L’ensemble du territoire centrafricain est encore bien couvert part un manteau végétal constitué de ressources forestières (environ 300 espèces) plus ou moins menacées à l’heure actuelle. Les menaces partielles concernent surtout les formations végétales qui sont autour des centres urbains. Il s’agit essentiellement:
• Les feux de brousse parcourent régulièrement les savanes et sont souvent liés à des activités agricoles et de la chasse.
• L’ouverture de brèches en forêt dense par l’exploitation forestière qui, bien que sélective et peu destructive, est dans la plupart des cas suivie de l’installation incontrôlée de nouvelles cultures.
Le ravitaillement de la population de la capitale et des grandes villes en bois de feu et en produits vivriers, induit une menace de disparition des formations boisées qui sont aux abords de ces villes, et par conséquent, la disparition des espèces forestières. Pour cela, il faut que des schémas d’aménagement soient conçus et arrêtés et qu’un véritable développement intégré soit engagé.
Bien que l’enclavement de la RCA et l’exiguïté du marché local constituent néanmoins des garanties pour une bonne gestion des ressources forestières, il faut cependant chercher à arrêter la régression quasi importante de la couverture végétale due à la pression agricole, tant bien même que cette régression soit moins spectaculaire que dans de nombreux pays d’Afrique.
A la lumière de ce qui précède, les actions suivantes sont proposées:
• Formations végétales
Inventaires
Les connaissances taxonomiques et les inventaires sont indispensables pour l’étude de la diversité des espèces, surtout en zone de savanes où les inventaires n’ont pas été sérieusement réalisés. Ces inventaires permettent de cartographier la diffusion géographique des espèces.
Aménagement
La création de peuplements artificiels ne se justifie que très localement et dans les zones de savanes. Les travaux de recherche doivent continuer afin de fixer des règles techniquement et économiquement acceptables afin d’agir sur la dynamique de la forêt au profit des espèces nobles et ainsi augmenter la production sans menacer la pérennité des massifs et par conséquent conserver les ressources génétiques forestières. Dans les forêts de production de bois d’œuvre, il est nécessaire de poursuivre l’élaboration des plans d’aménagement en faveur des espèces de grande valeur. Pour les formations végétales non productrices de bois d’œuvre, l’aménagement doit se faire de façon participative avec les populations locales.
Recherche
Elle doit d’une part être poursuivie dans le domaine de la dynamique des formations ligneuses, de la phénologie, de reproduction des espèces menacées et d’autre part peut viser le domaine de la variabilité génétique intra-spécifique.
• Conservation in situ
Les aires protégées et les forêts classées existent pour la plupart depuis l’époque coloniale. Malheureusement, aucune évaluation des ressources génétiques forestières qui s’y trouvent n’a été faite. Par conséquent, les actions suivantes sont indispensables:
- redéfinition des limites des aires protégées et des forêts classées et réévaluation de leurs superficies réelles;
- redéfinition des objectifs assignés à ces aires protégées;
- évaluation de leurs ressources génétiques forestières par des inventaires.
• Conversation ex situ
Le pays ne dispose pas encore de centre de semences forestières, ni de service qui s’occupe desdites semences à l’instar des autres pays. Ainsi, le mode de conservation ex situ concerne les plantations artificielles d’espèces forestières exotiques, quelques collections d’herbiers et de petites collections vivantes. Il s’agit donc de:
- procéder à l’évaluation des espèces forestières en plantations artificielles et renforcer leur protection contre les risques naturels et anthropiques (feux de brousse, culture, pâturage, cueillette, etc.);
- augmenter le nombre de collections vivantes avec les espèces locales menacées;
- poursuivre les tests de reproduction des espèces prioritaires (germination, pépinière, plantation);
- domestiquer les fruitiers sauvages.
• Actions complémentaires
Les autres actions qui concourent à la conservation des ressources génétiques forestières en RCA sont les suivantes:
- enquêtes sur la consommation de bois de feux pour actualiser les données de consommation de bois énergie dans les grandes villes et en milieu rural en vue d’une utilisation économe de la ressource;
- amélioration des techniques culturales;
- recherche sur la phénologie, la reproduction, la répartition génétique des espèces prioritaires suivantes: Entandrophragma cylindricum, Aningeria altissima, Triplochiton scleroxylon, Dacryodes edulis et Vitellaria paradoxa.