie hydraulique ou solaire, l'on devrait encore s'attendre à une plus grande utilisation du bois énergie au niveau des ménages et même de quelques secteurs.
3.1.4 La MECIE
Les impacts sur les ressources forestières du développement des infrastructures fait l'objet d'un suivi dans le cadre de la MECIE. Dans le cadre du programme du secteur des Transports, plusieurs projets sont prévus concernant la réhabilitation et l'entretien des infrastructures de transport et tous ses sous-secteurs (routier, ferroviaire, aérien, portuaire et maritime). Les composantes de la première tranche de ce programme incluent les secteurs des routes, des ports et fleuves et des aéroports.
La deuxième tranche concerne l'appui aux transports terrestres, ferroviaires et transports routiers. La troisième tranche traitera des routes rurales secondaires et tertiaires, et éventuellement des pistes de desserte communales et villageoises d'une manière pilote et inclura un programme de développement des transports en milieu rural.
La quatrième tranche sera une continuation de la première tranche et portera sur la poursuite de la réhabilitation du réseau principal et de la mise en œuvre de réformes de la gestion du secteur des routes, et d'éventuels investissements complémentaires dans le secteur portuaire et fluvial. Le développement de ces infrastructures devrait faciliter le transport des divers produits (forestiers, agricoles…).
Ce programme a déjà fait l'objet d'une étude d'impact environnemental effectuée par le CNREdans le cadre du MECIE. Les mesures de sauvegarde de l'environnement par région écologique et par type d'intervention ont été définies en décembre 1999 et ne devraient pas contribuer à créer des contraintes négatives au secteur forestier.
3.1.5 La sortie de la politique forestière précurseur du principe de la planification stratégique des objectifs
Sur la base d'un bilan diagnostic qui rend compte de la situation de départ, une nouvelle politique forestière fixant les orientations ou choix stratégiques et arrêtant les grands objectifs à atteindre aux fins de réguler l'usage des espaces boisés, de bien gérer les ressources forestières et de valoriser les produits extraits de la forêt a été définie. Tous ces éléments sont regroupés dans un document d'orientation de politique forestière (Décret 97 1200 du 02 octobre 1997). La promulgation de cette politique forestière peut être considérée comme le précurseur de l'adoption tacite du principe de la planification stratégique par objectif. Les plans régionaux forestiers ont été élaborés sur le même principe. Cependant, jusqu'à maintenant, les effets notables dûs à l'application de la politique forestière sur le secteur ne sont pas perceptibles. Non pas car la politique est un échec, mais faute de moyens nécessaires pour sa mise en œuvre.
3.1.6 Le progrès technologique freiné par l'absence de programme de recherche claire.
Aucun changement notable n'est à signaler au niveau du progrès technologique dans le secteur forestier. Les projets de recherches sont, surtout, cantonnées dans le domaine de l'amélioration des rendements de transformation du bois énergie et dans les énergies renouvelables. Cependant, aucune orientation précise sur les projets prioritaires à développer par l'Etat n'est connue. La recherche forestière est même en train de traverser une période houleuse avec la nécessité pour les institutions publiques d'améliorer leur performance pour passer progressivement à l'autonomie financière. Le problème est justement localisé à ce niveau, car la recherche nécessite beaucoup de financement que l'Etat n'a pas toujours et que malheureusement les prestations n'arrivent pas non plus à couvrir. La nécessité pour ces institutions de devoir faire des prestations contribuent à faire dépendre les thèmes à des priorités qui ne sont pas forcement celles du secteur forestier Malgache. On notera par exemple le peu d'efforts consentis pour la connaissance des qualités technologiques des innombrables espèces malgaches alors que la rareté des espèces les plus exploitées est reconnue par tous.