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N

Nantissement foncier

Système de crédit parallèle pratiqué en Asie, par lequel un individu peut obtenir un prêt, en dehors des voies officielles, contre la cession temporaire au prêteur du droit d'exploitation du terrain. Le prêteur peut exploiter la terre jusqu'à extinction de la dette (FAO, 1995).

Notaire

Titulaire d’une charge qu’il exerce à titre libéral et sous sa responsabilité personnelle.

En France, il reçoit à titre principal délégation du garde des sceaux pour établir les actes authentiques. Cette authenticité en garantit la valeur juridique (légalité de l’acte, identification des parties et des biens, constat de l’accord des parties).

Le notaire est également le conseil des parties pour la gestion de leur patrimoine.

En France, le notariat est constitué en ordre. Son exercice est soumis à une qualification juridique élevée et à une déontologie rigoureuse.

Nue-propriété

La nue-propriété désigne le fait d’être propriétaire, mais sans l’usufruit.

O

Observatoire du foncier

Sur base notamment de l'expérience du Maroc (CROUSSE, 1991), l'observatoire du foncier a été présenté comme un outil de suivi du développement et du changement. Il fournit un cadre pour la collecte, l'enregistrement et le traitement des données liées aux modes de tenure et à l'utilisation de la terre, en établissant une série d'indicateurs. Le but d'un observatoire est d’identifier de nouvelles formes de développement, des dynamiques, des risques de conflit et de guider par ce fait la conception de la politique foncière (LE ROY, 1993).

Les principes des réformes législatives des années 1990

Au Mali, le gouvernement de transition qui se met en place après le renversement de la dictature de Moussa Traore en 1991, suspend le Code forestier (une des sources du soulèvement des ruraux) et engage une réflexion de fond liant foncier et décentralisation (DIALLO, 1996). Il est prévu de modifier substantiellement le Code Domanial et Foncier (CDF) de 1986 et de préciser les prérogatives des futures communes.

Suite à la Conférence nationale et aux Etats généraux du Monde Rural, un projet de Charte foncière est lancé, sur des bases très novatrices. Afin d'alimenter le débat foncier, et d'apporter un appui aux projets de développement, le Mali a mis en place un Observatoire du foncier, chargé d'étudier les pratiques foncières et leur dynamique dans différentes régions agro-écologiques, et de faire des propositions en vue de cette charte. Une telle démarche, à la fois ambitieuse (renoncer à un Code Domanial et Foncier au profit d’une Charte foncière reconnaissant les droits et les régulations foncières locales) et prudente (lancer une série d’analyses de terrain), répond remarquablement au diagnostic posé. Mais l’ambition réformatrice de la transition semble s’être émoussée, au profit d’une simple relecture du CDF. La mise en place des communes se fait sans clarification de la question foncière, créant un " domaine communal " pour les aménagements d’intérêt local, sans résoudre pour autant la question de l’articulation des espaces villageois et communaux (WWW.IIED.ORG/DOCS/DRYLANDS/DRY_IP86FR.PDF).

Occupant

L’occupant est celui qui occupe un local d’habitation en l’habitant effectivement en vertu ou en l’absence d’un bail. Le locataire est un occupant.

Occupation

C’est le fait d’occuper un lieu en vertu d’un titre ou sans droit. L’expression «occupation du domaine public» désigne les utilisations particulières du domaine public qui se réalisent sous forme de concessions, permissions ou autorisations. Ces utilisations se différencient selon qu’elles intéressent des dépendances de ce domaine affectées à l’usage collectif du public ou bien destinées à un usage privé (CORNU, G., 1990).

Organisation pastorale

L’expression «organisation pastorale» est une formule générique qui couvre tout type d'arrangements institutionnels réglant les actions individuelles et collectives des éleveurs pour sauvegarder et favoriser leur intérêt économique, social, culturel et politique.

