J.A. Sayer
Jeffrey A. Sayer est Directeur général du Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR), de Bogor, Indonésie.
Extension du mandat du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale à la recherche forestière et agroforestière.
Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI), est un consortium informel composé de plus de 40 organismes donateurs, ainsi que de représentants de pays en développement, élus par l'intermédiaire des commissions agricoles régionales de la FAO. Il a été établi en 1971 à l'appui d'un système de recherche agricole dans le monde entier.
Au début (jusqu'en 1988), les Centres internationaux de recherche agronomique (CIRA) associés au GCRAI se sont surtout employés à accroître la productivité des denrées alimentaires. Etant donné, d'une part, la croissance des populations urbaines dans les pays du tiers monde, croissance deux ou trois fois plus rapide que celle des populations rurales, et, d'autre part l'évolution consécutive des régimes alimentaires en faveur de céréales se prêtant à une cuisson rapide et faciles à entreposer, cette polarisation des travaux des CIRA était non seulement logique mais aussi intéressante pour les gouvernements. Les premiers centres du GCRAI se sont surtout illustrés dans la mise au point et la promotion de variétés de riz et de blé «révolution verte», expressément conçues pour réagir à la fumure et à l'irrigation. Grâce aux variétés de cultures vivrières de base et à leurs dérivés mis au point par le GCRAI, les pays en développement ont pu produire trois à quatre fois plus de denrées alimentaires que dans les années 50.
Vers le milieu des années 80, toutefois, le GCRAI a reconnu que ses travaux devaient s'accompagner d'une plus grande attention à l'égard de la conservation et de l'aménagement des ressources naturelles, et de la viabilité de la production agricole. Les avantages des recherches parrainées par le GCRAI n'atteignaient pas une part assez large des clients visés, soit parce que les technologies étaient trop chères ou trop aléatoires, soit parce qu'elles ne convenaient pas aux conditions marginales dans lesquelles opèrent des millions d'agriculteurs. Par ailleurs, selon un rapport soumis en 1987 par un comité du GCRAI sur l'agriculture durable (comité établi pendant la phase préparatoire de la Commission mondiale de l'environnement et du développement, appelée Commission Brundtland, il ne suffit pas de résoudre les problèmes confrontant les agriculteurs dans leurs propres champs et troupeaux. Les cultivateurs ont aussi besoin de disponibilités fiables en eau pour leur exploitation et leur usage domestique, de même que de protection contre l'érosion des sols, l'envasement et les inondations, l'engorgement des marchés et l'instabilité des prix. Beaucoup d'agriculteurs, notamment les pauvres, doivent pratiquer la foresterie dans le cadre de systèmes d'exploitation mixte pour améliorer et stabiliser leur production. Dans maintes régions, ils ont aussi besoin de boisements et de forêts pour y puiser des produits à usage domestique et agricole, du matériel génétique d'importants végétaux agricoles et forestiers, ainsi que pour y créer des emplois et des revenus hors exploitation. C'est pourquoi la recherche a commencé à se concentrer davantage sur la durabilité, l'aménagement des ressources et l'environnement Les travaux du Comité ont aidé à préparer l'élargissement du GCRAI, dont le nombre de centres est passé de 13 à 18.
Les discussions internationales avant, pendant et après la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED), tenue en 1992, ont mis plus en lumière les rapports entre la lutte contre la pauvreté d'une part et l'utilisation et la conservation des forêts tropicales, d'autre part. Ces discussions ont, de toute évidence, focalisé les besoins de la recherche forestière au cur même du système GCRAI. Les premiers intéressés aux forêts étaient justement les pauvres, au profit desquels avait été créé le GCRAI afin de répondre à leurs besoins alimentaires. L'intégration de la foresterie aux systèmes de production et la question de la durabilité s'inscrivirent donc au centre des débats.
