Table des matières - Précédente - Suivante


5.3 Systèmes sylvopastoraux

Des arbres et arbustes fourragers ont été plantés avec succès sur plusieurs milliers d'hectares, en particulier dans les zones arides et montagneuses. Ces plantations pourraient être étendues dans le cadre de stratégies de lutte contre la sécheresse qui visent à maintenir un certain équilibre entre les besoins du bétail et les produits d'alimentation animale pendant des périodes sèches prolongées. Ceci exige des connaissances et une expérience supplémentaires dans les domaines suivants:

- l'examen, l'analyse et la communication de l'expérience disponible concernant les systèmes sylvopastoraux en zones arides;

- le développement de plantations et de méthodes de régénération peu coûteuses;

- les techniques d'établissement de haies vives;

- la reproduction et l'amélioration génétique afin de préparer du matériel à haut rendement en biomasse;

- les méthodes d'évaluation de la production primaire et de suivi des systèmes sylvopastoraux;

- la détermination des intensités et méthodes non destructives d'émondage des arbres et arbustes;

- la création de "réserves" de fourrage sous forme d'arbres et arbustes fourragers pour les périodes prolongées et imprévues de sécheresse.

5.4 Systèmes de production agro-sylvopastoraux

Les technologies améliorées d'agro-foresterie évoluent en raison surtout du grand intérêt manifesté pour cette forme intégrée d'aménagement des terres, mais il faut les raffiner et les valider sur site avant de pouvoir les incorporer dans des programmes opérationnels.

Des informations sont nécessaires sur toute une série de questions, notamment la culture en layons, la jachère améliorée et les espèces polyvalentes. Concernant les espèces, on a suggéré les orientations suivantes pour les recherches:

a) espèces supportant un grand espacement initial;

b) espèces qui s'élaguent naturellement ou qui supportent un fort élagage;

c) espèces forestières qui protègent le sol de l'érosion sans pour autant réduire les niveaux d'énergie sur le sol forestier au point d'empêcher la croissance des cultures agricoles;

d) espèces forestières ayant un faible rapport section houppier/section fût;

e) espèces forestières supportant une ombre verticale ou latérale au début de leur croissance, c'est-à-dire au stade du baliveau.

5.5 Systèmes de production de la faune sauvage

En dépit des efforts considérables déployés par certains pays pour développer les ressources de la faune, celle-ci est partout menacée par les pasteurs nomades, le surpâturage, la culture itinérante et les feux de brousse. Un certain nombre d'activités sont proposées pour améliorer l'aménagement des ressources de la faune sauvage:

- création au plan national de groupes de travail et commissions interorganismes pour identifier et analyser les espaces naturels prioritaires;

- planification, aménagement, organisation et administration des différents types d'espaces naturels;

- sélection et préparation de plans d'aménagement et de développement à intégrer dans les plans et budgets nationaux, les circuits touristiques, les activités dans les domaines de l'emploi et de l'intégration rurale;

- établissement d'études de faisabilité et de projets pour le développement et la gestion de la faune sauvage, des espaces naturels et des parcs nationaux (y compris des projets basés sur le tourisme axés sur la faune sauvage);

- système régional (ou transnational) coordonné de parcs nationaux et de réserves équivalentes;

- études de domestication du gibier, d'élevage intégré en ranching de bétail et de gibier.

