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1.2. Les inventaires nationaux

C'est l'outil par excellence de l'aménagement du territoire et de la gestion nationale des forêts. C'est un instrument de planification nationale. Il est bien évidemment plus détaillé que les inventaires régionaux que nous venons d'évoquer, dans la mesure où il qualifie, quantifie et localise la ressource avec plus de précision, mais surtout il met en rapport la forêt et les autres composantes agricoles, urbaines et industrielles du territoire. Dans ce but, il serait important qu'il prenne en compte les ressources ligneuses situées "hors forêt", ce qui n'est pas toujours le cas.

Mettant en évidence l'importance de la ressource située "hors forêt", nous retiendrons une estimation réalisée par Jensen (1995) concernant le volume de bois provenant des champs: "sur le plan national, le volume sur pied des jachères et des cultures constitue 30% des ressources ligneuses au Burkina Faso et 19% en Gambie" (encadré n° 10 et tableau n° 6).

Avec la même motivation, signalons que la production totale (à savoir ligneuse, fourragère et agricole) d'une forêt-parc ou d'une jachère arbustive peut être supérieure à celle d'une forêt. En effet, dans certains parcs, les arbres sont mieux protégés contre les feux; la densité des tiges étant peu élevée, leur croissance individuelle est supérieure; enfin dans un peuplement forestier, la concurrence exercée par le tapis herbacé dès les premières pluies réduit les disponibilités en eau et donc la croissance. Du strict point de vue de la production de bois, la disparition des forêts au profit de parcs à arbres à usages multiples n'est pas toujours catastrophique. Il est certain qu'à l'avenir, dans les zones tropicales sèches, les terres cultivées participeront de plus en plus à la production ligneuse et fourragère des pays et pourront être intégrées à l'inventaire national.

Les inventaires nationaux ont été réalisés dans de nombreux pays, notamment en Afrique de l'Ouest: Burkina Faso (tableau n° 6), Gambie (encadré n° 10), Sénégal (encadré n° 11). Le Mali a opté pour un inventaire du sud du pays, achevé en 1991 (tableau n° 7). Le Niger dispose d'un inventaire régional datant de 1986 et le projet PUSF (Planification et Utilisation des Sols et Forêts) a travaillé de 1984 à 1989 à l'inventaire des ressources ligneuses de la partie non désertique du pays. Cet inventaire a été réactualisé (Landsat TM) par le Projet Energie II.

Pour les pays en développement, la difficulté méthodologique consiste à transférer les résultats des inventaires nationaux de façon à ce qu'ils fournissent des données utilisables pour les aménagements locaux. Il y a là une voie de recherches à entreprendre, car la pression est telle que ces formations boisées sont transformées rapidement par les populations. Il est donc capital de passer à la mise sous aménagement viable de tous les espaces forestiers d'un pays, comme c'est le cas au Niger (SEED-CTFT, 1991), en se servant de tous les inventaires disponibles.

Encadré n° 10: Inventaire national forestier en Gambie

La Gambie dispose d'un inventaire national de 1980 (Forster, 1983). La cartographie des types de peuplements a été réalisée par l'interprétation d'une couverture aérienne complète de photos panchromatiques et infrarouges au 1/25 000 datant d'octobre 1980. Le support cartographique est une photo-mosaïque des photos panchromatiques agrandies au 1/10 000. Le volume est le volume sur écorce pour une découpe de 5 cm de tous les arbres d'un diamètre à 1,3 m supérieur ou égal à 10 cm. Les arbres de moins de 10 cm sont comptés et sont classés comme régénération. L'inventaire couvre presque tout le territoire national, y compris les arbres dans les champs. 590 des 2035 placeaux d'inventaire ont été implantés dans des terroirs villageois non forestiers. L'inventaire a pris en compte plusieurs tarifs pour les espèces "bois d'oeuvre" et "bois de feu". Pour les arbres inférieurs à 40 cm de diamètre, ces tarifs "bois d'oeuvre" correspondent à peu près aux tarifs "bois de feu". Pour les grosses dimensions (60 cm de, diamètre), ils sont supérieurs de 7,5% au tarif "bois de feu". Les accroissements ne sont pas mesurés. Ils sont estimés en appliquant des fonctions mathématiques sophistiquées sur des hypothèses non vérifiées.,

Répartition des surfaces, des volumes, de la productivité ligneuse et de la régénération sur les différents types de formations végétales naturelles en Gambie (DFS/GTZ, 1983).

Type de formation végétale

Surface (1000 ha)

Volume

Accroissement

Régénération (nombre/ha)



(1000 m3)

(m3/ha)

(1000 m3/ha)

(m3/ha/an)


Mangrove

14 980

2 748

183,5

72

4,8

609

Forêt claire et savane arborée

89 446

5 217

58,3

123

1,4

860

Savane arbustive

346 981

5 370

15,5

156

0,4

1 075

Total des formations forestières

451 407

13 335

29,5

351

0,8

1 016

Jachères et cultures

394 423

3 213

8,1

56

0,14

847

TOTAL DES FORMATIONS NAT. INVENTORIEES

845 830

16 548

-

407


937

Extrait de Jensen, 1995.

Tableau n° 6: Inventaire forestier national au Burkina Faso. Répartition des surfaces, des volumes et de la productivité ligneuse selon les différents types de formations végétales (FAO).

