La République centrafricaine (RCA), d’une superficie de 623 000 km2, est située au cœur du continent africain. Le pays s’étend de 14°30’ à 27°30’ de longitude est (plus de 1 400 km d’est en ouest) et de 2°20’ à 27°30’ de latitude nord (près de 1 000 km de l’extrême nord au sud).
Le relief, très peu accidenté, est dominé par une dorsale centrale qui sépare les deux principaux réseaux hydrographiques du pays: le bassin du Tchad au nord et celui du Congo au sud. La RCA est située sur le bouclier précambrien et comprend deux ensembles montagneux:
• Au nord-ouest, le mont «Ngaoui» dans le massif du Yadé atteint 1 400 mètres d’altitude.
• Au nord-est, les montagnes des «Bongo» culminent à 1 330 mètres (massif Dar Challa).
Le relief conditionne l’hydrographie. En effet, au sud, l’Uele venant de la République démocratique du Congo et le Mbomou frontalier avec ce pays, constituent l’Oubangui, coulant d’est en ouest jusqu’à Bangui. Les principales rivières affluentes ont servi à dénommer les préfectures centrafricaines: Kotto, Ouaka, Kémo, Ombella Mpoko, Lobaye, mais aussi Nana et Mambéré dont la réunion avec la Kadéi forme la Sangha. Ces rivières sont bien alimentées. Leur régime tropical humide présente un maximum en septembre-octobre (fin de la saison des pluies). L’Adamaoua a été défini comme le château d’eau de l’Afrique centrale. La Pendé et l’Ouham constituent les principaux tributaires du Logone et Chari. Ce dernier étant faiblement alimenté par les autres affluents: Gribingui, Bamingui et surtout Bahr Aouk.
Le climat centrafricain est placé sous l’influence de deux grands centres de haute pression: l’anticyclone de Libye au nord-est de l’Afrique et l’anticyclone de Sainte Hélène localisé sur l’Atlantique au sud-ouest du continent africain. Il existe deux saisons caractérisées par la position du Front inter tropical (FIT) qui marque le contact entre les masses d’air venant des deux anticyclones: c’est la saison sèche quand souffle l’harmattan, vent du nord-est, et la saison des pluies quand vient la mousson du sud-ouest. Les températures moyennes annuelles varient entre 23,4°C à Bouar au nord-ouest et 26,5°C à Birao au nord-est. Le climat est tropical humide au sud et progressivement plus sec au nord-est. La pluviométrie de 1 806 mm au sud-ouest diminue jusqu’à 843 mm au nord-est. De même, la durée de la saison des pluies de 300 jours au sud-ouest, atteint 130 jours au nord-est à Birao. Il existe trois grandes zones climatiques:
• Le climat guinéen forestier ou équatorial au sud, présente les indices 3.2.1.-9.1.2.-9.4.0.
• Le climat soudano-guinéen ou intertropical au centre (type 6.3.3) inclut les sous-climats soudano-oubanguien (7.2.3), médio-soudanien (6.1.5.-5.2.5.) et soudano-sahélien (4.3.5).
• Le climat sahélo-soudanien ou subsahélien à l’extrémité nord-est du pays se rattache au sous-climat sahélo-soudanien (4.2.6.).
Les formations végétales varient suivant les zones climatiques et présentent une grande diversité, depuis la forêt dense de basse altitude au sud, jusqu’aux savanes arborées et arbustives au nord. La forêt dense humide se divise en deux grands ensembles:
• la région forestière du sud-est appelée «forêt de Bangassou»;
• la zone du sud-ouest où se cantonne la plus grande partie de la forêt centrafricaine.
La forêt dense semi-décidue prédomine. Elle est riche en essences exploitables telles que le sapelli (Entandrophragma cylindricum), le sipo (E. utile), l’ayous (Triplochiton scleroxylon) et le limba (Terminalia superba). Il existe également d’autres arbres géants comme le mukulungu (Autranella congolensis), le tali (Erythrophleum ivorense), l’acajou (Khaya grandifolia) ou l’azobé (Lophira alata) et dans l’extrême sud-ouest des peuplements purs de limbali (Gilbertiodendron dewevrei) qui atteignent jusqu’à 200 m3 par hectare.
La savane couvre la plus grande partie du pays et elle est parsemée de nombreuses galeries forestières liées au réseau hydrographique très dense. Elle contient des espèces comme Daniellia oliveri, Hymenocardia acida, Albizia zygia, Uapaca Togoensis, Vitellaria paradoxa, et par endroits, des bambousaies à Oxytenanthera abyssinica. Dans le grand nord, apparaissent les acacias et les savanes à Capparidacées.
Sous le climat tropical humide, les pluies abondantes et relativement chaudes favorisent un type d’altération spécifique: la ferrallitisation. Les sols ferrallitiques sont caractérisés par une altération intense des minéraux primaires et par la présence en abondance des produits de synthèses suivants: silicates d’alumine, hydroxydes de fer et souvent hydroxydes d’alumine.
