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3.2 Projet FAO/CIRGP/PNUE sur les ressources génétiques pour l'amélioration de la vie rurale dans les zones arides et semi-arides

Ce projet a débuté en 1979. Ses principaux objectifs sont les suivants:

- recueillir des informations sur la distribution, la variation intra-spécifique et la biologie d'un nombre limité d'espèces d'arbres de zones arides/semi-arides;

- conserver et collecter du matériel génétique pour l'évaluation/détermination des caractères, l'objectif final étant d'assurer de façon continue une utilisation meilleure et plus rationnelle des ressources génétiques existantes vitales pour les communautés rurales en tant que fournisseurs de combustibles, de produits alimentaires, de fourrage, d'ombragé et d'abri dans les zones tropicales arides et semi-arides;

- aider à créer un réseau autonome de centres engagés dans la conservation et la collecte de semences d'espèces ligneuses polyvalentes pour les zones arides et semi-arides.

Les travaux ont été axés sur certaines espèces des genres acacia, eucalyptus et prosopis; ils ont consisté en exploration, collecte, conservation, évaluation et formation.

Les publications du projet ont été notamment les suivantes:

- Taxonomie des espèces d'acacias (publiée en A/F/E);
- Taxonomie des prosopis au Mexique, au Pérou et au Chili (publiée en A/F/E);
- Semences de prosopis de zone aride (publiée en A/F/E);
- Semences d'acacias de zone aride (publiée en A/F/E);
- Insectes prédateurs des semences d'acacia (publiée en A/F/E);
- Insectes prédateurs des semences de prosopis (publiée en A/F/E).

Il a également publié d'autres ouvrages dans ce domaine:

- Informations sur les ressources génétiques forestières (12 volumes publiés en A/F/E);
- Guide de la conservation in situ des ressources génétiques forestières (publié en A/F/E).

Le projet a participé à une réunion consacrée à l'étude complète du Prosopis tamarugo (arbre fourrager du désert) qui s'est tenue au Chili en mars 1984. Cet arbre est originaire du Chili (20000 ha plantés). Des spécialistes de la production et de l'utilisation des arbres fourragers dans les zones arides ont assisté à cette réunion.

3.3 Formation

Les principaux événements concernant la formation au cours des vingt dernières années ont été les suivants:

- rideaux-abris, URSS (1967);
- plantations de bois de feu, Sahel (1979);
- dunes de sable, Libye (1972);
- dunes de sable, Inde (1980);
- séminaire sur la forêt et la restauration des bassins versants dans les zones arides, Torremolinos, Espagne (septembre 1984).

Un cours de formation sur l'aménagement de la végétation ligneuse pour la production de bois de feu pour les pays du Sahel a été organisé au Mali en octobre 1985.

Un cours en français de formation de formateurs sur la stabilisation des dunes de sable et le boisement des terres arides financé par le DANIDA a eu lieu en Mauritanie en 1986 pour la région et repris au niveau national au Burkina Faso, au Niger et au Sénégal.

3.4 Manuels, matériel de référence, aides audiovisuelles

Les manuels suivants ont été établis:

- manuel sur l'utilisation des rideaux-abris dans les zones arides (en français);

- la forêt au service du développement rural et de la lutte contre la désertification dans les terres arides et semi-arides (financé par le PNUE, en français);

- manuel d'aménagement sylvopastoral;

- fixation des dunes de sable et boisement des terres arides (financé par le DANIDA);

- manuel pratique de la production et de l'économie des combustibles à base de bois en zone aride (pour la région soudano-sahélienne, en français);

- techniques de collecte de l'eau;

- techniques simples de lutte contre la désertification.

Des films fixes fondés sur les activités de terrain, au Maroc, au Cap-Vert, au Sénégal et au Soudan, ont été produits sur les sujets suivants:

- stabilisation des dunes de sable;
- lutte contre la désertification ("Le désert s'arrête ici");
- production de bois de feu dans les zones arides.