5.6 Aspects socio-économiques et institutionnels

La désertification tient à des problèmes socio-économiques et environnementaux complexes qui exigent pour être résolus des approches et des programmes d'action multidisciplinaires intégrés. Un certain nombre de contraintes communes empêchent les actions correctives efficaces et elles doivent être prises en compte en premier lieu lorsqu'on veut déterminer les moyens physiques de lutter contre la désertification. Ces contraintes sont surtout les suivantes:

- manque de modèles économétriques permettant d'analyser l'efficience des différents systèmes de production;

- connaissance insuffisante des gains économiques, des avantages et des coûts directs, des coûts d'opportunité et des facteurs extérieurs;

- sous-exploitation, dans de nombreux cas, des économies monétaires dans les communautés rurales;

- connaissance insuffisante des possibilités de débouchés extérieurs aux communautés rurales;

- absence de dispositifs institutionnels permettant de planifier, de financer et de gérer les systèmes de production et en particulier les systèmes agro-forestiers;

- planification insuffisante ou incomplète; nécessité d'informer les décideurs et autres que de longues périodes de protection sont souvent nécessaires pour obtenir des rendements notables et les résultats souhaités; c'est le cas en particulier pour les systèmes agro-forestiers; difficultés de communication et différences de mentalité entre les administrateurs techniques et les populations rurales; conflits juridiques, en particulier fonciers;

- éducation et formation, qui sont trop souvent calquées sur des "modèles occidentaux" inadaptés aux zones arides.

2.3 Conservation et restauration


1. Introduction
2. Lutte contre l'érosion éolienne
3. Aménagement des bassins versants
4. Collecte de l'eau
5. Restauration et remise en végétation des terres
6. Remise en état des environnements salins
7. Conservation de la faune sauvage
8. Conservation des ressources génétiques
9. Problèmes et lacunes


1. Introduction

La dimension de l'action de conservation et de restauration dans les terres arides et semi-arides varie beaucoup selon la situation locale. On peut appliquer les approches suivantes dont certaines se renforcent mutuellement pour atteindre des objectifs d'exploitation rationnelle:

- aménagement du territoire: zonage et intégration des diverses utilisations de la terre de façon à assurer une production optimale de biens et de services à partir des ressources en terre;

- mesures préventives: pour maîtriser le pacage, lutter contre le déboisement et la mauvaise utilisation de la biomasse et se prémunir contre les incendies et les ravageurs;

- création de zones protégées: pour la conservation in situ des ressources génétiques, pour les parcs nationaux et de loisirs, pour la gestion de la faune sauvage, pour des buts scientifiques;

- système d'aménagement: aménagement des parcours et des systèmes sylvopastoraux, aménagement des bassins versants, régénération naturelle et gestion des forêts, élevage de faune sauvage, lutte contre l'incendie et utilisation de feux contrôlés;

- restauration du couvert végétal: introduction d'arbustes et d'arbres pour la production de bois de feu et de fourrage, de bois d'oeuvre pour les besoins ruraux et pour accroître la protection, l'ensemencement aérien, la création de ceintures vertes autour des peuplements humains;

- régénération des terres: restauration des bassins versants, maîtrise des torrents et des ravines, mesures mécaniques et biologiques de lutte contre le ruissellement et pour favoriser l'infiltration dans les terres dégradées, maîtrise des sédiments des terres stériles et des zones très érodées, là où ces mesures ont une justification économique (protection des peuplements humains, de l'infrastructure, des ressources hydriques et de terres arables précieuses);

- soutien de l'action forestière aux terres agricoles: brise-vent, rideaux-abris, bosquets, systèmes agro-forestiers, introduction d'arbres polyvalents, d'arbres fourragers et d'espèces à bois de feu, introduction d'espèces fixant l'azote;

- récupération de terres: stabilisation des dunes de sable (côtières et continentales), récupération des sols salins, des marais;

- lutte contre l'avancée du désert: stabilisation des dunes de sable menaçant les oasis, les terres arables et l'infrastructure et création de rideaux-abris à grande échelle (par exemple en Chine, en Algérie, au Nicaragua, en URSS);

- conservation et collecte de l'eau: maîtrise des phréatophytes, manipulation de la végétation en vue d'accroître le rendement en eau, distribution de l'eau, dispositifs favorisant l'alimentation et le stockage des eaux souterraines, techniques de récupération de la rosée, paillage et autres techniques visant à réduire les pertes par évaporation sur les terres arables et les eaux de surface.

