Table des matières Page suivante


1. INTRODUCTION

1.1 ORIGINE DU PROJET

Au lendemain de l'indépendance, le Gouvernement algérien avait demandé à la FAO de lui fournir les services d'un expert en matière de pêche afin de le conseiller et de l'aider à organiser et développer, dans certains ports sélectionnés, les entreprises de pêche et les coopératives de pêcheurs de la forme convenant le mieux à la situation du pays. En 1964, M. Vito Fodera, expert en matière de pêche, a été désigné pour cette mission qui a duré une année, dans le cadre du Programme élargi d'Assistance technique des Nations Unies (PEAT). Dans son rapport final 1, l'expert a adressé plusieurs recommandations au Gouvernement visant notamment à une meilleure organisation des services de l'administration centrale, à la formation intensive des cadres de gestion et des techniciens, à la modernisation des moyens et des méthodes de production (armement et conserveries), ainsi qu'au rééquipement des institutions scientifiques maritimes.

En 1969, considérant l'importance des crédits qui commençaient à être affectés au développement des pêches comme “mesures d'urgence”, le Gouvernement algérien a sollicité une aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour la réalisation d'un projet multidisciplinaire dans ce domaine. Afin de pouvoir entreprendre les opérations sans délai, il était suggéré que cette assistance prendrait la forme d'un projet d'Assistance technique, sous la direction d'un conseiller principal pour les pêches. Ce projet, qui prévoyait l'affectation de quatre experts, devait avoir une durée initiale de deux ans. Il devait débuter par la négociation et la signature d'un document semblable aux Plans d'opérations des projets du Fonds spécial, dans lequel seraient spécifiées les obligations du Gouvernement, du PNUD et de la FAO, cette dernière intervenant en tant qu'organisme d'exécution du projet.

La requête, établie conformément aux recommandations d'une mission conjointe PNUD/FAO qui avait visité l'Algérie à la demande du Gouvernement en janvier 1969, prévoyait en plus un conseiller principal, qui devait également faire fonction de chef du projet, les services d'un biologiste des pêches maritimes, d'un instructeur mécanicien, d'un technologiste des pêches et de plusieurs experts-conseils. Le projet devait être rattaché au Ministère d'Etat chargé des transports, par sa Direction de la marine marchande, des pêches et des ports.

Il était prévu que l'assistance internationale au développement des pêches algériennes serait poursuivie au delà de la période couverte par ce projet de deux ans. Cependant, la nature et l'ampleur d'une telle assistance devaient être déterminées sur la base d'une évaluation des résultats du projet lui-même et concorder avec la politique du Gouvernement dans le secteur des pêches, et le Plan national de développement quadriennal (1970/73) alors à l'étude.

M. Luiz L. Vasconcelos, expert en matière de pêche, a été désigné pour le poste de conseiller principal et directeur du projet.

1 FAO 1966. La structure et l'organisation de la pêche en Algérie. Basé sur le travail de Vito Fodera, expert en matière de pêche. Rep.FAO/UNDP(TA) (2210), 80 p.

1.2 DISPOSITIONS OFFICIELLES

Les années du Plan triennal 1966–69 avaient été particulièrement difficiles pour les pêches algériennes, malgré l'attention que le Gouvernement leur avait consacrée. L'expérience des unités de production “coopératives” s'avéra infructueuse. L'ancien Office national des pêches n'avait pas pu réaliser les programmes qui lui étaient confiés, à part l'achat de certains biens d'équipement.

Cependant, en 1969, l'ensemble des services gouvernementaux, administratifs, exécutifs, techniques, scientifiques et de formation halieutique 1 se trouvaient effectivement centralisés au sein ou sous la tutelle d'un seul ministère, le Ministère d'Etat chargé des transports. C'était là une situation enviable pour la relance des efforts de développement du secteur.

D'autres conditions favorables existaient, lors de l'arrivée à Alger (25 janvier 1970) du conseiller principal FAO pour les pêches, pour mener à bien les négociations du Plan d'opérations du projet. Parmi ces conditions, on doit mentionner les suivantes:

Il est vrai qu'à côté de ces éléments, on relevait toujours, comme il fallait s'attendre dans un pays indépendant depuis si peu de temps, un manque généralisé de personnel qualifié, particulièrement aigu dans les fonctions de programmation et de gestion. En outre, la coordination laissait à désirer entre les différents organismes placés sous la tutelle du même ministère, mais encore davantage entre les services relevant d'autres ministères. L'appui scientifique aux activités halieutiques était inexistant. Enfin, les armateurs se plaignaient d'une assistance insuffisante de l'Etat pour obtenir les crédits et d'autres facilités nécessaires à leurs opérations.

