37. Comment réagir au changement climatique prévu?
38. Existe-t-il des moyens naturels d'aider les arbres et les forets a s'adapter au changement climatique?
39. Comment l'aménagement forestier peut-il aider les forets a s'adapter au changement climatique?
40. Que peut-on faire pour aider les forets a s'adapter aux risques accrus de feux incontrôlés et (ou) d'attaques de ravageurs et de maladies qui pourraient résulter du changement climatique?
Il existe deux stratégies globales pour répondre au changement climatique prévu: l'adaptation et l'atténuation. Ces approches s'appliquent à tous les secteurs concernés par le problème du changement climatique.
L'ADAPTATION concerne les réponses aux effets du changement climatique Elle se rapporte à tout ajustement, qu'il soit passif, réactif ou prévisionnel pouvant être adopté en vue de compenser les effets nocifs prévus, attendus ou réels du changement climatique. L'adaptation implique également de tirer parti de tous les effets bénéfiques éventuels comme des périodes de croissance plus longues qui permettraient de pratiquer certaines cultures à des latitudes plus élevées.
De nombreuses stratégies d'adaptation sont valables indépendamment du changement climatique car la variabilité climatique actuelle et les phénomènes climatiques extrêmes, comme les sécheresses, les violents orages et les inondations causent déjà des dégâts importants dans la plupart des régions du monde. L'adaptation à ces phénomènes peut aider à réduire les dégâts à court terme indépendamment d'éventuels changements climatiques à long terme.
L'ATTENUATION ou "limitation" cherche à agir sur les causes du changement climatique. Pour y parvenir, il faut prendre des mesures qui préviennent ou retardent l'augmentation des concentrations de GES dans l'atmosphère en limitant les sources d'émission actuelles et futures et en renforçant les puits potentiels de GES.
Les stratégies d'adaptation et d'atténuation devraient être associées en une approche intégrée pour réagir au changement climatique. Le présent chapitre étudie les possibilités d'aider les forêts à s'adapter au changement climatique, tandis que le chapitre 8 porte sur les options à envisager pour atténuer les effets de ce changement.
Certaines populations d'arbres, grâce à leur variabilité génétique, seront capables de survivre aux effets du changement climatique en s'adaptant aux nouvelles conditions par acclimatation plutôt que par migration vers d'autres lieux ayant des climats semblables à leur habitat originel. Un autre mécanisme potentiel d'adaptation est que certaines caractéristiques physiologiques et de développement subiront des modifications permanentes résultant d'une évolution.
Dans de nombreux cas, les limites de l'aire de répartition naturelle d'une espèce peuvent être déterminées par des facteurs intervenant en plus du climat. L'un de ces facteurs est la compétition. Dans l'hémisphère nord, les limites méridionales ou les limites de basse altitude des aires de nombreuses espèces sont déterminées par des rapports de compétition avec des espèces au sud ou à des altitudes plus basses. Ainsi, de nombreuses espèces du nord parviennent à se développer très au sud de leurs aires de répartition naturelle en l'absence de compétition. Si le climat change, ces espèces peuvent être capables de se maintenir dans leur emplacement originel si des compétiteurs plus forts ne l'envahissent pas immédiatement.
Souvent, la reproduction et l'établissement des jeunes plants sont plus sensibles au changement climatique que ne l'est la survie d'individus arrivés à maturité. Dans de tels cas, des individus adultes peuvent se maintenir dans une région bien longtemps après que la régénération soit terminée.
De bonnes pratiques sylvicoles, comprenant le maintien de niveaux de peuplement optimaux et la sélection des arbres les mieux adaptés aux sites existants, devraient permettre aux forêts de rester vigoureuses et d'être relativement peu touchées par le stress s'exerçant sur les sites et les peuplements. Ces pratiques devraient aider les forêts à s'adapter au changement du climat.
Les pratiques susceptibles d'aider les forêts à s'adapter au changement climatique comprennent:
* Le raccourcissement de la durée de rotation qui réduirait la probabilité de sénescence liée aux stress et le risque associé de dégâts causés par les ravageurs et les maladies.* Le contrôle de la compétition pour l'eau disponible, la lumière et les éléments nutritifs présents dans le sol.
* La sélection des espèces et des provenances les mieux adaptées aux conditions du site.
* Un éclaicissage effectué selon un calendrier soigneusement établi afin de maximiser la croissance et d'augmenter la résistance aux dégâts causés par les vents violents, les insectes et les maladies.
* Des programmes d'amélioration des arbres afin de créer un matériel de plantation à partir d'une base génétique large avec des taux de croissance élevés, une meilleure forme et une meilleure adaptabilité à des conditions de site très diverses.