Nous résumerons ci-après des synthèses thématiques de certains des principaux outils et techniques les plus courants employés dans les programmes qui concernent la restauration et la conservation des terres arides.

2. Lutte contre l'érosion éolienne

Rideaux-abris et brise-vent offrent plusieurs avantages, notamment la protection contre l'érosion éolienne et la dérive des sables, la production de bois de feu ou de poteaux, des lieux de refuge de la faune sauvage et des avantages esthétiques et microclimatiques pour l'homme. Mais leur avantage le plus important réside dans l'accroissement des rendements des cultures et de l'élevage.

D'une façon générale, toutes les informations dont on dispose prouvent l'utilité des rideaux-abris dans le climat méditerranéen. Dans la zone soudano-sahélienne, les quelques mesures et observations existantes tendent à indiquer que les rideaux-abris nuisent aux cultures pluviales. En revanche, les rares mesures biologiques et microclimatiques effectuées fournissent des données encourageantes sur l'effet favorable des rideaux-abris dans les zones irriguées. Force est toutefois de conclure que pour la culture pluviale, il faut trouver d'autres moyens pour lutter contre l'érosion éolienne. La symbiose entre l'agriculture et les arbres semble être un moyen potentiel de réduire la vitesse du vent et d'améliorer le microclimat local.

Dans le cas de l'érosion éolienne et de la stabilisation des dunes, plusieurs pays ont lancé des programmes de stabilisation des dunes qui comportent des objectifs de fixation des dunes, de boisement et d'obtention de biens tels que le bois de feu.

Jusqu'à présent, les actions de maîtrise des dunes ont essentiellement eu pour base une expérience acquise par tâtonnement en quelques points des régions arides. Bien que plusieurs pays aient entrepris d'importants programmes de stabilisation des dunes, il reste encore beaucoup à apprendre sur le plan des données scientifiques essentielles et de la technologie. On ne sait pas grand chose par exemple des espèces végétales spécifiques qui conviennent le mieux pour les diverses niches écologiques des dunes, bien que la recherche nous ait enseigné que les conditions écologiques des dunes sont très diverses. De ce fait, quelques espèces seulement sont généralement utilisées. Les connaissances relatives aux rapports végétaux-sable-eau et à d'autres questions physiologiques sont rares. Personne ne semble être très renseigné sur la question de l'hydrologie et des eaux souterraines par rapport au boisement des dunes. Des plantations de 30 ans sur des dunes commenceraient-elles à "extraire" toute l'eau capillaire et souterraine et s'engageraient-elles ensuite dans un processus de mort lente? D'un point de vue pratique, on pourrait encore en apprendre beaucoup sur des méthodes plus économiques de fixation, de meilleurs plans d'aménagement à long terme, la lutte contre les ravageurs et les maladies, les méthodes de culture en pépinière/de plantation, les systèmes sylvicoles, le développement génétique et les espèces polyvalentes. Le boisement des dunes, "domaine d'âge encore infantile" de la foresterie, en est encore à la période de tâtonnement et a besoin d'une base scientifique bien meilleure.

3. Aménagement des bassins versants

Les relations hydriques dans les zones arides sont beaucoup plus déterminantes pour plus de gens que dans les zones humides. L'eau se trouve toujours dans un équilibre précaire dans des écosystèmes arides, et cet équilibre est rompu par l'homme et le bétail à des vitesses alarmantes. Plus important encore peut-être est la perte par érosion de la terre des retenues qui ne constituent pas seulement le principal moyen de maîtriser le débit de l'eau des bassins versants amont, mais servent surtout de base à la production de ressources renouvelables dans ces bassins versants.

