Les perspectives des approvisionnements vivriers se sont améliorées dans plusieurs régions de l�Afrique subsaharienne, les récoltes ayant été meilleures dans de nombreux pays. Les derniers renseignements parvenus laissent à penser que la production céréalière de la région en 1996 a augmenté, atteignant le volume record de 90 millions de tonnes, soit environ 14 millions de tonnes de plus que l�année précédente. Malgré ce sensible accroissement, une aide d�urgence de grande ampleur continuera d�être nécessaire pour des millions de victimes de la sécheresse, de personnes déplacées, de réfugiés ou de rapatriés dans 14 pays de la région. La situation est très préoccupante dans la région des Grands Lacs où les faits survenus au cours des derniers mois ont encore déstabilisé la situation des approvisionnements vivriers.
En Afrique orientale, les perspectives de l�alimentation sont inégales: elles sont défavorables au Kenya, en Erythrée et en Somalie, où les récoltes ont été sensiblement réduites par la sécheresse, alors qu�en Ethiopie et au Soudan, on a rentré de bonnes récoltes de céréales. La sécurité alimentaire de la sous-région est en outre menacée par une épidémie de peste bovine qui a été signalée au Kenya et en Tanzanie et pourrait gagner d�autres régions. En Afrique occidentale, grâce à des conditions de végétation généralement satisfaisantes, des récoltes moyennes ou supérieures à la moyenne ont été rentrées dans la plupart des pays sahéliens et côtiers, sauf au Libéria où l�insécurité continue d�entraver la production vivrière. En Afrique australe, les perspectives de récoltes céréalières pour 1996/97 sont jusqu�ici généralement favorables, car il a plu un peu partout depuis le début de la campagne en novembre. Toutefois, il y a une sérieuse menace d�attaque de criquets nomades, des pullulations larvaires ayant été signalées dans plusieurs pays de la sous-région. Dans la région des Grands Lacs, les perspectives des disponibilités alimentaires sont sombres, en particulier dans l�est du Zaïre où la poursuite des hostilités pourraient entraîner une famine dont seraient victimes les réfugiés et la population locale.
Bien qu�inférieurs à ceux de 1996, les besoins globaux d�aide alimentaire de l�Afrique subsaharienne resteront élevés en 1997. Néanmoins, malgré un fort accroissement de la production céréalière mondiale, 1996/97 risque d�être marqué par la persistance de disponibilités relativement limitées et les disponibilités mondiales d�aide alimentaire n�ont guère de chances de s�améliorer sensiblement par rapport au faible niveau de 7,2 millions de tonnes enregistré en 1995/96. En outre, étant donné que la plupart des pays à faible revenu et à déficit vivrier de l�Afrique subsaharienne sont confrontés à des difficultés de balance des paiements qui limitent fortement leur capacité d�importation, une aide alimentaire exceptionnelle sera nécessaire pour éviter des souffrances dues à la sous-consommation dans plusieurs de ces pays.
De nouveaux déplacements de population depuis octobre ont été l�élément marquant dans la région des Grands Lacs, avec pour conséquence une forte déstabilisation de la situation des disponibilités alimentaires.
Au Rwanda, le nouvel accroissement des besoins alimentaires dû à l�arrivée de rapatriés en novembre et décembre, conjugué à la mauvaise récolte de haricots de la dernière campagne, aggravera la situation déjà instable et précaire du pays. Une mission FAO/PAM d�évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires présente dans le pays en décembre a estimé que la production de céréales, de racines et de tubercules de la première campagne de 1997 a augmenté d�un quart par rapport à l�année précédente, alors que celle de bananes et de plantains n�a enregistré qu�un léger accroissement. Toutefois, la production de haricots, principale récolte de la campagne, a baissé de 12 pour cent par rapport à l�an dernier. Malgré une amélioration générale, la production vivrière est restée inférieure à la moyenne enregistrée avant les troubles civils en raison de la baisse des rendements et des pertes de récolte dans le sud du pays frappé par la sécheresse. Au total, les besoins d�aide alimentaire (en équivalent céréales) pour la première moitié de 1997 sont estimés à 81 000 tonnes de céréales et 33 000 tonnes de légumineuses. Les principaux bénéficiaires, qui seraient 2,6 millions, soit le tiers de la population, comprennent les nouveaux rapatriés qui n�ont pas participé à la dernière campagne, les premiers rapatriés qui doivent quitter les exploitations qu�ils occupent actuellement, des agriculteurs des préfectures du sud qui ont rentré une mauvaise récolte, et des groupes vulnérables, notamment des veuves, des orphelins et d�autres personnes sans ressources depuis les événements de 1994. La réinstallation et la réintégration du grand nombre de rapatriés dans l�économie pose un sérieux défi au Gouvernement et à la communauté internationale. Il ne faut pas oublier non plus le besoin pressant d�une assistance de la part des donateurs que comporte le programme de relèvement agricole de grande envergure qui vise à ramener la production vivrière au niveau d�avant la crise.
