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Renforcement des capacités de gestion en matière de recherche forestière: Cas de la Malaisie

M.N. Salleh et W.C. Wong

Mohammed Nor Salleh est Directeur général de l'Institut de recherche forestière de la Malaisie (FRIM). Kepong.
W.C Wong est Chef de l'Unité de planification et d'évaluation de la recherche, FRIM.

Analyse des efforts déployés pour renforcer les capacités de gestion des organisations nationales de recherche forestière des pays en développement, suivie d'une étude de cas sur l'Institut de recherche forestière de la Malaisie.

Atelier au FRIM pour la formation d'équipes qualifiées de chercheurs

Effectifs de la recherche forestière dans les pays en développement

La plupart des organisations nationales de recherche forestière des pays en développement sont dotées d'un cadre institutionnel médiocre et d'une faible capacité de recherche par suite du manque d'effectifs, de moyens et de crédits. La disparition accélérée des forêts tropicales rend urgent le renforcement de ces organisations dans les pays en développement. Il faut absolument qu'elles développent leur propre capacité de recherche - développement, de manière à produire les données et les connaissances nécessaires à une bonne gestion des forêts. L'amélioration de la capacité de recherche de ces organisations exige un engagement à long terme des pouvoirs publics. Il faudrait également rechercher le soutien d'organismes donateurs internationaux afin de compléter les budgets nationaux.

Des efforts concertés visant à développer les ressources humaines constituent un facteur décisif Une organisation nationale de recherche forestière ne sera véritable ment efficace que si elle est dotée d'une équipe qualifiée de chercheurs et de gestionnaires capables de promouvoir les progrès scientifiques nécessaires pour résoudre les problèmes forestiers complexes qui se posent à l'heure actuelle.

Il apparaît, d'après de récentes études, que les organisations de recherche forestière des pays en développement disposent d'effectifs très insuffisants, non seulement dans l'absolu mais en comparaison avec les instituts de recherche des pays industrialisés (Bengston, Xu et Gregersen, 1988; Cheah et Wong, 1992; FAO, 1990a). Il faudrait accroître de façon considérable le personnel affecté à la recherche forestière dans les pays en développement, si l'on veut que ces derniers soient en mesure de gérer de façon durable et efficace leurs ressources forestières.

Pour fonctionner de façon satisfaisante, une organisation de recherche forestière nationale doit disposer de personnel compétent, non seulement au niveau de l'exécution, mais aussi à celui de la direction et de la gestion. Salleh (1993) souligne combien sont importantes les qualités de chef pour mobiliser l'énergie de chercheurs et parvenir à une recherche effective. Malheureusement, la plupart des responsables de la recherche sont promus à des fonctions administratives sans avoir été formés aux techniques de gestion. Ils n'ont donc pas toujours les qualifications requises ni les qualités de chef indispensables pour stimuler et motiver les chercheurs. Il n'est pas toujours facile d'accéder aux moyens de formation nécessaires pour initier les chercheurs forestiers aux méthodes de gestion. En outre, les décideurs, et, parfois même, les responsables de la recherche, admettent rarement l'utilité telle formation. En réalité, ce n'est que depuis une dizaine d'années que l'on a pu assister à des initiatives visant à former les chercheurs forestiers aux méthodes de gestion.

Un événement marquant à cet égard a été l'Atelier Asie-Pacifique organisé en août 1982 à l'intention des directeurs de la recherche forestière, à l'Institut de l'environnement et des politiques du Centre Est-Ouest (Université des Hawaï). Lors de cette réunion, les participants ont reconnu qu'ils avaient besoin d'une formation qui leur permette de mieux gérer un institut de recherche et ils ont demandé aux organismes donateurs d'apporter le soutien financier et logistique nécessaire à cet effet.

Le Centre de recherche pour le développement international (CRDI) du Canada a été le premier à répondre à cet appel en accordant son appui à un cours international de formation, organisé en 1984, à l'intention de 29 responsables de la recherche forestière de 11 pays de la région Asie-Pacifique. Le cours a été effectué par l'Unité de gestion des ressources humaines de l'Ecole de gestion, à l'Université nationale de Singapour. Un cours analogue a été organisé en 1985 dans la même Université pour 15 autres responsables de la recherche de quatre pays de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), avec le financement de l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID).

