de la République démocratique de Sao Tomé-et-Principe
L'archipel de Sao Tomé-et-Principe, d’une surface de 1 001 km2, est constitué des deux îles principales, à l'origine de son nom et de petits îlots. Sao Tomé, avec une surface de 859 km2, est l'île la plus grande. En forme de losange orienté dans le sens nord-est/sud-ouest, elle se situe à 255 kilomètres de la côte ouest du Gabon. L'île de Principe a une superficie de 142 km2 et se situe à 220 kilomètres environ de la côte africaine et à 150 kilomètres du nord-ouest de Sao Tomé.
Cet archipel d'origine volcanique se trouve dans le Golfe de Guinée pratiquement sur l'Équateur et fait partie d'un alignement tectonique de 2 000 kilomètres de longueur qui s'étend des Monts du Cameroun à l'île d’Anobom. Les îles possèdent un relief très inégal, avec des pentes prononcées. Les reliefs sont plus raides au centre-sud ouest de l’île de Sao Tomé, culminant à une altitude de 2 024 mètres au Pic du même nom. Malgré le fait que les parties centrales et méridionales de Principe présentent une orographie assez inégale, culminant à une altitude de 948 mètres, le relief de cette île est moins prononcé que celui de l’île de Sao Tomé.
Le climat est de type équatorial océanique, conditionné essentiellement par les basses pressions équatoriales saisonnières, par les vents de mousson du Sud, par le courant chaud du Golfe de Guinée et par le relief, condition principale des climats locaux.
La température moyenne annuelle au niveau de la mer est de 26,5°C, avec des variations d’amplitude maximales-minimales de 6,8°C. Le gradient de diminution de la température moyenne annuelle du fait de l'altitude est de 0,76°C tous les 100 mètres. Mars et avril sont les mois les plus chauds et juillet est le mois le plus frais. L’amplitude thermique entre les températures moyennes des mois les plus froids et ceux les plus chauds est de 2,8°C, car il s’agit d’un climat isothermique.
À Saoa, il existe en général un gradient de pluviométrie du nord au sud qui atteint environ 700 mm par an dans le nord jusqu’à environ 7 000 mm par an dans le sud-ouest. Selon la classification de Thornthwaite, le climat varie depuis le climat aride au nord, jusqu’à celui super humide au sud, en passant par des climats semi-aride, sub-humide et humide.
À Principe, les précipitations varient entre 1 000 et 3 000 mm, avec des climats de type semi-aride, sub-humide, humide et super-humide.
L’archipel de Sao Tomé-et-Principe a deux saisons sèches séparées par deux saisons humides. Cette différentiation est particulièrement prononcée dans la zone nord-ouest de l’île, plus sèche (climat semi-aride et aride) et elle est moins importante vers les zones les plus humides. La principale saison sèche (gravana) arrive entre les mois de juin et septembre et la petite saison sèche (gravanito), durant les mois de janvier et février.
Les sols prédominants sont d'origine basaltique, en général riches, créés par l’altération des cendres volcaniques et des rochers magmatiques. En général, ils présentent un pH proche du neutre, une bonne teneur en potassium et phosphore, une bonne capacité d'échange cationique et une bonne capacité de rétention d'eau. À Sao Tomé, les sols les mieux représentés sont les suivants : prédominance des sols paraferralitiques suivis par les sols litolithiques bruns humiphères, les sols fersialitiques bruns tropicaux (zones principales de la culture du cacao) et par les argiles noires. Dans l'île de Principe, les sols paraferralitiques dominent et varient entre les jaunes et les rouges, et les sols litolithiques bruns humiphères.
Les îles de Sao Tomé-et-Principe n'ont jamais été rattachées au continent africain et elles furent classées comme îles maritimes du fait de leur pauvreté spécifique relative et de la grande diversité des endémiques présentes, ainsi que du fait de caractéristiques intermédiaires entre les îles du littoral et les îles océaniques. La flore naturelle de l'archipel se caractérise par un grand nombre d'espèces présentes sur le continent (moins que sur les îles littorales), mais aussi par une grande variété d'endémiques (moins que sur les îles océaniques et plus que sur celles du littoral). D'après le même auteur, la flore de Sao Tomé-et-Principe inclut 763 espèces identifiées, dont 556 indigènes, et le taux d'endémisme est de 19,4 pour cent.
