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3. SITUATION DES RESSOURCES FORESTIÈRES

Les formations végétales en RCA varient suivant les zones climatiques et présentent une grande diversité allant de la forêt dense de basse altitude au sud aux savanes arborées et arbustives au nord.

3.1. Forêt dense humide

Elle s’étend sur 47 500 km2, soit 7,6 pour cent du territoire national. La forêt dense humide se divise en deux grands ensembles: la région forestière du sud-est («forêt de Bangassou») et la forêt dense du sud-ouest.

3.1.1. Forêt dense humide du sud- ouest

• Localisation et caractéristiques

La forêt dense humide du sud-ouest couvre une superficie de 37 500 km2 et elle est localisée dans les préfectures de Lobaye, Sangha-Mbaeré, Mambéré-Kadeï et une partie de l’Ombella Mpoko. Sans tenir compte des îlots forestiers résiduels, la limite forêt dense/savanes périforestières est la suivante: à partir de la frontière camerounaise, la forêt dense suit approximativement la Kadeï, entre Gamboula (4°05’N) et Sosso (3°50’N) puis elle monte jusqu’à 4°40’N sur les grés de Carnot, dépasse même 5°N le long de la Mambéré. Retrouvant le socle précambrien, elle redescend jusqu’à 4°05’N pour remonter jusqu’à la Pama, à 4°30’N à proximité de Bangui.

Cette forêt est définie comme un cas particulier de la zone septentrionale de la forêt guinéo-congolaise à Malvacées et Ulmacées: «forêt dense semi-décidue à Ulmacées, Sterculiacées, Sapotacées et Méliacées», pauvre en légumineuses, contrairement à la zone maritime de la forêt guinéo-congolaise. Des arbres géants des genres Autranella, Manilkara et Entandrophragma, présents en abondance, sont des témoins de l’ancienne forêt primaire. Celle-ci est fortement secondarisée. En effet, il existe des espèces caractéristiques des forêts secondaires telles que Ricinodendron heudelotii et Pycnanthus angolensis. Cette secondarisation serait ancienne. En effet, des espèces comme Triplochiton scleroxylon et Entandrophragma cylindricum, très abondantes dans la haute futaie, ne se retrouvent pas en proportions équivalentes dans les étages inférieurs et seraient actuellement en période de stagnation. Cette forêt semi-caducifoliée constitue l’essentiel de la forêt dense centrafricaine.

Connaissance des ressources forestières: les inventaires forestiers

Des inventaires forestiers successifs ont été réalisés par grandes périodes:

De 1950 à 1968, le service des eaux et forêts, puis l’ex Centre technique forestier tropical (CTFT), ont inventorié un peu plus de 1,5 millions d’hectares dans les régions de la Lobaye, de la Haute Sangha et de la Mbaéré (voir références bibliographiques).

En 1994, dans le cadre de son volet «inventaire forestier», le Projet d’aménagement des ressources naturelles (PARN), a inventorié une superficie de 3 787 777 hectares délimitée à l’ouest par la frontière camerounaise, au sud par la frontière congolaise, à l’Est par l’Oubangui et au nord par une ligne à contour très irrégulier allant de Bangui à Gamboula en passant par Ngotto et Carnot.

• Période de 1950 – 1968

Divers inventaires furent menés par le Service forestier entre 1950 et 1952 en Lobaye dans six secteurs, représentant 115 000 hectares au total. Par la suite, des opérations d’inventaire importantes, destinées à identifier les zones exploitables et à déterminer le potentiel en essences de valeur, furent conduites par le CTFT, tout d’abord en 1963 et 1964 en Haute Sangha et dans la Mbaéré (450 000 ha), puis dans la région de Nola en 1966 et 1967
(840 000 ha) à Bimbo en Lobaye (60 000 ha) (Lanly, 1966. Inventaire forestier en RCA).

Malgré un taux de déboisement faible en forêt dense humide, la RCA est un des rares pays africains à avoir disposé d’inventaires de pré-investissement avant la mise en exploitation industrielle de sa forêt.

