FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique 02/97

DEUXIEME PARTIE: SITUATION PAR SOUS-REGION

  • ENCADRE: LA SITUATION ACRIDIENNE

  • En Afrique australe et dans certains pays d’Afrique orientale et centrale, les cultures de céréales de 1997 maintenant en terre seront récoltées à partir d’avril. Ailleurs en Afrique orientale, on rentre les récoltes secondaires de la campagne des petites pluies. En Afrique occidentale, les cultures de contre-saison sont en terre dans plusieurs pays, mais celles de la campagne principale ne seront pas semées avant le mois de mars dans les pays côtiers et le mois de juin dans les pays sahéliens.

    Calendrier des cultures céréalières

    Sous-région

    Cultures céréalières
    Semis Récolte
    Afrique de l'Est 1 mars-juin août-déc.
    Afrique australe oct.-déc. avril-juin
    Afrique de l'Ouest

    - Zones côtières (première campagne) mars-avril juillet-sept.
    - Zone sahélienne juin-juillet oct.-nov.
    Afrique centrale 1 avril-juin août-déc.


    1 Exception faite du Burundi, du Rwanda et du Zaïre qui ont deux campagnes principales et de la Tanzanie dont la campagne principale suit le calendrier des semis de l'Afrique australe. Au Soudan, c'est en juin-juillet que sont semées les céréales secondaires de base et la récolte s'effectue en octobre-décembre.

    En Afrique orientale,
    les perspectives des récoltes de la campagne secondaire qui sont en cours sont défavorables en raison des pluies tardives, insuffisantes et irrégulières durant la campagne. Au Kenya, la récolte céréalière de la campagne secondaire atteindrait la moitié du niveau normal. La production de la campagne principale des "longues pluies" a également été réduite à cause de la diminution des superficies ensemencées et des rendements, due à la baisse des prix et au coût élevé des intrants agricoles. La production globale de maïs (campagne principale) est estimée à environ un quart de moins que le niveau de l’année dernière. En Somalie, la récolte de céréales Der de la campagne secondaire devrait s’établir à 45 pour cent au-dessous de la normale. La récolte principale Gu, bien que dépassant celle de l’année précédente, a été réduite. Selon les prévisions, la production globale de céréales sera de 288 000 tonnes, à peu près la même que celle de l’année dernière mais bien inférieure aux niveaux d’avant la guerre. En Tanzanie, on prévoit un mauvais résultat de la récolte Vuli de la campagne secondaire; la production globale de céréales 1996/97 devrait baisser de 15 pour cent par rapport au bon niveau de l’année précédente pour passer à 4,3 millions de tonnes. En Ouganda, la récolte de céréales de la campagne secondaire a aussi été affectée par la sécheresse, tandis que la récolte de céréale de la campagne principale a été inférieure à celle de l’année précédente. En revanche, en Ethiopie, la récolte de céréales de la campagne principale rentrée récemment a atteint un record grâce à l’augmentation des superficies ensemencées et des rendements; avec les semis de la récolte secondaire sur le point d’être faits, la production globale de céréales et de légumineuses pour 1996/97 est prévue à 12 millions de tonnes, soit 20 pour cent de plus que l’an dernier. Une récolte exceptionnelle de céréales secondaires a également été rentrée au Soudan, où la production est estimée à 4,7 millions de tonnes, soit 65 pour cent de plus que la récolte médiocre de 1995. En Erythrée, toutefois, la production a baissé pour la deuxième année consécutive, passant à 132 000 tonnes à cause des conditions atmosphériques défavorables. Au Rwanda, on rentre les récoltes de la campagne 1997 A, qui se sont sensiblement accrues, les semis ayant augmenté et des pluies abondantes étant tombées, mais la récolte principale de légumineuses a reculé. Au Burundi, la récolte de la campagne 1997 A sera inférieure selon les estimations en raison de la persistance de l’insécurité dans plusieurs zones et de l’effet de l’embargo économique.

    Les besoins globaux d’importations céréalières de la sous-région en 1996/97 sont estimés à 2,5 millions de tonnes. Les importations commerciales devraient s’établir à 1,9 million de tonnes. Les besoins d’aide alimentaire sont estimés à 0,6 million de tonnes dont 0,3 million de tonnes ont été couverts par des contributions.

