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Chapitre V: Problématique de l'intégration de la femme dans le développement forestier


Chapitre V: Problématique de l'intégration de la femme dans le développement forestier

5.1. Contraintes liées aux moeurs

Dans les trois zones d'études (Batha, Chari-Baguirmi et Guélendeng) le rôle assigné à la femme se situe au niveau des travaux domestiques ménagers et des cultures agricoles. En effet, les femmes cultivent la terre, prennent soin des cultures et des animaux, ramassent le bois de feu, cherchent de l'eau, transforment et commercialisent les produits agricoles, cuisinent, s'occupent des enfants et gèrent leur ménage.

Face à cette corvée les femmes n'ont plus suffisamment de temps pour s'occuper des plantations et des biens collectifs tels que la gestion des ressources forestières.

Dans certaines zones la participation des femmes butte au refus de leurs maris qui désirent les voir plutôt s'occuper des travaux ménagers ou rester à la maison que de les voir s'investir dans des activités difficiles et non immédiatement rentables telles que la foresterie. Certains maris, pour des considérations religieuses ou culturelles, refusent à leurs femmes de se mettre ensemble avec les hommes pour travailler. Les femmes si elles veulent produire des plants ou planter doivent le faire à part. Or la plupart des activités forestières nécessitent de beaucoup d'énergie, condition que les femmes ne peuvent pas souvet remplir. Ceci contribue au désintéressement des femmes vis-à-vis des activités forestières.

Ainsi, même si l'importance de la contribution des femmes à la protection de l'environnement est souvent reconnue par les hommes, il reste à fournir beaucoup d'efforts pour leur faire changer de mentalité.

5.2. Contraintes liées à la propriété foncière

Les femmes de part leur statut social et des considérations socio-culturelles (société patriarcale) rencontrent d'énormes problèmes pour accéder à la propriété foncière. Dans la plupart des zones, elles ont rarement accès à la terre par voie d'héritage. Cependant, elles peuvent accéder à la terre, soit par attribution par le chef de village ou le chef de canton ou par paiement de redevances.

En plus de ce système foncier qui leur est peu favorable, les femmes sont confrontées à la dégradation des terres due à des causes tant naturelles qu'antropiques. Lorsqu'elles veulent s'investir à des activités agricoles telles que le maraichage, elles sont obligées de demander la terre au chef du village ou de canton qui leur donne souvent des champs très pauvres.

Les actions de reboisement sont limitées par manque de terres, car les propriétaires pour ne pas courrir le risque de perdre leurs champs refusent de les donner aux femmes pour servir à des fins forestières.

5.3. Contraintes liées à l'accès aux intrants et au crédit

L'encadrement agricole en terme de conseil et d'appui en intrants tels que semences et engrais, ont surtout bénéficié aux hommes impliqués dans les cultures de rente. Les programmes de vulgarisation sont orientés principalement vers les hommes, la femme se trouvant quelque peu oubliée. Elles souffrent d'un manque d'accès à l'information à cause, d'une part d'absence de vulgarisatrices agricoles et de l'inadéquation des messages vulgarisés par rapport aux réalités des femmes dans ces zones et, d'autre part par le fait que les agents évoluants dans la zone ne peuvent pas avoir de contact directs avec elles.

Les cultures de rente et la gomme arabique qui bénéficient d'appui financier de la part des de l'Etat et des bailleurs de fonds, mais sont réservées aux hommes compte tenu de leur rentabilité économique. Malheureusement se sot ces secteurs qui ont toujours bénéficié de financement sous forme de crédit ou de subvention.

Cependant l'artisanat, surtout le tissage des nattes et d'autres outils considéré comme occupation secondaire et saisonnière, malgré les revenus substantiels qu'il apporte aux femmes, est peu développé car ne bénéficiant d'aucun appui ou très peu financier. Les femmes utilisent jusqu'ici des outils de travail rudimentaires qui ne permettent pas de rendre le secteur plus économique. Ce secteur n'a bénéficié d'aucun encadrement aussi bien au niveau de la formation, de la recherche de financements que de l'écoulement des produits.