En juillet 1987, une réunion sur le thème de la stratégie internationale à adopter pour les forêts tropicales a été organisée à Bellagio, Italie, sous les auspices de la Fondation Rockefeller, de la FAO, de la Banque mondiale, du PNUD et de l'Institut mondial pour les ressources; on y a examiné les mesures mondiales à prendre pour faire face au déboisement dans le cadre du Programme d'action forestier tropical (PAFT). Il s'agissait d'étudier les obstacles à la bonne mise en uvre du PAFT (notamment au niveau national), et de recommander des mesures pour les surmonter. Il est essentiellement ressorti de cette première réunion «Bellagio I» que la faiblesse des recherches actuelles sur les forêts tropicales constituait une sérieuse entrave à l'exécution du PAFT et, par conséquent, à l'utilisation durable des ressources forestières tropicales.
Ceci étant, la Fondation Rockefeller, la Banque mondiale, le PNUD et la FAO ont parrainé conjointement, au début de 1988, un Groupe spécial sur la recherche en matière de foresterie chargé d'examiner les priorités de la recherche forestière et de formuler des options pour le renforcement du soutien institutionnel. Les priorités identifiées étaient:
· rôle de la foresterie en agroforesterie, aménagement de l'utilisation des terres dans les bassins versants et les zones arides;
· conservation et aménagement des ressources naturelles;
· sélection et amélioration génétique des arbres;
· utilisation et marché;
· recherche politique et socio-économique.
Sur le plan institutionnel, le rapport de ce groupe spécial avançait diverses options, parmi lesquelles la création d'un centre mondial autonome pour la direction, l'exécution et la coordination des recherches en matière de foresterie tropicale; l'extension du mandat du GCRAI à la recherche forestière, et la mise sur pied d'un nouveau groupe consultatif ou organe analogue chargé spécifiquement de la recherche forestière.
Le rapport du Groupe spécial sur la recherche en matière de foresterie fut examiné lors d'une deuxième réunion forestière internationale «Bellagio II», tenue à Wiston House, Royaume-Uni, à la fin de novembre 1988. Les participants y entérinèrent les recommandations du Groupe spécial touchant aux priorités de la recherche et, après un débat très nourri, recommandèrent d'intégrer la recherche forestière à un système GCRAI élargi.
Au début de 1989, le Comité consultatif technique du GCRAI constitua deux groupes d'experts, l'un sur la foresterie et l'autre sur l'agroforesterie, pour qu'ils élaborent les programmes de recherche et étudient les dispositions institutionnelles permettant d'incorporer la foresterie au système. Après des consultations intensives avec des institutions nationales et d'éminents chercheurs forestiers dans le monde entier, la décision fut prise d'inviter le Conseil international pour la recherche en agroforesterie (CIRAF) à s'unir au système GCRAI élargi en tant qu'institution mondiale de recherche stratégique en la matière. Le CIRAF fut admis au sein du système en 1991 sous le nouveau titre de Centre international pour la recherche en agroforesterie.
En 1991, il fut également convenu de créer un nouveau centre GCRAI, à savoir le Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR), chargé, au plan mondial, de la recherche stratégique et appliquée dans le domaine de la foresterie et des systèmes forestiers, et de la coordination des recherches forestières au sein du système GCRAI.
En mai 1991, le Centre australien de recherche agronomique internationale (ACIAR) a été chargé par le GCRAI de procéder aux préparatifs en vue de l'établissement d'un centre forestier, tâche menée à bien en à peine deux ans. En mars et avril 1993, les Gouvernements de l'Australie, de la Suède, de la Suisse et des Etats-Unis signèrent un accord parrainant la création juridique du CIFOR, tandis que 17 donateurs internationaux acceptaient de l'appuyer financièrement. Un accord fut négocié avec le Gouvernement indonésien qui accueille provisoirement le CIFOR dans son Institut de recherche forestière de Bogor en attendant que puisse être construit, toujours à Bogor, un nouveau siège permanent pour ses activités internationales.
Conformément à son Acte constitutif, le CIFOR a pour mission de «promouvoir le bien-être durable des populations dans les pays en développement, notamment sous les tropiques, en menant une recherche stratégique et appliquée concertée sur les systèmes forestiers et la foresterie, et en encourageant l'adoption de meilleures technologies et méthodes d'aménagement». Un des éléments fondamentaux du mandat du Centre concerne le renforcement de la capacité de recherche forestière des pays du tiers monde.