    Afrique australe,
    les perspectives sont favorables jusqu’ici pour les cultures de céréales secondaires et de riz de 1996/97 qui viennent d’être semées. Les semis sont achevés dans la plupart des régions et les cultures se développent dans des conditions atmosphériques généralement favorables, après des pluies généralisées depuis novembre. Les pluies ont commencé relativement tard dans la sous-région, avec une sécheresse en octobre dans le sud de l’Angola, dans le nord du Malawi, du Mozambique et de la Namibie, et dans l’est de la Zambie et du Zimbabwe. Les semis se sont poursuivis dans ces régions au début de janvier. En Angola, au Lesotho, à Madagascar, en Afrique du Sud, au Swaziland et au Zimbabwe, les pluies tombées dans les principales zones productrices en novembre et en décembre ont amélioré l’humidité du sol et encouragé l’accroissement des semis. Toutefois, des foyers de criquets nomades ont été signalés au Botswana, au Malawi, au Mozambique, en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe. Bien que des mesures de lutte aient été prises dans ces pays, la situation reste menaçante pour la récolte de 1997.

    La production céréalière totale de la sous-région pour 1996 a été estimée à 24,5 millions de tonnes, soit 66 pour cent de plus que le niveau de 1995 et 34 pour cent au-dessus de la moyenne. La production de céréales a dépassé largement la moyenne en Angola, au Botswana, au Lesotho, au Malawi, au Mozambique, en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe. Compte tenu des réserves abondantes d’eau dans la plupart des réservoirs de barrage, on estime que la récolte de blé rentrée récemment sera de 3 millions de tonnes. La récolte de céréales secondaires moissonnée plus tôt dans l’année s’établit à quelque 19,6 millions de tonnes, soit environ 88 pour cent au-dessus du niveau de 1995 réduit par la sécheresse et 39 pour cent au-dessus de la moyenne. La production de riz est estimée à 1,9 million de tonnes.

    Du fait de ces bons résultats de la campagne 1996, la situation des approvisionnements vivriers de la sous-région s’est considérablement améliorée. Les disponibilités de maïs couvrent les besoins globaux de la sous-région, et les stocks ont été reconstitués dans de nombreux pays. Les contrats d’exportation déjà faits pour le maïs d’Afrique du Sud dépassent 2,6 millions de tonnes. De grandes quantités de maïs sont également exportées par le Zimbabwe où les disponibilités dépassent les besoins intérieurs, mais aussi par le Mozambique et la Zambie. Les déficits céréaliers enregistrés dans d’autres pays, y compris le Botswana, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, la Namibie et le Swaziland, sont couverts par des importations commerciales et des programmes d’aide alimentaire limités. Les engagements d’aide alimentaire se montant à 515 000 tonnes devraient couvrir la plus grande partie des besoins d’aide en céréales de la sous-région, particulièrement de l’Angola et du Mozambique qui continueront d’avoir besoin d’une aide alimentaire substantielle pour satisfaire leurs besoins en 1996/97.

    Afrique occidentale,
    Dans la deuxième quinzaine d’octobre, une série de missions conjointes FAO/CILSS d’évaluation des récoltes a été organisée dans le but d’évaluer les récoltes de la campagne 1996 dans les 9 pays membres du CILSS et d’examiner les premières estimations de la production de céréales qui avaient été faites par les services nationaux de statistiques agricoles. En Mauritanie, en novembre, une autre mission d’évaluation s’est également rendue dans les principales zones de production. D’après ces évaluations, la production céréalière totale serait de 8,9 millions de tonnes, soit un niveau proche de la moyenne, supérieur de 2 pour cent à celui de 1995 mais inférieur de 7 pour cent au niveau record de 1994. On estime que la production sera supérieure à la moyenne au Niger et au Sénégal, proche de la moyenne au Burkina Faso, au Mali et en Gambie mais inférieure à la moyenne au Cap-Vert, en Mauritanie, en Guinée-Bissau et au Tchad. Ces chiffres sont provisoires car les enquêtes ont été faites généralement avant la fin de la récolte et comprennent des prévisions pour les cultures de décrue et de contre-saison. Ces estimations pourraient donc devoir être révisées au cours des prochains mois, mais il est peu probable qu’il y ait un changement dans la tendance générale qui indique une production moyenne ou supérieure à la moyenne dans les principaux pays producteurs de la sous-région.



