Les perspectives de la sécurité alimentaire sont sombres dans plusieurs zones de la région des Grands Lacs. Des poches de famine pourraient apparaître dans l’est du Zaïre car la distribution des secours continue d’être entravée par des hostilités permanentes et des difficultés logistiques. Des centaines de milliers de réfugiés rwandais et des sections de la population locale ne peuvent être atteints par les organismes de secours et sont bloqués par les combats dans la zone de conflit. On signale des décès dus à la malnutrition et aux maladies dans plusieurs camps. Seule une intervention urgente de la communauté internationale pouvant assurer l’arrivée ininterrompue des secours aux réfugiés immobilisés évitera de nouvelles souffrances à la population et des pertes en vies humaines. Au Rwanda, l’afflux récent de plus de 1,2 million de rapatriés a fortement aggravé la situation alimentaire déjà précaire, tandis que dans le Burundi voisin, la crise socio-politique permanente et l’embargo économique en vigueur ont gravement compromis la production vivrière. En Ouganda, le déplacement de populations locales et de réfugiés soudanais dans le nord du pays sont à l’origine de graves problèmes d‘approvisionnement, tandis qu’en Tanzanie environ 280 000 personnes ont besoin d’une aide alimentaire après la mauvaise récolte de 1996.
En Afrique orientale, les récentes récoltes de la campagne secondaire ont été mauvaises et la situation des disponibilités alimentaires est précaire dans plusieurs pays de la sous-région. Au Kenya, une crise alimentaire s’est déclarée dans l’est et le nord-est du pays qui ont enregistré de mauvaises récoltes à cause de la sécheresse. En outre, la sécurité alimentaire du pays est menacée par une épidémie de peste bovine. En Somalie, la sécheresse associée à l’insécurité permanente dans de nombreuses zones a conduit à un resserrement des disponibilités alimentaires, tandis qu’en Erythrée, une autre mauvaise récolte a été rentrée en raison de l’insuffisance des pluies. Ailleurs en Afrique orientale, des récoltes exceptionnelles ont été engrangées en Ethiopie et au Soudan, mais des déficits vivriers persistent dans certaines contrées. Des achats locaux soutenus par les donateurs sont nécessaires dans ces deux pays pour couvrir les besoins dans les zones déficitaires.
La situation alimentaire est stable dans la plupart des pays sahéliens, mais des déficits localisés persistent. Les conditions de croissance ayant été généralement favorables, des récoltes moyennes ou supérieures à la moyenne ont été rentrées dans la plupart des pays sahéliens sauf au Cap-Vert, en Guinée-Bissau, en Mauritanie et au Tchad où, selon les estimations, la production est inférieure à la moyenne. La production céréalière globale dans les neuf pays membres du CILSS est estimée à 8,9 millions de tonnes, soit une augmentation de 2 pour cent par rapport à 1995. Une récolte supérieure à la moyenne a été rentrée au Niger et au Sénégal, tandis que des récoltes moyennes ont été enregistrées au Burkina Faso, au Mali et en Gambie. Toutefois, les récoltes ont été mauvaises dans quelques régions de certains pays, en particulier dans le nord du Tchad et dans certaines zones du Mali, de la Mauritanie et du Niger. Dans les pays côtiers, des récoltes moyennes ou supérieures à la moyenne sont prévues, les conditions de croissance ayant été bonnes. La production céréalière globale dans les neuf pays côtiers est estimée à 27,3 millions de tonnes, soit 7 pour cent de plus que la récolte de l’année dernière. Toutefois, au Libéria, la situation alimentaire demeure précaire tandis qu’en Sierra Leone elle s’améliore peu à peu à la faveur de la signature d’un accord de paix.
En Afrique australe, les perspectives de récolte sont jusqu’ici favorables, grâce aux bonnes pluies tombées depuis le début de la campagne, mais les criquets nomades constituent une sérieuse menace pour les récoltes dans plusieurs pays. Des essaims de criquets en provenance du Mozambique ont été signalés dans plusieurs pays, notamment en Afrique du Sud, au Botswana, au Malawi, en Zambie et au Zimbabwe.
Plusieurs pays ont besoin de l’assistance des donateurs pour acheter et transférer des excédents locaux vers des zones déficitaires. D’après les évaluations du SMIAR, l’assistance des donateurs est nécessaire pour des achats et la distribution intérieure d’excédents au Burkina Faso, en Ethiopie, au Mali, au Niger, au Sénégal et au Tchad. Par ailleurs, plusieurs pays disposent d’excédents exportables qui peuvent être achetés par les donateurs qui les livreront dans les pays déficitaires de la région par le biais d’opérations triangulaires ou d’accords de troc.
Les besoins d’importations céréalières de l’Afrique subsaharienne devraient diminuer en 1996/97, essentiellement en raison de l’amélioration générale des récoltes principales de céréales dans les pays du Sahel et certaines zones de la corne de l’Afrique, et des perspectives de récoltes favorables en Afrique australe. Néanmoins, pour les pays à déficit vivrier, les difficultés permanentes de balance des paiements signifieront que les besoins d’aide alimentaire resteront importants. Alors que les contributions annoncées pour 1996/97 ont été substantielles, plusieurs pays affichent des déficits importants non couverts.