4. Bilan des réalisations et des besoins


4.1 Rôle et contribution de la forêt
4.2 Problèmes et besoins principaux


4.1 Rôle et contribution de la forêt

Lorsqu'on dresse le bilan de la contribution de la FAO au développement des zones arides, un certain nombre d'avancées réalisées par la foresterie, aussi bien dans le domaine des techniques que dans celui des concepts du développement, méritent une mention spéciale:

(i) la stabilisation des dunes mouvantes, même dans les zones qui reçoivent moins de 300 mm de précipitations annuelles, représente un succès notable. En certains endroits, d'anciennes zones de dunes fournissent aujourd'hui du bois de feu et un peu de bois rond, mais surtout la fixation des dunes a contribué et continue de contribuer à stopper l'avancée du désert et la détérioration des terres;

(ii) les programmes de conservation des sols et de l'eau par des moyens végétatifs-mécaniques ont contribué et contribuent à la conservation ou au rétablissement de la fertilité du sol et à un approvisionnement en eau propre et régulé;

(iii) la protection ou le rétablissement du couvert végétal a contribué et contribue à la production agricole et animale, grâce aux influences bénéfiques de la végétation sur le microclimat;

(iv) la foresterie est pour une grande part responsable du développement de la gestion de la faune sauvage. En même temps, elle contribue de façon importante à l'aménagement des parcs nationaux. Ces contributions ont aidé à promouvoir le tourisme et les loisirs dans le domaine de la chasse et de l'observation du gibier;

(v) compte tenu de sa grande expérience dans l'aménagement des terres, c'est la foresterie qui, des diverses disciplines d'utilisation des terres, a apporté la plus grande contribution conceptuelle à la planification du développement des zones arides Les concepts de conservation et les principes écologiques ne sont pas nouveaux pour elle. Cela fait des dizaines d'années qu'elle élabore et applique des principes d'utilisation multiple et de rendements soutenus.

4.2 Problèmes et besoins principaux

Au cours de l'exécution des activités de terrain, divers problèmes ont été rencontrés et doivent être pris en compte pour définir les actions futures. Ces problèmes sont les suivants:

Contraintes sociales et humaines

La lutte contre la dégradation des terres et la désertification est un effort à moyen et à long terme; or, on n'a pas fait grand chose pour convaincre les populations des zones arides que cette activité leur est bénéfique et plus rentable pour elles que la surexploitation des ressources existantes. C'est particulièrement vrai pour les ressources forestières et la législation en vigueur a souvent empêché la population rurale de participer à la conservation et à l'aménagement des ressources forestières.

Au plan de l'utilisation des ressources, il y a toujours eu conflit entre les activités pastorales et agricoles, ce qui a empêché l'intégration des activités d'élevage, agro-pastorales et sylvopastorales.

Contraintes écologiques

La sécheresse a été plus fréquente au cours des vingt dernières années, ce qui a gravement nui à la production alimentaire et animale dans de nombreux pays. À cause de ce phénomène, des superficies plus importantes ont été récoltées et les activités de réhabilitation (reboisement, conservation des sols, etc.) ont été difficiles à mettre en oeuvre.

Contraintes techniques

Les contraintes techniques les plus importantes sont les suivantes:

- les faibles rendements agricoles et animaux: le déboisement pour l'agriculture, le feu de brousse et le surpâturage sont toujours pratique courante;

- le faible pourcentage de plantations établies; le mécanisme de participation aux activités de plantation d'arbres, la concurrence dans le domaine de la main-d'oeuvre, la propriété foncière, la faible protection des plantations contre le pâturage, la distribution des bénéfices, les inventaires ... sont les principaux facteurs qui limitent le taux de boisement.

Formation

- La formation à tous les niveaux est un problème d'ordre général qui nécessite un effort d'urgence.

Financement

En dépit d'une sensibilisation croissante à la lutte contre la désertification, le financement reste très faible et n'est pas proportionné au problème. Il s'ensuit:

- une faible extension des programmes de boisement;
- un faible niveau d'infrastructure pour la formation et la recherche;
- une insuffisance de crédits pour les activités d'entretien.

2.2 Systèmes de production


1. Systèmes de production forestière
2. Systèmes sylvopastoraux
3. Agro-sylviculture
4. La faune sauvage
5. Lacunes et problèmes


1. Systèmes de production forestière

Les autorités responsables de l'utilisation des terres, en particulier forestières, sont unanimes à reconnaître la fragilité des écosystèmes dans les zones arides et semi-arides. Dans la pratique, en général, toutes les terres englobées dans les systèmes de production forestière sont en principe totalement affectées à la forêt à l'exclusion du défrichement et de l'agriculture. Dans certains pays (Australie, Maroc), il se peut que les terres boisées soient gérées dans le cadre d'un système de pâturage et, dans beaucoup d'autres régions, il y a souvent pâturage, délibéré ou illégal, dans les forêts naturelles.