    LA SITUATION ACRIDIENNE

    En Afrique occidentale, les principales infestations de criquets pèlerins de 1996 ont touché la Mauritanie. Des ailés solitaires épars sont présents dans le nord, principalement près d’Atar et sur la côte près de Nouakchott, et en quantité moindre dans la région d’El Hank. Des nomades ont signalé quelques essaims se déplaçant vers le nord dans les régions du centre et du nord fin décembre et début janvier. Quelques essaims ont également été signalés sur la côte entre Nouakchott et la vallée du fleuve Sénégal. Aucune opération de lutte n’a été entreprise durant la première quinzaine de janvier.

    Dans les zones de reproduction hivernale des deux côtés de la mer Rouge, des bandes larvaires en petit nombre ont été signalées dans les champs de mil du delta du Tokar au Soudan à la mi-décembre. Celles-ci provenaient d’adultes qui ont déposé leurs oeufs à la mi-novembre. Dans les plaines côtières de l’Erythrée, des ailés épars persistent probablement dans les zones où des criquets ont été signalés en décembre. On prévoit que les conditions seront favorables à la reproduction, notamment près de Port Soudan où des pluies modérées sont tombées début janvier.

    Plusieurs pays ont connu des infestations localisées de sauteriaux, en particulier le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Des traitements de grande envergure ont été entrepris au Niger. Ailleurs, grâce à l’abondance de la végétation naturelle due aux bonnes précipitations, les sauteriaux ne se sont pas concentrés sur les cultures.

    Des essaims de criquets nomades ont été signalés dans plusieurs pays d’Afrique australe, d’abord au Mozambique, puis au Botswana, au Malawi, en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe. Des mesures de lutte ont été prises par les gouvernements de la sous-région, mais il y a toujours danger pour les cultures semées récemment car les pluies favorisent la reproduction à grande échelle.

    Dans la majorité des pays côtiers du golfe de Guinée, les conditions de croissance de la végétation ont été dans l’ensemble favorables pour les céréales en 1996. La saison des pluies a commencé début mars dans le sud et début avril dans le nord des pays côtiers puis les précipitations ont été assez irrégulières mais abondantes. Le cumul des pluies depuis le début de la saison a généralement été moyen ou supérieur à la moyenne et les réserves en humidité du sol ont permis un bon développement des cultures. La première récolte de maïs, qui a eu lieu en juillet, a été bonne dans la majorité des pays côtiers. On prévoit une récolte proche de la moyenne pour le mil et le sorgho. La seconde récolte de maïs, semée fin août-début septembre, s’est développée dans de bonnes conditions en raison des pluies bien réparties, encore qu’assez limitées, tombées en septembre. Les premières estimations de la FAO pour la production céréalière globale dans les neuf pays côtiers, qui sont encore préliminaires et sujettes à révision, indiquent un total d’environ 30 millions de tonnes (y compris riz paddy) qui dépendra du résultat final des récoltes qui doivent encore être rentrées. Des récoltes moyennes ou supérieures à la moyenne sont prévues dans tous les pays côtiers, exception faite du Libéria et de la Sierra Leone. Les premières estimations font état de récoltes céréalières record au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Cameroun et au Nigéria. On prévoit au Togo une récolte proche de la normale.

    Au Libéria, la situation est encore très instable et peu sûre. Des troubles civils continuent de perturber la production agricole et une récolte très médiocre est de nouveau attendue. En Sierra Leone, la production de céréales est meilleure qu’en 1995 après le démarrage du processus de paix et des programmes de rehabilitation, mais elle ne parviendra pas encore à couvrir les besoins du pays.