Les fonctions des organisations pastorales sont relativement variées. SANDFORD (1981) les classifie en six groupes: la gestion des modes de tenure foncière, celle des ressources, l’apport de services, la communication, les relations externes et le maintien de la cohésion et des valeurs de la collectivité. Une organisation pastorale peut être garante d'une seule ou de plusieurs de ces fonctions (SHANMUGARATNAM ET AL, 1992).

Orthophotographie

Image photographique issue d’une photographie aérienne à axe vertical ayant les mêmes qualités métriques qu’une carte.

Une photographie verticale est en première approximation une perspective conique du terrain. Une carte est en première approximation une perspective orthogonale du terrain. Ces deux représentations ne sont superposables que lorsque le terrain est plan et horizontal et que l’axe de prise de vues est exactement vertical. En pratique, le relief du terrain et l’inclinaison de l’axe de prise de vue provoquent des écarts géométriques de la photographie par rapport à la carte. La correction de ces écarts, par les méthodes d’orthorestitution, permet la production d’orthophotographies.

P

Pacage/pacager

Autrefois, pacage ou pacquage (au XVIe siècle, pascuage désigne un «repas», du latin pascuum, «pâturage») désignait un droit, un moment et un lieu de pâturage; actuellement, prairie naturelle de très faible productivité, ne faisant généralement l'objet d'aucun soin d'entretien par suite de difficultés d'accès ou de la présence d'affleurements rocheux.

Par extension, le terme désigne également l'action de faire paître les animaux.

Le pacage est un droit d’usage (ACCT, 1977).

Notons que le droit de pacage sur une terre commune et proche du village peut participer à la différenciation des troupeaux et des productions d’une population mixte (sédentaires et bergers).

«Dans le delta central du Niger, le hariima est une terre de pacage commune au village sis près de l’agglomération et sous la garde du chef de village (ou du chef berger) qui maintient l’ordre et en assure la défense. Ces pâturages sont exclusivement réservés à une catégorie des troupeaux (les vaches laitières). Le droit de pacage est interdit non seulement aux troupeaux étrangers mais également aux garci (troupeaux transhumants) du village. Ces terres de pâturage ainsi que les couloirs y conduisant (goumpi) ne peuvent pas être mis en culture.» (CISSE, 1980).

Parc

Élément typique des systèmes agraires sub-sahariens, le parc ressort comme un peuplement régulier et systématique d’arbres préservés lors des défrichements, puis «conservés, entretenus et améliorés en raison de leur utilité» (RAISON J.-P., 1988, cité par GUKONU E., 1991).

Parc national et régional

Un parc national est un vaste territoire où la nature est protégée et éventuellement aménagée pour l’agrément et l’éducation du public. Il diffère des réserves naturelles dans lesquelles seule la sauvegarde de certaines espèces animales ou végétales est visée.

Comme son nom le précise il relève de la responsabilité de l’État contrairement par exemple à des parcs régionaux.

Lorsque les parcs nationaux sont situés dans des régions de forte pression foncière, leurs terres sont l’objet de convoitises de la part des populations rurales installées à leur périphérie ou bien de ceux qui veulent se livrer à une exploitation minière des ressources qu’ils comportent.

Le glissement des populations sahéliennes du Sahel vers la forêt remet en cause la viabilité de certains espaces protégés de la région. Au Niger, à la périphérie du parc du W, les densités de population sont de plus en plus élevées. Le chef de l’État qui a incité les populations urbaines à investir dans la production agricole de cette région est partiellement à l’origine de ce mouvement.

Les pressions à la périphérie du parc national du W sont le fait des agriculteurs et des pasteurs. L’occupation de l’espace périphérique du parc est soumise à une rivalité entre les originaires du lieu et les migrants, les pouvoirs publics attribuant quant à eux l’usage de l’espace à ceux qui l’ont mis en valeur. (D’après LEPRETRE L., 1990).

Le cas du parc national du Burundi illustre non pas le cas d’un parc national dont les populations riveraines empiéteraient sur les terrains, mais celui d’un parc créé a posteriori sur une zone occupée et cultivée.