Ainsi, l’inventaire forestier réalisé sur les 1,5 millions hectares a permis d’estimer le potentiel sur pied, ayant atteint l’âge d’exploitation à l’époque de ces inventaires (plus de 60 cm de diamètre) dans les 3,5 millions d’hectares de forêts productives du sud-ouest (dont près de 2,5 millions jugées exploitables vers 1970). Ainsi, le potentiel sur pied a été estimé à près de 85 millions de m3 pour les essences pouvant intéresser le commerce international, chiffre à rapprocher d’un potentiel ligneux dépassant les mille millions (dans le massif du sud-ouest). Il s’agit des ayous (19%), limba (29%), sapelli (26%) et de diverses autres espèces telles que l’acajou, l’azobé, le dibetou, l’iroko, le kosipo, le mukulungu, le sipo et le tiama, représentant 26 pour cent du potentiel.

Le volume brut moyen sur pied des arbres dont les diamètres sont supérieurs à 10 centimètres a été estimé à l’époque à 320 m3 par hectare pour les forêts déjà exploitées, les arbres de plus de 60 cm représentant 140 m3 par hectare, avec le limba, l’ayous et le sapelli constituant 75 pour cent du volume estimé exploitable. La richesse en essences commercialisables, notamment les Méliacées et autres bois rouges, varie selon les secteurs de 6 à 25 m3 par hectare exploitable. La région de la Lobaye est la plus riche.

Des études préliminaires de croissance des arbres ont été conduites dans les années 70 pour les principales essences exploitées. L’accroissement moyen annuel en diamètre serait d’environ 4 à 5 millimètres pour les bois rouges à près d’un centimètre pour les bois blancs (ayous et limba notamment).

Période de 1994 à aujourd’hui

L’inventaire réalisé par le PARN a bénéficié de l’avancée technologique, notamment le traitement des données par l’informatique. Après une stratification qui a permis de découper toute la zone forestière en sept unités d’aménagement plus ou moins homogènes, l’inventaire a été effectué dans ces unités à un taux de 0,1 pour cent. Ces unités d’aménagement ont été divisées en 147 unités primaires englobant 5 525 parcelles de 0,5 hectares chacune suivant la méthodologie de la FAO.

En 1989, le Gouvernement centrafricain a demandé la réalisation d’une prise de vue aérienne sur l’ensemble de la forêt du sud-ouest. Le projet a donc disposé de deux jeux de photos panchromatiques noir et blanc de 1/50 000 pour la photo-interprétation. Cet important inventaire de reconnaissance visant aussi l’élaboration d’un plan d’affectation des terres, a pris en compte plusieurs variables comme la géologie, la pédologie, le relief, l’hydrologie, la végétation, le climat, la démographie et l’occupation du territoire. Toutes les essences de plus de 10 centimètres de diamètre ont été identifiées et mesurées. Les étapes suivantes ont été suivies pour la réalisation de ce travail:

• normes d’inventaire (guide des travaux de sondage);

• confection des relevés dendrologiques;

• travaux de sondage;

• études d’arbres;

• vérification des données;

• photo-interprétation et cartographie;

• compilation des rapports.

Les résultats de cet inventaire montrent que le domaine forestier accessible et exploitable couvre une superficie de 2 608 700 hectares. Les terrains improductifs représentent
6 pour cent du massif forestier. En ce qui concerne les volumes, il existe les chiffres suivants:

• Pour les essences de catégories 1 regroupant 25 espèces, le volume exploitable est de
50 millions de m3.

• Pour les essences de catégories 2 regroupant 38 espèces, le volume exploitable est de 77,716 millions de m3.

En tenant compte de ces deux catégories seulement, le volume exploitable est en moyenne de 27,52 m3 par hectare. Avec toutes les essences confondues, il est de 60,14 m3 par hectare. D’autres résultats intéressants sont les possibilités annuelles maximums par catégorie. Ainsi, pour les essences de catégorie 1, la possibilité annuelle maximum est de 1 252 350 m3 sur les 50 millions de m3 commercialisables. Dans tous les cas, l’ensemble des données de cet inventaire est conservé sur un CD-ROM disponible auprès du Département en charge des forêts (PRGIE, Projet régional de gestion et d'information environnementale).

