2. MOTEURS DU CHANGEMENT ET IMPLICATIONS FORESTIERES
2.1 CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET ECOLOGIQUES
Au cours des trente dernières années, l’aridité climatique du Mali s’est accrue et les précipitations enregistrées, ponctuées de périodes de sécheresse extrême, ont été inférieures à la moyenne. Les isohyètes se sont déplacées d’environ de 200 km vers le sud (PNAE, 1998). Ces sécheresses fréquentes, plus que tout autre facteur, ont contribué à fragiliser davantage les écosystèmes, les rendant plus vulnérables à la moindre perturbation et à accélérer le rythme de dégradation des ressources biologiques. Les déficits hydriques qui en sont résultés, ont entraîné une réduction de la production primaire et secondaire. Ces changements climatiques ont eu pour conséquences:
La baisse de la pluviométrie et déficit hydrique
La baisse du niveau des nappes phréatiques
L’élévation des températures moyennes
La baisse des crues et du niveau moyen des cours d’eau
L’ensablement des cours d’eaux, des oueds, des mares, des lacs et des agglomérations des régions septentrionales du pays
2.2 CHANGEMENTS SOCIO-ECONOMIQUES
2.2.1 Caractéristiques démographiques
Selon les résultats provisoires du Recensement Général de la Population et de l’Habitat d’avril 1998, la population du Mali s’élève à 9 790 492 habitants contre 7 728 011 en 1987 soit un accroissement annuel moyen de 2,2% sur la période de 1987 à 1998. La densité moyenne varie entre 26 hbt/ km² dans la région de Ségou à 0,1 hbt/km² pour la région de Kidal (Désert du Sahara) avec une pointe de 200 hbts /km² pour le District de Bamako. La répartition spatiale de la population montre que 30 % du territoire national renferme 91% de la population résidente. La population malienne est relativement jeune, plus de 50% de la population a moins de 20 ans
Le phénomène de l'exode rural est plus important dans la classe d'âge de 6 à 19 ans. Il concerne surtout les filles à la recherche de leurs trousseaux de mariage. De plus en plus on assiste à une urbanisation provoquée par l'exode rural. C'est ainsi que la population de la capitale Bamako est passée de 658 275 habitants en 1987 pour être aujourd'hui de 1 016 167. Le taux d'urbanisation qui n'était que de 6 % entre 1960 et 1987 est supérieur à 26% aujourd'hui.
Les Maliens émigrent pour des raisons économiques, vers l'Europe singulièrement vers la France, les pays limitrophes comme la Côte d'Ivoire, le Sénégal, la Mauritanie, mais aussi vers l'Afrique centrale. Les migrations internes importantes sont temporaires ou définitives. Elles ont des causes écologiques (recherche de terres fertiles) et économiques (transhumance et nomadisme).
Perspectives d'évolution de la population:
La Direction Nationale de la Statistique et de l'Informatique a procédé à des projections de l'évolution de la population malienne jusqu'en 2020. Cette évolution de la population malienne calculée sur la base du recensement de 1987 est à voir dans Tableau 1:
Tableau 1: Évolution de la population de 1997 à 2020 par sexe:
|
1997 |
2000 |
2005 |
2010 |
2015 |
2020 |
|
|
Femmes |
4 575 349 |
4 906 176 |
5 573 429 |
6 413 711 |
7 354 449 |
8 307 043 |
|
Hommes |
4 789 199 |
5 124 104 |
5 645 927 |
6 620 058 |
7 541 938 |
8 290 033 |
|
Total |
9 364 548 |
10 028 280 |
11 218 356 |
13 033 769 |
14 896 387 |
16 597 076 |
Suivant cette hypothèse, la nécessité en produits ligneux et non ligneux va aussi croître. Si l'on ajoute la rapide urbanisation et la part de plus en plus importante du charbon de bois dans la consommation urbaine, on comprend que la pression sur les ressources restera forte. Cette population restera concentrée au sud là où le potentiel ligneux est le plus élevé et où la pression est la plus forte sur les ressources. La conjugaison de ces facteurs est de nature à aggraver la dégradation des ressources naturelles.
2.2.2 Variation du revenu par habitant, distribution du revenu
Le bilan diagnostic du développement humain durable réalisé en décembre 1995 par la DNSI, indique un revenu par habitant corrigé en 1994 de 120 874 FCFA par an. Ce revenu serait de 274 624 en milieu urbain et de 85 322 FCFA en milieu rural. Le revenu par tête d'habitant est plus élevé chez les salariés que chez les agriculteurs/éleveurs où l'autoconsommation est prépondérante et explique en partie ce bas niveau de revenu et leur disparition à terme.
Le Revenu National Disponible Net (RNDN) est de 1 830 598 000 FCFA en l’an 2000 soit un revenu par habitant de 182 507 FCFA. Par rapport aux perspectives d’évolution de la population, la moyenne géométrique des 13 dernières années, à partir de l’année 2000, pour connaître l’évolution du RNDN et le RNDN/tête jusqu’en 2020 est de r = 0,084. Si les méthodes économiques utilisées en l’année 2000 restaient comme telles avec une variation de 5,90 % entre 2000 et 2001 au lieu de 182 507 F CFA/tête en 2000, le RND/tête serait de 547 570 F CFA en 2020 avec une variation de 6,03 %.