«À l’exception d’une chaîne de montagne qui conserve une véritable forêt primaire, justifiant la création du parc national de Kibira, il n’y a guère de zones où l’existence d’un incontestable patrimoine naturel justifierait sa transformation en parc.

Le parc national de la Ruvubu a pourtant été créé sur un domaine de 50 000 hectares exploités depuis longtemps par des familles paysannes, dans lequel la nature sauvage avait disparu depuis des lustres. Le projet a nécessité l’expropriation de 3 000 familles paysannes, mal recasées dans des zones limitrophes du parc, ainsi que l’abandon de leurs habitations, bananeraies, exploitations...

Il y a en somme, une évidence à laquelle il faudra bien se rendre, aucun programme de protection de l’environnement, si bien préparé qu’il puisse être, ne pourra réussir s’il est perçu comme contraire aux besoins et aux intérêts des usagers, qui sont en permanence au contact de la ressource et qui en vivent.

Il peut paraître justifié de leur demander aujourd’hui de restreindre leur prélèvement dans l’intérêt des générations futures. Mais encore faut-il proposer des sacrifices supportables, compris et acceptés, donc négociés et non imposés. Faute de quoi, on se retrouvera dans une situation aggravée: non seulement les usagers ne respecteront pas des prescriptions jugées intolérables, mais ils perdront tout sens des responsabilités à l’égard de ressources totalement soustraites à leur bonne garde» (BOUDERBALA N., 1996).

Un parc régional est un territoire rural ou forestier que les collectivités locales (régions, communes) intéressées soumettent librement à une réglementation visant à conserver et exploiter le cadre naturel. Il est fréquent que l’État ou les villes les aménagent avec des équipements sportifs ou culturels. D’après P. GEORGES (1990, p. 344), «la différence entre le parc régional et le parc national est donc une différence de nature et non d’échelle».

Parcellaire urbain

Lorsqu’on représente la forme et la dimension des parcelles (dans les différents quartiers) sur une feuille de papier, on établit un parcellaire urbain.

L’exemple du plan foncier et livre foncier dans le code guinéen montre bien la signification et les différents rôles joués par le parcellaire urbain, car il peut être à la fois une étape en vue de l’immatriculation et de l’organisation de la propriété moderne et l’expression en soi de la réalité foncière populaire avec ses découpages et ses droits les plus ténus et informels.

Dans ce code, le plan foncier local se veut un constat quasi photographique des tenures foncières telles qu’elles se présentent sur le terrain.

À côté du plan d’ensemble, des fiches parcellaires et des fiches personnelles (identifiant les superficies, les personnes et les droits) constituent ce plan foncier.

Le parcellaire urbain est donc ici un outil du plan foncier, pour repérer et consigner les expressions les plus évidentes du fait foncier, c’est-à-dire en fait donner une image permanente de l’occupation du sol et de l’espace.

Enfin, le parcellaire urbain, par le biais du plan foncier, fait l’objet d’une interprétation légale au moment où il s’agit d’inscrire juridiquement les droits fonciers, reconnaissables par le code, dans le livre foncier (TRIBILLON J.-F., 1993).

Parcelle

Etendue de terrain élémentaire, délimitée et définie par sa double appropriation: propriétaire ou exploitant, affectation du sol. La parcelle de propriété est la parcelle cadastrale (la plus petite unité du cadastre) et la parcelle d'exploitation est l'unité physique du travail agricole (BRUNET R. et al., 1993).

D’un seul tenant, elle comporte une même nature de culture ou une même affectation (terre, bois, vigne, lande).

Notons qu’un champ peut être cultivé en différentes parcelles et, réciproquement, des champs contigus peuvent constituer une seule parcelle de mise en valeur (BILLAZ, R., et DIAWARA, Y., 1980).

Parcours

Droit coutumier réciproque de vaine pâture entre deux ou plusieurs communautés.