Il faut donc évidemment modifier les schémas actuels d'utilisation des terres dans les bassins versants des régions arides afin de ne pas pousser les rapports fragiles entre l'eau et le sol au-delà de leurs limites. À mesure que la population humaine et animale des zones arides augmente et que la qualité de la terre sur laquelle elle vit diminue, les effets nocifs du surpâturage, du déboisement et d'une agriculture inadaptée continueront de se faire sentir si l'on ne trouve pas des solutions pratiques. Ces solutions pourraient tenir compte entre autres des rapports physiques et socio-économiques entre l'amont et l'aval.

Le but de l'aménagement des bassins versants est de comprendre les relations hydrologiques, écologiques et humaines puis d'appliquer cette connaissance à la remise en état des zones dégradées, à la conservation de l'eau, du sol et des autres ressources naturelles et à l'amélioration de l'utilisation des terres afin d'accroître la productivité à long terme. Les efforts d'aménagement se rencontrent le plus souvent dans les bassins versants qui figurent dans des programmes de développement hydrique et de protection des ressources en eau dans les zones où le bilan hydrique est déficitaire. Dans la plupart des cas, la restauration des bassins versants est justifiée pour réduire la sédimentation et empêcher l'ensablement des retenues, des captages, des voies d'eau et des ports et éviter une réduction de la durée de vie de ces infrastructures. Partout où les peuplements humains, les terres arables sous culture intensive et les installations touristiques sont menacés par des crues subites et des coulées de boue, comme c'est le cas couramment dans de nombreux environnements méditerranéens, des investissements importants peuvent se justifier afin de stabiliser les pentes, maîtriser les torrents et stabiliser le lit des rivières. En revanche, dans les zones peu peuplées où la dégradation du couvert végétal et le surpâturage ont altéré le système sol-eau-végétaux, il y a lieu d'adopter des mesures extensives et peu coûteuses pour atténuer les effets en aval. L'accroissement du rendement hydrique peut être une nécessité lorsque les ressources en eau pour les besoins humains ou pour la production vivrière sont rares; il existe cependant des recherches très limitées (États-Unis, Israël, Australie, Inde) sur les techniques de manipulation de la végétation et sur les mesures mécaniques ou chimiques destinées à réduire les pertes par évapotranspiration sans abaisser la qualité de l'eau.

Les technologies de base nécessaires pour aménager les bassins versants dans les divers types de situation sont connues. Il existe cependant une difficulté: faire accepter par la population locale les mesures de conservation qui nécessitent des approches participatives de la planification et de l'exécution des opérations d'aménagement des bassins versants.

4. Collecte de l'eau

De nos jours comme dans un passé récent, la mise en valeur des ressources en eau des régions arides est axée sur des projets de grande irrigation. Ces projets offrent cependant peu d'avantages directs pour le petit exploitant agricole ou le nomade qui doivent survivre dans les contraintes de leur environnement sans bénéficier de nouvelles technologies adaptées à leurs besoins. Heureusement, la collecte de l'eau est l'une des méthodes d'amélioration des conditions d'existence de ces populations.

Le but de la collecte de l'eau est soit d'augmenter les ressources en eau existantes, soit de fournir de l'eau là où il n'existe pas d'autres sources ou lorsque les coûts d'une mise en valeur sont prohibitifs. Il s'agit de fournir de l'eau en quantité et en qualité suffisantes pour l'utilisation prévue.

Un système de collecte de l'eau consiste essentiellement en une surface de captage, qui peut être constituée de surfaces naturelles ou artificielles ou d'une combinaison des deux et en une installation de stockage de l'eau. Il existe, comme on peut s'y attendre, de nombreuses configurations possibles. La stratégie retenue dépend d'un certain nombre de contraintes, telles que:

- la quantité et la qualité de l'eau nécessaire pour satisfaire les besoins;
- la quantité, la répartition saisonnière et la variabilité des précipitations;
- les matières premières, la main-d'oeuvre et l'équipement disponibles;
- les dispositions à prendre pour l'entretien;
- l'acceptation de la communauté locale.