Dans certains pays méditerranéens, le Maroc par exemple, l'éclaircie des peuplements de chêne kermes (Quercus ilex, Q. coccifera), conjuguée à l'amélioration des pâturages et une stricte maîtrise du pacage, peut améliorer la santé et la productivité des peuplements d'arbres tout en assurant la fourniture de bois de feu et de fourrage à partir de la couverture du sol et de la production de rejets du taillis. Dans la zone soudano-sahélienne, les savanes boisées ne fournissent pas seulement du fourrage pour le bétail, mais aussi du combustible, des matériaux de construction et de clôture, des outils, des matières premières pour l'artisanat ainsi que pour les médicaments. L'écorce de certaines espèces sert à fabriquer des cordes, les racines sont utilisées comme combustible, dans la production de charbon de bois, ou pour le revêtement des puits, etc.

La gamme des produits des systèmes naturels de production forestière varie d'une région à l'autre selon le type et la structure de la végétation ligneuse. Dans la région de la Méditerranée, Quercus suber est associé à Erica arborea, Myrtus communis, Phyllaria spp. Les produits obtenus sont notamment le liège, le bois de feu, le charbon de bois, le fourrage, le miel et les huiles essentielles extraites des buissons et plantes aromatiques. Dans le nord du Mexique, des communautés végétales naturelles dominées par l'Agave lecheguilla sont utilisées pour leurs fibres. Le Mali et le Niger entreprennent des travaux de pionniers en matière de développement de l'agro-foresterie pour le bois de feu et le bois d'oeuvre dans le contexte sahélien.

Les systèmes de production forestière en zone aride, qu'ils soient naturels ou artificiels, sont essentiellement exploités pour obtenir des produits primaires ou certains produits ligneux dits secondaires tels que bois de feu, pieux, poteaux, bois rond pour la construction, charbon de bois et bois de sciage ainsi que pour des produits autres que ceux du bois: extractifs, fruits, gommes, miels, huiles et résines. Les forêts aménagées, en particulier les forêts naturelles, peuvent donc contribuer de façon importante au bien-être des populations rurales dans les régions arides. Par ailleurs, les systèmes forestiers jouent un rôle important dans la limitation de l'érosion des sols, l'aide à la collecte de l'eau et la modification des micro-climats, ce qui permet une amélioration continue de l'agriculture et de l'élevage.

L'aménagement des terres boisées arides n'est généralement pas intensif, même dans les réserves forestières, et se limite pratiquement à des brûlis précoces, à des patrouilles de contrôle du pacage, à la récolte de bois de feu, à la fabrication de charbon de bois et à la prévention de l'empiètement agricole. Le revenu produit est très faible et la dégradation se poursuit en raison des nécessités opposées du pastoralisme, de la coupe du bois (essentiellement du bois de feu) et de l'agriculture. Si l'on veut stopper et inverser le phénomène de la dégradation écologique, il est indispensable d'aménager les ressources des zones arides afin d'assurer une utilisation polyvalente des ressources végétales et non de maximiser le rendement d'un produit donné et de risquer ainsi sa dégradation et sa destruction.

Des exemples d'aménagement intensif au Maroc et en Tunisie montrent qu'une action intégrée pour l'amélioration des ressources en fourrages, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur de la forêt, l'amélioration génétique du bétail (Syrie), la maîtrise du bétail au pâturage et l'application de principes sylvicoles pour éviter le surpeuplement et assurer la régénération peuvent être bénéfiques pour les ressources forestières et l'amélioration de leur productivité. L'application de la sylviculture et de l'aménagement forestier à la forêt de zone aride suppose une grande connaissance de son étendue et de sa composition. Des inventaires et des études écologiques ont été effectuées à cette fin en Amérique du Nord et sont actuellement en cours dans des pays comme le Maroc, et leur nécessité est reconnue en Australie et dans la plupart des pays du Sahel. L'application de mesures visant à assurer la conservation de la végétation ligneuse implique "une reconnaissance de la valeur de la forêt en liaison avec d'autres ressources agricoles et naturelles, la coopération des populations rurales et une réduction du fossé qui existe entre les institutions agricoles et forestières officielles et entre forestiers et agriculteurs sur le plan de la communication".

