Chapitre VI: Conclusion et propositions d'actions d'accompagnement
Compte tenu de la place qu'occupe la femme dans la vie familiale et sociale, son implication et sa participation effective dans le développement forestier et la gestion des ressources naturelles pour garantir un développement durable sont plus que jamais une impérieuse nécessité.
La femme tchadienne de part sa situation très déterminante dans l'économie familiale, constitue un facteur clé de la gestion des ressources naturelles et la protection de l'Environnement.
Sa participation à l'effort de protection de l'Environnement se trouve limitée par la corvée qu'elle endure chaque jour. En effet, la surcharge du travail aboutit à un fardeau de travail plus lourd pour les femmes que pour les hommes. Une grande partie de ces travaux ne sont ni reconnus, ni rénumérés de telle sorte que les femmes tirent peu profit de leurs efforts. Elles fournissent beaucoup d'efforts avec des journées très longue (12 à 15 heures) de travail, pour de maigres revenus. Ce sont les femmes qui, la plupart du temps sont chargées de la collecte des produits forestiers (fruits, fourrage, fibres et combustible).
Le service forestier, à travers les différents projets, s'applique à encourager les populations rurales de ces zones à planter des arbres dans leur espace de vie et dans leurs exploitations agricoles, ainsi qu'à intégrer l'agriculture dans les zones boisées. Malheureusement ils se sont très peu rendu compte du rôle, combien important que les femmes peuvent jouer et qu'il est important de leur apprendre à protéger leur environnement et à s'intéresser à la plantation d'arbres.
Dans les trois zones du projet, plusieurs contraintes doivent être analysées de près en vue d'améliorer la participation des femmes dans le développement forestier. Il s'agit entre autres de:
- multiplicité des activités des femmes rurales;
- charges familiales élevées;
- considérations socio-culturelles;
- insuffisance et éloignement des points d'eau;
- accès aux crédits et intrants agricoles;
- insuffisance d'infrastructures socio-économiques, etc...
Au terme de cette étude, dans le but d'améliorer les conditions d'intégration des femmes dans le développement forestier, la mise en oeuvre des recommandations ci-après nous semblent indispensable:
1. Renforcement de la sensibilisation des femmes par la mise en oeuvre de programme bien défini tenant compte de leurs activités;
2. Contribution à l'amélioration des conditions de vie des femmes par la réduction du temps consacré aux activités ménagères; ce qui nécessite la mise en oeuvre de petits projets de micro-réalisation;
3. Organiser et encadrer les femmes dans la mise en oeuvre d'activités économiques rentables pouvant générer des sources de revenus;
4. Former les femmes aux différentes techniques forestières;
5. favoriser l'accès à l'information des femmes par l'alphabétisation fonctionnelle et la formation pratique;
6. création d'infrastructures socio-économiques: magasin de stockage de céréales, dépôts de médicaments, puits améliorés, pépinières privées.
7. Appuyer financièrement et matériellement, à travers un système de crédit, pour développer des activités économiques rénumératrices qui doivent être mises en oeuvre, sous forme de projets de micro réalisations.
L'apui doit être vu comme un moyen d'alléger la corvée des femmes pour leur permettre d'économiser du temps qu'elles pourront consacrer aux activités forestières.
La mise en place d'un fonds de crédit permettra aux femmes de se procurer certains intrants agricoles et de se livrer à des activités commerciales pour améliorer leurs revenus.
8. Intégrer, autant que possible, tous les intervenants et services d'encadrements tels que CFPA et Centre Social, dans la mise en oeuvre des activités économiques et la mobilisation des femmes dans le développement forestier.
9. Création au niveau de la direction du projet d'une unité chargée de l'intégration des femmes dans le développement forestier. Cette unité devra nécessairement être pilotée par une socio-économiste, spécialisée dans l'Intégrations des Femmes dans le Développement qui sera recrutée, soit en tant que Experte à mi-temps ou Consultante pour une période de 6 à 8 mois, le temps nécessaire pour former les animatrices actuellement en service dans le projet. Cette experte sera chargée de l'élaboration des projets de micro-réalisations, de la mise en place d'une méthodologie de gestion des crédits, de former les femmes à la tenue de compte d'exploitation et les animatrices aux techniques de diagnostic rapide participatif du milieu, au système de gestion de l'économie rurale et de recouvrement des crédits et de l'élaboration d'une méthodologie de sui-évaluation des réalisations.