Le conseiller principal FAO pour les pêches a pu étudier sur place de nombreux rapports, études et avant-projets de diverses sources concernant le développement du secteur et il s'est entretenu avec des responsables des pêches au Ministère des transports, aux circonscriptions maritimes, à l'Office algérien des pêches, à l'Institut scientifique et technique des pêches et d'agriculture et ailleurs, sur l'aide à être accordée par le projet. L'occasion lui a été offerte également de discuter de certains problèmes avec des pêcheurs, des armateurs, des maréyeurs et des poissonniers de divers ports.

Le Plan d'opérations prévoyait une contribution du PNUD s'élevant à 265 000 dollars E.-U. Elle a servi à couvrir les frais de personnel, de bourses et d'équipement. La contribution en nature du Gouvernement, comprenant des services et du matériel à fournir au projet était à l'origine estimée à l'équivalent de 2 100 000 DA.

Il avait été convenu de maintenir la durée du projet à deux années et demie à partir de la date d'arrivée du conseiller principal. Mais, devant la décision du Gouvernement de demander un élargissement de l'aide de la FAO au développement des pêches, la durée effective du projet a été réduite de quelques mois et fixée au 31 mars 1972.

Le Plan d'opérations n'a pas pu être signé à la date prévue. Les apports du PNUD ne subirent de ce fait aucune conséquence défavorable, mais la signature du Plan d'opérations à une date antérieure aurait probablement facilité l'exécution des engagements au titre de la contrepartie algérienne.

A la suite des difficultés à trouver des candidtas présentant les qualifications requises, le recrutement des experts a subi un certain retard. Le biologiste des pêches maritimes, M. Miroslav Nokolič, a commencé sa mission le 16 juillet 1970; les autres experts, MM. Sarto Theriault et Edouard Le Guen, technologiste des pêches et instructeur mécanicien, le 4 septembre 1970 et le 10 janvier 1971 respectivement. L'expert biologiste a quitté le projet le 15 novembre 1971 et a été remplacé par M. Julio Vidal, le 25 février 1972.

En mai 1971, le Gouvernement a saisi le PNUD et la FAO d'une requête additionnelle portant sur la création anticipée de deux postes d'experts dont l'affectation était envisagée, en principe, pour un nouveau projet de développement des pêches compris dans le Programme national algérien 1972/73. Il s'agissait d'un technologiste des conserves de poissons et un technologiste des pêches/capitaine d'armement, tous deux pour assister l'OAP. La requête ayant été agréée, ces experts (MM. Pierre Lamendour et Louis Meillarec) arrivèrent à Alger le 28 octobre 1971.

1 La Direction de la marine marchande, des pêches et des ports avec une Sous-direction des pêches créée en août 1970; l'Institut scientifique et technique des pêches et d'aquiculture (ISTPA); quatre écoles d'apprentissage maritime (EAM) consacrées aux pêches; l'Office algérien des pêches (OAP) créé en novembre 1969; l'Atelier coopératif de réparations et constructions navales (ACORENA); et trois coopératives d'avitaillements pour les pêches.

2 Jusqu'au 1er janvier 1972, 1 dollar E.-U. = 4,95 dinars algériens (DA). A partir du 10.1.1973, 1 dollar E.-U. = 4,35 DA.

1.3 OBJECTIFS DU PROJET

Le projet avait pour but d'aider le Gouvernement dans la mise en oeuvre de sa politique de développement des pêches fixée dans le cadre du Plan national de développement quadriennal (1970/73).

Les activités suivantes devaient plus précisément être entreprises au titre du projet:

1 La formation systématique de patrons et mécaniciens pour la pêche n'avait pas été envisagée par la mission conjointe PNUD/FAO.

Les décisions prises par le Gouvernement en 1969, ou même auparavant, dans le cadre du programme “d'urgence” envisageaient notamment la modernisation d'un certain nombre de conserveries, l'acquisition d'un navire-école polyvalent, de 23 m de long (le “Bologhine”) et d'un senneur plateforme d'essai de 18 m, ainsi que l'achat de plusieurs fabriques de glace en paillettes, de chambres de stockage et d'installations pour la congélation de poissons.

Avec le plan quadriennal, des appels d'offres avaient été passés pour l'achat de 40 chalutiers-senneurs de 23 m. Il était décidé aussi de créer deux complexes industriels (à Beni-Saf et El-Kala), uns école de pêche de niveau supérieur et des chantiers de réparations et construction de bateaux de pêche. Plusieurs vieux ports de pêche devraient être aménagés, comme ceux de Bou-Haroun, El-Kala et Collo.

Les études à la base de ces projets 2 avaient été réalisées, ou étaient en cours de réalisation, soit sous régime de contrat par des entreprises spécialisées (A.D. Little Inc., Swedevelop, SCET/COOP) soit comme services d'assistance technique bilatérale (française, yougoslave, canadienne) ou encore dans le cadre de l'OCI, organisation mixte franco-algérienne qui a conclu ses activités en décembre 1970. Par ailleurs, une mission soviétique devait réaliser des études sur place (mars à mai 1970) dans le but de conseiller le Gouvernement sur l'ensemble des questions de développement du secteur, y compris la possibilité d'une pêche océanique. Cette mission disposait d'un bateau spécialisé pour des travaux sommaires de prospection.