En plus de cette richesse remarquable d'endémiques, les îles possèdent une grande diversité d'espèces exotiques. Sao Tomé-et-Principe constituent, avec d'autres îles atlantiques, l’un des territoires les plus importants dans le processus de transfert de plantes entre les continents à l'époque des grandes découvertes. Fonctionnant comme un jardin d'acclimatation, de nombreuses espèces ont été introduites dans l’archipel, quelques-unes de façon temporaire afin qu’elles ne subissent pas d'une seule fois les voyages maritimes durant de longs mois, d'autres pour qu'elles soient testées dans de nouvelles conditions écologiques afin d’y être cultivées et/ou de poursuivre leur voyage. Les espèces les plus importantes furent la canne à sucre, le café, le cacao, le bananier et le maïs, et beaucoup d'autres existent, parfois même dans les régions les plus inaccessibles des îles, comme le quinquina (Chinchona sp.) et les bambous. Parmi les espèces ligneuses introduites, les plus disséminées furent sans doute les érythrines, les acacias (au XXe siècle), le cocotier (Cocus nucifera), l’arbre à pain (Artocarpus communis), le jaquier (Artocarpus integrifolia) et l'avocatier (Persea americana).
La végétation qui couvrait les îles, du niveau de la mer jusqu'au sommet des montagnes, était certainement constituée à l'origine par des forêts tropicales. Les formations les plus modifiées par les activités humaines furent celles qui se situaient entre le niveau de la mer et 800 mètres d’altitude notamment dans l'île de Sao Tomé. Les forêts primaires restent relativement intactes dans les parties les plus hautes et les pentes les plus abruptes des îles, dans les zones pratiquement inaccessibles, notamment sur les pentes situées au sud-ouest de Sao et au sud de Principe.
En se fondant sur les différents types de végétation observés dans les îles, il existe les formations suivantes:
- Les formations littorales incluent les formations de savane, les dunes, les formations ripicoles et les aires marécageuses. Ces aires marécageuses sont composées surtout par Rhizophora racemosa, R. harrisonnii et Avicennia germinans. Elles occupent des zones réduites, dont la plus importante est celle de Malanza, dans l'extrême sud de Sao Tomé.
La région nord-est de Sao Tomé (aire de la plage des Conchas et de Lagoa Azul) est la région la moins pluvieuse du pays (moins de 1 000 mm/an), avec deux saisons sèches très nettes. Le relief y est le plus doux de l'archipel. Cette région est constituée d'une savane herbeuse interrompue par de petites formations arborées et arbustives de petite dimension qui, du fait de l'absence d'une couverture arborée continue, contrastent fortement avec le reste du pays. Ces formations seraient le résultat de la coupe intensive des arbres et de la pratique fréquente de «queimadas» (brûlis), qui ont été pratiquées dès le début de la colonisation notamment pour favoriser la culture de la canne à sucre. Les baobabs (Adansonia digitata) se remarquent par leur silhouette, ainsi que Ziziphus mauritiana, Capparis tomentosa, Parkia biglobosa et Borassus aethiopum.
Des formations végétales ripicoles de basse altitude sont présentes près des cours d'eau. Malgré le fait qu'elles n'ont pratiquement pas été étudiées, ces formations auraient une constitution floristique proche de celle de la forêt dense humide. Pourtant, au cours des visites effectuées, nous avons constaté que ces formations constituent dans certaines situations, la limite de la zone des savanes, signalant la transition vers les zones de forêt équatoriale de basse altitude, ce qui rendrait possible la coexistence d'espèces des deux écosystèmes.
- La forêt équatoriale de basse altitude, du niveau de la mer jusqu'à 800 mètres d’altitude, est l’équivalent de la grande forêt continentale africaine. A Sao, les espèces caractéristiques de cette formation sont Rinorea chevalieri, Zanthoxylum thomense, Drypetes glabra, Anisophyllea cabole et Sorindeia grandifolia. A Príncipe, il s’agit de Rinorea insularis, Ouratea nutans, Casearia mannii, Croton stelluliferus et Erythrococca columnaris. Ce type de forêt a pratiquement disparu sous sa forme primaire du fait de la pratique des cultures de canne à sucre, de cacao et de café, et seulement quelques espèces subsistent qui furent celles protégées et favorisées par l'activité humaine comme Milicia excelsa, Ficus sp., Pycanthus angolensis et Ceiba thonningii.
Sur les pentes au sud des îles, plus pluvieuses et où la colonisation a été moins intensive, la forêt présente encore des zones apparemment intactes, surtout sur les pentes abruptes de la côte sud-ouest de Sao et pratiquement toute la partie sud de Principe. Dans d'autres zones au sud des îles, où les cultures agricoles furent abandonnées il y a déjà plusieurs décennies, les formations ont évolué vers des forêts secondaires qui à présent se confondent, dans certains cas, avec les formations primaires.
