Premièrement, les ménages sahéliens manifestent une forte préférence pour la diversification des revenus, apparemment pour compenser les risques liés aux revenus, fournir de la trésorerie destinée à l'achat de vivres et d'intrants agricoles et élever le niveau général des revenus.
Deuxièmement, en raison de la concurrence possible entre d'une part les investissements en capital ou en travail destinés aux activités de diversification et, d'autre part, l'utilisation de la main-d'_uvre et de l'argent au sein de l'exploitation, aussi bien en saison des pluies qu'en saison sèche, les agronomes et les environnementalistes ne doivent pas s'attendre à ce que les ménages sahéliens adoptent automatiquement les techniques de gestion des ressources naturelles et entreprennent des investissements conservatoires. Très certainement, ces modes de gestion et ces investissements demandent à être évalués en termes de profit relatif par rapport aux investissements hors exploitation, plutôt qu'en termes absolus et unisectoriels.
Troisièmement, les chercheurs et les politiques doivent d'une pan se concentrer sur la pérennité des moyens de subsistance des ruraux des deux secteurs, et d'autre part se préoccuper de la pérennité des sources alternatives de revenus situées en aval. En particulier, même si certaines productions agricoles non traditionnelles peuvent paraître moins destructrices de l'environnement et ainsi être des alternatives à l'agriculture traditionnelle, il n'est pas évident que des débouchés stables et en extension existent pour elles. Avant que de telles sources alternatives de revenus soient proposées, il est nécessaire que des études au niveau du sous-secteur soient menées.
Quatrièmement, avec le sous-développement des marchés financiers formels et informels du Sahel, les revenus propres des ménages, en particulier les recettes des récoltes et les revenus hors exploitation, sont leurs principaux moyens de financer le matériel, les matériaux et la main-d'_uvre nécessaires à la réalisation de la plupart des grands investissements conservatoires. Le problème qui se pose est que, étant donné la grande inégalité de la répartition des sources de revenus hors exploitation, et l'accès difficile à ces sources pour les plus pauvres, cela risque de déboucher sur une répartition aussi inégale des investissements destinés à améliorer la productivité et la base de ressources naturelles.
Cinquièmement, les ménages les plus pauvres ont un accès réduit aux activités de diversification les plus exigeantes en capital et dépendent relativement plus (que les ménages plus riches), pour leur sécurité alimentaire, d'activités plus exigeantes en travail et moins en capital, telles que la cueillette et la chasse dans les communs ou les zones en libre accès. Les programmes et régulations environnementaux visant à restreindre leur possibilités de cueillette (par exemple le ramassage du bois de feu) risquent de déséquilibrer la sécurité alimentaire des pauvres tant que des sources alternatives de revenus ne sont pas mises à leur portée.
Les pauvres sont vulnérables sur deux points:
- d'une part, leurs possibilités d'intensifier la production sur leurs terres sont compromises par les difficultés qu'ils rencontrent pour se procurer les intrants agricoles tels que les engrais, que des politiques agricoles ont rendus plus chers,
- d'autre part, leurs possibilités d'étendre leurs productions, de recourir aux communs pour compenser le manque-à-gagner induit par la pratique de l'agriculture sur des terres épuisées, c'est-à-dire d'exploiter les ressources communes, sont compromises par les réformes des politiques environnementales.
Si une telle contradiction passe inaperçue la plupart du temps, il semble que c'est parce que les réformes sont élaborées par des institutions _uvrant de façon non coordonnée et qu'elles sont appliquées par des services différents au sein des gouvernements. Entre les deux, il y a les pauvres, et il semble important de prendre spécialement en considération une troisième alternative si l'on veut protéger leur bien-être.