• Besoins en cartographie forestière

Les supports cartographiques au niveau national sont actuellement insuffisants pour deux raisons principales:

1. Les photographies qui couvrent tout le pays sont vieilles. De plus, la couverture aérienne de 1989 n’ayant concerné que la zone du sud-ouest, la région de Bangassou n’est donc pas couverte.

2. Les photographies utilisées par le projet PARN pour réaliser la cartographie de la région inventoriée ont été détruites lors des événements politico-militaires de 1996/1997.

3.1.2. Forêt du sud-est ou «forêt de Bangassou»

• Localisation et caractéristiques

En République démocratique du Congo (RDC), dans la boucle de l’Oubangui, la forêt descend jusqu’à près de 3°N au sud-est de Libengué avant de remonter le long de la ligne Dékéré. A partir de 21°E, la forêt rejoint l’Oubangui à 4°20’N. La forêt dense longe alors le fleuve et donc la frontière RCA/RDC sur plus de 100 kilomètres entre Zangba-Mobaye et Satéma. Il s’agit là de la limite nord de la forêt équatoriale en oubliant le massif forestier du Mbomou. Ce massif forestier de Mbomou s’étend sur le complexe amphibolo-pyronexique du Mbomou et couvre près de 10 000 km2.

La forêt de Bangassou est une forêt humide semi-caducifoliée à Triphochiton scleroxylon, Albizia spp. (Albizia glaberrima, A. gummifera, A. zygia), à Celtis africana et C. philippensis, avec dans le sous-bois Olyra latifolia et Setaria megaphylla. Les faciès de bordure prédominent: Klainedoxa, Albizia coreana, Aubrevillea kerstingii, Celtis zenkeri, Milicia excelsa, Khaya grandifolia, Hannoa klaineana, Klainedoxa gabonensis et Tetrapleura tetraptera. Parmi les espèces ripicoles sempervirentes, Alstonia boonei, Calamus deerratus, Canarium schweinfurtii, Carapa procera, Cleistopholis patens, Mammea africana, Piptadeniastrum africanum, Xylopia aethiopica, Markhamia lutea et Spathodea campanulata sont fréquentes.

Cette forêt est fortement secondarisée: Elaeis guineensis y abonde de même que Fagara macrophylla, Musanga cecropioides et Myrianthus. Le sous-bois y est rendu inextricable par l’abondance de plantes lianes Centis: Gnetum africanum, Manniophyton fulvum, Paullinia pinnata et Rothmannia whitfieldii. Il existe également des îlots d’espèces savanicoles: Anogeissus leiocarpa, Tamarindus indica ainsi que des fourrés à Acacia pennata.

Cette forêt, qui repose sur les sols argileux, frais souvent indurés du «complexe amphibolo-pyroxénique du Mbomou» est la mieux conservée au nord-ouest de Bangassou. Ses limites nord et ouest se confondent avec celles des grés de Kembé-Nakondo à pédoclimat beaucoup plus sec.

• Connaissance de la ressource

Concernant la connaissance quantitative et qualitative des ressources forestières, la forêt de Bangassou n’a pas été concernée par les travaux d’inventaire cités auparavant. Un projet vient seulement d’être mis à exécution dans cette région. L’un des objectifs de ce projet vise l’inventaire forestier de ce massif et les résultats devraient être publiés dans un atlas.

3.2. Savanes

Il existe plusieurs types de savanes suivant la strate arborée ou arbustive.