Dans l�est du Zaïre, l�intensification des combats a rendu la situation encore moins sûre dans la région. Des centaines de milliers de réfugiés et la population locale continuent de fuir le conflit et leur situation alimentaire et sanitaire est précaire. Les opérations de secours ont été fortement entravées par le manque d�accès aux zones où se trouvent les populations touchées. Plusieurs centaines de milliers de réfugiés restent dans la zone, dont la moitié environ était il y a peu de temps encore dans les trois camps de Tingi Tingi, Amisi et Shabunda, et l�autre moitié dans des zones forestières inaccessibles. Selon de récents rapports, on recense tous les jours des décès dus à la famine et aux maladies dans le camp de Tingi Tingi qui abrite quelque 120 000 réfugiés. La situation est désespérée et il ne faut ménager aucun effort pour venir en aide dans les plus brefs délais aux personnes immobilisées. Une aide massive des donateurs est nécessaire, compte tenu surtout des coûts élevés du transport et de la distribution de l�aide alimentaire et non alimentaire d�urgence. Seule une intervention immédiate évitera de nouvelles souffrances aux populations et de nouveaux décès.
Au Burundi, l�insécurité continue de régner dans la plus grande partie du pays et de récents rapports font état d�une recrudescence des combats dans la province septentrionale de Kayanza. Depuis décembre, les combats de plus en plus violents ont poussé quelque 100 000 nouveaux réfugiés à entrer en Tanzanie et stimulé les déplacements de population. Les tensions politiques ont été exacerbées par le retour de réfugiés burundais de l�est du Zaïre, et l�on craint que le retour possible d�environ 200 000 réfugiés actuellement en Tanzanie puisse avoir de graves répercussions sur la sécurité et au plan humanitaire. La distribution de l�aide humanitaire a été ralentie par l�insécurité et les pénuries de carburant après l�embargo économique imposé par des pays voisins. La situation des approvisionnements vivriers reste précaire dans les provinces les plus durement touchées par la guerre civile, là où les semis et la production ont été réduits durant la dernière campagne, et pour les rapatriés et les personnes déplacées à l�intérieur du pays. Dans ces groupes de population, les taux de malnutrition seraient en hausse. Dans l�ensemble, le recul de la production de 1996 et l�embargo en vigueur ont eu pour effet de faire gonfler les prix des aliments de base, limitant l�accès aux denrées alimentaires pour la majorité de la population. Sur la base de la dernière évaluation effectuée sur place, la production vivrière totale durant la première campagne de 1997 sera, selon des estimations provisoires, de 1,2 million de tonnes, soit 7 pour cent de moins que la récolte de la même campagne en 1996 et 18 pour cent de moins que la moyenne enregistrée avant la crise pour 1988-93.
En Ouganda, les troubles civils persistants dans les districts du nord ont entraîné le déplacement d�un grand nombre de ménages ruraux ces derniers mois. Ceux-ci sont dans une situation alimentaire et sanitaire précaire. Les prix des denrées alimentaires dans la région ont plus que doublé en un an, et la malnutrition serait très répandue. Le Gouvernement a demandé une aide alimentaire pour 20 000 personnes déplacées dans le district de Kitgum. En outre, après la sécheresse qui a frappé les régions de l�est, de l�ouest et du nord-est, la récolte de la campagne secondaire de 1996/97, qui est en cours, devrait être réduite et l�on prévoit une situation alimentaire précaire dans ces zones.
