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CHAPITRE VII: INCLUSION DES FEMMES, DES PAUVRES, DES HANDICAPES, DES JEUNES, DES MIGRANTS, DES PAYSANS SANS TERRES


Il faut le dire tout de suite: contrairement aux assertions occidentales, il n'y a pas d'exclusion de groupes ni d'individus a priori. Il arrive que le lignage le plus nanti en ressources naturelles soit le plus pauvre du village. Cela provient de la pauvreté en main-d'oeuvre ou en biens d'équipement. Les ressources n'étant pas vénales en système traditionnel, elles ne sont pas considérées comme richesses en elles-mêmes, mais comme sources de richesse possible.

En outre on peut constater presque partout dans les villages que les lignages fondateurs sont les plus pauvres en terres parce qu'à force d'accueillir des familles de migrants et de les doter en terres de cultures ces familles premières finissent par être demandeuses à leur tour.

Tous les migrants de première génération sont mieux dotés que leur hôte.

La femme, n'est pas non plus exclue de l'accès aux ressources. Autant les fondateurs de sites se sentent “propriétaires” de la terre, autant la femme ne peut être héritière. Cela peut se comprendre: ce qui n'est pas approrié ne peut être hérité; Par contre l'usage est ouvert à tous selon les disponibilités en ressources. Certes, la raréfaction des ressources pèse plus lourdement sur la femme que sur l'homme à certains égards mais il faut convenir que cela n'est la conséquence d'aucun règlement traditionnel.

Dans le Koussan, la femme est loin d'être quantité négligeable dans la conception cosmogonique et la gestion matérielle de l'environnement. Dans le Samori, les groupements féminins traditionnels (GFT) sont nombreux et ils sont orientés vers des activités génératrices de revenus à partir de l'exploitation des ressources naturelles dans tous les systèmes de production: agricole, pastoral, forestier, etc...

Dans les deux forêts il est fait mention du rôle de la femme dans la sécurisation alimentaire du groupe familial et la constitution de trésoreries à partir de systèmes de tontines et de commercialisation de produits de cueillette ou de produits de champs collectifs.

Il est hors de doute que dans les années à venir les femmes prendront une part importante dans les prises de décisions au niveau des conseils municipaux car le développement et l'exploitation des ressources relèvent de maintes façons des femmes.

Une des tâches des municipalités consistera à accélérer la présence et la dynamisation des groupes féminins dans les instances de décision.

Les pauvres et les handicapés ne constituent pas de groupes spatialement isolés dans la société. Les difficultés d'accès pour ces catégories prennent leur origine non pas dans leur statut, mais dans les contraintes techniques pour leur pleine participation à l'exploitation des ressources. A ce niveau, les différentes institutions traditionnelles ou néo-traditionnel-les décrites jouent, dans tous les villages, un rôle compensatoire au bénéfice des personnes et groupes en situation difficile. L'entraide et la solidarité sont encore fonctionnelles, ce qui explique pourquoi les institutions arrivent à survivre à tous les projets de développement incapables de parachever l'émergence de l'individu en milieu rural.

En milieu rural traditionnel on peut dire qu'il n'y a pas de paysans sans terre, que l'on soit autochtone, migrant, ou autre, parce que la condition de l'établissement dans un milieu (Samori ou Diagoumérila) est l'obtention de la parcelle de culture.

Par contre la riziculture moderne, dans le Samori, est susceptible de créer une telle situation de paysans sans terre et de constituer un réservoir d'ouvriers agricoles exclus de la confiance des institutions foncières, suite au refus des migrants de restituer ce qu'ils ont obtenu par la voie traditionnelle.


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