3.2.1. Secteur des savanes périforestières

• Localisation

La délimitation de cette zone est assez délicate à définir. Il existe en général autour de la forêt dense, une zone couverte de savanes herbacées ou de maigres savanes arbustives. Mais à l’est de la RCA, la mosaïque «forêt dense humide-savanes périforestières» passe insensiblement à la forêt dense semi-humide à Anogeissus leiocarpa-Albizia zygia, qui se rattache au domaine soudano-guinéen. Au sud de ce domaine, soit autour de Bambari soit sur les plateaux de La-Mbi, il existe des zones entièrement déboisées présentant le même aspect désolé que la plupart des savanes périforestières. Il faut donc faire une distinction entre ce qui se rattache à l’ancienne extension de la forêt dense humide avant les défrichements par l’homme et une bande plus ou moins large réduite parfois à un simple versant marquant le passage au domaine soudano-guinéen. Au centre du pays, la bordure méridionale de l’extension d’Anogeissus leiocarpa est considérée comme une bonne limite de ce domaine.

Ainsi, la limite nord des savanes périforestières partirait de 5°N à la frontière camerounaise pour redescendre en longeant la Mboumbé I vers Amadagaza et Berbérati. Il est important de noter que sauf aux deux extrémités (ouest et est) des grès de Carnot autour de Berbérati et à l’est de la Lobaye, la forêt dense humide passe directement, sur ces grès, aux savanes boisées soudano-guinéennes à Burkea-Lophira. De Sasélé (4°30’N-16°50’E) près de la Lobaye, cette limite rejoint Boali (4°50’N-18°03’E), puis Bozo (5°10’N-18°30’E) en longeant l’escarpement de la surface centrafricaine. De là, par la vallée de l’Ombella Mpoko (5°20’N-18°42’E) et Galafondo (5°30’N-18°10’E), elle longe l’arrête rocheuse de la Kaga (5°35’N-19°30’E). De Lakandjia (5°30’N-20°03’E), elle longe l’escarpement du plateau de la Dadé (5°17’N-20°20’E) avant de remonter dans la vallée de la Ouaka. Elle contourne à nouveau les plateaux dont l’altitude est supérieure à 600 mètres au sud de Bambari (vers 5°10’N-20°50’E).

Longeant l’escarpement de Pagi (5°05’N-21°05’E) à l’est de ces plateaux, cette limite remonte au nord d’Alindao dans la vallée de la Bangui-Ketté jusqu’à Yambélé (5°30’N-21°10’E). De là, par Réou (5°30’N-21°40’E), cette limite rejoint la vallée de la Kotto aux chutes Mboutou (5°33’N-21°59E), elle contourne par le sud les grès de Nakando. Le long de leur escarpement sud (chutes d’Abourou, 5°30’N-22°45’E), le domaine soudano-guinéen est au contact de la forêt dense de Mbomou.

La superficie couverte par ces savanes périforestières est estimée (en rattachant toutes les galeries et îlots résiduels dans le domaine forestier) à 56 400 km2 dont 37 600 km2 pour la moitié ouest du pays et 18 800 km2 pour la moitié est.

• Caractéristiques

L’ordre de fréquence centésimale décroissante des espèces ligneuses dans ce domaine guinéen périforestier est le suivant: Anona senegalensis (56 pour cent), Terminalia glaucescens (45 pour cent), Hymenocardia acida (38 pour cent), Daniellia oliveri (37 pour cent), Bridelia ndellensis (35 pour cent), Piliostigma thonningii, (34 pour cent), Crossopteryx febrifuga (32 pour cent), Nauclea lalifolia (32 pour cent), Albizia zygia (29 pour cent), Vitex doniana (27 pour cent), Vitex madiensis (24 pour cent), Borassus aethiopum (19 pour cent) et Parinari curatellifolia (14 pour cent).

Le groupement ligneux le plus caractéristique de ces savanes arborées ou arbustives est constitué par Terminalia glaucescens et Albizia zygia.

Les savanes arbustives à espèces dites pyrophiles (car elles supportent bien les passages de feux de brousse) prédominent largement. Ces espèces sont: Hymenocardia, Bridelia, Piliostigma et Nauclea. Il existe également des espèces arborées à affinité anthropique comme Daniellia oliveri et Borassus aethiopum. Il apparaît également des espèces soudano-guinéennes comme Parinari curatellifolia et Lophira lanceolata.