En s’appuyant sur le climat et la géomorphologie, la RCA est subdivisée en plusieurs zones:
• En zone forestière, dans les plaines de l’Oubangui et de la Sangha, les sols ferrallitiques sont fortement dessaturés et peu colorés (jaunâtres), étant souvent mal drainés.
• En zone péri-forestière, le long de l’Oubangui, il existe la séquence topographique de couleurs rouge/ocre/gris, du haut vers le bas de pente. Par contre, à la surface, les sols sont de couleurs vives. Les hydroxydes ou oxydes de fer sont fréquemment individualisés en gravillons ou nodules ferrugineux, sinon en cuirasses. L’induration suit un gradient en fonction de la basicité des roches: les schistes de la série de Kouki, et surtout le complexe amphibolo-pyroxénique du Mbomou, constituent des régions particulièrement indurées. Inversement, les sols issus des matériaux sableux dérivant des gris, se caractérisent par leur texture très sableuse ainsi que par l’absence de nodules et de cuirasses. L’induration est réduite sur les plateaux surélevés de Bouar – Baboua où sont observés de vieux sols à structure poudreuse, farineuse dite «aliatique».
Au nord de la ligne de partage des eaux Oubangui-Chari, se développe à nouveau sur les versants une séquence topographique de couleurs rouge/ocre/beige. En bas de pente, il existe des phénomènes de décoloration, de compaction, des mouvements d’argile et de fer (lessivage, concrétions, etc.). Les sols prennent alors des caractères de sols ferrugineux tropicaux lessivés.
Après une zone de transition à sols intermédiaires, ou inter-grades, les sols ferrugineux tropicaux lessivés prédominent sur les alluvions paléo-tchadiennes. Les alluvions néo-tchadiennes correspondent à des sols peu évolués d’apport, tandis que les plaines d’épandage peuvent porter des sols à argiles smectiques. Les vertisols lithomorphes n’ont été rencontrés que sur des matériaux fortement basiques.
Le cuirassement est uniquement développé sur les vieilles surfaces d’aplanissement. Sur les reliefs résiduels et surtout sur des escarpements, il existe un ensemble de sols jeunes d’érosion: les lithosols, les sols lithiques, parfois les sols bruns entrophes, les sols ferrallitiques, peu évolués. Dans ces sols, même en milieu ferralisant, les minéraux altérables du type illite ne sont pas rares. Les sols gorgés d’eau, dits hydromorphes, s’observent en position de mauvais drainage, dans les plaines de la Sangha, de l’Oubangui et du Chari mais également sur les vieilles surfaces d’aplanissement.
La RCA compte 3,780 millions d’habitants, soit une densité d’environ 6,1 habitants au km2. Cette population est donc faible et extrêmement dispersée car la RCA, bien qu’ayant une grande superficie, reste peu peuplée. C’est une population essentiellement rurale (80 pour cent) très inégalement repartie:
• Les zones de grande concentration se situent au sud, centre ouest et ouest.
• Les zones quasiment vides se rencontrent à l’est et au nord-est.
Cette population est constituée de plusieurs groupes ethniques.
La RCA est un pays à vocation agricole. Plus de 80 pour cent de la population vit de l’agriculture. Les principales cultures industrielles sont le coton, le café, le tabac, la canne à sucre et le palmier à huile. Les principales cultures vivrières sont le manioc, l’arachide, le maïs, le mil-sorgho, les bananes-plantain, les courges, le sésame et le riz. Le tableau suivant récapitule les données de production agricole des six dernières années (1994-2000).
Tableau 1 . Évolution des productions agricoles en tonnes (arachide, autres cultures vivrières et coton)
Années |
Production (tonnes) | |||||
1994/95 |
1995/96 |
1996/97 |
1997/98 |
1998/99 |
1999/2000 | |
Arachide |
79 200 |
85 500 |
101 340 |
101 450 |
101 700 |
110 000 |
Manioc |
517 500 |
491 600 |
526 100 |
578 700 |
607 600 |
559 000 |
Maïs |
62 700 |
70 800 |
75 800 |
82 600 |
88 000 |
95 000 |
Sorgho |
30 000 |
33 000 |
35 600 |
38 800 |
41 000 |
45 000 |
Riz |
8 000 |
10 000 |
15 000 |
17 000 |
18 500 |
21 000 |
Sésame |
27 000 |
28 600 |
30 600 |
32 000 |
33 000 |
36 000 |
Courges |
14 200 |
15 700 |
16 800 |
18 000 |
19 200 |
23 000 |
Coton |
27 500 |
32 000 |
39 000 |
42 000 |
50 000 |
|
Source: Direction des statistiques agricoles (Ministère de l’agriculture et de l’élevage), Société cotonnière centrafricaine
L’élevage constitue un des secteurs importants de l’économie centrafricaine. L’activité pastorale porte essentiellement sur l’élevage de bovins, ovins, caprins et de la volaille. L’élevage extensif de bovins occupe entièrement les zones de savane avec une progression vers les zones de forêt. Ce cheptel est composé d’environ 2,5 millions de têtes de bovins. Le petit élevage (ovins, caprins, volailles) est pratiqué dans toutes les régions.