Le CIFOR s'est livré à des consultations intensives avec des chercheurs forestiers du monde entier pour préparer une stratégie et un plan à moyen terme de recherche pendant la période 1994-1998. 25 séminaires nationaux et régionaux se sont tenus et plus de 150 chercheurs de toutes nationalités ont contribué à l'établissement du plan.
Le CIFOR mènera ses recherches et activités connexes dans le cadre de cinq programmes (voir p. 34).
En outre, le Cabinet du Directeur général disposera d'un service de planification de la recherche stratégique.
Ces consultations ont abouti au consensus selon lequel c'est sans doute par le biais de l'analyse et de l'élaboration de politiques que l'on obtiendra les meilleurs résultats et le plus gros impact. Le CIFOR procédera à des enquêtes et expériences qui lui permettront de fournir les données biophysiques sur lesquelles étayer l'élaboration des politiques. Les besoins de recherche en matière de politique susciteront la demande de programmes de recherche biologique et technique du CIFOR.
Pendant tout le temps consacré à la conception et à la création du CIFOR, on a reconnu unanimement que ce dernier devait fonctionner de manière hautement décentralisée. Il faut que les résultats de ses recherches puissent s'appliquer à une vaste gamme d'essences, de stations bien définies au plan biophysique, d'objectifs d'aménagement et de conditions socio-économiques. De toute évidence, il serait impossible d'effectuer, à partir d'un seul siège, toutes les recherches qu'implique le mandat du CIFOR. Dès le début, le CIFOR a été conçu comme un «centre sans murs». Il travaillera en étroite collaboration avec les systèmes nationaux de recherche forestière dans les pays en développement, ainsi qu'avec les instituts spécialisés compétents du monde indus trialisé. Les recherches menées au siège international du CIFOR en Indonésie seront en fait très limitées. Il est prévu de déployer à l'extérieur 70 pour cent de ses ressources. Les effectifs du siège se déplaceront fréquemment pour travailler avec leurs partenaires dans le reste du monde tropical, ces partenaires ayant aussi la possibilité d'effectuer des séjours au siège pour y travailler avec l'équipe multiculturelle de chercheurs qui s'y trouvera. Comme la plupart des programmes de recherche seront exécutés avec la participation de scientifiques de pays développés et en développement, le modèle fondamental de fonctionnement consistera en une série tripartite d'activités.
Plusieurs de ces programmes sont déjà en cours:
· En Inde, des politiques forestières mettant en particulier l'accent sur l'aménagement forestier mixte sont en train d'être élaborées en collaboration avec l'Université de Floride de Gaines ville, le Service forestier indien et l'Institut Tata de recherches en matière d'énergie, à New Delhi.· Dans le bassin de l'Amazone, des études de cas sur la durabilité à long terme de projets de développement rural basé sur la forêt sont menées par l'Institut mondial pour les ressources (WRI), de Washington, avec l'appui du Service forestier des Etats-Unis et le BMZ (Allemagne), et en collaboration avec l'Empresa Brasileira de Pesquisa Agropecuaria (EMBRAPA), ainsi que diverses organisations non gouvernementales de la région.
· Le Centre australien de recherche agricole internationale collabore avec des institutions de recherche forestière de Malaisie, d'Indonésie, des Philippines et de Thaïlande à un projet du CIFOR visant à examiner les problèmes soulevés par le reboise´ ment des prairies d'Imperata dans ces quatre pays.
· Le CIFOR collabore avec l'Organisme finlandais pour le développement international (FINNIDA), la Banque mondiale et les instituts de recherche forestière du Zimbabwe, du Malawi et d'autres pays de la Communauté du développement de l'Afrique australe (SADC), pour examiner les problèmes d'aménagement communautaire des terrains boisés en zone aride de l'Afrique australe et orientale.
