INTRODUCTION
A partir de la situation actuelle, l’étude tente de visualiser l’évolution le plus probable des forêts et des industries forestières durant les 20 années à venir et d’évaluer les conséquences probables, économiques, sociales et environnementales, de la croissance de la consommation des bois et produits dérivés et de la surexploitation des ressources forestières. A cette fin, certaines hypothèses sur les évolutions probables des prix et de la population sont formulées.
L’inventaire Forestier et Pastoral National (IFPN) a procédé, sous le contrôle de la Direction Générale des Forêts, à un inventaire des surfaces des forêts, des volumes sur pied et des accroissements au cours des 5 dernières années.
D’après l’IFPN, les espaces boisés composés de forêts, maquis et garrigues arborés ont une superficie de 636 000 ha. Les forêts ont été réparties arbitrairement selon leur aspect général en trois classes d’âge : jeune, âge moyen, et mûr. Globalement, la forêt tunisienne est composée de 58,7% de forêts d’âge moyen, de 30,4% d’âge mûr et de 9,2% de jeunes peuplements.
La forêt tunisienne présente un volume sur pied moyen assez faible (32,6 m3/ha), l’accroissement annuel est aussi faible pour les diverses essences, soit 0,72 m3/ ha /an en moyenne.
Les ressources en bois du pays sont estimées à 17,34 M m3 de bois en 1995. Le volume sur pied est assez élevé (supérieur à 90 m3/ha/an) pour les espèces feuillues tels que le chêne liège, le chêne Zeen et les feuillus divers, et pour le pin maritime. Les autres essences présentent un volume sur pied inférieur à 25 m3/ha. C’est le cas du pin d’Alep, des résineux divers, de l’Eucalyptus et des chênes autres que le chêne liège et le chêne Zeen. Les mélanges feuillus et résineux présentent un volume sur pied médian de 42 m3/ha.
L’accroissement annuel est assez moyen pour les essences feuillues (de 1,4 m3/ha /an pour le chêne liège à 3,1 m3/ha /an pour le chêne Zeen) et pour le pin maritime. Il paraît surprenant que le chêne Zeen ait un accroissement important malgré que les peuplements se trouvent en phase de maturité. Par contre, l’accroissement annuel est faible, 0,45 m3/ha /an pour le pin d’Alep, la principale essence forestière.
Bien que l’Eucalyptus présente des capacités de production de bois assez élevées, son accroissement moyen est très faible en Tunisie (0,92 m3/ha/an), il présente un pic de 3,6 m3/ha/an à Nabeul, probablement dû à la densité des peuplements.
Les ressources en bois sont réparties en quatre catégories selon leur qualité : bois d’œuvre, bois d’industrie, bois de service et bois de chauffage.
Le volume de bois d’œuvre, susceptible d’être utilisé pour le sciage, le tranchage et le déroulage, est estimé à 1,7 M m3 (10% du volume sur pied). Le volume de bois d’industrie, destiné à la fabrication de panneaux ou de pâtes à papier, est estimé quant à lui à 3,5 M m3. Le reste représente les volumes de bois de service, destiné aux utilisations agricoles (1,6 M m3) et le bois de chauffage (10,5 M m3).
On peut en conclure que la majorité des bois tunisiens sont de qualité secondaire qui ne pourront pas avoir un prix élevé sur le marché, il y a donc une nécessité d’identifier les aménagements réalisables afin d’améliorer la qualité des bois, et ainsi satisfaire une partie des besoins du pays en bois rond industriel.
Les essences susceptibles de produire le bois d’œuvre et le bois d’industrie sont surtout le pin d’Alep et le chêne Zeen.
Les reboisements ont commencé en Tunisie depuis la fin du 19ème siècle (décret du 31 octobre 1886) par la fixation de dunes littorales et ont pris leur essor à partir de 1956 après l’indépendance. Le rythme annuel de reboisement a été de 10 000 ha pendant la période 62/72, puis il a progressivement régressé jusqu’à 5 000 ha en 82/84, puis a remonté à 6 000 ha en 87/90 et pour atteindre actuellement 12 000 à 15 000 ha environ. La majorité de ces reboisements sont réalisés dans le domaine forestier de l'Etat. L'initiative des privés s'est limitée aux réalisations par contrat de reboisement (30 000 ha au total) et ce pour manque de législation stimulante. Toutefois, l'instauration du Code d'investissement Commun rénovateur n'a pas permis d'améliorer la situation et ce à cause du système bancaire régissant les investissements.
Les reboisements sont principalement concentrés dans le Nord du pays, mais occupent des sites très variés : dunes littorales, bassins versants dominant les barrages, massifs forestiers, berges d’oueds, périmètres irrigués, bordures de routes, environnement urbain, etc. A travers cette diversité des sites, on perçoit les différents objectifs de protection, de production et d’aménagement que visait la politique de reboisement.
La résorption du chômage dans les zones forestières a été également un facteur déterminant de la planification des actions de reboisement, au point qu’il s’est souvent imposé au détriment des autres objectifs (non respect des critères de choix des sites, manque de préparation technique, éparpillement des interventions, mauvaise productivité des chantiers) ce qui a mené souvent à des échecs considérables des plantations forestières dans certaines régions du pays à cause entre autre des études souvent insuffisantes des milieux écologiques.
Les échecs de plantations forestières enregistrées dans certaines régions du pays sont dues essentiellement à l'absence d’études de milieu et du choix d’espèces forestières les mieux adaptées.
L’analyse de la situation des réalisations de reboisements a montré que les objectifs tracés n’ont pas été atteints en totalité et d’énormes efforts restent à faire. Pour faire face à cette situation, il a été préparé un programme de reboisement de 1990 à 2000 dont l’objectif vise à atteindre un taux de boisement optimum de 15% de la superficie du pays (partie désertique exclue). Ce programme prévoit la plantation de 320 000 ha. Pour cela, le marché des produits forestiers doit être amélioré et l’industrie du bois développée.
L’intégration de l’industrie et des programmes de reboisement devra être envisagée dans le cadre d’une stratégie plus élargie qui implique le secteur industriel des produits forestiers et les producteurs de bois où l’Administration Forestière aura la tâche de vulgariser auprès des investisseurs potentiels les techniques modernes de création de peuplements à haute capacité de production dans le cadre d'un système promoteur approprié.
Le reboisement n’a pas été traité dans sa globalité pour englober la génétique et la collecte des semences dans des cadres écologiques bien définis, les techniques modernes de pépinière et les reboisements, l’exploitation et la transformation des produits forestiers.