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CHAPITRE I: JUSTIFICATION DE L'ETUDE


Cette étude, conjointement désirée par la Division du Développement Rural de la FAO (SDA/Rome) et la FTPP (Forest Tree and Population Programme) à Douala, se justifie globalement par la nécessité pour la FAO d'actualiser son information sur les nouvelles réalités forestières afin de concevoir des politiques appropriées aux nouvelles situations et, partant, de mettre au point des programmes de gestion des ressources naturelles, particulièrement forestières.

Elle se justifie particulièrement sur les plans politique et scientifique.

Sur le plan politique, le vent de la démocratie qui a soufflé en Afrique de l'ouest depuis la fin des années 80 a apporté une modification fondamentale dans la nature et dans le statut politiques de l'Etat post colonial et a, par conséquent, introduit en perspective un changement dans la forme juridique des relations de la population avec lesdites ressources naturelles.

Ce changement, de type démocratique, dans la gestion de l'environnement, s'opère par le biais de la décentralisation, donc selon le principe de <<moins d'Etat et davantage de population>>.

Sur le plan scientifique, on constate que la plupart des décisions politico-administratives sont prises sans études scientifiques préalables. La nouvelle situation, qui se veut en rupture avec celle des années d'indépendance où l'euphorie était plutôt à l'action qu'à la longue réflexion, exige de n'agir qu'en connaissance de cause, eu égard à l'émergence d'acteurs nouveaux et à la nécessité de l'observation du processus démocratique.

Il y a donc nécessité de comprendre et de faire comprendre aux populations la totalité des conséquences d'un choix, d'une décision, surtout lorsque le décideur est nouveau, inexpérimenté et choisi par les populations elles-mêmes.

Les résultats d'une telle étude sont de nature à offrir, d'entrée de jeu, aux responsables municipaux une vision complète sur la situation (physique, juridique et gestionnelle) des ressources naturelles de façon à leur éviter ce qui peut être fatal à la démocratie à savoir, les erreurs graves de comportement vis-à-vis des valeurs initiales locales encore en fonction dans la gestion des ressources naturelles et de l'environnement.

Sur le plan de l'historique du comportement en matière de gestion des ressources, il faut insister sur le fait que l'attitude de l'Etat et de ses démembrements d'une part, et les intérêts des populations d'autre part, se sont avérés à ce point divergents que la participation populaire à la révolution démocratique de 1991 s'explique par ce divorce d'intérêts.

Dans la situation pré-démocratique, l'Etat s'était imposé comme étant le gestionnaire principal et l'unique protecteur de l'environnement, ce qui a généré un comportement si abusif de la part des agents de l'Etat que les populations, dans un esprit de protestation contre la législation, en sont arrivées à vouloir détruire leurs forêts par le feu.

En outre les multiples frustrations nées de cette situation ont conduit les ruraux à revendiquer le réexamen des textes forestiers, le déclassement de parties ou de la totalité de forêts, la participation des populations aux prises de décisions relatives à leur environnement et susceptibles de modifier profondément leur existence.

En guise de réponses aux réclamations et aux frustrations des ruraux, l'Etat a proposé sa propre refondation à travers une politique de décentralisation dont les avantages pour les populations résident dans la libre administration de leurs affaires suite à un transfert de compétences dont la coopération décentralisée entre communes maliennes d'une part et, d'autre part, entre communes maliennes et communes maliennes et communes étrangères et tout autres partenaires sous le contrôle légal de l'Etat malien.

Il est évident qu'un tel mode de gestion des ressources au niveau local intéresse la FAO qui a à coeur la préservation, l'exploitation judicieuse des potentialités dans une politique de développement durable. La responsabilisation des acteurs dans leur localité est susceptible de prendre en compte ce souci beaucoup plus que ne l'a fait le Code Domanial et Foncier actuel (datant de 1986).

Le constat de fossé entre ce code et la volonté des usagers des ressources a donné lieu à une relecture dudit code domanial et foncier et aussi des différents textes réglementaires. Cette lecture s'imposait d'autant plus que l'Etat cessait d'être le seul gestionnaire et reconnaissait d'autres partenaires auxquels il transférait la plupart de ses compétences en matière de gestion.

Cette relecture qui a donné naissance à un nouveau code non encore voté par l'Assemblée Nationale du Mali, a le mérite du double souci de reconnaître les institutions coutumières et d'ouvrir les perspectives pour le monde rural d'accéder à la forme moderne de la gestion des ressources naturelles.

Dès lors il devenait vital de connaître des partenaires leur identité, leurs principes d'organisation et de fonctionnement, leur capacité d'adaptation - voire de résistance - aux règles du nouveau jeu de gestion des ressources naturelles. Il s'agissait, pour cette étude, autant que cela était possible, avec les moyens disponibles, d'une part, d'évaluer les risques de divorces entre les institutions traditionnelles et les nouvelles instances administratives démocratiquement élues et, d'autre part, d'analyser les facteurs favorables à une coexistence, voire à une coopération intégrative entre le les institutions coutumières et la nouvelle administration.

Au delà de l'identification des acteurs principaux de la gestion communautaire des ressources naturelles et de leurs diverses dimensions socio-culturelles, les résultats attendus seront de nature à orienter vers l'approfondissement de la réflexion et vers l'observation future des institutions anciennes et nouvelles en co-fonctionnement harmonieux ou antinomique.


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