Tous ceux qui ont participé à ces premiers cours de formation ont affirmé avec force que les connaissances qu'ils avaient acquises leur permettaient de s'acquitter avec plus d'efficacité de leurs fonctions et responsabilités et ils ont recommandé que leurs collègues reçoivent la même formation. Un effort concerté a été fait pour obtenir un soutien à la formation en matière de gestion de la recherche forestière et, depuis, plusieurs cours ont été organisés avec l'aide de différents organismes internationaux. Callaham (1989) donne un compte rendu détaillé de l'évolution de la gestion en matière de recherche forestière dans les organisations nationales de recherche forestière des pays en développement; nous décrivons brièvement ci-après l'importante contribution apportée par la FAO, ainsi que par le Programme spécial pour les pays en développement (SPDC) de l'Union internationale des instituts de recherches forestières (IUFRO).

FAO

Bien que le mandat de la FAO dans le domaine de la foresterie ne soit pas expressément axé sur la recherche, il faut rendre hommage aux efforts déployés par l'Organisation pour améliorer la gestion de la recherche forestière dans les pays en développement. L'Etude FAO: Forêts n° 96 intitulée Planning and managing of forestry research: guidelines for managers (FAO, 1990a) représente une contribution majeure à la diffusion des connaissances que devrait posséder tout responsable de la recherche et reflète également les résultats des différentes enquêtes menées sur la situation de la recherche forestière dans les pays en développement. Cette publication, riche en informations, a un caractère un peu trop théorique pour l'usage quotidien; une version abrégée a donc été publiée dans la même série (Etude n° 102) sous le titre Research management in forestry (FAO, 1992), afin de faciliter la mise en pratique des méthodes de gestion recommandées aux responsables de la recherche.

En 1993, le FRIM a organisé un atelier pour perfectionner les compétences en matière de gestion de la recherche forestière à travers la technologie et la qualité

Une réunion d'experts sur la recherche forestière a été convoquée par la FAO en octobre 1992, pour examiner le renforcement de la recherche forestière nationale, la formation de scientifiques, la mise en place de réseaux pour soutenir la recherche et la situation mondiale de la recherche forestière (FAO, 1993a). La réunion a recommandé que l'on consolide les systèmes forestiers nationaux et les moyens de recherche et elle a insisté sur l'importance des cadres de gestion et de direction. [NDLR: voir analyse du rapport de la réunion d'experts, p. 61].

La FAO a également apporté une contribution technique à un atelier sur la gestion de la recherche forestière, qui s'est tenu en Malaisie au début de 1993 à l'intention des cadres intermédiaires des instituts de recherche forestière dans les pays en développement du Commonwealth.

Parmi les initiatives les plus récentes de l'Organisation, il faut citer les contrats passés avec des responsables de la recherche dans la région Asie-Pacifique pour qu'ils rédigent des brochures sur leur institut, en vue de leur distribution à l'occasion du Séminaire du Programme de soutien à la recherche forestière pour l'Asie et le Pacifique sur la gestion en matière de recherche forestière, qui s'est tenu du 2 au 6 mars 1993 à Dehra Dun (Inde). Lors de ce séminaire, les participants ont abordé des thèmes tels que l'encadrement de la recherche, l'attribution de priorités et l'évaluation de la recherche.

IUFRO et SPDC

Depuis sa création, le SPDC s'est engagé dans de nombreuses activités visant à améliorer les capacités de gestion des responsables de la recherche forestière, ainsi qu'à accroître les compétences du personnel en matière de recherche. Par exemple, une série d'ateliers IUFRO/SPDC sur la planification de la recherche ont été organisés, en collaboration avec la FAO, à Kandy (Sri Lanka, 1984), ainsi qu'à Nairobi (1986 et 1987) et à Huaraz (Pérou, 1987). En 1989, un séminaire IUFRO de 10 jours sur la gestion de la recherche forestière en Afrique, financé par la Banque mondiale, s'est tenu à Nairobi en vue de former 22 directeurs et attachés de recherche venus de 21 pays en développement.

