Le tableau 1 en annexe montre qu'au Sahel le degré de diversification des revenus est plus élevé que le niveau général établi pour l'Afrique par Haggblade et al. (1989), sur la base de l'emploi rural hors exploitation en Afrique sub-saharienne. Ces auteurs ont trouvé que les revenus extra-agricoles représentent 25 à 30 % du revenu total de la moyenne des ménages étudiés. Le tableau 1 montre deux index de diversification des revenus pour une série d'études de terrain: la part des revenus hors exploitation (c'est-à-dire tous les revenus ne provenant ni de l'agriculture ni de l'élevage) dans le revenu total, et la part des revenus hors agriculture (c'est-à-dire tous les revenus ne provenant pas des cultures) dans le revenu total. Ce tableau inclut deux études menées au Nord-Nigéria et référencées par Haggblade et al. (1989), ainsi que six autres études plus récentes (années 80). L'étude menée dans les années 70 au Nord-Nigéria ne traite que de la zone guinéenne sur une seule année, les autres études traitant pour la plupart plusieurs zones et plusieurs années.
Selon les études des années 80, les revenus hors exploitation varient de 20 à 64 % du revenu total (moyenne arithmétique de 39 %), et les revenus hors agriculture varient de 31 à 83 % (moyenne arithmétique de 48 %). Ces écarts sont plus importants que ceux que Haggblade et al. (1989) ont trouvés pour l'Afrique sub-saharienne dans son ensemble, et plus grands que les 23 à 30 % qui apparaissent dans les études au Nord-Nigéria dans les années 70, pour les revenus hors exploitation.
Deux points importants sont à signaler ici. D'une part, les études du Nord-Nigéria, du Burkina Faso, du Niger et du Sénégal montrent que les transferts inter-ménages sont quantitativement très minimes et ont une place beaucoup moins importante que les activités hors exploitation et l'élevage dans les moyens d'assurer les périodes de soudure. Ce point contredit l'idée communément admise que les transferts interménages forment un "réseau d'assurance sociale" quantitativement important dans les villages africains. L'emprunt net est une forme de transfert inter-ménage, mais il est aussi minime; Christensen (1989) et Barrett et al. (1982) pour le Burkina Faso, et Kelly et al. (1993) pour le Sénégal ont trouvé qu'il tient un rôle minime dans le financement de l'alimentation et des intrants et dans la formation du capital.
D'autre part, la diversification varie beaucoup d'une année à l'autre dans une région donnée, ce qui n'apparaît pas dans les tableaux. Dans les zones du nord, elle a tendance à être plus importante les années de sécheresse, afin de compenser les pertes de récoltes. Dans les régions du sud, elle est plus importante en années normales, fait en relation avec la valorisation des productions.