Des milieux écologiques particuliers existent dans cette zone de savanes périforestières comme les dépressions marécageuses, les rôneraies à Borassus aethiopum et les palmeraies à Elaeis guineensis.

3.2.2. Secteur soudano-guinéen

• Localisation

Il couvre près de la moitié du territoire centrafricain, soit 290 000 km2, dont 130 000 km2 à l’ouest et 160 000 km2 à l’est du pays. A l’intérieur de ce domaine, près de 38 000 km2 sont couverts de forêts denses semi-humides et de galeries forestières. Ce domaine est limité au sud par le domaine congo-guinéen périforestier ou forestier, au nord par le domaine médio-soudanien qui correspond souvent à l’apparition des savanes boisées à Isoberlinia, Uapaca, des bambouseraies et des karités.

Ce domaine recouvre la vaste zone qui s’étend à partir du prolongement des plateaux de l’Adamaoua et des savanes du nord des grès de Carnot et du sud des grès de Ouadda, sur l’ensemble des plateaux, d’altitude comprise entre 550 et 850 mètres, qui séparent les bassins du Chari et de l’Oubangui.

• Caractéristiques

Ce domaine est caractérisé par le développement dans la strate ligneuse de Burkea africana et de Lophira lanceolata accompagnés par Daniellia oliveri. Il est subdivisé en trois sous-secteurs:

- Le sous-secteur soudano-guinéen inclut une végétation ligneuse qui a souvent été fortement dégradée par l’homme. Les espèces les mieux représentées sont Daniellia oliveri (53 pour cent), Terminalia glaucescens (43 pour cent), Hymenocardia acida
(42 pour cent), Nauclea latifolia (39 pour cent), Lophira lanceolata (38 pour cent), etc. Ce sous-secteur est également caractérisé par l’abondance relative d’espèces anthropiques ou méridionales. A côté d’Anogeissus leiocarpa déjà assez bien représenté, les affinités avec les savanes périforestières sont grandes. Près des galeries forestières, il existe les derniers représentants de Fagara macrophylla, Musanga cecropioides, Elaeis guineensis et Myrianthus arboreus.

- Le sous- secteur central et oriental soudano-guinéen est typique du domaine soudano-guinéen. Les forêts denses semi-humides à Anogeissus-Albizia y sont les mieux représentées. Les espèces ligneuses les mieux représentées sont Lophira lanceolata
(50 pour cent), Burkea africana (48 pour cent), Anona senegalensis (43 pour cent), Daniellia oliveri (40 pour cent), Terminalia laxiflora (35 pour cent), Hymenocardia acida (31 pour cent), Piliostigma thonningii (30 pour cent), etc.

- Le sous-secteur nord-ouest, nord soudano-guinéen est composé de savanes à
Burkea-Lophira
dominantes avec des espèces septentrionales comme Terminalia laxiflora et Syzygium guineense. Les espèces ligneuses les mieux représentées sont Lophira lanceolata (50 pour cent), Burkea africana (48 pour cent), Anona senegalensis (43 pour cent), Daniellia oliveri (40 pour cent), Terminalia laxiflora (35 pour cent), Hymenocardia acida (31 pour cent), Piliostigma thonningii (30 pour cent), etc.

3.2.3. Secteur médio-soudanien

• Localisation

Le domaine médio-soudanien couvre environ un tiers du territoire centrafricain, soit près de 170 000 km2 dont 106 000 km2 à l’ouest et 64 000 km2 à l’est. A l’intérieur de ce domaine, 7 000 km2 sont recouverts de forêts denses sèches ou de galeries forestières.