En Tanzanie, les pluies ayant été insuffisantes, on s�attend à une récolte de campagne secondaire réduite en 1996/97, récolte qui représente environ 40 pour cent des approvisionnements vivriers annuels dans les zones à régime de pluies bimodal de la région côtière du nord et dans le nord-est. Des pénuries alimentaires sont prévues dans vingt-quatre districts. Selon les premières estimations, environ 400 000 personnes auront du mal à se nourrir dans ces zones jusqu�à la prochaine récolte en mai.
Dans la corne de l�Afrique, la production céréalière globale de 1996/97 est estimée à 19,7 millions de tonnes, soit 12 pour cent de plus que l�année précédente, les récoltes ayant été exceptionnelles en Ethiopie et au Soudan, premiers producteurs de la sous-région. Toutefois, la production de céréales a baissé en Erythrée et au Kenya et est restée bien inférieure à la moyenne en Somalie. Le gain de production global de la sous-région dissimule l�existence d�une population nombreuse qui ne mange pas à sa faim en raison de mauvaises récoltes localisées, du manque structurel de ressources pour accéder aux aliments, des déplacements et des troubles civils dans le sud du Soudan. On estime qu�environ 7 millions de personnes auront besoin d�une aide alimentaire en 1997.
En Ethiopie, malgré une augmentation globale de 20 pour cent de la production de céréales et de légumineuses de 1996, environ 1,9 million de personnes auront besoin d�une aide alimentaire en 1997. Un certain nombre de régions et de zones sont encore en déficit vivrier, et pour de nombreuses populations, l�accès aux denrées alimentaires demeure problématique. Dans les zones où sévit une insécurité alimentaire chronique - Tigré, Wollo, Waghamra et nord de l�Omo - quoique la production alimentaire ait sensiblement augmenté cette année, de larges sections de la population sont incapables de produire assez d�aliments en raison de l�insuffisance de leurs ressources et de l�absence d�autres sources de revenu. Si la plupart des besoins d�aide alimentaire pour 1997 sont fondamentalement liés à la pauvreté et à l�insécurité alimentaire structurelle, des conditions météorologiques défavorables ici et là, notamment l�arrêt prématuré des pluies, des averses de grêle et des inondations, ont eu des effets négatifs sur la production dans certaines contrées. Dans l�ensemble, toutefois, la récolte de céréales a été exceptionnelle et les donateurs sont instamment invités à soutenir les achats et le transfert des excédents locaux vers les zones déficitaires.
Au Soudan, la production céréalière de 1996/97 dépassera selon les estimations de 50 pour cent celle de l�année dernière et constituera un record, donnant un excédent exportable. Toutefois, les disponibilités céréalières seront insuffisantes en de nombreux endroits. Dans plusieurs zones des Etats du Kordofan et du Darfour, les précipitations peu abondantes et irrégulières durant la campagne et les dégâts causés par les sauteriaux ont réduit la récolte de mil, culture principale dans ces régions. Bien que la production soit supérieure à celle très médiocre de l�an dernier dans ces Etats, le niveau des stocks est très bas car voici deux années de suite que la récolte est inférieure à la normale. Le revenu des agriculteurs provenant des cultures de rapport et de l�élevage pourrait ne pas suffire pour acheter assez de céréales. On prévoit de graves difficultés alimentaires pour certaines sections de la population dans le nord et l�ouest du Darfour où plus de la moitié de la superficie plantée en mil n�a rien produit, mais aussi dans le nord du Kordofan, le nord-ouest du Kordofan occidental, le nord du Darfour méridional et dans la province de Geneina dans le Darfour occidental. Une assistance est nécessaire pour les personnes souffrant de graves déficits vivriers, soit par le biais d�achats locaux de céréales soutenus par les donateurs, soit par leur transport à partir des zones excédentaires vers les zones déficitaires. En outre, dans les Etats du sud frappés par le conflit civil prolongé, quelque 2,6 millions de personnes touchées par la guerre auront besoin de secours alimentaires d�urgence en 1997. La situation est particulièrement grave à Juba, Wau et Gogrial où l�insécurité a entravé la culture des céréales et les activités d�élevage et où les moyens de survie de la population sont très limités.