Etant donné que chaque stage de formation ne peut accueillir plus de 20 à 30 participants, il faudrait de nombreuses années avant de pouvoir former tous les responsables de la recherche, actuellement en poste, sans compter les chercheurs hors classe susceptibles de se voir confier des tâches de gestion. C'est pourquoi le SPDC a adopté une nouvelle approche ayant pour but d'accélérer l'acquisition de compétences de gestionnaire par les responsables de la recherche. Une série de 12 modules didactiques sur la gestion de la recherche forestière sont en cours de préparation sur le modèle FAO (1990a). Ces modules, qui sont sur le point d'être expérimentés, permettront aux responsables de la recherche de se perfectionner en suivant leur propre rythme et à un coût minime, sans avoir besoin de quitter leur établissement. Ils seront publiés en anglais, en espagnol et en français.

Une Conférence IUFRO sur les initiatives en matière de gestion de la recherche forestière pendant les années 90 s'est tenue, en octobre 1991, à l'Institut de recherche forestière de Rotorua (Nouvelle-Zélande). Des responsables de la recherche et des chercheurs de haut rang venus de 11 pays ont participé à cette réunion, à l'occasion de laquelle ont notamment été abordés les thèmes suivants: situation de la recherche forestière dans différents pays, mécanismes de financement et d'autofinancement, politiques et planification en matière de recherche, participation du secteur industriel à la recherche, gestion de l'information dans le domaine de la recherche, internationalisation de la recherche forestière, renforcement des systèmes nationaux de recherche, propriété intellectuelle et commercialisation de la recherche. Les actes de cette Conférence (en cours de préparation) seront extrêmement utiles et instructifs pour les responsables de la recherche et leur permettront de se tenir au courant des actuelles tendances et orientations en matière de gestion de la recherche forestière.

L'IUFRO a également apporté un appui technique à l'atelier qui s'est tenu au début de 1993, en Malaisie, sur la gestion de la recherche forestière. [NDLR: voir article de Riley sur le SPDC].

Sans du personnel et des dirigeants préparés et motivés, la recherche forestière n'est pas à la hauteur de son potentiel

Programme de mise en valeur des ressources humaines à l'institut de recherche forestière de Malaisie

Étude de cas

Nous nous proposons maintenant de décrire le programme de mise en valeur des ressources humaines entrepris par l'Institut de recherche forestière de la Malaisie (FRIM), en nous attachant plus particulièrement au développement des capacités de gestion de la recherche.

En octobre 1985, lorsque le FRIM est devenu un institut autonome doté d'un mandat élargi, un ambitieux programme de mise en valeur des ressources humaines a été lancé. Ce programme s'est fixé trois grands objectifs:

· accroître les capacités de gestion des responsables de la recherche et des chercheurs de haut rang;
· encourager et aider tous les chercheurs à recevoir une formation supérieure;
· organiser une formation en cours d'emploi, théorique et pratique, à l'intention du personnel à tous les niveaux.

Avant octobre 1985, ce programme de mise en valeur des ressources humaines ne pouvait être réalisé du fait que l'Institut faisait partie du Département des forêts et que son personnel pouvait être transféré à d'autres divisions du Département. La direction du Département des forêts refusait d'admettre que la formation de spécialistes coûte cher et que ces derniers ne deviennent véritablement rentables qu'après des années d'expérience. Le système des mutations ne cessait de perturber le programme de recherche, en particulier dans le domaine de la sylviculture. En conséquence, la recherche sylvicole, qui aurait dû être l'activité de pointe de l'Institut, n'avait jamais pu dépasser le niveau élémentaire. En outre, les forestiers de haut rang travaillant sur le terrain pouvaient être affectés à des postes de responsabilité, au sein de l'Institut, pour administrer la recherche. Ces «administrateurs» avaient une attitude bureaucratique à l'égard du personnel, qu'ils considéraient comme des subordonnés; il était donc impossible d'imprimer une véritable direction à la recherche.