De nombreux systèmes de collecte de l'eau ont été installés dans les régions arides du monde. Bien que nombre d'entre eux en soient au stade expérimental, la plupart ont été des succès. On peut en trouver des exemples au Mexique, en Inde, en Iran, au Pakistan, en Australie et aux États-Unis et d'autres sont actuellement planifiés et exécutés ailleurs.

Un aspect connexe de la collecte de l'eau encore tout nouveau est la collecte de la rosée, qui constitue une importante source d'eau dans des zones comme le désert d'Atacama.

5. Restauration et remise en végétation des terres

La restauration des terres arides dégradées et de leur couverture végétale est indispensable pour accroître la production vivrière, non seulement répondre aux besoins de la population actuelle de 300 à 600 millions de personnes, mais aussi pour les populations futures prévues. Spécifiquement, la restauration et la remise sous végétation des terres répondent aux objectifs suivants:

- protéger le sol de l'érosion par l'eau et par le vent et, par conséquent, préserver sa fertilité;
- protéger les bassins versants et les cours d'eau pour obtenir un débit régulier d'eau de bonne qualité;
- stabiliser les sables et les dunes;
- accroître les ressources végétales en combustible, en matériaux de construction, en fourrage, en produits alimentaires et autres produits utilisés par l'homme.

En général, la majorité des pays des zones arides ont adopté des politiques de restauration et de revégétation des terres. Dans la plupart des cas, des intentions de protection, de conservation et de mise en valeur des ressources naturelles sont nettement affirmées, mais la traduction des politiques en action pose un problème majeur. Il existe généralement des contraintes biologiques et socio-économiques.

La plupart des technologies de remise en état des terres et de régénération du couvert végétal sont connues, du moins dans leur sens large. On se heurte cependant à des difficultés pour les extrapoler à des contextes particuliers. Les quantités de matières premières, de main-d'oeuvre et d'équipement mécanique disponibles peuvent être limitées, comme peuvent l'être l'acceptation par la population des technologies proposées et son aptitude à appliquer les mesures correspondantes. Quoi qu'il en soit, les conséquences d'une non imposition des "actions correctives" nécessaires sont clairement mises en lumière par plusieurs études de cas.

6. Remise en état des environnements salins

Une forme particulière de remise en état des terres consiste en la réhabilitation des environnements salins. On a estimé que près de 10 pour cent de la superficie des terres mondiales sont salinisées. Heureusement, grâce à des technologies appropriées, un grand nombre de ces terres, source d'érosion et de désertification, peuvent être transformées en des zones qui produisent du fourrage, du combustible et d'autres produits très utiles.

Les solutions qui faisaient appel à l'ingénierie et qui étaient les piliers des programmes de remise en valeur dans le passé ne sont souvent pas satisfaisantes, compte tenu du manque d'eau, des coûts élevés, de la pénurie de matériel et des problèmes techniques. Une autre solution consisterait à cultiver des végétaux présentant une tolérance suffisante au sel ou a l'alcali pour résister dans les contextes existants sans nécessiter de travaux de remise en état. On s'intéresse de plus en plus aux végétaux qui présentent une grande tolérance au sel pour leur culture sur les sols salinisés ou pour l'irrigation à l'eau salée.

Pour pouvoir remettre en état les environnements salins, il faut y installer un couvert végétal. Selon le cas, celui-ci peut être constitué d'herbe, d'arbustes ou d'arbres. Dans les cas graves, il peut être nécessaire d'utiliser des espèces "pionnières" pour améliorer suffisamment le site afin que des végétaux plus souhaitables puissent s'y installer. Dans tous les cas, il faut d'abord procéder à un tri sérieux des plantes en fonction des critères d'adaptation.

