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2. PROBLEMES ET PERSPECTIVES DU DEVELOPPEMENT AQUICOLE EN AFRIQUE

Le débat général sur les problèmes et perspectives du développement de l'aquiculture en Afrique a mis en lumière deux difficultés majeures: (i) la contradiction entre les objectifs et l'évaluation des programmes; et (ii) le manque de personnel assez compétent pour se charger des programmes de production. Alors que l'aquiculture et notamment la pisciculture sont conçues et soutenues par les gouvernements comme moyen de production de poisson à bon marché pour l'alimentation des populations rurales, la réussite des programmes sa juge sur la seule base des bénéfices financiers. Le séminaire était d'avis que la pisciculture devrait être organisée soit comme une industrie de production alimentaire subventionnée par l'état pour l'alimentation des pauvres, au même titre que l'agriculture ou même la pèche en de nombreux pays du monde, soit comme une industrie économiquement rentable capable d'apporter une contribution importante à l'ensemble de la production alimentaire, de l'économie et de l'emploi dans le pays. La fusion de ces objectifs divergents en un seul et même programme de production ne saurait aboutir qu'à des résultats médiocres.

Il n'y a pas conflit entre le développement de la pèche traditionnelle et l'aquiculture, celle-ci étant conçue et organisée dans la région en tant que moyen supplémentaire de combler les déficits nationaux de production halieutique. Le séminaire a accordé une attention particulière aux besoins de poisson des pays de la région les moins avances et dépourvus de façade maritime.

La faiblesse des effectifs compétents disponibles pour le moment dans la région ne permet guère de les employer qu'à des travaux de recherche et d'administration, alors que la majorité des activités de production et de vulgarisation incombe au personnel des départements des pêcheries, de l'agriculture ou des eaux et forets, qu'il ait ou non subi un cours d'orientation en aquiculture. L'accord a été total et unanime pour décider que l'aspect qui requiert l'attention la plus urgente tant sur le plan national que régional est la formation de cadres. La nécessité d'une formation pratique intensive pour préparer les candidats à la mise en oeuvre des programmes de production a été soulignée à maintes reprises au cours des débats et il a été convenu que les centres de formation doivent disposer d'installations appropriées à cette fin ainsi que d'instructeurs compétents. Si les agents de vulgarisation peuvent être formes à l'échelon national ou sur la base d'un groupement de pays, la coopération régionale sera à la fois nécessaire et économique pour la formation de spécialistes qui constitueront le personnel indispensable à la mise en oeuvre des programmes de production.

Pour obtenir un soutien suffisant des gouvernements aussi bien que du public, beaucoup de pays de la région doivent organiser en toute priorité des démonstrations de la valeur technique et économique de l'aquiculture dans les conditions locales. C'est un point particulièrement important à raison de l'échec de bien des tentatives prématurées durant la période coloniale, qui visaient à implanter la pisciculture rurale en Afrique sans qu'il ait été procédé à l'indispensable évaluation technique et économique des méthodes piscicoles appliquées.

Dans la plupart des pays et dans l'avenir immédiat, on s'attend que la pierre angulaire de cette industrie soit la pisciculture en étangs à petite échelle, intégrée aux programmes de développement rural. La culture du Tilapia nilotica en étang, nourri de boulettes de déchets agricoles et industriels localement disponibles, produisant trois générations, soit non moins de 5 000 kg/ha par an, a déjà été tentée et s'est révélée parfaitement praticable et économique dans les pays centrafricains. Si elle vient s'ajouter à l'élevage du canard ou du porc, le revenu du cultivateur se multiplie par deux ou par trois. La culture expérimentale du mulet (Mugil spp.), du tilapia (Tilapia spp.) et du poisson-chat (Clarias lazera) ou de la carpe commune (Cyprinus carpio), dans les étangs d'eau saumâtre des zones deltaïques au Nigeria et en Egypte, avec une production de 3 500 kg/ha, démontre la praticabilité de la pisciculture en eau saumâtre. La rizi-pisciculture de la carpe est de pratique courante à Madagascar. L'empoissonnement au tilapia des petits barrages et réservoirs du Kenya et du Ghana a fourni des résultats encourageants. Il est possible de mettre à l'essai ces systèmes de pisciculture dans les conditions particulières à d'autres pays en les adaptant à des programmes de production à grande échelle.

Le choix des espèces à cultiver est particulièrement important. Bien que les tilapias constituent le groupe principal parmi les espèces utilisées pour la pisciculture en étang et l'empoissonnement des réservoirs, les résultats paraissent dans la majorité des cas dépendre de l'espèce choisie. Jusqu'à présent, les meilleurs résultats ont été fournis par le Tilapia nilotica. Pour augmenter le rendement des étangs, il importe de prendre des dispositions appropriées pour la production et ta répartition du frai et autres inputs. C'est une nécessite même dans le cas du tilapia, très prolifique, car pour un régime de pisciculture intensive, il faudra drainer les étangs avant d'obtenir une reproduction à une échelle importante.

Le manque de services efficaces de vulgarisation constitue un handicap majeur dans tous les pays de la région. La création de tels services autour d'un personnel compétent et apte à travailler avec les agriculteurs revêt donc une haute importance dans la stratégie du développement aquicole.

Le séminaire a spécialement souligne le besoin d'études de faisabilité pour attirer les investissements dans le secteur de l'aquiculture. Une équipe inter-disciplinaire d'experts pourra seule apporter cette assistance si nécessaire aux pays de la région. Il a été jugé indispensable de procéder à des échanges d'informations et de personnel ainsi que d'établir un système extensif de rassemblement et diffusion des données pour mettre en valeur le potentiel de développement aquicole en Afrique.


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