TYPE

SURFACE (1000 ha)

VOLUME (1000 m3)

VOLUME PAR HA (m3)

ACCROISSEMENT





(1000 m3/an)

(m3/ha/an)

Forêt claire et savane arborée

4 848

193 803

40,0



Savane arbustive et fourrés tigrés

10 572

155 545

14,7



Total et moyenne des formations forestières

15 420

349 348

22,7

8 595

0,56

Jachères et cultures 8 770

8 770

152 851

17,4

1 684

0,19

TOTAL INVENTORIE ET MOYENNE

24 190

502 199

20,8

10 279

0,42

Encadré n° 11: Inventaire National Forestier du Sénégal

Le Sénégal dispose d'un inventaire national réalisé en 1978. La cartographie des types de peuplements a été faite à partir de l'interprétation des images Landsat MSS au 1/500 000 de 1978 dont le pixel correspondait à une surface de 57 x 79 m (0,45 ha). La cartographie ne concernait que les formations forestières.

L'inventaire des volumes n'a pas été réalisé, mais les volumes moyens des différents types de peuplements ont été estimés à pal tir des données des différents inventaires et des mesures faites par le Service Forestier et le Centre National de Recherches Forestières. Il s'agit du volume vert sur écorce du fût jusqu'à la découpe de 7 cm de tous les arbres d'un diamètre supérieur à 10 cm. La fourchette va de 0,25 m3/ha pour les steppes arbustives à 120 m3/ha pour les forêts denses. Pour exprimer le volume total (fût + branches jusqu'à 4 cm de diamètre), il faut multiplier le volume du fût par 1,4.

Pour l'estimation de la productivité, une fourchette de chiffres, allant de 0,02 m3/ha/an pour les steppes arbustives à 3 m3/ha/an pour les forêts denses, a été utilisée. Ces estimations sont multipliées par les surfaces des types de peuplements issues de la cartographie.

Les ressources globales de bois de feu sur pied sont de 194 845 000 m3 (c'est-à-dire 139 175 000 m3 x 1,4) et c'est ce chiffre qui est comparable à la productivité estimée à 8 297 000 m3/an.

Note: le bois de l'espace rural n'est pas compris dans cette estimation.

CTFT/SCET, 1981.

Surface forestière, volume du fût et productivité en bois de feu des types de peuplements de l'inventaire forestier national du Sénégal 1978

FORMATION LIGNEUSE

SURFACE 1978 (1000 ha)

VOLUME

ACCROISSEMENT



(1000 m3)

(m3/ha)

(1000 m3/an)

(m3/ha/an)

Mangrove

169

5 936

35,1

-

-

Forêt dense

13

4 500

104 5

26

2,0

Forêt galerie

45

1 560


135

3,0

Forêt claire

349

20 952

60,0

699

2,0

Savane boisée

2 500

73 557

29,4

3 702

1,5

Savane arborée

4 852

28 209

5,8

3 229

0,7

Savane arbustive

469

432

0,9

64

0,1

Steppe boisée

46

455

9,9

23

0,5

Steppe et prairie arborées

3 159

3 248

1,0

367

0,1

Steppe arborée et arbustive

2 160

326

0,2

52

0,02

Palmeraie

40

-

-

-

-

Fourré littoral

43

-

-

-

-

Ensemble

13 845

139 175

-

8 297

-

Tableau n° 7: Potentiel de principales formations végétales du Mali.

FORMATIONS VEGETALES

PRECIPITATIONS (mm)

VOLUME BRUT´(m3/ha)

HAUTEUR (m)

ESPECES DOMINANTES

Forêts claires à Isoberlinia doka

935 à 1085
1295 à 1355

39 à 61
34 à 90

13 à 15
11 à 14,5

I. doka
" "

Autres forêts claires

1000 à 1310

50 à 58

11,1 à 11,8

D. oliveri, P. erinaceus, B. costatum, etc.

Savanes arbustives (dominante sableuse)

445 à 575

1,4 à 6,3

4,0 à 5,0

C. glutinosum, G. senegalensis, etc.

Savanes arbustives (limons)

500 à 700

4,5 à 10,1

4,9 à 7,9

Guiera senegalensis,
Combretum. sp., etc.

Formations sur plateaux cuirassés

450

5,5 à 6

5,5 à 9,4

Pterocarpus lucens, Combretum sp.

Savanes arbustives (sols lourds)

450 à 575

2,7 à 8,7

4,3 à 8,3

A. seyal, Balanites aegyptiaca, Anogeissus leiocarpus, etc.

Savanes arbustives du domaine soudanien sud

980

15,4 à 18,9

6,4 a 7,3

Terminalia macroptera, etc.

Savanes arborées (sols hydromorphes)

630 à 700

7,7 à 16,2

7,4 à 10,3

A. seyal, A. leiocarpus, etc.

Savanes arborées (sols non hydromorphes)

560 à 700

10,5 à 18,4

8,3 à 11,5

Combretum div. sp., etc.

Savanes boisées du domaine soudanien sud

935 a 1085

25,0 a 57,6

8,8 à 11,7

P. erinaceus, Combretum div. sp.

Savanes boisées du soudano-guinéen

-

22,0 a 45,7

8,7 à 11,3

D. oliveri, P. erinaceus, Combretum div. sp., etc.

Quelques savanes "vergers" (soudanien sud et soudano-guinéen)

975 à 1310

21,3 à 27,4

8,3 à 10,5

V. paradoxa, P. biglobosa, S. birrea

N.B. Les chiffres de volume brut et de hauteur dominante, cités ci-dessus, correspondent aux extrêmes rencontrés par type de formations végétales. Pour chaque type de formation, plusieurs sites ont été inventoriés et leurs moyennes notées.

Extraits de Nasi et Sabatier, (1988a)


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