Recherches et activités connexes du CIFOR PROGRAMME 1: ÉLABORATION DE POLITIQUES · Politiques et stimulants propres à assurer l'aménagement durable des forêts naturelles et à promouvoir le reboisement des terres dégradées PROGRAMME 2: AMÉNAGEMENT ET CONSERVATION DES FORÊTS NATURELLES · Exploitation/aménagement à faible impact PROGRAMME 3: REBOISEMENT DES TERRES DÉGRADÉES · Techniques autres qu'industrielles pour le reboisement des terres dégradées PROGRAMME 4: PRODUITS ET MARCHÉS · Gestion des produits forestiers non ligneux par les communautés locales PROGRAMME 5: SOUTIEN ET INFORMATION EN MATIÈRE DE RECHERCHE · Promotion des ressources humaines et institutionnelles |
Le succès ou l'échec du CIFOR dépendra en grande partie de son impact sur les pays en développement qui lui sont associés. L'une de ses premières activités majeures consistera, conjointement avec le Service international de la recherche agronomique nationale (SIRAN) aux Pays-Bas, à mener une étude de base sur la capacité et l'efficacité de la recherche forestière dans les tropiques. Au siège du SIRAN à La Haye, on mettra au point des méthodologies pour évaluer à la fois l'impact du CIFOR sur la capacité de recherche et l'impact de la recherche sur le bien-être des bénéficiaires finals, c'est-à-dire les populations et les forêts dont elles sont tributaires.
L'agroforesterie représente sans doute le problème biologique le plus complexe dans le système GCRAI: comment, en effet, associer cultures annuelles et arbres de manière que la concurrence inévitable entre les unes et les autres pour la lumière, l'eau et les éléments nutritifs se traduise par une production vivrière durable sans dégrader l'environnement.
Les systèmes agroforestiers constituent une des solutions de remplacement les plus durables et attrayantes à la culture itinérante. Ils sont aussi indispensables pour la restauration des jachères forestières secondaires et des herbages dérivés qui résultent souvent de la culture itinérante à courte rotation. Au niveau de l'exploitation, la plantation d'arbres et une gestion améliorée de ces derniers peuvent beaucoup aider à relever la productivité de l'entreprise en accroissant le revenu agricole, en améliorant la sécurité alimentaire et en favorisant la conservation des ressources agricoles, pédologiques et hydriques.
Les gens comprennent encore mal comment ces interactions se produisent au cours du processus et comment on peut les manipuler au mieux grâce à du matériel génétique ainsi qu'à des techniques d'aménagement agricoles et sylvicoles adaptés. Par ailleurs, il faut du temps aux systèmes agroforestiers pour s'implanter et remplir des rôles fondamentaux tels que le cyclage des éléments nutritifs et la conservation des sols. Sur les emplacements prioritaires des écosystèmes humides, semi - humides et semi-arides, le CIRAF cherche surtout à promouvoir une vision prospective des grandes interactions entre populations, arbres, cultures et/ou animaux qui se manifesteront dans chaque agro-écosystème ou qui lui seront utiles. Il s'est en particulier attaché à mettre au point des méthodes socio-économiques permettant d'étudier la perception qu'ont les populations locales des systèmes agroforestiers. Il a mis sur pied un solide réseau agroforestier avec des institutions nationales de recherche en Afrique, à savoir les Réseaux de recherche agroforestière pour l'Afrique (AFRENA), et il se propose d'instaurer des réseaux analogues en Asie et en Amérique latine.
Il existe de gros fossés entre pratiques agroforestières traditionnelles et technologies améliorées. La stratégie générale du CIRAF consiste à les combler par le biais de quatre programmes de recherche et de trois programmes de diffusion (voir encadré, ci-contre). Des programmes de recherche seront mis en uvre selon trois modalités opérationnelles: activités au siège, réseaux coopératifs (recherche thématique et agro-écologique) et mécanismes écorégionaux. En Afrique, les AFRENA seront renforcés. En Amérique latine et en Asie, le CIRAF se reliera aux structures institutionnelles existantes qui s'occupent d'agroforesterie et, du moins au début, se concentrera sur les tropiques humides (quatre pays en Amérique latine et trois ou quatre pays en Asie). Des installations appropriées de laboratoire, de serres et de recherche sur le terrain seront mises en place à Nairobi (y compris un centre de matériel génétique d'essences forestières polyvalentes ainsi qu'un centre de formation) afin de permettre au CIRAF de mener à bien ses activités mondiales de recherche stratégique et de diffusion.
