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4.1. Définition de la charge

La notion de capacité de charge en bétail n'a pas un sens précis lorsqu'on ne maîtrise pas parfaitement la surface pâturée, le nombre d'animaux et la production de fourrage. Les parcours sont habituellement des espaces ouverts, hétérogènes, que les animaux exploitent irrégulièrement et imparfaitement, au gré de leurs déplacements. Utiliser la notion de capacité de charge présente néanmoins l'avantage de donner un ordre de grandeur du nombre d'animaux susceptibles d'être affouragés, dans les limites raisonnables d'une exploitation ménageant à peu près les productions à venir.

La charge d'un parcours se définit comme le nombre de têtes de bétail, ou mieux d'UBT⁹ qu'il peut supporter sans compromettre sa production future. La consommation de l'UBT étant limitée à 6,25 kg de matières sèches (MS) par jour, un simple calcul, connaissant la biomasse en MS/ha permet de connaître le nombre de journées de pâture par hectare pour la période d'utilisation possible.

⁹ UBT: voir chapitre VI, 7.c

Toutefois, il faut savoir que la biomasse mesurée en fin de saison des pluies se dégrade au fur et à mesure de l'avancement de la saison sèche. Boudet (1991) estime qu'en zone sahélienne, seulement un tiers de la biomasse mesurée peut être consommé à cause du piétinement, du vent et des termites. En zone soudanienne, la moitié de la partie appétible sera consommée par le cheptel. Il faut donc tenir compte de cette pondération dans le calcul de la charge.

La charge, si elle peut s'évaluer sur une année biologique, peut l'être également, en raison des contraintes, par saison (saison sèche, saison des pluies). De même, les charges des parcours de décrue ou de repousses après feux s'expriment sur les six mois de saison sèche.

Il faut tenir compte de la disponibilité en résidus de culture (tiges de mil, par exemple); ils représentent une part importante de la nourriture du cheptel.

La charge peut s'exprimer indifféremment en UBT par ha (par exemple 0,2 UBT/ha) ou en hectares nécessaires pour nourrir une UBT (5 ha/UBT).

La production et la capacité de charge en Afrique de l'Ouest sont présentées dans le tableau n° 19 et cela pour les différentes zones biogéographiques.

Dans certains miombos les graminées Setaria thermitaria et Brachiaria brizantha ainsi que diverses légumineuses (Indigofera, Crotolaria, Eriosema et Vigna spp.) constituent les plantes fourragères les plus intéressantes, mais elles sont rarement dominantes et la faible appétabilité globale entraînerait une charge utile d'une UBT pour quinze hectares au moins (Malaisse, ] 979).

En Ethiopie, la moyenne vallée de l'Awash représente un milieu sub-désertique entre le désert de l'Afar et les pentes abruptes des hauts plateaux d'Afrique orientale. On y rencontre des savanes très ouvertes de la région de l'Awash, la forêt claire à proximité de la rivière Arba, et des savanes herbeuses ou boisées en vallées. La quantité de fourrage disponible varie de 700 à 3000 kg de MS/ha, selon les sites. La capacité de charge possible est comprise entre 4 et 12 ha par bovin de 300 kg (Corra, 1992).

Au nord-est du Brésil, l'élevage extensif a été encouragé dans la zone du Sertao, dans les caatingas. Campello (1995) explique que: "L'aménagement de la végétation est lié de façon indissociable à l'affectation finale de la zone (...); le déboisement est considéré comme un moyen d'augmenter le prix des terres. En outre le manque de valeur attribué au bois de feu ainsi que la faiblesse du système fiscal appliqué par les autorités du secteur contribuent a diminuer l'intérêt porté à l'aménagement forestier (...). L'aménagement à des fins pastorales est l'utilisation la plus répandue de la caatinga ainsi que l'une des plus empiriques (...). En conditions normales la capacité de charge de la zone est de 12 ha/bovin (superficie nécessaire pour l'entretien d'un animal de grande taille pendant un an), mais on observe de nombreux cas de surpâturage (...). Pour former des pâturages on élimine la végétation ligneuse tout en laissant en place certaines espèces fourragères telles que Ziziphus joazeiro ".

Au Paraguay, dans le "Chaco humedo" (compris entre les fleuves Paraguay et Pilcomayo), la capacité de charge est de 5 ha par tête de bétail (Gerber, 1995).

Tableau n° 19: Production et capacité de charge des parcours dans les zones biogéographiques d'Afrique de l'Ouest (Grouzis et al., 1989)

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