Pour réussir, il faut aussi choisir une méthode appropriée de mise en place et prévoir une gestion rationnelle de la ressource nouvelle. Il existe des méthodes recommandées de remise en état, mais elles sont générales et il peut être nécessaire de les adapter à une zone particulière. Les études de cas effectuées en Éthiopie, en Irak, au Pakistan et dans l'ouest de l'Australie montrent que dans beaucoup de zones arides, les halophytes utilisées dans les programmes de remise en valeur peuvent servir de pâturage au bétail. Les expériences de pâturage en milieu salin se poursuivent cependant afin de déterminer les pratiques d'aménagement des parcours les plus appropriées. D'autres utilisations des végétaux résistant au sel ou à l'alcali sont également à l'étude.

7. Conservation de la faune sauvage

La faune sauvage des zones arides a récemment suscité une attention croissante, mais quelques pays seulement des régions arides figurent sur la liste des parcs nationaux et réserves équivalentes établie par les Nations Unies en 1974. Les informations sur les exigences écologiques de la faune indigène sont rares et dispersées. Peu d'études ont été faites sur la répartition, la reproduction et l'utilisation potentielle de la faune sauvage.

Parmi les obstacles à la mise en valeur des ressources des régions arides et semi-arides dans le domaine de la faune, on peut citer la détérioration de l'habitat, souvent associée à l'expansion démographique et aux changements de modes d'utilisation des terres, l'utilisation croissante des pesticides qui menace l'existence de certaines espèces d'oiseaux et de mammifères, le braconnage et l'exploitation à des fins commerciales. Par contre, les régions arides semblent offrir d'excellentes possibilités de diversifier le revenu rural en améliorant la gestion des parcs nationaux et des ressources en faune sauvage.

8. Conservation des ressources génétiques

On ne saurait trop insister sur l'importance de la sélection végétale et animale pour le développement des zones arides. Des programmes de reproduction végétale nécessiteraient l'introduction d'un nouveau plasma germinatif afin de mettre au point des variétés et des races résistant à la sécheresse, indépendamment d'autres caractéristiques souhaitables telles que haut rendement, comestibilité pour les animaux, faible valeur en tant que combustible (contre les feux) et résistance aux ravageurs et aux maladies.

Les progrès qu'il est possible de réaliser sont fonction de la disponibilité d'une grande variété génétique qui existe dans la flore et la faune naturelles des zones marginales. Mais cette variété disparaît rapidement. Il faut donc coordonner l'action au niveau régional pour préserver la diversité génétique des espèces végétales et animales, par la mise en place de collections génétiques et d'échanges de matériel génétique.

9. Problèmes et lacunes


9.1 Généralités (*)
9.2 Rideaux-abris et brise-vent
9.3 Stabilisation des dunes
9.4 Aménagement des bassins versants
9.5 Collecte de l'eau
9.6 Restauration des terres
9.7 Remise en valeur des milieux salins
9.8 Reconstitution du couvert végétal et gestion de la végétation naturelle
9.9 Boisement
9.10 Faune sauvage, espaces naturels et parcs nationaux


On trouvera dans les paragraphes qui suivent une présentation de quelques-uns des principaux problèmes qui concernent la contribution de la forêt à la restauration et à la conservation de l'environnement aride. Les principales lacunes aussi bien dans le domaine des connaissances que dans celui de l'action sont également définies en vue de promouvoir la recherche et la coopération pour le renforcement des programmes de terrain, pour inclusion éventuelle dans le plan d'action.

9.1 Généralités (*)

(*) Ces problèmes pourront aussi être envisagés lors de l'examen des aspects institutionnels.

Comme on l'a indiqué dans l'introduction, il existe toute une diversité d'approches du problème, qui peuvent se compléter mutuellement. Certains points essentiels à discuter sont les suivants:

- quelle doit être la stratégie de planification et de développement coordonné d'une telle action étant donné: (i) que la plupart des pays ne possèdent pas un cadre institutionnel approprié; (ii) qu'il faut élaborer des plans coordonnés de lutte contre la désertification qui mettent en lumière le rôle de la foresterie; (iii) que les ressources nécessaires en termes de main-d'oeuvre qualifiée, de financement, etc.. pour mettre une action en oeuvre sont rares;