La principale caractéristique de l’agriculture centrafricaine est la faible productivité du travail. Elle est due notamment à l’emploi de techniques traditionnelles à savoir, un outillage rudimentaire, une agriculture itinérante sur brûlis et la quasi-absence d’utilisation d’intrants et de semences améliorées.
La RCA regorge d’un grand potentiel minier: diamant, or, uranium, fer, calcaire, cuivre, etc. Cependant, seuls le diamant et l’or sont exploités.
La RCA importe des produits manufacturés, des matériaux de construction, des engins mécanisés, des produits pharmaceutiques et médicaux, des ouvrages scolaires, etc. La balance commerciale est déficitaire et l’équilibre entre les importations et exportations ne peut s’obtenir dans l’immédiat. Les échanges se font en grande partie avec les pays d’Europe, les Etats-Unis d’Amérique et d’autres pays.
La RCA est l’un des pays les moins développés du continent. Son produit intérieur brut (PIB) par habitant, qui était d’environ 430 dollars EU au lendemain de l’indépendance (1965), a connu une croissance relative pendant les 15 premières années jusqu’à atteindre un PIB par habitant de 470 dollars EU en 1977. Depuis lors, l’économie n’a cessé de régresser au point que ce PIB par habitant est descendu jusqu’à 349 dollars EU en 1995. La dévaluation du FCFA (Franc de la Communauté Financière d’Afrique) par rapport au franc français s’est traduite par une chute du PIB par habitant de 425 dollars EU en 1993 à 275 dollars EU en 1994. Le pays aurait pu tirer profit de cette dévaluation pour développer ses exportations et conforter ainsi les effets mécaniques de la dévaluation qui s’étaient traduits par une remontée du PIB par habitant de 275 dollars EU en 1994 à 349 dollars EU en 1995. Cet indicateur de performance économique est estimé à 260 dollars EU pour l’année 2000.
La RCA n’a pas jusqu’à présent su bien tirer profit de ses immenses ressources naturelles dont elle est dotée (diamants, or, forêts), ni de son potentiel agropastoral. L’enclavement physique du pays, le coût de transport élevé dû au mauvais état des infrastructures routières et la faible densité de la population expliquent, pour une bonne part, les mauvaises performances économiques du pays. Néanmoins, les principales raisons de cette mauvaise tenue de l’économie centrafricaine se trouvent dans la mauvaise gestion, l’application de politiques de développement malencontreuses et les pratiques de mauvaise gouvernance qui ont émaillé l’histoire du pays.
Le déclin de l’économie a commencé au début des années 70 avec une mauvaise utilisation des ressources tirées de l’augmentation des prix mondiaux des produits exportés: création d’un nombre important d’entreprises publiques dans tous les secteurs de production, puis ces entreprises sont devenues très rapidement un fardeau pour les finances publiques et l’économie à cause de leur mauvaise gestion.
Avec la baisse des cours mondiaux des principaux produits d’exportation à savoir le café, le coton et le bois, le pays est rentré dans une crise économique sans précédent entre 1990 et 1993 caractérisée par une diminution de l’activité économique de l’ordre de 6 pour cent. Le pays n’était plus en mesure d’honorer ses obligations: les arriérés de service de la dette extérieur et intérieur se sont accumulés, y compris des arriérés de paiement de salaires aux agents de l’Etat.
Avec l’avènement du pluralisme politique qui a conduit à l’organisation des élections présidentielles et législatives à la fin de 1993 et la dévaluation du FCFA au début de 1994, la RCA avait une bonne occasion d’engager des réformes économiques profondes. Malheureusement, les actions mises en œuvre ont été insuffisantes pour améliorer sensiblement et de manière durable les recettes fiscales et ainsi conforter la situation des finances publiques. Les réformes structurelles qui visaient à jeter les bases de la réhabilitation d’une économie mise à mal n’ont pas été conduites avec fermeté. A cela il faut ajouter les troubles politico-militaires (mutineries de 1996-1997, tentative de coup d’état de 2001) avec leurs lots de conséquences désastreuses aussi bien sur l’économie du pays que sur la vie des populations.
Depuis 1997, le pays s’est engagé, avec l’appui de la communauté internationale, dans un processus de réconciliation nationale qui a conduit au retour progressif de la paix et de la stabilité politique. Les activités économiques ont repris et le pays a renoué avec la croissance économique qui était estimée à 5,3 pour cent en 1997, 4,7 pour cent en 1998 et 3,4 pour cent en 1998.
Suite aux progrès enregistrés au niveau de la mobilisation des recettes publiques dus aux efforts du gouvernement et des avancées notables sur le dossier de la privatisation, la Banque mondiale a consenti, à la fin de 1999, une aide budgétaire devant appuyer la consolidation des finances publiques.