Dans les zones arides, l'effort de rétablissement des ressources forestières a porté principalement sur l'introduction de systèmes de production forestière artificiels qui, dans les zones à faible précipitation, sont souvent associés à des ouvrages de collecte de l'eau et de conservation des sols et de l'eau. Ces forêts et peuplements arboricoles artificiels prennent de nombreuses formes qui vont de la grande plantation pluviale, de la parcelle boisée, de la ceinture verte et du rideau-abri à la plantation irriguée serrée à gestion intensive, en passant par la plantation d'arbres à grands espacements fixes ou variables sur des terres agricoles.

Les espèces d'arbres exotiques telles qu'Eucalyptus, Acacias australiens résistant à la sécheresse, Prosopis spp. et Casuarina ont souvent joué un rôle prédominant dans ces plantations. Cependant, dans de nombreux pays du Sahel, dans la région méditerranéenne et dans le sous-continent indien, on a aussi beaucoup utilisé des espèces locales ou régionales à croissance plus rapide, aussi bien conifères que feuillus.

Les techniques de multiplication en pépinières et de création de plantations pluviales semblent remarquablement analogues quelles que soient les régions. Les pépinières utilisent généralement des sujets en mottes emballées dans des sacs en polyéthylène noir ou transparent de 10 à 7 cm de diamètre, 30 à 22 cm de longueur et 0,05 à 0,08 mm environ d'épaisseur, disposant de nombreux orifices de drainage dans le tiers inférieur. Les graines sont généralement semées directement dans des pots où on les fait pousser pendant cinq mois à un an ou plus selon l'espèce et les conditions climatiques. Lorsque la semence est fragile, rare et/ou coûteuse, les semis peuvent être faits en cassettes ou en plates-bandes et repiqués dans des pots. En Inde, et surtout au Pakistan, certaines espèces, notamment Dalbergia Sissoo, Albizzia lebbek, Morus alba, Melia azaderach et Salmalia malabarica sont cultivées en plates-bandes et repiquées à l'état de stumps. On utilise souvent mais certainement pas toujours un ombrage généralement fait de matériaux naturels: feuilles de palmier, branchages ou tiges de roseaux telles que Arundo donax.

On empêche souvent la croissance des mauvaises herbes en étalant des bâches de polyéthylène noir sous les planches où sont disposés les pots, soutenues par des murets en briques, attachées à l'aide de fils métalliques à des piquets ou placées souvent dans des excavations rectangulaires creusées dans le sol.

Les terres utilisées dans les pots comprennent différents mélanges de terre, de sable et de fumier de ferme compostés, rarement additionnés d'engrais Dans certaines régions, des mottes de terre séchées au soleil sont confectionnées à partir d'argiles sélectionnées mélangées à de la paille coupée, le tout étant pressé et utilisé ensuite comme conteneurs (Maroc)

L'arrosage se fait par rigole d'irrigation, par arrosoir, par tuyau d'arrosage tenu à la main ou (rarement) par système d'irrigation par aspersion; dans ce dernier cas, la quantité est de 1,5 à 2,0 litres par m2 et par jour pour chaque planche.

Compte tenu cependant des dépenses que cela implique, des recherches sont actuellement faites sur le semis direct: P. halepensis et P. brutia (Syrie et Pakistan). Dans ce dernier cas, il a été procédé avec succès à un semis bon marché sur une plaine d'inondation immédiatement après une crue importante, mais cette opération a été difficile à reproduire et un semis aérien sans une préparation intensive du site et le choix précis du moment semble voué à l'échec. En terrain irrigué cependant, on effectue normalement des semis en placeaux de semences d'arbres prétraitées (Acacia et Prosopis) le long des canaux d'irrigation.

Les plantations dans les champs sont presque toujours précédées du creusement de grands trous de 30x30x30 cm à 50x50x50 cm, associés à des banquettes de niveau, à la formation de "gradonis" ou de billons en chevrons ou en demi-lune pour retenir l'eau. Si le site est préparé mécaniquement, il est défoncé en profondeur en ligne ou le long de terrasses préparées et des trous de plantation sont pratiqués le long de la ligne défoncée. L'espacement des arbres varie beaucoup, mais est généralement assez grand: 3 m ou plus pour obtenir entre environ 1100 et 100 arbres au moins à l'hectare (en association avec des ouvrages de conservation du sol et de l'eau).