- quelles sont les approches qu'il convient de privilégier, selon les diverses situations écologiques et socio-économiques, compte tenu de critères tels que: (i) le rapport coût-efficacité; (ii) la contribution effective à la lutte contre la désertification et au renforcement de la production et de la protection; (iii) les niveaux locaux de savoir-faire et les techniques traditionnelles que l'on peut privilégier;

- comment les paquets technologiques visant la conservation et la restauration doivent-elles être conçues pour: (i) susciter l'intérêt des milieux politiques et mobiliser les ressources financières; (ii) être attrayantes pour la communauté locale et assurer sa participation; (iii) avoir des effets à court terme et visibles en arrêtant la dégradation de l'environnement;

- comment faut-il concevoir l'application: (i) à grande échelle; (ii) limitée à des zones de démonstration; (iii) sélection de villages/bassins versants/districts pilotes; (iv) insertion dans un programme de travaux publics; (v) au travers d'une participation de la communauté locale.

9.2 Rideaux-abris et brise-vent

Dans ce domaine, quelques questions particulières appellent un examen:

- quelle est l'efficacité de la mise en place de rideaux-abris à grande échelle pour lutter contre la désertification et accroître la productivité sur la base de l'expérience acquise (URSS, Chine, Algérie, Nicaragua, Sénégal);

- les rideaux-abris sont-ils dans certains cas nuisibles aux cultures pluviales? Des brise-vent doivent-ils être plantés le long de canaux non revêtus?

Certains aspects paraissent nécessiter des études et des recherches complémentaires:

i) essais de diverses espèces (et combinaisons d'espèces) pour différents sites et différents types de cultures à protéger;

ii) essais de divers arrangements (espacement, fréquence, largeur, hauteur y compris les systèmes d'agro-foresterie) des rideaux-abris;

iii) études sur l'économie des rideaux-abris dans diverses conditions;

iv) problèmes culturaux et de gestion des rideaux-abris, y compris la question de la concurrence des racines avec les cultures.

9.3 Stabilisation des dunes

La principale question à discuter dans ce domaine est l'expérience acquise dans les zones où des programmes de stabilisation et de boisement sont appliqués depuis plusieurs décennies: (i) quelle utilisation économique peut-on faire de la zone sans créer des risques de déstabilisation; (ii) la végétation épuiserait-elle l'eau souterraine et est-elle de ce fait soumise à un processus de mort lente?

Certaines questions identifiées qui méritent une étude et des recherches complémentaires sont les suivantes:

a) les méthodes et techniques biologiques, mécaniques et chimiques de stabilisation des dunes, notamment l'essai de nouvelles méthodes;

b) l'économie de diverses techniques de fixation et de réhabilitation;

c) les divers processus physiologiques, biologiques, hydrologiques et physiques d'installation de la végétation sur les dunes, de sa croissance, de sa survie et de sa reproduction;

d) les essais d'espèces exotiques et indigènes et tests botaniques pour identifier de nouvelles ou meilleures espèces végétales pour les dunes, des techniques de culture en pépinière et de plantation;

e) la mise au point de systèmes d'utilisation des terres et de sylviculture pour une utilisation productive et rentable à long terme des dunes remises en valeur, par exemple pour la production de bois de feu, de charbon de bois;

f) les aspects sociologiques de ces activités prises dans leur ensemble et les questions de planification de la mise en valeur des déserts dans le cadre d'un effort multidisciplinaire;

g.) la recherche d'autres usages productifs divers des zones de dunes remises en valeur, par exemple apiculture, production d'arbres fourragers, relations entre la stabilisation des dunes et le développement de l'irrigation, rideaux-abris et autres activités agricoles;

h) la nécessité d'une banque de données, d'un suivi des programmes et d'un échange d'informations;

i) des centres d'éducation, de formation et de vulgarisation en la matière.


Table des matières - Précédente - Suivante