En Erythrée, la récolte de céréales et de légumineuses de 1996 a été réduite par la sécheresse en milieu de campagne. On estime que la production est inférieure au niveau médiocre de l�année précédente et bien au-dessous de la moyenne. N�ayant pas assez de ressources pour satisfaire leurs besoins essentiels et ne pouvant accéder au marché du travail, de larges sections de la population restent très vulnérables même aux plus petites baisses de production. Une aide alimentaire substantielle sera nécessaire en 1997.
Au Kenya, dans la plus grande partie des provinces du nord-est, de l�est et de la côte, de graves difficultés alimentaires sont prévues durant la première moitié de 1997 en raison de l�échec de la campagne des "petites pluies" de 1996/97. Pâturages et parcours sont également en mauvais état et le manque d�eau est devenu un grand problème aussi bien pour le bétail que pour les humains. On a signalé des pertes importantes d�animaux. Dans ces mêmes zones, les mauvaises récoltes de la campagne des petites pluies de 1996/97 font suite à deux récoltes réduites consécutives, venant ainsi aggraver une situation alimentaire déjà précaire. Le Gouvernement estime qu�environ deux millions de personnes souffrent actuellement de la sécheresse et a demandé à la communauté internationale de fournir une aide alimentaire d�urgence à cette section de la population. Ailleurs dans le pays, les récoltes de la campagne principale des "longues pluies" de 1996 ont sensiblement diminué en raison de la réduction des semis et des rendements. Les besoins d�importations céréalières durant la campagne commerciale 1996/97 (octobre/septembre) ont fortement augmenté. De plus, une épidémie de peste bovine (voir encadré page 5) représente une nouvelle menace à la sécurité alimentaire du pays.
En Somalie, la récolte secondaire Der, représentant quelque 25 pour cent de la production céréalière annuelle, est provisoirement estimée à 45 000 tonnes, soit 60 pour cent de moins que le niveau de l�année précédente, réduction due à l�insuffisance des pluies. Des pénuries alimentaires sont prévues dans plusieurs zones. La situation sera particulièrement difficile dans les régions de Gedo, de la basse vallée de la Juba et de Hiraam, où la récolte principale Gu a aussi été médiocre. Les donateurs sont instamment invités à préparer des plans d�urgence pour livrer l�aide alimentaire à la population touchée.
Au Libéria, bien que le processus de paix ait démarré, des combats sporadiques entravent encore ici et là les activités agricoles, mais la situation devrait s�améliorer en 1997. La démobilisation des combattants se poursuit et des élections nationales sont prévues pour mai 1997. Une mission FAO d�évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires qui s�est rendue dans le pays en novembre/décembre a estimé la production de riz de 1996 à environ 95 000 tonnes sous l�effet de l�amélioration de la sécurité dans les principales régions productrices de riz et de la distribution de semences et d�outils. Ce chiffre dépasse de beaucoup celui de la production de 1995 mais ne représente encore que 30 pour cent du niveau enregistré avant la guerre civile.
La situation alimentaire était très précaire en 1996 et, malgré une amélioration, elle restera difficile en 1997. La distribution de l�aide alimentaire est en cours, notamment à Tubmanburg, car le pays continue de compter principalement sur l�aide alimentaire pour couvrir ses besoins. Selon la FAO, compte tenu de l�accord de paix conclu récemment et si la sécurité se renforce, quelque 37 000 familles de réfugiés, soit environ 30 pour cent de la population des réfugiés, pourraient rentrer à temps pour la campagne principale de 1997. Si, comme on le prévoit, la population augmente de 2 millions de personnes en raison du retour d�une partie des réfugiés restant encore dans les pays voisins, les besoins d�aide alimentaire en céréales en 1997 seront de 115 000 tonnes.
En Sierra Leone, la production vivrière se redresse peu à peu après la guerre civile qui a frappé le pays pendant les sept dernières années, mais celui-ci devra encore compter largement sur l�aide alimentaire en 1997. Après la signature d�un accord de paix entre le gouvernement et les rebelles, les personnes déplacées à l�intérieur du pays rentreront probablement dans leurs foyers. Le HCR prépare le rapatriement d�environ 250 000 réfugiés restant dans la Guinée voisine et de 120 000 réfugiés restant au
Libéria.