Le désherbage ultérieur est extrêmement important pour la survie et la croissance des arbres, en particulier en culture pluviale, et peut représenter environ 17 à 18 pour cent des coûts (Maroc).

Les grandes plantations irriguées impliquent des travaux coûteux de terrassement (nivelage et creusement de caniveaux pour une bonne distribution de l'eau). L'apport d'abondantes quantités d'eau (normalement six fois pendant la première saison, du 15 avril au 15 octobre - Pakistan) permet le semis direct, la plantation de stumps (Morus spp., Melia spp., etc. - Pakistan) et de boutures (Populus spp. - Syrie) ainsi que l'utilisation des plants en conteneurs habituels (E. microtheca - Soudan). À l'heure actuelle, les plantations irriguées couvrent en Syrie environ 4000 ha, au Pakistan environ 80000 ha et au Soudan environ 39000 ha. On a aussi utilisé dans certains cas pour l'irrigation des eaux usées telles quelles (Soudan, Irak) ou sous forme diluée (Égypte, Syrie, Irak). On a également utilisé des eaux saumâtres mais à plus petite échelle, en particulier dans les États du Golfe. Pendant ce temps, des travaux sont en cours en Australie pour identifier et reproduire des variétés particulièrement résistantes au sel de E. camaldulensis et d'autres eucalyptus.

À l'exception des plantations irriguées et de quelques exemples de plantations pluviales, le rendement des systèmes de production forestière artificielle en zone aride a généralement été très faible, ne dépassant pas 5 m3/ha/an. La majorité de ces systèmes artificiels étant généralement des monocultures, une large gamme de produits secondaires (denrées alimentaires, fourrages, médicaments, etc.) sont perdus pour les utilisateurs locaux et l'aménagement de la végétation ligneuse naturelle doit être considéré comme une solution de remplacement durable et moins onéreuse que la création de forêts artificielles. Pour cela, il faut s'assurer la collaboration des utilisateurs locaux des terres. Il semble qu'on n'ait pas encore fait grand, chose dans ce sens dans les zones arides et semi-arides.

2. Systèmes sylvopastoraux

Le pastoralisme est la principale utilisation des terres dans les zones arides qui ne conviennent pas à la culture vivrière. Dans ces régions, le bétail se nourrit de brout dans les saisons sèches des zones tropicales et subtropicales les plus arides. Au Sénégal, par exemple, la nourriture du bétail est constituée à 25% de fourrage aérien, montant jusqu'à 45% à la fin de la saison sèche. Dans les savanes brésiliennes les plus sèches, 60% du fourrage proviennent de légumineuses arbustives et arborescentes.

Dans les zones arides de l'Afrique du Nord, la production d'arbustes chamaephytes comme Artemisia herba alba, Rhanterium suaveolens et Helianthemum lippii représente la majeure partie de la production fourragère, c'est-à-dire 60 à 80% ou 50 à 90% exprimée en kg de matière sèche (MS)/ha/an. La production totale des steppes d'Afrique du Nord varie de 5 à 9,5 kg de MS/ha/an pour chaque millimètre de précipitation, la moyenne étant de 2 kg de MS comestibles à l'hectare pour chaque millimètre de précipitation. En Amérique du Nord, les arbustes des parcours du désert du "Great Basin" fournissent 50 à 70% de l'alimentation des ovins et 40% de celle des bovins qui y pâturent l'hiver. Dans la zone du Sahel, une douzaine d'espèces d'acacias fournissent du fourrage, à laquelle s'ajoutent plus de 30 autres espèces. Ces arbustes et ces arbres sont extrêmement utiles. En fait, l'élevage ne serait probablement pas possible sans eux en bien des endroits En saison sèche, ils fournissent du fourrage vert (feuilles, fleurs et fruits) souvent riches en protéines, en vitamines et en minéraux précieux. Partout où ces arbustes et ces arbres sont absents, les animaux n'ont pour se nourrir que la paille peu nutritive des graminées annuelles locales La méthode classique d'aménagement de ces systèmes est toujours le pastoralisme libre, où domine l'utilisation du feu de brousse ou l'ébranchement des arbres et des arbustes à hauteur d'homme

Les exemples ci-dessus montrent que le pastoralisme à l'état pur dans les régions arides se trouve modifié lorsqu'il dépend de la biomasse verte et des fruits tirés de la végétation ligneuse souvent aménagée dans une certaine mesure Lorsque la terre est utilisée à la fois pour la foresterie et l'élevage, le système mixte peut être classé comme sylvopastoral.