* Une protection contre les effets destructeurs des incendies, des ravageurs et des maladies (voir questions 35 et 36).
* Des inventaires périodiques et un examen des peuplements qui constitueront une base pour des règles de gestion sylvicole et un calendrier d'exploitation.
Indépendamment des considérations sur le changement climatique, la gestion de la santé des forêts devrait faire partie intégrante de toutes les activités d'aménagement forestier. Toutefois, la nécessité se fera de plus en plus sentir de prendre en compte les effets potentiels du changement climatique sur les incendies, les insectes et les maladies dans l'élaboration de plans stratégiques de développement du secteur forestier, y compris ceux financés dans le cadre d'activités d'assistance internationale comme le Programme d'action forestier tropical (PAFT).
Les programmes destinés à protéger la santé des forêts devraient inclure une composante de suivi, des critères décisionnels pour la gestion des incendies, des ravageurs et des maladies fondés sur des critères écologiques, économiques et sociaux valables, et un certain nombre de méthodes respectueuses de l'environnement (biologiques, chimiques, culturales, mécaniques et réglementaires). Celles-ci doivent pouvoir être utilisées dans des systèmes modernes de lutte contre les incendies de forêt et de lutte intégrée contre les ravageurs, pour créer des conditions défavorables au développement de grands incendies ou à l'attaque des ravageurs et des maladies et pour réagir efficacement à ces phénomènes.
Les stratégies et les tactiques d'intervention à envisager pour intégrer le changement climatique dans l'élaboration de programmes de lutte contre les incendies de forêt, les insectes et les maladies consistent à:
* Augmenter la capacité des pays en développement à diriger des programmes modernes de lutte contre les incendies de forêt comprenant la prévention générale, la préparation de la défense contre les incendies et leur extinction, et à améliorer la santé des forêts par le biais de la sylviculture et de la lutte intégrée contre les ravageurs.* Insister davantage sur la nécessité d'harmoniser les essences forestières et les provenances avec les sites dans les programmes de plantation d'arbres, L'utilisation de matériel de plantation provenant d'une base génétique étroite qui pourrait être fondamentalement incapable de s'adapter aux conditions changeantes du climat doit être évité.
* Ne pas s'en tenir uniquement à une ou deux essences forestières dans les programmes de boisement ou de reboisement. Au contraire, inclure plusieurs essences chaque fois que possible dans des plantations polyspécifiques, bien adaptées aux sites locaux et aux conditions climatiques et répondant aux besoins nationaux en matière de produits et de services forestiers.
* Etablir des réserves in-situ et ex-situ d'essences forestières de première importance, afin qu'un pool génique à suffisamment forte variabilité soit disponible pour les programmes d'amélioration ayant pour objectif de mettre au point des variétés capables de s'adapter au changement du climat.
* Accélérer les programmes de récupération du bois d'oeuvre et de gestion des combustibles afin de réduire les risques de feux incontrôlés en forêts, surtout dans celles très endommagées par les ravageurs et les maladies ou par des processus de dépérissement.
* Mettre au point des programmes de suivi des insectes et des maladies permettant de détecter des accroissements de la fréquence et de l'intensité des cas de dépérissement de la forêt et de l'activité de nouveaux ravageurs et de nouvelles maladies (à la fois indigènes et introduits) s'ajoutant à ceux déjà connus. Les systèmes de suivi devraient également être capables de détecter des changements dans la biologie, l'écologie et les aires de répartition naturelle des ravageurs, comprenant le calendrier des événements les plus importants dans leur cycle biologique, le nombre de générations, les modes d'alimentation et les interactions hôte/ravageur.
* Débuter des programmes de recherche en vue de déterminer les effets à long terme du changement climatique sur la biologie et les interactions hôte/ravageur-maladie des espèces de ravageurs traditionnelles. En outre, identifier les espèces qui pourraient devenir des ravageurs en cas de changement de climat. Intégrer aussi rapidement que possible les nouvelles informations fournies par la recherche dans les programmes déjà opérationnels.
* Etudier les effets des feux, des insectes et des maladies sur la biodiversité au niveau des espèces pionnières, des espèces de succession secondaire et des espèces climaciques. Déterminer le degré de "perturbations" dues au changement climatique dans l'auto-régénération des systèmes de végétation: incapacité des forêts à reconquérir des zones brûlées ou exploitées, succession "stoppée", où la végétation de broussailles ou de lianes n'est plus remplacée par la forêt.
* Commencer des études pour déterminer les effets des anomalies climatiques sur la stabilité de la forêt.