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Répartition


Répartition

La répartition de la diversification des activités n'est pas telle qu'on pourrait s'y attendre si l'on se réfère à la littérature sur l'Asie. Un cas typique des pays asiatiques (voir Walker et al., 1993, pour l'Inde) est une relation en forme de U entre la diversification des revenus et le revenu du ménage: les strates les plus pauvres ont des revenus très diversifiés, ceux des strates moyennes le sont moins, et ceux des strates les plus riches le sont à nouveau beaucoup.

Peu d'études menées avant les années 80 dans les régions tropicales semi-arides d'Afrique de l'Ouest traitent de cette relation. Matlon (1979) a mis en évidence une relation en "U" au Nord-Nigéria au milieu des années 70. Au contraire, au Burkina Faso, au Sénégal et au Niger dans les années 80, la diversification était positivement corrélée aux revenus du ménage: faibles niveaux de diversification pour les plus pauvres et hauts niveaux pour les ménages les plus riches (Reardon et al., 1993).

Dans presque toutes les régions, les ménages les plus riches tirent davantage de revenus (en termes relatifs comme en valeur absolue) de la migration que les pauvres, la seule exception étant les zones sahéliennes et soudaniennes du Sénégal en raison de l'accès au secteur tertiaire facilité par la proximité de Dakar. Au Burkina Faso, au Niger et dans la zone guinéenne du Sénégal, la faible participation de la strate la plus pauvre à la migration est un fait communément observé par les études sur ce sujet (ex. Taylor, 1987); cette faible participation est en général attribuée aux contraintes de trésorerie que les plus pauvres rencontrent pour payer les coûts de transaction de la migration.

La répartition des activités extra-agricoles par sous-secteur met aussi en évidence des tendances générales similaires dans les études sur les trois pays (Reardon et al., 1993). La part des revenus de l'élevage est identique pour les ménages des terciles riche et pauvre, bien que les plus pauvres aient un cheptel beaucoup plus petit. La participation à des activités hors exploitation au niveau local varie aussi suivant les tranches de revenu dans les trois pays. Les ménages les plus pauvres ont tendance à s'engager dans des activités demandant peu de capital mais exigeantes en travail, alors que les plus riches recherchent les activités plus exigeantes en capital. Le salariat agricole (que je classe dans les revenus hors exploitation locaux dans la mesure où il est pratiqué dans les fermes des autres) a une part très faible dans les revenus, pour les trois pays: I à 2 % dans la plupart des zones. Cette part est plus grande pour le tercile pauvre, sauf dans la zone soudano-guinée du Niger, mais ne dépasse pas 3 à 4 % des revenus. Ces faibles pourcentages reflètent le bas niveau de l'offre et de la demande de travail en raison de l'absence de paysans sans terres, du niveau de la technologie et de la covariation de la demande de main-d'_uvre entre les ménages pendant la saison des pluies.

Ainsi, sauf quelques exceptions, les schémas sont très semblables pour les trois pays. Les ménages du tercile pauvre dépendent plus de l'agriculture d'autosubsistance et, quand ils travaillent hors de l'exploitation, ils se concentrent sur le salariat agricole et la cueillette, le commerce et les services exigeants en travail, ainsi que le petit artisanat. Cette dernière observation correspond aux résultats trouvés par Matlon (1979) en ce qui concerne les types d'activités que les différentes tranches de revenus pratiquaient au milieu des années 70 dans la zone guinéenne du Nord-Nigéria.

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