2.1. Le choix des sites
Deux forêts dont l'une, DIANGOUMERILA est au sud du Mali en zone pré-guinéenne et l'autre, SAMORI, en zone soudano-sahélienne, à l'est de Mopti, ont été choisies non seulement en fonction du critère climatique, mais aussi et surtout en fonction des degrés très différents de pressions exercées sur les ressources forestières. Toutes les deux forêts ont la caractéristique d'être frontalière et partant d'avoir une vocation sous-régionale. Mais là n'est pas la raison de leur choix quoique ce facteur ait incontestablement un impact sur le sort de la forêt. Cet aspect de la question revêt une importance certaine pour la recherche, la politique, l'économie des années futures de l'ouest africain appelé à réaliser son intégration socio-économique et politique.
2.1.1. La forêt de Diangoumérila est presque intacte, non aménagée, peu sollicitée par les riverains pour certaines activités mais fortement convoitée pour la richesse de ses terres cultivables.
Considérée comme forêt officiellement classée elle bénéficie néanmoins de peu d'encadrement technique et fait l'objet de très peu de documents. L'intérêt de Diangoumérila, dans le cas présent, tient, d'une part, à l'existence d'institutions traditionnelles fortes, fonctionnelles, villageoises et supra-villageoises et, d'autre part, à l'inexistence d'autres structures d'intervention dans le domaine économique et environnemental. C'est une situation quasi originelle, monoethnique et se prolongeant dans les républiques guinéenne et ivoirienne.
2.1.2. Quant à la forêt de Samori, son choix se justifie par son importance stratégique pour une multitude d'acteurs de part et d'autre de la frontière malo-burkinabè. Son exploitation est ancienne et ses règles de gestion un peu plus différenciées d'une localité à une autre. C'est une forêt plus fragile, sollicitée par plusieurs systèmes et sous-systèmes de productions, plus peuplée en ethnies différentes, connaissant l'intervention concomitante de nombreuses institutions locales modernes et traditionnelles.
Si, à Diangoumérila, on peut s'interroger sur le contact prochain entre les institutions traditionnelles et modernes dans la future décentralisation, au Samori par contre, on peut déjà observer la gestion de la forêt en tandem par ces institutions traditionnelles, néo-traditionnelles et modernes.
2.2. Les étapes de l'étude
Lors d'un séminaire interne en novembre 1998, les membres de l'AVES ont mis au point un guide d'entretien semi-directif et identique pour les deux sites. Ce guide était structuré autour de trois préoccupations principales.
* La première préoccupation de l'étude était l'identification, sur le terrain villageois, des institutions de gestion existantes, leur fonctionnement et leur capacité de coopération entre elles, de village à village, de commune à commune. Ce premier point peut être présenté sous le titre global de Gestion Communautaire des Ressources Naturelles, notamment forestières.
* La seconde préoccupation consistait à procéder à une comparaison de la situation vivante avec la situation décentralisée en perspective afin de découvrir leurs interfaces, les aspects favorables à la décentralisation mais aussi les éventuels goulots d'étrangement de cette politique.
* La troisième préoccupation était de reconnaître le caractère préliminaire et forcément limité de la présente étude afin d'ouvrir des perspectives d'actions et de recherches appropriées aussi biens aux besoins de l'Etat, des partenaires au développement que des collectivités décentralisées riveraines des forêts. Toutes autres préoccupations nées au cours de l'étude ne devaient aucunement constituer des facteurs de limitation de la liberté des chercheurs de terrain.
2.3. Le personnel de l'étude comprenait, outre Mr. Samba SOUMARE, superviseur responsable de l'ensemble des opérations, deux chercheurs, MM. Karim TOGOLA et Sadou O. BA, responsables chacun d'un site. Chacun d'eux est suffisamment informés a priori de la situation sociale, culturelle et économique de sa région. Les autres membres de l'AVES, Danièle KINTZ et Ousmane TRAORE, ont suivi et contribué aux travaux et aux discussions dans la mesure de leur disponibilité.
Après approbation du plan de recherche et de la méthodologie par la SDA/FAO, la phase bibliographique a duré 10 jours répartis entre Bamako et le terrain.
La phase de terrain a duré seulement trois semaines au cours du mois de décembre 1998. Il était entendu que pour des raisons budgétaires il ne pouvait être question d'une enquête exhaustive des villages constitutifs de la commune. Cependant, d'importants efforts ont tendu à enquêter auprès du maximum de groupes ethniques, de villages, de partenaires au développement local, à observer le différents systèmes de production, et à étudier la littérature grise locale.
2.4. La collecte des données: des entretiens aussi bien individuels (auprès de chefs de culte et/ou gardiens de traditions secrètes) que collectifs (auprès d'usagers villageois et autres exploitants) ont été privilégiés à cause de l'absence de données de base écrites, notamment à Diangoumérila. Dans le Samori, par contre, un certain nombre de documents écrits existent au niveau des partenaires au développement, d'administrateurs et de techniciens du développement.
2.5. Les langues de travail, à Diangoumérila, le Bamanan et le Français et, dans le Samori, le Peul, le Dogon, le Bamanan, le Français. Dans la première forêt un interprête n'était pas nécessaire alors que la seconde a requis les services d'un interprête par langue. Cependant il faut noter que le Peul est parlé par la majorité des ethnies comme langue de communication.