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Faciliter le changement : Que faut-il faire ?

La prospective montre que, sans action précise pour faire changer les choses, la situation du secteur forestier sera amenée à se dégrader. Cette dégradation se traduira par une diminution à la fois de la couverture forestière et de la productivité des forêts. En clair les ressources forestières ne pourront pas jouer l'un de ses rôles les plus importants qui est celui de satisfaire aux besoins socio-économiques de la population. Les méthodes classiques pour enrayer cette dégradation consistent à mettre en œuvre des mesures globales ou spécifiques pour faire changer les choses. Ce document ne préconise pas la mise en œuvre de mesures pour changer les "moteurs" dans le bon sens. Mais, il peut proposer les bases des orientations à prendre pour améliorer la situation à l'intérieur du secteur forestier, en tenant compte d'un environnement exogène changeant mais qui exerce une influence permanente sur l'évolution de la couverture et de la productivité forestière.

 

5.1 L’Intervention aux niveaux technique et technologique, économique et institutionnelle

5.1.2 Au niveau technique et technologique

Au niveau technique et technologique l'on ne pourra pas se passer de la recherche et de la capitalisation des connaissances. Les parties antérieures de ce document montrent que les contraintes sont d'abord liées au développement technique et technologique du secteur forestier. Le défrichement et l'exploitation forestière sont surtout dégradants parce que la ressource n'arrive pas à compenser les extractions biologiques découlant de ces pratiques. Les réponses à ces phénomènes ont consisté depuis longtemps à freiner l'ampleur des pratiques tout en espérant que la ressource se régénérera d'elle-même. C'est ainsi qu'on préconise des plans d'aménagement qui "oublient", souvent, de quelle manière doit-on agir pour reconstituer (le plus rapidement) la forêt. L'amélioration de la situation devra donc résulter d'un développement plus important des connaissances techniques et technologiques forestières pour la reconstitution de la ressource en sus de la mise en œuvre d'outil de gestion comme la gestion participative.

Les conclusions de l'atelier d'Andasibe rejoignent celles qui découlent de cette étude qui sont :

L'amélioration de la performance économique du secteur forestier, et

L'amélioration du système d'information.

L'on pense que l'amélioration des connaissances sur les ressources forestières devra permettre de mieux les reconstituer donc de mieux les gérer. Un ensemble de mesures pour améliorer la situation serait de :

Capitaliser les connaissances sur les ressources forestières en commençant par la sylviculture des espèces (monographie) et les modes de traitements sylvicoles.

Promouvoir la recherche sur les connaissances technologiques de certaines espèces pour substituer celles les plus exploitées actuellement.

Un accent particulier devra être donné aux essences de bois d'énergie. Mais, d'une façon générale, c'est la recherche forestière qu'il faudrait essayer de réorganiser pour qu'elle puisse effectivement être un support aux actions de développement du secteur forestier.

Tout ceci devra se faire sur la base de l'amélioration du système d'information forestière qui est déjà en cours.

5.1.3 Au niveau économique

Au niveau économique, le service forestier peut intervenir et non pas seulement attendre l'évolution du cadre macroéconomique globale. Cependant, l'amélioration des connaissances au niveau de la ressource ne sera pas suffisante pour changer la situation. On a trop tendance à "simplifier" les choses en oubliant d'intégrer la dimension économique dans les actions entreprises et à entreprendre dans le secteur forestier. La réalisation d'actions de protection de bassin versant, la mise en œuvre de plan d'aménagement et la conduite d'opération d'afforestation ne devront pas ignorer l'importance de la valeur économique des produits, des acteurs et des marchés.

La priorisation des objectifs et des activités lors de la planification forestière devra tenir compte en premier lieu du principe de la rentabilité économique. Ainsi, pour diminuer l'influence des facteurs cruciaux un certain nombre de mesures doivent être mis en œuvre ou tout au moins devra faire l'objet d'une réflexion plus approfondie. Citons parmi ces mesures la nécessité de :

La révision de la classification des produits forestiers suivant leur valeur économique,

La normalisation des produits forestiers

L'évaluation de la demande en produits forestiers (exploitation extractive et non extractive) et

La promotion de l'écotourisme.

5.1.4 Au niveau institutionnel

Au niveau institutionnel, toute réforme doit s'accompagner d'un mécanisme de financement évitant le recours aux aides. La structure actuelle du service forestier n'a pas permis de changer d'une façon significative les pressions sur les ressources. Dans une perspective d'une amélioration de la situation, il est inconcevable que le service forestier ne puisse pas adapter sa façon de travailler avec les objectifs qu'elle recherche tout en tenant compte de ses contraintes au niveau méthodologique, matériel et financier. Si au niveau méthodologique les moyens devaient s'améliorer avec la mise en œuvre de système d'information plus élaborée qui jouit des résultats de la recherche. Au niveau matériel et financier, l'administration doit se doter d'instrument financier qui lui permette, non pas, d'augmenter son budget de fonctionnement, mais de pouvoir supporter ses actions techniques pour atteindre ses objectifs. Si au niveau actuel, on se penche plutôt sur l'aspect du recouvrement des taxes forestières et des procédures de son utilisation. L'on oublie souvent d'avoir préalablement défini les intitulés de son utilisation. En tant que moyen, le système de taxation devra pouvoir être affecté au fonctionnement des services (centraux et décentralisés) forestiers mais aussi à la recherche, la formation et surtout à la reconstitution de la ressource. Ainsi, tout programme de réforme institutionnelle qui ne se fonde pas sur un système de recherche d'autonomie financière ne pourra que faire stagner la situation à l'hypothèse zéro.

5.1.5 Perspective des changements

Si les mesures préconisées sont effectivement appliquées l'on pourrait s'attendre à ce que les contraintes soient progressivement levées. Si tel est le cas, les moteurs du changement pourront constituer un levier important pour l'amélioration de la performance économique du secteur forestier. Cependant, comme toutes mesures, les effets ne pourront pas être immédiats. La capitalisation de la recherche sur les techniques et technologies forestières ne pourra se faire avant une année. Elle est capitale pour la redéfinition des orientations de recherche. Or, ces orientations sont indispensables pour pouvoir réorganiser les structures déjà mises en place. Incitation économique et réforme institutionnelle ne pourront donc pas avoir de conséquence visible dans le court terme. Entretemps, il est difficile de croire que les pressions pourront laisser un répit à la ressource. Il faut donc nécessairement mettre en place un système transitoire qui permettra de gérer d'une façon provisoire tout changement prévisible.

 

5.1.6 Responsabilisation des acteurs

Quel système provisoire mettre en place ? L'étude ne pourra évidemment pas apporter de réponse à cette question. Les solutions sont à rechercher au niveau non plus du service forestier uniquement, mais surtout des acteurs. Ces derniers doivent bien entendus être responsabilisés.

 

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