Le personnel de l'institut était divisé en deux camps adverses: diplômés des écoles forestières, pouvant faire l'objet d'un transfert s'accompagnant d'une promotion, et scientifiques titulaires d'un poste permanent ne pouvant être ni transférés ni, d'une façon générale, promus. Les scientifiques étaient profondément hostiles à ce système, qui affectait gravement le moral du personnel. En accédant à l'autonomies le FRIM a mis fin au système des mutations et a immédiatement créé une équipe unique regroupant tous les responsables de la recherche - forestiers et chercheurs. Les rares personnes n'ayant pas accepté les nouvelles conditions ont eu la possibilité d'être transférées à d'autres postes dans le Département des forêts. L'Institut a pu alors axer tous ses efforts sur le développement de son personnel.

En accédant à l'autonomie, le FRIM a élargi sa clientèle

Avant de devenir autonome, le FRIM avait pour propriétaire et client pratiquement exclusif le Département de foresterie de la Malaisie péninsulaire. Cela était dû au fait que le Département était persuadé, à tort, qu'il était le seul à porter une intérêt véritable et légitime à la foresterie et à la gestion d" forêts. En accédant à l'autonomie, l'Institut a pu élargir sensiblement sa «clientèle».

Dés le départ, les diverses industries du bois ont été reconnues comme des interlocuteurs de choix et les représentants des différents secteurs scieries, travail du bois, contreplaqué et fabriques de meubles - ont été nommés au Conseil d'administration du FRIM à côté des représentants des services forestiers de l'Etat.

Toutefois, d'autres clients ont rapidement établi des liens avec le FRIM, notamment: le puissant secteur des plantations, qui a associé l'Institut au développement de produits commerciaux pour les souches d'hévéa et de palmier à huile; les institutions de développement rural qui avaient besoin de l'aide du FRIM pour la culture et la transformation des produits forestiers non ligneux comme le rotin d le bambou; les responsables du développement urbain pour la foresterie urbaine; enfin, les concessionnaires ayant des forêts à gérer.

Les nombreux laboratoires d'analyse et d'essai du FRIM, initialement créés pour soutenir les industries forestières, ont rapidement été découverts par d'autres industries. Par exemple, les installations permettant de tester le mobilier ont pu être appliquées non seulement à des meubles en bois mais à toutes sortes de meubles, de même que l'équipement servant à tester les portes anti-incendie a été utilisé pour éprouver la résistance au feu de toutes sortes de matériaux. C'est ainsi que la liste des clients s'est allongée bien au-delà des prévisions, conférant au FRIM un rôle important dans l'industrialisation de la Malaisie, mais augmentant aussi la nécessité d'une gestion efficace.

Par ailleurs, cette nouvelle autonomie a permis au FRIM d'accroître son rôle stratégique dans l'analyse des problèmes concernant la foresterie, l'environnement, le développement, la science et la technologie et, par là-même, de donner au pays et au gouvernement des avis indépendants.

Formation générale à la gestion de la recherche

Dès 1984, en prévision de son accession à l'autonomie, l'Institut avait participé au premier cours international organisé à Singapour à l'intention des cadres des instituts de recherche forestière (voir p. 8). Plus tard, le FRIM a recherché activement des crédits pour organiser, au sein de l'Institut, un cours sur la gestion, de manière à faire profiter un plus grand nombre de chercheurs d'une telle formation.

En 1987, avec le soutien financier du projet forestier Malaisie - Allemagne dirigé par l'Office allemand de la coopération technique (GTZ), le FRIM a organisé conjointement avec l'Institut national d'administration publique de la Malaisie (INTAN) un cours de formation sur la gestion de la recherche auquel ont participé 24 cadres supérieurs du FRIM, y compris le Directeur général adjoint, les directeurs de division et des chercheurs hors classe. Devant le succès de cette initiative, un cours régional de formation à la gestion de la recherche forestière a été organisé en 1988, à Kuala Lumpur. Le financement des conseillers techniques et des participants non malais a été assuré par le projet de recherche - développement en matière de foresterie/bois de feu (F/FRED) du Winrock International Institute for Agricultural Development et le CRDI.