2 Aucune de ces études ne portait, cependant, sur les ressources halieutiques ellesmêmes.

Les options d'investissement prises par le Gouvernement ne découlaient pas seulement d'une appréciation des études qui lui étaient soumises, puisqu'elles tenaient compte aussi de certaines orientations de base telles que la spécialisation de quelques ports dans les activités de la pêche 1, la préférence accordée à des villes où l'effort de pêche était devenu traditionnel, le désir, enfin, d'une répartition plus équitable des investissements, afin de réduire les disparités régionales.

En réalité, le Plan des pêches pour 1970/73 ne se basait pas sur une politique de développement sectoriel bien définie, mais consistait en un certain nombre de projets convergeant vers la plus grande utilisation possible des ressources halieutiques jugées disponibles le long de la côte algérienne. Le Plan témoignait aussi de l'intention d'entreprendre des efforts de pêche atlantique dans un avenir proche.

Les investissements inscrits au plan quadriennal devaient permettre de doubler la production halieutique, en la portant à environ 50 000 t, de façon à augmenter la consommation locale de 1,5 à près de 2,4 kg par an/habitant, à accroître la contribution du secteur halieutique au revenu national ainsi que son apport en devises; enfin, à revaloriser la rémunération des travailleurs aux divers niveaux de l'industrie des pêches.

La caractéristique principale de ces investissements tendait à l'acquisition de biens d'équipement modernes. Mais le Gouvernement insistait parallèlement sur la nécessité d'accélérer la formation de nouveaux cadres techniques dans plusieurs spécialités et à des niveaux divers. La relance des activités de recherche pour faire face aux besoins pratiques de développement des pêches s'avérait également nécessaire. L'ISTPA se trouvait pratiquement paralysé.

Le projet s'est engagé à aider le Gouvernement à apporter des solutions à ces problèmes. Cependant, il lui a été précisé que les options prises antérieurement étaient irréversibles sous tous leurs aspects, la rapidité des décisions de développement l'ayant emporté sur les considérations d'ordre technique. Cela valait pour les avis que le projet aurait pu donner en vue d'améliorer les spécifications techniques de certaines rubriques du Plan (nombre et caractéristiques des bateaux, par exemple).

Les activités du projet ont été en grande partie mobilisées par l'école de Mostaganem pour le perfectionnement des patrons de pêche et la formation intensive des mécaniciens destinés à la nouvelle flottille qui venait d'être commandée par l'OAP. De ce fait, l'expert en technologie des pêches a pu consacrer peu de temps à la démonstration de méthodes et techniques modernes de pêche dans les bateaux existants (il convient de signaler d'ailleurs que les chaluts à grande ouverture verticale commandés par le projet pour ses programmes de démonstration n'ont été livrés qu'en septembre 1971). L'instructeur mécanicien a dû s'engager aussi, à plein temps, dans les cours de l'école de Mostaganem.

Pour sa part, la mission de l'expert biologiste a été essentiellement caractérisée par une assistance étroite au Directeur de l'ISTPA dans la planification et la réalisation des travaux de modernisation des installations de cet institut. Certaines études de base ont été achevées avec son assistance par des coopérants del'aide bilatérale française, mais aucun programme de pêche exploratoire pour une meilleure connaissance des ressources halieutiques n'avait vraiment démarré avant le départ de l'expert, du fait que l'ISTPA ne possédait aucun navire de recherches en conditions opérationnelles.

Les deux experts affectés à l'OAP ont entrepris leur mission au moment où les travaux de modernisation de certaines conserveries s'intensifiaient et où l'Office se disposait à recevoir les premiers navires de pêche polyvalents achetés en Espagne. Les experts ont assisté directement la Direction de l'OAP dans ses préparatifs pour la mise en valeur de ces moyens de production dans les meilleures conditions possibles.

Pendant la durée du projet, M.A. Adib a occupé le poste de Directeur de la marine marchande, des pêches et des ports au Ministère d'Etat chargé des transports, M. A. Boukebous, Sous-directeur des pêches a rempli la fonction de Codirecteur du projet, de mars 1971 à septembre de cette année, date à laquelle il a été remplacé a.i. par M. E. Sami, diplômé de l'Ecole nationale d'administration.

1 En général, des ports non réclamés par d'autres secteurs de plus forte expression économique. Dans deux cas, à Arzew et Skikda, des activités de pêches florissantes ont même été éloignées afin de faciliter le développement de la pétrochimie.


Début de page Page suivante