2.2.3 Indicateurs du développement social et pauvreté
Malgré les efforts du Mali dans la quasi-totalité des secteurs du développement social, le pays fait partie du groupe des nations à faible développement humain avec les performances relativement mauvaises en alphabétisation, scolarisation des enfants, taux de couverture sanitaire et accès aux services de santé, accès à l'eau potable, PIB réel par habitant et indice de pauvreté. Le seuil de la pauvreté est passé de 108 290 FCFA en 1996 à 102 971 FCFA en 1998 (rapport Banque Mondiale 1997-98). Cette même étude montre que plus de 71,6 % de la population malienne vit en dessous du seuil de pauvreté.
Education:
Le système éducatif malien est caractérisé par un faible taux de scolarisation dont 60% pour les garçons et 40% pour les filles. A cette faiblesse du taux s’ajoute une disparité tout aussi forte entre les enfants en milieu urbain et rural. Le rendement interne et externe du système est faible, il y a un manque notoire d'enseignants, d'infrastructures, et de nombreuses contraintes pédagogiques et institutionnelles paralysent le système depuis 10 ans. A cela il faut ajouter un marché du travail peut attractif sinon répulsif. Le taux d'alphabétisation stagne depuis longtemps autour des 30% pour les hommes et 10 % pour les femmes.
Santé:
Les indicateurs de santé sont tout aussi faibles que ceux de l'éducation. En effet, le taux de couverture sanitaire est de 43% dans un rayon de 5 km. La couverture vaccinale antitétanique des femmes en âge de procréer est de 51% et le taux de vaccination infantile est de 52%. La mortalité infantile est de 122,2/1000, le nombre d’habitants par médecin est 16 000 et l'espérance de vie à la naissance est seulement de 58 ans.
Accès à l'eau potable:
L’accès à l’eau potable et aux infrastructures d’assainissement n’est pas encore satisfaisant. Le taux de couverture des besoins en eau potable est de 52 % de la population dont 49 % en milieu rural et de 51 % en milieu urbain. Les problèmes d’assainissement se posent en ce qui concerne l’évacuation des eaux usées, des ordures ménagères, des eaux pluviales et des déchets solides. Dans les villes, les caniveaux sont généralement à ciel ouvert et reçoivent directement des eaux des fosses septiques. Les eaux d'égouts sont mal drainées et leur stagnation favorise le développement des parasites.
Pauvreté:
Le problème de la pauvreté au Mali se pose en terme d’insécurité alimentaire, de malnutrition, d’analphabétisme, de maladies, de sordidité du milieu et de faible espérance de vie. Elle se traduit aussi par les difficultés d’approvisionnement en eau potable, l’inadéquation des services de santé et d’éducation, le nombre élevé de chômeurs, de déplacés et de réfugiés et par l’exclusion économique et sociale.
La pauvreté au Mali a accru de 28% de 1989 à 1998 dont 40% en milieu urbain et 78,3% en milieu rural. Le taux annuel de diminution de la pauvreté est de 5,4% en milieu urbain et seulement 1,5% en milieu rural. Cela veut dire que les efforts de lutte contre ce fléau profitent plus aux urbains qu'aux ruraux.
Tant que les politiques économiques du Mali resteront focalisées sur l'établissement des équilibres macro-économiques et non sur le développement humain durable, il est peu probable que la pauvreté et les inégalités sociales baissent. La pauvreté est en définitive la cause majeure de la dégradation des ressources naturelles et, seule la lutte contre ce fléau favorise leur gestion durable.
2.2.4 Performances économiques globales
Selon le Rapport National sur le Développement Humain Durable (Mali1999), le Mali est un pays à revenu moyen faible (PIB par tête d'habitant inférieur à 300$US). L’économie malienne repose essentiellement sur le secteur primaire qui participe pour plus de 43,7 % au PIB alors que le secteur secondaire ne représente que 17,5 % du PIB et celui du tertiaire 38,7 %. Malgré la bonne performance macro-économique, la majorité des maliens et singulièrement la grande majorité des femmes vivent en dessous du seuil de pauvreté.
L'observation au cours des six dernières années (1995-2000), montre que la croissance économique d'un pays comme le Mali ne rime pas nécessairement avec la réduction de la pauvreté. En effet, de 1994 à nos jours, la croissance économique du Mali est supérieure à 3 % alors que le taux de croissance démographique est de 2,2 %. La quasi-totalité des indicateurs macro-économiques est positive. Malgré certains facteurs non maîtrisés comme les aléas climatiques, les cours des matières premières, le poids de la dette extérieure etc., on devrait observer une certaine amélioration des revenus.
Ainsi en 1998 le taux de croissance du PIB n'était que de 4,5 %, le déficit budgétaire en constante augmentation et le déficit de la balance commerciale de plus de 7 milliards de FCA. L’évolution de la conjoncture économique et financière au Mali durant l’année 1999 résulte d’une part du contexte macro-économique suscité et des retombées de l’environnement mondial sur l’économie nationale.
Sur le plan sous-régional, la rigueur observée de la part de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) a permis de réduire les effets défavorables du contexte économique international. Malgré quelques tensions inflationnistes localisées et la montée des importations par rapport aux exportations, la moyenne de la hausse est demeurée en dessous de l’objectif de 3% fixé à l’occasion de la surveillance multilatérale.