- La forêt équatoriale de montagne, de 800 à 1 400 mètres d’altitude, présente une transition lente d'espèces, avec une plus grande diversité que dans les formations des régions moins élevées, mais avec un aspect général qui leur ressemble. Les arbres sont grands (30 à 40 m), feuillus, et le taux d'humidité élevé favorise le développement d'épiphytes, de lianes et de fougères qui recouvrent les tiges des grands arbres. Les fougères arborescentes sont nombreuses en quantité et en diversité. Les familles Rubiaceae et Euphorbiaceae sont les plus représentées. Les espèces ligneuses caractéristiques de ces formations sont Trichilia grandifolia, Pauridiantha insularis, Pavetta monticola, Erythrococca molleri et Tabernaemontana stenosiphon. Ces formations furent, de façon générale, peu modifiées par l'activité humaine, notamment dans les régions aux altitudes élevées.
- La forêt pluvieuse, au-delà de 1 400 mètres d’altitude, subit des taux élevés de précipitation et d'humidité, des brumes constantes et des températures basses. Elle se caractérise par des arbres moins grands, où prédominent Schefflera, dépassant rarement 10 mètres de hauteur. Les épiphytes, en particulier les orchidées et les fougères, ont une place importante parmi ces formations. Les espèces ligneuses caractéristiques sont Podocarpus mannii, Balthasaria mannii, Psychotria guerkeana et P. nubicola. Du fait du climat et des pentes extrêmement abruptes, ces formations furent rarement modifiées par l'homme, et elles échappèrent à toute culture ou exploitation intensive, et se maintiennent, de façon générale, dans un très bon état de conservation.
Dans le recensement de 1981, la population totale de l'archipel s’élevait à 96 611 habitants. En 2000, la population totale était estimée à 139 660 habitants, soit une densité de population de 139 habitants par km2. La distribution de la population est assez hétérogène car en effet, près de 95 pour cent de cette population habite l'île de Sao Tomé, surtout dans la région nord (tableau 1) et plus précisément dans la capitale et ses environs. En 1991, près de 60 pour cent de la population habitait la capitale et 10 kilomètres aux alentours. Entre 1981 et 1991, la population a augmenté d’environ 2 pour cent par an. De 2001 à 2006, l'accroissement prévu est de 3,1 pour cent (Ministère du plan et des finances, 2001). La population était de 73 800 en 1970 et a donc presque doublé en 30 ans. A ce rythme, elle devrait encore doubler au cours des 23 prochaines années.
Tableau 1 : distribution de la population par district en 2000
Îles |
Sao Tomé |
Principe | |||||
Districts |
Água Grande |
Mé Zochi |
Lobata |
Cantagalo |
Lemba |
Caué |
Pagué |
Superficie (km2) |
16,5 |
122,0 |
105,0 |
119,0 |
229,5 |
267,0 |
142,0 |
Population |
52 074 |
35 313 |
16 950 |
12 853 |
10 332 |
6 102 |
6 036 |
Hab./km2 |
3 156,0 |
289,5 |
161,4 |
108,0 |
45,0 |
22,9 |
42,5 |
Source: São Tomé e Príncipe en Números (Sao Tomé-et-Principe en chiffres), INE. Cité dans Salgueiro et Carvalho, 2002
L'agriculture est le secteur qui occupe le plus grand nombre d'actifs dans le pays, avec 34 pour cent de la population active employée en 1991 (INE, 1991). Elle est toujours la principale activité économique du pays, le cacao étant le principal produit d'exportation (93 pour cent des exportations en 2000), participant avec les forêts à 22 pour cent du produit intérieur brut (PIB) la même année.
Le tableau 2 nous donne une idée de l'importance des principales cultures à Sao Tomé-et-Principe en 1990. Les différences observées durant cette période sont dues à une augmentation de la surface occupée par la culture de la banane et par d'autres cultures alimentaires, au détriment des cultures d'exportation.
Tableau 2 : surfaces occupées par les différentes cultures agricoles en 1990
Surface |
Cacao |
Cocotier |
Palmeraie |
Alimentaires |
Café |
Banane |
Citrines |
Poivre |
Ananas |
Total |
ha |
26 076 |
7 676 |
3 857 |
2 110 |
984 |
592 |
65 |
4 |
3 |
41 367 |
% |
63,03 |
18,56 |
9,32 |
5,10 |
2,38 |
1,43 |
0,16 |
0,01 |
0,01 |
100 |
Source: Recensement agricole de Sao Tomé-et-Principe en 1990.
