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CHAPITRE VIII: CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS


Perspectives en termes de gestion locale de la sécurité alimentaire et du développement rural.

La présente étude a abordé la problématique du développement durable dans les zones boisées soudaniennes et sahéliennes, en mettant l'accent sur la synergie de différents centres d'intérêts: la protection de l'environnement, le développement rural, les statuts fonciers, les relations institutionnelles entre divers usagers et les institutions relevant de l'Etat, de la société civile et des coutumes. L'étude, si brève soit-elle, a eu le mérite de proposer quelques solutions et/ou pistes de réflexion fondamentale visant à pérenniser les ressources, les investissements dans un cadre institutionnel soucieux sinon d'une fusion totale, du moins d'une bonne collaboration entre règlements coutumier et moderne.

Les contraintes de gestion se posent aussi en termes de pression sur les ressources, d'inadéquation entre l'exploitation des ressources et la restauration des sols dégradés, d'inadéquation entre l'exercice du pouvoir coutumier et certaines pratiques de la police forestière.

L'étude a permis d'établir que dans la zone sahélienne la régulation foncière est principalement tributaire de la trilogie Eau/Espaces-Forêts/Diverses institutions.

L'analyse révèle des atouts pour la gestion concensuelle des ressources naturelles.

Au terme de cette très brève étude il apparaît que les règles traditionnelles de gestion (accès, exploitation, transactions..) basées sur la solidarité à plusieurs dimensions, extensible depuis la famille jusqu'à la fédération entre villages de même commune, que ces règles traditionnelles sont donc capables de discipline, de prise démocratique de décisions susceptibles d'être respectées.

Ceci nous amène à dire que les institutions traditionnelles sont éminemment dignes d'intérêt pour le processus de décentralisation. D'abord, il faut convenir que ces institutions sont bien vivantes, bien fonctionnelles et capables d'opposition ou de composition avec les nouvelles structures de gestion de ressources.

Pour les populations, l'Etat s'est déclaré maître de ressources; il peut le rester et en conséquence il peut proposer voire imposer un mode de gestion, mais qui soit un tant soit peu soucieux des revendications formulées par le monde rural lors des Etats Généraux du Monde Rural (déc. 1991). Aujourd'hui la décentralisation offre à tous les Maliens l'opportunité de participer aux prises de décisions.

Entre l'offre et le passage à la réalité, il y a l'espace d'une négociation dont la partie la plus délicate revient aux nouveaux élus.

La demande insistante de déclassement formulée par les habitants des villages riverains est le signe qu'entre le propriétaire légal (Etat) et le propriétaire légitime (villages) il existe un contentieux dont les communes pourraient hériter. A Diagoumérila, par exemple, une telle revendication, si elle n'est pas satisfaite, pourrait donner quelque difficulté aux maires désireux de donner confiance aux instances coutumières, parce que lesdits espaces, dont le déclassement est souhaité par les populations, couvrent de nombreux sanctuaires socio-religieux. C'est également la preuve que l'Etat s'est contenté de procéder au classement sans éveiller un intérêt quelconque chez les villageois dont il faut cependant remarquer l'attitude conciliante.

A Diangoumérila, il semble qu'un projet valorisant cette forêt à la lumière d'une gestion transparente pourrait rallier les riverains aux propositions de statuts juridiques clairs faites par les autorités communales ou par l'Etat. Pour l'instant le bien fondé du classement n'est pas évident aux yeux de la population.

La promotion du développement local mettra l'accent sur: la maîtrise de l'eau (dans le Samori), l'aménagement participatif, la surveillance, bien comprise et bien exercée, des ressources naturelles et des activités de production, la plantation d'arbres sélectionnés pour leur intérêt spécifique, la création de zones pastorales, la forte implication des usagers dans la gestion des ressources ligneuses, la promotion féminine à travers le développement des activités de cueillette, le renforcement de l'entente entre les partenaires, la prévention des conflits par l'usage du capital social, la création de système d'information locale en termes d'avantages comparés des initiatives.

Tout cela montre combien les élus locaux seront avisés de renoncer à la tentation d'atteindre la vitesse de croisière dans le fonctionnement de leur municipalité tant qu'ils ne se seront pas assurés de l'engagement des institutions coutumières dans la gestion démocratique des ressources naturelles.

DOCUMENTS DE REFERENCES POUR LA SYNTHESE

TOGOLA Karim, FAO/AVES, fév. 1999,

Décentralisation et pratiques locales: mise en relation du capital social, des institutions locales traditionnelles et des processus de décentralisation.

Etude de cas au Mali: Systèmes fonciers et gestion des ressources naturelles de l'espace-forêt de Diangoumérila.

Rapport de consultation, 70p.

BA Sadou Oumar, FAO/AVES, fév. 1999,

Décentralisation et pratiques locales: mise en oeuvre du capital social, des institutions locales traditionnelles et des processus de décentralisation en vue d'informer les politiques de décentralisation.

Etude de cas au Mali: Systèmes fonciers et gestion des ressources naturelles de l'espace-forêt du Samori (commune rurale de Baye, cercle de Bankass, Région de Mopti)

Rapport de consultation, 91p.

SOUMARE, Samba: FAO/AVES, Août 1999,

Justification et Déroulement de l'Etude sur “Décentralisation et pratiques locales de gestion des ressources naturelles.

Atelier de valorisation des résultats de mi-parcours des études sur l'étude de cas du mali; 11p.

SYLLA Djeidi, conseiller en développement durable, PNUD-Bamako, Mali; 14 jiun 1999.

Journées de réflexion sur le capital social au Mali; Bamako, 3-4 juin 1999: Rapport analytique. 11p.

RAPPORT FINAL DE L'ATELIER sur “Décentralisation et pratiques locales de gestion des ressources naturelles” des 24, 25 et 26 août 1999.


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