IX. Utilisation des revenus générés par les activités économiques
Quand l'activité a été bien conduite et qu'elle a procuré des bénéfices, c'est-à-dire que les produits sont supérieurs aux charges, les opérateurs doivent décider de la répartition du profit.
Cas des groupements ou associations:
Avant toutes autres décisions, il faut songer à:
- faire des dotations aux amortissements: cela signifie qu'il faut mettre de côté des ressources afin de renouveler le matériel et les équipements lorsqu'ils seront hors d'usage.
Le montant de la dotation est fonction de la durée de vie et du coût (valeur) du matériel et de l'équipement.
Pour un matériel qui coûte 100.000 F et qui peut être utilisé pendant 5 ans, le montant annuel de la dotation sera de:
100.000 F / 5 = 20.000 F
Pour avoir le montant total des dotations aux amortissements il faut faire ce calcul pour chacun des matériels et équipements et additionner les résultats obtenus.
- faire des dotations aux prévisions: cela signifie qu'il faut mettre aussi des ressources de côté pour faire face aux pertes graves éventuelles que l'activité peut subir.
Exemple: Des producteurs de choux et tomates chargent un camion de produits qu'ils doivent vendre sur le marché du village voisin. Mais par malheur une pluie diluvienne est tombée le jour du marché et a rendu impraticable la route pour s'y rendre en camion. En conséquence, une partie du chargement est avariée et les producteurs ne peuvent le vendre qu'à la moitié du prix prévu sur un autre marché deux jours après.
Des situations analogues sont très fréquentes en milieu rural et les producteurs sont confrontés à d'énormes difficultés. C'est pourquoi il est vivement conseillé de réserver au moins 10% des bénéfices d'une activité pour couvrir les pertes éventuelles de ce genre.
- faire de l'autofinancement: cela signifie qu'il faut utiliser ses propres moyens (argent et autres biens) pour résoudre les problèmes financiers de l'activité que l'on mène.
Exemple: Si le groupement dispose de 100.000 F et qu'il a un besoin d'achat de matières premières de 75.000 F. il est préférable qu'il puise dans cette réserve pour faire face à cette provision car il n'est pas facile d'obtenir du crédit auprès des banques, et même s'il l'obtenait, il paierait au remboursement des intérêts quelquefois très onéreux. (Souvenez-vous de ce que nous avons dit concernant la bonne utilisation du crédit).
La sensibilisation des membres du groupement à cet effet doit donc d'abord porter sur la mobilisation des ressources personnelles, le recours au crédit n'intervenant que pour compléter les efforts propres du groupement.
La répartition des bénéfices ne peut donc se faire entre les membres du groupement que lorsqu'on a pensé aux amortissements, aux provisions et à l'autofinancement. Cette répartition peut être égalitaire ou au prorata des apports des membres du groupement.
Cas de répartition égalitaire:
On suppose que tous les membres ont contribué au méme degré aux activités ayant conduit à l'obtention des bénéfices. Dans ce cas, le revenu est divisé par le nombre total des membres du groupement et chacun se voit attribuer une part égale à chacune des parts des autres membres.
Cas de répartition en fonction de l'apport ou de la contribution de chaque membre:
C'est la répartition au prorata du volume de travail ou d'opérations avec le groupement coopératif qui est une notion de base essentielle de la coopération. Cette forme de répartition est très équitable et elle consolide la solidarité et l'émulation entre les membres.
Cas des activités menées par un individu:
Les mêmes précautions sont valables en ce qui concerne les dotations aux amortissements, les dotations aux prévisions et l'autofinancement de l'activité.
N'oublions pas dans tous les cas que la répartition des bénéfices doit d'abord privilégier l'épargne, sous forme active de préférence par le réinvestissement en autofinancement ou placement de rapport (dépôt rémunéré dans un compte bancaire).
Avec l'épargne minutieusement constituée, les opérateurs regroupés peuvent envisager la création à leur niveau d'une petite caisse d'épargne et de crédit qui, petit à petit et à condition d'être aussi bien gérée, leur permettra de résoudre une partie de leurs problèmes de financement.
L'épargne mise en commun sert à faire ainsi des crédits aux membres, qui les remboursent avec un taux d'intérêt permettant au fonds de s'auto-renouveler et de garder son pouvoir d'achat.