Depuis la colonisation, l'archipel de Sao Tomé-et-Principe a connu quatre principaux systèmes de gestion agricole:
• Système colonial
Depuis le XVe siècle, le système agricole se caractérise, en ce qui concerne la production, par la monoculture du cacao et du café pour l'exportation. La structure foncière se basait alors essentiellement dans la partition du territoire agricole entre 28 compagnies agro-industrielles (roças), divisées en dépendances.
• Système socialiste
A partir de 1975, année de l’indépendance caractérisée par les nationalisations des exploitations agricoles et sa gestion par l'État, 15 grandes entreprises agricoles de l'État furent créées, sur une surface totale de 54 000 hectares. Il y eut alors une forte diminution de la production du cacao, due à des problèmes structurels et de gestion et aux baisses de sa cotation dans les marchés internationaux. Une bonne partie des zones occupées par cette culture fut abandonnée et par conséquent, la végétation a évolué vers des formations secondaires (capoeiras).
A partir de 1997, avec les débuts de l'ouverture du pays à l'extérieur et l'adoption du programme de redressement structurel, une partie des exploitations de l'État a été donnée en concessions à des sociétés de gestion nationales et internationales.
• Système libéral
En 1991, une nouvelle phase de l'économie du Sao Tomé-et-Principe a débuté avec la réforme foncière, dont l'un des principaux objectifs était celui de la diversification de l'économie du pays et l'autonomie alimentaire. Ces objectifs incluent aussi la sylviculture et l'agroforesterie, qui apportent un complément à l'économie grâce à la fourniture de bois pour la consommation interne, l'exportation éventuelle et d'autres produits forestiers.
Depuis lors, la privatisation à grande échelle de la société civile de Sao Tomé-et-Principe s'est opérée. Ceux qui travaillaient dans l'agriculture, depuis toujours sous la responsabilité de tiers (propriétaires fonciers, État ou compagnies de gestion mixte), ont pu alors posséder légalement la terre et sont devenus des agriculteurs ne dépendant que d'eux-mêmes pour leur survie et celle de leur famille. Le tableau 3 présente la distribution des terres depuis son début effectif en 1993, jusqu'au premier semestre de 2001. Il faut remarquer que, même si l'on utilise la désignation de distribution des terres, il s'agit en fait de l'attribution de titres d'utilisation pour une période de 20 ans, qui ne donne pas (en principe) droit à l'appropriation foncière. Il ressort de ce tableau les remarques suivantes:
- Il existe un grand nombre de familles bénéficiaires (8 297), soit environ 50 000 habitants (environ 36 pour cent de la population totale).
- Presque la moitié de la surface est attribuée à de petits agriculteurs, c’est-à-dire divisée en parcelles de surface comprise entre 0,5 et 4 hectares.
- Une proportion importante de la surface a surtout été distribuée à des familles bénéficiaires en 2000 et 2001.
Les grands changements de la conjoncture socioéconomique opérés pendant les dernières années ont eu (et ont toujours) un grand impact sur la manière de vivre et le niveau de vie de la grande majorité de la population en milieu rural. En effet, un pourcentage important des familles est passé d'une situation de dépendance presque totale envers des tiers (patrons ou État) à une situation de dépendance totale, ou presque, d'elles-mêmes, vu qu'elles ont reçu des terres mais ne reçoivent plus de salaires ni services.
Tableau 3 : distribution des terres entre 1993 et 2001
Années |
Surface attribuée à des petits agriculteurs (ha) |
Surface attribuée à des moyennes entreprises (ha) |
Autre surface forestière (ha) |
Nombre de familles bénéficiaires |
1993 |
1 591,50 |
0,00 |
1 067,10 |
846 |
1994 |
3 083,00 |
212,00 |
4 663,70 |
859 |
1995 |
2 577,60 |
1 936,20 |
1 500,40 |
917 |
1996 |
1 763,60 |
321,40 |
2 312,40 |
730 |
1997 |
2 472,30 |
1 691,70 |
2 242,70 |
1 151 |
1998 |
1 161,47 |
82,50 |
1 561,30 |
665 |
1999 |
1 166,60 |
115,40 |
211,70 |
750 |
2000/2001 |
3 965,93 |
1 753,60 |
2 568,11 |
2 379 |
Total (ha) |
17 782,00 |
6 112,80 |
16 127,41 |
8 297 |
Total (%) |
44,4 |
15,3 |
40,3 |
Source: Salgueiro et Carvalho, 2002.