Les systèmes sylvopastoraux artificiels comprennent la plantation d'espèces ligneuses convenant au broutement en peuplement pur ou en association avec une couche d'herbacées ou de graminées. Parmi les espèces les plus fréquemment cultivées, on trouve Opuntia ficus indica. Des plantations de cactus inermes destinés au broutement couvrent plus de 300000 ha au nord-est du Brésil; près de 200000 ha en Afrique du Nord; 100000 ha en Sicile, dans le sud-ouest de Madagascar, au Mexique et au Texas. Le caroubier dans la zone méditerranéenne est aussi à mentionner ainsi que divers acacias australiens dans différents pays, en particulier autour de la Méditerranée, l'espèce Atriplex dans plusieurs zones arides méditerranéennes et d'Amérique du Nord et du Sud et les espèces Haloxylon, Prosopis cineraria, Zizyphus mauritiana et Calligonum dans les zones arides d'Asie; les espèces Prosopis et Parkinsonia en Amérique du Sud (Chili), en Inde et enfin les acacias africains, en particulier Faidherbia albida, A. senegal, A. tortilla, A. nilotica.

L'aménagement de ces plantations dépend de beaucoup de facteurs, notamment l'espèce, la nature de la production (fruits ou feuilles), la nature de l'utilisation (cueillette par l'homme ou broutement direct par les animaux, ou solutions mixtes telles que taille, étêtement, élagage, etc.), et bien entendu du point de savoir si le système de production est semi-sédentaire, extensif ou intensif. Des espèces comme F. albida font l'objet d'une utilisation mixte (fruits, feuilles et bois). La plupart des espèces (Atriplex, Acacia) sont broutées directement. D'autres font l'objet d'une utilisation mixte (coupe et alimentation à l'étable, comme dans le cas des cactus inermes). L'intensité de ces pratiques et les intervalles auxquels elles ont lieu n'ont pas été étudiés de façon systématique pour optimiser l'aménagement. On n'a pas non plus étudié la meilleure combinaison d'arbres, d'arbustes et de plantes herbacées dans diverses zones écologiques. Par ailleurs, on connaît insuffisamment la variabilité génétique des principales espèces, leur biologie et leurs réactions à diverses méthodes d'aménagement telles que la taille, l'ébranchement, l'émondage et le rabattage.

L'utilisation du feu comme moyen d'aménagement semble plus courante dans les zones semi-arides moins peuplées du Brésil (Cerrado), du sud-ouest des Etats-Unis et d'Australie. Un brûlage contrôlé est utilisé pour réduire la couverture végétale ligneuse, renouveler la croissance des graminées et lutter contre les ravageurs (serpents, tiques, insectes). Son utilisation pour l'amélioration de la composition de la couverture végétale herbacée est, dit-on, discutable. Dans les terres boisées semi-arides peu peuplées (Australie), des feux spontanés peuvent être produits par des causes naturelles (foudre) et causer des dommages à la fois à la végétation et au bétail. Ce type de feu est peu courant dans les terres plus pâturées des pays en développement et le feu est presque toujours le fait de l'homme. Ses effets sont nuisibles car il aggrave les effets de sécheresse sur la végétation lorsqu'il se produit pendant les périodes les plus sèches de l'année. On cherche à se protéger contre les feux spontanés et les pays sahéliens ont constaté qu'il était nécessaire d'instituer un système de classement des risques d'incendies pour aider à déterminer les périodes de feu contrôlé et mobiliser le personnel et le matériel de lutte contre l'incendie. Les feux posent aussi un problème grave dans le contexte méditerranéen semi-aride.

L'Afrique et le Proche-Orient ont mis en place des réseaux de coupe-feu et de routes dans les zones forestières à titre de protection. La nécessité d'un aménagement intensifié de lutte contre les feux de forêt et tout ce que cela implique (prévention, détection et extinction des incendies) est essentielle dans de nombreuses zones arides et semi-arides.


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