L'initiative la plus récente lancée par le FRIM pour perfectionner les compétences en matière de gestion de la recherche forestière a été l'organisation en Malaisie, en février 1993, d'un stage à l'intention des pays du Commonwealth en collaboration avec le CCGTM (Commonwealth Consultative Group on Technology Management) et l'IUFRO, avec l'assistance technique de la FAO et du GTZ.

Outre ces cours de caractère général sur la gestion de la recherche, le FRIM a organisé des ateliers de travail en équipe ainsi que des stages sur divers thèmes motivation, pensée latérale, aménagement du temps de travail, planification des projets en fonction des objectifs, gestion interculturelle, art oratoire et rédaction technique - qui ont eu pour but de préparer les directeurs de recherche aux fonctions de gestion et d'augmenter leur capacité de traiter avec le public.

Formation supérieure

La politique du FRIM est d'exiger de tous les chercheurs qu'ils poursuivent des études supérieures jusqu'au niveau du doctorat (Ph.D). Cette formation est financée par le FRIM avec des fonds intérieurs et extérieurs. Le FRIM a bénéficié d'un projet PNUD/FAO d'un montant de 400000 dollars U.S., qui appuie la formation de 12 candidats Ph.D. Dans le cadre d'un projet entrepris en collaboration avec l'Overseas Development Administration du Royaume-Uni, un certain nombre de chercheurs participant au projet ont également la possibilité de suivre une formation supérieure.

Pour atteindre ses objectifs, le FRIM incorpore une composante éducative à la plupart de ses projets en collaboration avec des organisations internationales, qu'il s'agisse d'une formation technique à court terme ou d'une formation supérieure.

Afin d'éviter l'interruption des programmes de recherche en cours, le FRIM a négocié des accords avec des universités locales et étrangères autorisant ses chercheurs à effectuer leurs études supérieures en deux étapes. Dans le cadre de ces arrangements particuliers, les chercheurs du FRIM s'absentent de Malaisie au maximum un an pour satisfaire aux critères de résidence et séjourner un certain temps à l'étranger, mais l'essentiel de la recherche se fait à l'Institut. Le directeur de thèse se rend deux semaines par an au FRIM pour suivre les progrès accomplis et donner des orientations. Cette formule s'est révélée efficace. Il arrive parfois qu'un chercheur hors classe du FRIM soit désigné comme codirecteur de thèse.

Stages de formation à l'intention du personnel non scientifique

Les possibilités de formation ne se limitent pas au personnel scientifique. Le FRIM a également recours à des stages pour former des bibliothécaires, des techniciens, des secrétaires et des chauffeurs, et il organise une formation en cours d'emploi sur des sujets divers - motivation, dynamique de groupe, soins de santé, etc.,- à l'intention du personnel auxiliaire.

Bourses et primes de recherche collective attribuées par le FRIM

Prenant une initiative unique pour un pays en développement, le FRIM a obtenu l'autorisation de son conseil d'administration d'utiliser ses propres fonds pour instituer une bourse et une prime de recherche collective. La bourse permet au FRIM de financer des scientifiques dont la réputation est établie, venus d'ailleurs et même d'outre-mer, pour qu'ils travaillent à l'Institut dans des domaines de recherche spécifiques. Une telle initiative se justifie par le fait qu'il est probablement plus profitable de faire venir un expert dans l'Institut que d'envoyer un stagiaire à l'étranger. La prime de recherche collective permet au FRIM de financer des recherches effectuées par ses propres experts en collaboration avec les experts d'autres instituts.

Le FRIM se propose également de mettre en place un programme d'assistanat en matière de recherche, grâce auquel des diplômés qualifiés pourront recevoir une formation allant jusqu'au niveau du doctorat. Ces assistants, qui seront inscrits dans une université locale, travailleront à l'Institut et seront supervisés par un chercheur hors classe. Le FRIM payera les frais d'inscription plus une allocation mensuelle. Grâce à ce programme, il sera en mesure de former de jeunes scientifiques qui deviendront ensuite chercheurs à plein temps.