L'accès au crédit des femmes aurait pu leur permettre de développer davantage les cultures maraichères l'artisanat (Vannerie) et le petit commerce qui sont une source de revenus.

5.4. Contraintes liées à la région

La participation des femmes à la foresterie rurale est rendue complexe par les conditions de vie très difficiles qu'elles rencontrent dans leurs milieux, dues à des contrainte climatiques, dégradation de l'environnement et à la pauvreté en ressources naturelles, surtout hydrauliques.

En effet, les femmes des zones du projet (Batha, du Chari-Baguirmi et de Guélendeng), à l'image de leurs soeurs du pays, mènent des vies bien difficiles que celles de leurs mères et grandes-mères; elles doivent de plus en plus relever des défis tels que les travaux ménagers et l'alimentation de la famille. Les hommes quittent de plus en plus ces zones à la recherche d'emploi rénumérés. Ces responsabilités s'ajoutent à celles qui incombent toujours aux femmes lorsqu'il s'agit d'élever les enfants, de préparer la nourriture, de ramasser du bois destiné à servir de combustible, d'aller chercher l'eau, d'entretenir les animaux, de participer aux activités de cultures vivrières et travaux de défrichage et de prendre soin des malades et des personnes agées.

La corvée des femmes est compliquée davantage par les difficultés que connaissent ces trois zones:

L'eau pose énormement de problèmes aux femmes qui sont obligées de faire soit un long trajet avant d'atteindre un point d'eau, soit elles attendent longtemps devant les puits équipés de pompes manuelles à débits très faibles pour se servir.

Au niveau des villages enquêtés dans la zone de Guélendeng, les points d'eau qu'on trouve sont les suivants:

Au niveau du Batha, les difficultés d'approvisionnement en eau sont d'ordre de transport; les points d'eau étant très éloignés et avec moins d'eau pendant la saison sèche. Les nappes phréatiques sont parfois à 70 mètres de profondeur; d'où un problème d'exhaure. A titre d'exemple, pour donner de l'eau à un animal il faut payer 450 FCFA/mois.

Au niveau des villages autour de Ndjaména, l'eau ne constitue pas une contrainte majeure. Il existe soit des puits traditionnels ou des forages équipés. Il existe:

La situation alimentaire et nutritionnelle de ces trois zones, à l'instar des autres du pays, est très instable. Bon an mal an, les populations connaissent des déficits alimentaires. Entre autres raisons, nous pouvons citer la dégradation de la pluviométrie, mais surtout les tabous alimentaires qui font que les gens ne cherchent pas à diversifier les types d'aliments, la mauvaise gestion des stocks.

En effet, le régime alimentaire est très pauvre, ce qui entraine des carences en vitamine A, en oligoélément tels que l'iode et le fer qui vient accentuer la prévalence du ver de Guinée dans certaines zones.

Le manque de système d'assainissement dans les centres urbains crée un environnement très insalubre qui est à l'origine de beaucoup de maladie telle la malarya, le choléra, etc.. qui frappent souvent les femmes et les enfants pendant l'hivernage. Il n'est pas rare de trouver dans une zone donnée la plupart des femmes et enfants malades pendant la saison des pluies, soufrant de paludisme ou autre. Ceci fait qu'en partie les femmes ne peuvent pas participer aux travaux de plantations durant la saison des pluies.

La plupart des villages d'intervention manque cruellement d'infrastructures sociales, économiques et de santé, pouvant assurer la formation des populations surtout féminines sur les problèmes de développement, de sources de financement, d'éducation sanitaire, etc...

Toutes ces contraintes ont pour conséquences majeures le départ des bras valides (exode rural), la multiplication des tâches des femmes et l'appauvrissement des régions. Ainsi en plus de leur corvée quotidienne, les femmes doivent relever le défi de combler le vide laissé par les maris partis en exode, chercher des emplois plus rénumératuers.

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