Programmes du CIRAF RECHERCHE · Caractérisation et impact - caractérisation écologique et économique des systèmes d'utilisation des terres, validation des technologies et évaluation des problèmes de politique et des répercussions suscitées par leur adoption. · Amélioration génétique des arbres polyvalents identification, récolte, évaluation, conservation et amélioration du matériel génétique. · Interaction des composantes - priorité aux recherches axées sur les processus permettant de tester des hypothèses et d'obtenir des données scientifiques sur le cycle des éléments nutritifs, la conservation des sols, et la façon dont les arbres et les cultures se disputent la lumière, l'eau et les substances nutritives, ainsi que la façon dont les ravageurs influent sur ces processus. · Amélioration des systèmes - recherche sur l'élaboration et l'amélioration des systèmes et stratégies d'aménagement. DIFFUSION · Formation - perfectionner les aptitudes et connaissances des chercheurs en agroforesterie et autres spécialistes de manière qu'ils puissent diagnostiquer les obstacles à l'utilisation des terres, puis concevoir et exécuter des projets de recherche agroforestière débouchant sur l'élaboration de systèmes et de technologies adaptés aux conditions locales et à la portée des agriculteurs. · Education - renforcer l'aptitude des universités et des facultés techniques à enseigner l'agroforesterie aux niveaux postuniversitaire et universitaire, ainsi qu'au niveau du diplôme et du certificat. · Information - appuyer la recherche, la formation et le développement en matière d'agroforesterie moyennant la diffusion d'informations dans ce domaine. |
Pour répondre, d'une part, au souci croissant de parvenir à une agriculture durable et, d'autre part, à la nécessité perçue d'adopter dans la recherche une approche plus écorégionale, plusieurs CIRA entreprennent des programmes de recherche touchant à la foresterie et/ou à l'agroforesterie. Certaines de ces recherches leur sont propres, mais de plus en plus, les ressources naturelles renouvelables sont l'objet de recherches menées par plusieurs CIRA en collaboration avec des organismes nationaux de recherche agricole et forestière. Tel est le cas en particulier du projet mondial Alternatives to Slash-and-Burn Agriculture (ASB), coordonné par le CIRAF, auquel participent le Centre international d'agriculture tropicale (CIAT), le CIFOR, l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) et l'Institut international d'agriculture tropicale (IITA), ainsi que des instituts nationaux d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine.
Tout au long des débats sur la façon dont le système GCRAI pouvait contribuer le plus utilement aux besoins en matière de recherche forestière mondiale, on s'est délibérément efforcé de maintenir ou d'introduire des éléments de recherche forestière et agroforestière dans les programmes des centres. Action 21, l'un des résultats de la CNUED, a également incité les CIRA à concevoir plus largement leurs rôles potentiels, et les plans actuels à moyen terme (1994-1998) font d'ordinaire apparaître les secteurs spécifiques d'Action 21 susceptibles de bénéficier de l'assistance de tel ou tel CIRA. Ci-après, un bref résumé des recherches sur la foresterie et l'agroforesterie menées par les autres centres du GCRAI.
CIAT
Le Centre international d'agriculture tropicale en Colombie a été le premier CIRA à adopter résolument, dans la planification de ses recherches, l'approche écorégionale. Au titre de son programme Lisières forestières, ses recherches porteront à la fois sur la forêt et l'agriculture, mais il prévoit de collaborer étroitement avec le CIFOR en ce qui concerne la foresterie. Le CIRA et l'IFPRI uvrent également avec le CIAT sur les chantiers du projet ASB en Amazonie occidentale.
CIP
Le Centre international de la pomme de terre (CIP), au Pérou, s'apprête à lancer un programme écorégional sur les plateaux andins et pourrait entreprendre des recherches agroforestières, voire même forestières. Il est en contact avec le projet forestier régional appuyé par la FAO Développement forestier participatif dans les Andes dont le siège est à Quito, Equateur.