Réunions et conférences scientifiques

Les règles de participation du personnel du FRIM aux réunions et conférences scientifiques ont été assouplies. Alors qu'une telle participation était avant considérée comme une récompense réservée à quelques rares privilégiés, il est désormais normal que chaque scientifique assiste régulièrement aux réunions qui relèvent de son domaine de compétence. L'Institut estime que ces réunions scientifiques sont un instrument nécessaire pour permettre aux experts de se tenir au courant des dernières découvertes et pour soutenir le moral des chercheurs. En outre, la participation à des réunions scientifiques internationales incite vivement les experts à améliorer leur aptitude à utiliser l'anglais dans les domaines de l'information et de la communication scientifique. Cela est très important dans un pays qui n'est pas de langue anglaise et où l'anglais n'est pas la première langue d'enseignement. Les sources de financement des participants sont variées. Le FRIM a établi des liens avec presque toutes les organisations internationales de développement et obtenu leur appui pour participer aux réunions scientifiques internationales. Il a, en outre, fait appel à ses propres ressources financières.

Dynamisme de la gestion

Le FRIM a dû surmonter divers obstacles bureaucratiques au moment du lancement de son programme de développement de ses ressources humaines. Le principal de ces obstacles était la règle selon laquelle les candidats devaient effectuer trois années probatoires avant de pouvoir être envoyés à l'étranger pour y recevoir une formation ou participer à des réunions. Par conséquent, toute formation ne pouvait commencer qu'après la troisième année de recrutement, ce qui impliquait toute une série de messages négatifs: la recherche pouvait être différée; la formation n'avait pas d'importance; un retard de trois ans était négligeable; enfin, le pays et l'institut pouvaient se permettre de perdre du temps. Le FRIM est parvenu à abolir cette règle, mais de longues démarches auprès du gouvernement ont été nécessaires à cette fin.

L'Institut a également dû consacrer une énergie considérable à la collecte de fonds. Faisant preuve d'ingéniosité, mais aussi de beaucoup de sincérité et de persévérance, le FRIM n'a pas eu de mal à trouver des crédits pour la formation et la recherche collaborative. La clef du succès a été de démontrer que l'Institut et ceux qui le dirigent avaient la volonté et les moyens d'atteindre les objectifs fixés.

Remise de prix

Le FRIM a institué un système de prix décernés chaque année pour reconnaître les mérites de ceux qui s'étaient particulièrement distingués dans le domaine de la recherche. Un Prix scientifique du FRIM est décerné aux chercheurs qui ont contribué de façon sensible à faire progresser la science forestière tropicale et les techniques de transformation. Le Prix des publications, destiné à encourager la diffusion rapide des résultats de la recherche et à améliorer la qualité des textes et publications, rend hommage aux meilleurs ouvrages techniques, ainsi qu'à la meilleure publication technique ou semi-technique. Le Prix des inventeurs récompense les efforts déployés par les chercheurs pour mettre au point des équipements et des procédés nouveaux et il est décerné à l'occasion des cérémonies de la Journée annuelle de la découverte.

Conclusion

La quasi-totalité des forêts tropicales sont situées dans les pays en développement, où la capacité de recherche est encore faible. Les recherches sur les forêts tropicales menées dans les universités ou les instituts des pays développés, pour la plupart situés en zone tempérée, ne suffisent pas - si importantes soient-elles - à aider les pays en développement à résoudre les nombreux problèmes complexes de gestion et d'utilisation de leurs forêts tropicales. C'est pourquoi les gouvernements et les organisations internationales doivent à tout prix accorder un soutien aux instituts de recherche forestière des pays en développement, afin de leur permettre de renforcer leur capacité de recherche sui generis et de procéder à des transferts réciproques de technologies.

Dans les pays en développement, les responsables de la recherche ont besoin de recevoir une formation pour acquérir les compétences voulues et les qualités de chef nécessaires pour stimuler la recherche sur les forêts tropicales, tandis que les chercheurs proprement dits doivent avoir la possibilité de recevoir aussi bien une formation technique à court terme qu'une formation spécialisée à long terme. Il est essentiel de multiplier les investissements pour le renforcement de la capacité de recherche des instituts nationaux de foresterie dans les pays en développement, si l'on veut que les générations futures puissent profiter des bienfaits des forêts tropicales - nourriture, abri, revenus, loisirs et avantages écologiques.

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