Au cours de nos enquêtes, nous avons essayé de déterminer ensemble avec elles, les besoins des populations féminines, dont la prise en compte pourrait un intéressement des populations aux activités du projets.
Le tableau 5 ci-dessous résume selon les villages les axes d'intervention souhaités par les femmes:
ACTION VILLAGE |
MAGASIN |
CAISSE CREDIT |
PUITS |
MOULIN A GRAIN |
MARAICHAGE |
BATHA |
|||||
ATI |
+ |
commerce |
+ | ||
KOUNDIOUR |
+ |
production |
+ | ||
DJEDDA |
+ |
+ |
+ | ||
NDJAMENA |
|||||
WALIA |
production |
+ |
+ | ||
LAMADJI |
production |
+ |
+ |
+ | |
GLDENG |
|||||
PASKO |
Bqcéréales |
+ | |||
MASSA |
Machines |
+ |
+ |
||
MIDJOUE |
+ |
Machines |
+ |
+ | |
KASKO |
Production |
+ |
+ | ||
HADJARAYE |
+ |
Production |
+ |
+ |
|
ABA-LIMA |
+ |
+ |
Sur la base des discussions avec les femmes et leur mobilisation, nous avons essayé de dégager les actions ci-après que le projet pourrait financer à titre d'opérations tests, dès le mois de Novembre/Décembre: Décembre:
a). Zone de Guélendeng-Mogroum
Au niveau de Guélendeng, nous préconisons l'octroi de crédit aux femmes pour:
- Pasko: constituer un banque de céréales qu'elles vendront à des prix nettement rénumérateurs pendant des périodes de déficit alimentaires;
- Massa et Hadiaraye: acheter des semences améliorées de cultures maraichères pour produire des semences de base qu'elles pourront vendre aux autres producteurs ou projets. Les cultures maraichères seront associées à la production de plants forestiers et fruitiers.
- Autres villages: développer la collecte des produits forestiers tels que fruits et autres qu'elles pourront vendre et avoir des revenus.
b). Zone de Ndjaména rural
Au niveau de Ndjaména rural, nous recommandons l'octroi de crédit aux femmes pour:
- Walia sara: 1) acheter de petites machines pour fabriquer des spaguettis pour rentabiliser les produits locaux et améliorer le régime alimentaire des populations. Les spaguettis sont très demandés dans la zone par les populations. Ce crédit sera octroyé au groupement féminin ou à des individues. 2) produire des semences de base et développer des cultures maraichères pour leur propre alimentation et la commercialisation.
- Lamadji: 1) acheter un moulin à grains pour alléger la corvée des femmes et procurer un revenu monétaire; 2) créer une unité de fabrique de fromages locaux en vue de rentabiliser le lait produit dans le village qui est présentement vendu essentiellement sous forme de lait entier ou caillé. Les femmes du groupement seront formées aux procédés de fabrique de divers fromages par le Laboratoire d'élevage de Farcha qui les a mis au point.
c). Zone de Batha
Au niveau des femmes du batha, nous préconisons l'octroi d'un crédit aux femmes pour:
- Ati: pour développer le petit commerce: acheter des denrées de première nécessité puis les vendre, C'est une activité qui prend de l'importance dans la zone. Quelques femmes ont bénéficié de crédits de la part d'ONG et de l'ONDR qu'elles ont remboursés à un taux de 80 à100%. Des activités maraichères seront également développées au niveau de la pépinière centrale du Service forestier, en associant les cultures avec la production de plants forestiers et fruitiers.
- Koundiourou: développer la transformation des produits animaux (viande séchée, lait, etc..) qui procurent des revenus substantiels déjà aux femmes qui la pratiquent.
L'amélioration des points d'eau est liée au maraichage.
Ces différentes actions devront, avant toute mise en oeuvre, faire l'objet d'études précises par l'Expert en IFDF au niveau des villages concernés pour déterminer la faisabilité, les coûts, les débouchés et les revenus qui pourront être générés.