CIRP1
1A partir de janvier 1994, le CIRP est devenu l'Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI)
Le Conseil international des ressources phytogénétiques (CIRP) en Italie s'occupe depuis longtemps de récolter du matériel génétique et de caractériser les arbres fruitiers. Il vient de tenter d'exploiter son expérience en matière de conservation ex situ et de gestion semencière en incorporant les essences forestières dans son domaine de recherche. Afin de préciser les rôles respectifs du CIFOR, du CIRP, du CIRAF et de la FAO, des réunions se sont tenues à Rome en 1991, à Nairobi en 1992 et, dernièrement, une fois encore à Rome en juillet 1993. Le CIRP s'est adjoint les services d'un spécialiste en matériel génétique forestier et a participé à quatre grandes études consultatives visant à cerner les problèmes et à suggérer des orientations futures pour la recherche.
ICRISAT
A son siège d'Hydèrabad, en Inde, l'Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides (ICRISAT) a entrepris d'importantes études écophysiologiques sur les cultures en couloir, tandis que dans son Centre sahélien de Niamey (Niger), il a entrepris des recherches sur les systèmes agroforestiers à Faidherbia albida, ainsi que sur les rideaux-abris dans les pays sahéliens.
IFPRI
L'IFPRI, basé à Washington, D.C., a parrainé des recherches sur la main-d'uvre requise par la récolte de bois de feu' et il participe désormais à de nombreux aspects de la recherche de politique en matière de ressources naturelles renouvelables et d'écologie, tant au niveau i micro-économique que macro-économique. Il a coparrainé et organisé en majeure partie quatre ateliers sur les programmes de recherche touchant aux politiques d'utilisation des terres et de foresterie en zones tropicales (Washington, D.C., 1991; Bangkok et Nairobi, 1992; San José, 1993) et collabore aux recherches menées par le CIRAF en matière de politique dans le cadre du projet ASB, surtout dans le bassin occidental de l'Amazonie. La nouvelle Division environnement et technologie de production de l'IFPRI fait des recherches sur les moyens de lutter contre le déboisement et la dégradation des ressources dans les zones forestières marginales des tropiques humides, et étudie des options technologiques et politiques.
IITA
L'IITA du Nigéria est bien connu pour ses études à long terme sur les cultures en couloir. Il collabore de façon proéminente avec le CIRAF au projet ASB en Afrique de l'Ouest, en se servant de ses sous-stations sur les tropiques humides de M'balmayo au Cameroun pour étudier en particulier les composantes et les interactions au sein des systèmes agroforestiers.
CIPEA
Depuis de nombreuses années, le Centre international pour l'élevage en Afrique (CIPEA), dont le siège se trouve en Ethiopie, récolte et teste des arbustes et arbres fourragers. Au Nigéria, il a aidé l'IITA à mettre sur pied et à exploiter un réseau de recherche sur l'incorporation de Gliricidia sepium fixatrice d'azote, dans les systèmes agroforestiers, tant culturaux que fourragers.
Ce réseau doit notamment son succès à une direction efficace, à la livraison opportune des ressources aux collaboratèurs, et à la mise en application des enseignements tirés d'autres réseaux de recherche agricole et forestière. Il pourrait fort bien constituer un modèle pour les réseaux forestiers futurs du système GCRAI.
IRRI
Aux Philippines, l'Institut international de recherche sur le riz (IRRI) concourt avec d'autres institutions philippines aux recherches sur les systèmes de cultures mixtes, notamment au développement et à l'adaptation de la Technique agricole pour les terres en pente (SALT).
SIRAN
Le SIRAN, implanté aux Pays-Bas, englobe les systèmes nationaux de recherche forestière, ainsi que les systèmes de recherche sur l'agriculture, le drainage et l'irrigation et les pêches. Il a intégré des systèmes de recherche forestière nationale à son programme régional dans les pays de la SADC afin de réorganiser la base institutionnelle de la recherche. Sa compilation d'indicateurs de recherche agronomique, sa mise au point d'un système axé sur les projets aux fins de planification, contrôle et justification des recherches, ainsi que ses études sur l'évaluation et l'estimation des impacts sont du plus haut intérêt pour les organisations de recherche forestière. Les organismes soucieux de renforcer les services de recherche forestière nationale peuvent beaucoup apprendre de l'expérience acquise par le SIRAN dans près de 50 pays en développement.