    Après ces récoltes généralement bonnes, la situation des approvisionnements vivriers devrait rester satisfaisante durant la campagne commerciale 1996/97, exception faite pour le Libéria et la Sierra Leone, qui ont été touchés par des troubles civils. Au Cap-Vert, où des importations commerciales substantielles de céréales et/ou une aide alimentaire sont prévues, la situation des disponibilités alimentaires ne devrait pas être critique malgré la récolte très réduite de 1996. Dans certaines zones du Tchad, de la Mauritanie et du Niger, de larges sections de la population pourraient être confrontées à des pénuries alimentaires après les mauvaises récoltes de 1996 et auront besoin d’une assistance. Dans les autres régions, après plusieurs récoltes moyennes ou exceptionnelles, les stocks des agriculteurs devraient s’établir à de bons niveaux. Des déficits localisés dans plusieurs zones peuvent être couverts par des transferts à partir de zones excédentaires. Des excédents exportables sont également disponibles, ce qui permet d’organiser des opérations triangulaires, en particulier à partir du Mali.

    Des importations de blé et de riz resteront nécessaires, mais celles de céréales secondaires resteront limitées sauf dans les zones frontalières traditionnelles où le commerce local est actif. Pour les programmes d’aide alimentaire en cours, les donateurs sont instamment invités à procéder à des achats locaux de céréales secondaires dans toute la mesure du possible. Il faudra aussi suivre de très près la situation acridienne en Mauritanie.

    Les besoins globaux d’importations céréalières en 1997 des huit pays de la sous-région dont la campagne commerciale se déroule de janvier à décembre sont estimés à 3,0 millions de tonnes. On prévoit que les importations commerciales s’établiront à 2,7 millions de tonnes et les besoins d’aide alimentaire à 0,3 million de tonnes. Les contributions d’aide alimentaire signalées au SMIAR fin janvier 1997 se montent à 162 000 tonnes et 44 000 tonnes ont été livrées jusqu’ici.

    Pour les pays du Sahel (pays membres du CILSS) dont la campagne commerciale a lieu de novembre à octobre, les besoins d’importations céréalières sont estimés à 1,8 million de tonnes. Le besoin d’aide alimentaire serait d’environ 0,3 million de tonnes, du blé et du riz pour l’essentiel. Dans plusieurs pays, les achats locaux sont vivement recommandés pour couvrir les besoins en céréales secondaires pour les programmes d’aide alimentaire en cours. Les contributions à reporter de l’année précédente et les nouvelles allocations se montent jusqu’ici à 94 000 tonnes, dont 31 000 tonnes ont déjà été livrées.

    Afrique centrale,
    La production globale de céréales de 1996/97 sera, selon les prévisions, moyenne ou supérieure à la moyenne dans la plupart des pays. On prévoit des récoltes supérieures à la moyenne au Cameroun et en République centrafricaine. Au Zaïre, la saison végétative commence dans le sud. Pour les cinq pays dont la campagne commerciale se déroule de janvier à décembre, le besoin d’importation céréalière est estimé à 374 000 tonnes. Les contributions d’aide alimentaire signalées au SMIAR fin janvier 1997 se montent à 26 000 tonnes, dont 4 000 tonnes ont déjà été livrées. La plus grande partie de cette quantité correspond à une aide alimentaire d’urgence pour les réfugiés rwandais dans l’est du Zaïre. Pour le Cameroun et le Congo où la campagne commerciale 1996/97 a lieu de juillet à juin, les besoins globaux de céréales en 1996/97 sont estimés à 373 000 tonnes, essentiellement du blé et du riz, et le besoin d’aide alimentaire n’est que de 2 000 tonnes.

    Afrique subsaharienne: Besoins d'aide alimentaire et d'importations de céréales par sous région (en milliers de tonnes)

    Sous-région

    1996/97 ou 1997

    Production 1996 Besoins d'importations de céréales Importations commerciales prévues Aide alimentaire
    Besoins dont: besoins non couverts
    Afrique orientale 25 787 2 538 1 921 617 452
    Afrique australe 24 484 2 662 2 130 532 44
    Afrique occidentale 36 228 4 792 4 160 632 428
    - pays côtiers 27 340 2 983 2 668 315 204
    - pays sahéliens 8 888 1 809 1 492 317 224
    Afrique centrale 2 953 747 672 75 47
    TOTAL 89 452 10 739 8 883 1 856 971


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