En novembre/décembre 1996, une mission FAO/PAM d�évaluation des récoltes et des disponibilités vivrières a estimé la production de paddy de 1996 à 391 000 tonnes, soit un chiffre supérieur à celui de 1995 mais représentant environ 70 pour cent du niveau d�avant la guerre. La production de plantes-racines a également progressé jusqu�à 328 000 tonnes, selon les estimations. Les besoins d�importations céréalières pour 1997 sont estimés à 259 000 tonnes, dont 80 000 tonnes sous la forme d�aide alimentaire.
Des récoltes moyennes à supérieures à la moyenne ont été rentrées fin 1996 dans les principaux pays producteurs du Sahel. Malgré la sécheresse qui a frappé la plupart des pays en juin ou en juillet, les conditions de végétation ont été bonnes en général dans la deuxième partie de la saison des pluies (août- septembre) et les attaques de ravageurs sont restées assez limitées. En conséquence, les récoltes ont été bonnes dans les pays sahéliens gros producteurs. Néanmoins, la production est restée inférieure à la moyenne au Cap-Vert, en Mauritanie et au Tchad.
La production céréalière globale de 1996 dans les neuf pays membres du CILSS est estimée à 8,9 millions de tonnes, soit environ 2 pour cent de plus qu�en 1995 mais 7 pour cent de moins que le chiffre record de 1994. Une récolte supérieure à la moyenne a été enregistrée au Niger et au Sénégal, proche de la moyenne au Burkina Faso, au Mali et en Gambie, tandis qu�au Cap-Vert, en Guinée-Buissau et au Tchad elle devrait être inférieure à la moyenne. En Mauritanie, au mois de novembre, une mission d�évaluation a revu à la baisse les premières estimations de la production et indiqué qu�une production inférieure à la moyenne était prévue. Par rapport à 1995, la production a sensiblement augmenté au Burkina Faso et au Niger, mais elle est restée presque inchangée en Gambie, au Mali et au Sénégal; elle a été plus faible en Guinée-Bissau, en Mauritanie et au Tchad et nettement réduite au Cap-Vert.
Après plusieurs années de récolte relativement bonnes, la situation des disponibilités vivrières devrait rester dans l�ensemble satisfaisante en 1996/97. Néanmoins, dans quelques régions de certains pays, les récoltes ont été médiocres, en particulier dans le nord du Tchad, en Mauritanie et dans certaines zones du Mali et du Niger qui sont traditionnellement déficitaires. Dans ces régions, les prix des céréales sont élevés et augmentent sensiblement. Des ventes à des prix subventionnés ou des distributions de produits alimentaires seront nécessaires pendant la période de soudure. Les systèmes nationaux d�alerte rapide ont déjà estimé les besoins au Tchad et au Niger. Dans ces deux pays, la situation est aggravée par le très faible niveau des stocks nationaux de sécurité alimentaire qui devront être reconstitués avec une aide supplémentaire des donateurs. Dans plusieurs pays et notamment au Tchad et au Niger, le soutien des donateurs est requis pour l�achat et le transfert de céréales à partir des zones excédentaires ou de pays voisins par le biais d�opérations triangulaires pour couvrir les besoins alimentaires des régions à déficit vivrier.
En 1996, les conditions de végétation ont été favorables dans la majorité des pays côtiers. La production céréalière globale dans les neuf pays côtiers est estimée provisoirement à environ 27,3 millions de tonnes. Des récoltes moyennes ou supérieures à la moyenne sont prévues dans tous les pays côtiers, sauf au Libéria et en Sierra Leone. Selon les premières estimations, les récoltes de céréales atteindront des niveaux record au Bénin, en Côte d�Ivoire, au Ghana, au Cameroun et au Nigéria. On prévoit au Togo une récolte proche de la normale. Au Libéria, la situation est encore instable et les troubles civils continuent de perturber la production agricole. On y attend donc à nouveau une récolte très médiocre. En Sierra Leone, la production céréalière est supérieure à celle de 1995, suite au processus de paix et à la mise en oeuvre de programmes de rehabilitation, mais elle ne permettra pas encore de couvrir les besoins du pays.