ADRAO
L'Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l'Ouest (ADRAO), basée en Côte d'Ivoires, a déclaré qu'elle serait intéressée à participer avec le CIFOR aux recherches sur les aspects hydrologiques de l'aménagement des bassins versants de montagne alimentant les cours d'eau dont est tributaire la riziculture dans les zones marécageuses intérieures.
Etant donné les rapports très étroits entre les études stratégiques du GCRAI en matière de foresterie et d'agroforesterie, et la recherche adaptative au niveau national, on a beaucoup réfléchi aux moyens de mettre au point de meilleurs dispositifs pour appuyer de bons réseaux avec des institutions nationales de recherche forestière et agroforestière. L'initiative due à la FAO, à la Banque de développement pour l'Asie (BAsD) et au PNUD, à savoir le Programme de soutien à la recherche forestière pour l'Asie et le Pacifique (FORSPA), financé et géré par la région, pourrait, semble-t-il, servir de modèle ailleurs. Le FORSPA offre un mécanisme officiel permettant de relier et de partager les activités des organisations nationales de recherche forestière. Il pourrait donc constituer en même temps un réseau efficace de communication et de consultation en matière de recherche, avec lequel le GCRAI et ses centres pourraient collaborer. Cela reviendrait moins cher que l'établissement de liaisons au coup par coup avec chaque système national de recherche forestière. [NDLR: voir article de Rao, p. 27].
On étudie actuellement le moyen de renforcer de tels liens de collaboration avec les institutions forestières et agroforestières nationales d'autres régions. Est également en cours d'examen la possibilité de lancer en Afrique de l'Ouest un projet analogue au FORSPA, fondé sur l'expérience du réseau régional s'occupant de l'amélioration des arbres et de la distribution des semences.
Pour répondre au défi d'Action 21, le GCRAI s'efforce essentiellement de doser judicieusement, dans toutes les recherches qu'il appuie, la productivité et l'aménagement des ressources naturelles. Un des éléments clefs de cette réponse est l'approche écorégionale qui vise à mener les recherches dans des zones agro-écologiques définies au plan régional, et à les axer sur ces derniers.
Pour mieux s'attaquer aux problèmes de la conservation et de l'aménagement des ressources naturelles dans le cadre du développement agricole, forestier et halieutique, le GCRAI a enrôlé la participation de nouveaux centres et s'occupe de modifier sensiblement sa structure et son mode de fonctionnement. Ces modifications sont essentiellement inspirées par:
· la nécessité de renforcer les moyens scientifiques du GCRAI dans le domaine de l'aménagement des ressources en sol, eau, forêt et pêche;· le fait reconnu que les problèmes posés par l'aménagement des ressources naturelles sont souvent spécifiques aux stations, sur le plan agro-écologique et exigent une recherche multidisciplinaire plus intensive axée sur des régions hautement prioritaires et spécialement sur la lutte contre la pauvreté rurale, le tout s'inscrivant dans une recherche écorégionale;
· l'importance d'agir avec les populations locales et, notamment dans les écosystèmes marginaux, d'étayer les recherches sur le savoir traditionnel; pour cela, il faut que les centres du GCRAI étoffent les moyens dont ils disposent pour procéder à des recherches sur les politiques socio-économiques et macro-économiques;
· la reconnaissance du rôle que jouent les femmes dans la prise de décisions au niveau de l'exploitation/ménage; il est de ce fait nécessaire que le GCRAI étudie de plus près les problèmes liés aux considérations de sexe;
· la nécessité d'aider les institutions nationales de recherche à renforcer leurs compétences scientifiques et leurs moyens institutionnels dans le domaine de l'aménagement des ressources naturelles.
Avant tout, le GCRAI a déclenché un processus qui permettra de déterminer la manière d'intégrer au mieux une capacité écologique concrète aux programmes de tous ses centres. Ces efforts majeurs pourront encore rehausser la participation du GCRAI au processus post-CNUED. Leur succès, toutefois, dépend non seulement du GCRAI mais aussi de l'inébranlable volonté de la communauté internationale d'atteindre les objectifs de la CNUED.