La limite nord de ce secteur part de la vallée de l’Aouk-chari, contourne par le sud les collines rocheuses de Bangbali, puis par le nord, l’escarpement du plateau gréseux de Ndélé-Ouadda qui sinue aux alentours de 8°40’N. A partir de Quijoux, elle contourne le bassin supérieur de la Kotto, autour de Ouandjia avant de redescendre le long de la frontière soudanaise vers le Mont Abourassin et l’Amborgo.

• Caractéristiques

Ce domaine médio-soudanais apparaît comme la zone d’élection des savanes à espèces mélangées du nord: Terminalia laxiflora, Grewia mollis et Combretum hypopilinum, des savanes à espèces dominantes à Burkea-Lophira et à Uapaca-Isoberlinia-Monotes et toujours des savanes à espèces d’apport comme Piliostigma, Annona et Hymenocardia.

L’espèce la plus répandue dans ce secteur est le karité (Vitellaria paradoxa). Son aire maintenant bien connue s’étend jusqu’à l’interfluve Congo-Nil. Elle est également signalée sur la Haute-Ouara et atteindrait même les bassins Méré-Maérou (5°50’N – 26°50’E). A côté de Daniellia oliveri, l’espèce Anogeissus leiocarpa reste commune en savane. Il subsiste quelques témoins de forêts denses sèches à Anogeisius. Si l’association Burkea - Lophira est commune dans le domaine soudano-guinéen, Lophira lanceolata apparaît dès les savanes guinéennes périforestières. Par contre, c’est en domaine médio-soudanéen que Burkea africana est le plus fréquent.

Cas particulier de la bambousaie à Oxytenanthera abyssinica

Elle apparaît en Centrafrique comme une formation assez caractéristique de la partie orientale du domaine médio-soudanais cuirassé de la série de Kouki ainsi qu’aux confluents Bamingui-Gribingui. Les peuplements les plus denses s’observent à la périphérie nord des grès de Mouka-Ouadda. Avec leurs tiges brisées persistantes, ils forment des fourrés difficilement pénétrables. Les peuplements se trouvent autour des Mbrès jusqu’au nord d’Ippy, sur la frontière soudanaise ainsi que dans la zone des collines rocailleuses entre Delembé et Raméla. Ils sont également signalés sur le Mbotou, le Haut-Chinko jusqu’au Mont Abourassein.

3.2.4. Secteur soudano-sahélien

• Localisation

Le domaine soudano-sahélien ne se trouve qu’à l’extrémité nord-est de la RCA au dessus de 8°30’N. La limite sud a été précisée dans le chapitre précédent. Ce domaine se prolonge largement au Tchad et au Soudan. En RCA, il couvre 58 000 km2, à peine 1/10e du territoire.

• Caractéristiques

Anogeissus, Terminalia laxiflora et Vitellaria paradoxa sont les espèces le plus couramment répandues. Cependant, Tamarindus indica, Ximenia americana, Detarium microcarpum, Gardenia ternifolia, Pseudocedrela kotschyi, etc., espèces connues plus au sud, y deviennent fréquentes. Il en est de même pour des espèces nouvellement apparues comme Xeromphis nilotica, Balanites aegyptiaca, Guiera senegalensis, etc., dont des Capparidacées: Boscia senegalensis, Cadaba farinosa, Capparis corymbosa, Crataeva religiosa, Maerua aethiopica, etc. Ce qui caractérise ce domaine, c’est la disparition d’espèces communes dans les savanes centrafricaines telles que Albizia zygia, Allophylus africana, Bridelia ndellensis, Entada ubanguiensis, Erythrina sigmoidea mais aussi Parinari curetellifolia, Uapaca togoensis, Terminalia glancescens et Lophira lanceolata.

• Remarque

Des espèces à croissance rapide et des espèces fruitières ont été introduites autant dans la zone forestière que dans les zones de savanes: Eucalyptus camaldulensis, E. deglupta, E. torelliana, E. urophylla, Acacia mangium, A. auriculiformis, Cedrela odorata, Tectona grandis, Gmelina arborea, Leucaena leucocephala , Calliandra calothyrsus, Anacardium occidentale, Persea americana, Cola nitida et Mangifera indica.

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