Les semis des récoltes de 1996/97 sont terminés dans la plupart des pays de la sous-région. Les pluies généralement faibles ou modérées tombées en novembre et en décembre dans la plupart des grandes zones productrices ont amélioré la teneur en humidité du sol, encouragé l�extension des superficies plantées dans plusieurs zones et assuré une bonne germination des semences pour les cultures à semis précoce. Les conditions atmosphériques ont été généralement favorables en Angola, au Lesotho, à Madagascar, en Afrique du Sud, au Swaziland et au Zimbabwe. Les pluies saisonnières ont été inférieures à la normale jusqu�à fin décembre dans de vastes zones du Malawi, du Mozambique, de la Namibie et de la Zambie où la sécheresse a sévi en octobre. Toutefois, les pluies tombées un peu partout en janvier ont amélioré la situation dans la plupart des régions, et l�engorgement des sols et le lessivage de leurs nutriments se produisent dans certaines zones de la Zambie et du Zimbabwe. En Angola, les perspectives de récolte sont bonnes jusqu�ici car le processus de paix qui se poursuit favorise l�accroissement des semis et la fourniture de grandes quantités de semences et d�outils agricoles. Toutefois, les criquets nomades constituent un grave danger pour les cultures. Des essaims en provenance du Mozambique ont été signalés dans plusieurs autres pays, notamment au Botswana, au Malawi, en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe. Des mesures de lutte ont été prises par les gouvernements de la sous-région mais les récoltes d�été restent menacées car les pluies favorisent la reproduction sur une grande échelle. La situation devra être suivie de très près dans les semaines à venir.
Selon les dernières estimations de la FAO, au total 11 pays d�Afrique subsaharienne détiennent environ 4,4 millions de tonnes d�excédents exportables, des céréales secondaires pour l�essentiel. Si la plus grande partie sera exportée par les circuits commerciaux normaux, une aide spéciale des donateurs sera également nécessaire pour en écouler une bonne partie. Les besoins globaux des pays en déficit de la région sont estimés à 2,3 millions de tonnes, chiffre nettement inférieur aux excédents disponibles dans la région. Fin janvier 1997, les donateurs ont fait part au SMIAR de plans pour l�écoulement de 61 000 tonnes d�excédents exportables de 1996/97 par le biais d�opérations triangulaires et d�accords de troc. Dix-huit pays ont besoin du soutien des donateurs pour l�achat et le transfert intérieur d�environ 350 000 tonnes d�excédents locaux vers les zones déficitaires. Jusqu�ici, les donateurs ont informé le SMIAR de plans pour l�achat et la distribution intérieure de quelque 106 000 tonnes. Ainsi, les donateurs devront fournir un soutien supplémentaire pour une partie des excédents exportables inutilisés pour un total de 3,4 millions de tonnes dans 11 pays et pour des achats locaux et la distribution intérieure d�environ 250 000 tonnes dans 18 pays.
Le volume des besoins d�importations de céréales des pays d�Afrique subsaharienne en 1996/97 devrait diminuer, en raison des récoltes généralement bonnes en Afrique occidentale et dans certaines zones de l�Afrique orientale et des perspectives favorables en Afrique australe. Les estimations faites par le SMIAR de la production de 1996 et des besoins d�importation et d�aide alimentaire pour 1996/97 sont récapitulées au tableau 1. Les besoins totaux d�aide alimentaire de ces pays en 1996/97 sont estimés à quelque 1,86 million de tonnes, contre 2,14 millions de tonnes reçues l�année dernière. Les engagements d�aide alimentaire sous forme de céréales pour 1996/97, y compris les reports de 1995/96 se montent à environ 1,1 million de tonnes, mais seulement 385 000 tonnes ont été reçues jusqu�à présent. Ces engagements supplémentaires doivent donc être faits de toute urgence pour répondre aux besoins non pourvus de plusieurs pays.
La situation demeure précaire dans la région des Grands Lacs, en particulier dans l�est du Zaïre qui connaît de graves difficultés alimentaires dues à la recrudescence des hostilités. La crise socio-politique intensifiée et l�embargo économique régional au Burundi ont eu des effets négatifs sur la production vivrière et les disponibilités alimentaires intérieures. Une aide d�urgence continue d�être nécessaire dans de nombreux pays africains frappés par des catastrophes tant naturelles que d�origine humaine. C�est dans ce contexte que l�attention de la communauté internationale est appelée sur cinq secteurs dans lesquels une assistance est indispensable.