Au Maghreb, droit légal ou coutumier de pâturage en forêt et en montagne, au bénéfice de certaines tribus (ACCT, 1977).

Se dit aussi d’un pâturage saisonnier exploité au long d’un itinéraire suivi par le troupeau.

Pasteur

Celui qui garde, fait paître le bétail (berger, pâtre).

Celui qui vit surtout de l’élevage. Le nomade est un pasteur (LE PETIT ROBERT, 1996).

Terme général se rapportant non seulement à un métier, mais à un mode de vie, voire de civilisation (ACCT, 1977).

Patrilignage

Le lignage groupe les gens qui se considèrent comme des descendants d'un ancêtre commun et qui peuvent reconstituer leur généalogie à partir de cet ancêtre. On parle de patrilignage (ou de lignage patrilinéaire) si la filiation se transmet par les hommes (COLLEYN J.-P., 1982).

Patrimoine

Ce terme trouve son origine dans le latin où la racine Pater désigne le père.

«Dans l’ancien Droit coutumier français, un patrimoine désigne l’ensemble de biens ou de ressources hérités des ascendants et susceptibles d’être transmis aux descendants, en privilégiant une lignée ou une destination. Ce sens a été partiellement perdu avec le Code Civil de 1804 qui définit le patrimoine comme la dimension matérielle de la personnalité juridique. Le patrimoine naît avec la personne et disparaît avec elle; évaluable en argent, il est appelé à évoluer et si possible à grandir. Cette conception du patrimoine est liée à la généralisation d’un droit individualiste dans une société capitaliste» (LE ROY E., 1998).

On considère que le patrimoine est constitué de l'ensemble des biens et des droits relevant d'une personne.

D’après G. MADJARIAN (1991), «Le propre d’un patrimoine c’est de ne pas être indifférent aux hommes qui l’ont produit et reproduit; le patrimoine renvoie nécessairement au passé de sa production et de sa reproduction, aux conditions dans lesquelles elles se sont réalisées. Le patrimoine lie au passé celui qui en est le titulaire présent et a pour fonction d’assurer l’unité des membres d’une communauté et sa permanence à travers les différents moments de son existence. Le rapport de l’homme à ce qu’il institue comme patrimoine est marqué par le devoir, la responsabilité.»

Si le patrimoine a été produit par une activité passée, son évaluation en argent dépend des valeurs de marchés actuels qui eux-mêmes se basent sur des anticipations.

Ce qui se rapporte au patrimoine est qualifié de patrimonial.

Patrimoine commun

L’emploi de l’expression patrimoine commun est fondé sur le concept de «patrimoine commun de l'humanité» et peut être vu comme une alternative possible à la propriété exclusive, dans le contexte de la gestion foncière et de la gestion des ressources naturelles en Afrique. Ce terme fait référence aux droits communautaires sur une ressource commune, régis par des règles dont la finalité est la protection et la conservation de ces ressources. Ce concept peut bénéficier d’un statut juridique spécifique et impliquer les diverses personnes morales partageant ces objectifs de protection et de conservation des ressources, considérées comme étant le patrimoine commun à la communauté villageoise, régionale, nationale ou de l’humanité. Le terme peut être également employé pour justifier les revendications de groupes ne bénéficiant pas de statut juridique formel, comme par exemple la nation, ou une communauté villageoise pour laquelle une personne morale reconnue n’existe pas.

En associant patrimoine et commun, on suggère l'idée d'une richesse qui nous est confiée par héritage à charge pour nous de la transmettre à nos successeurs. Il faut aussi y associer le principe, à l'inverse du Code civil, que nul n'est autorisé à sortir de l'indivision, c'est-à-dire que nous sommes tous solidaires de ce futur commun. Ceci entraînerait des droits mais aussi (et surtout) des obligations qui s'imposeraient d'autant plus facilement qu'ils seraient le produit d'un consensus et garantis par une autorité supra-nationale (LE ROY, 1996D).

Le concept de patrimoine commun répondrait à cette exigence si nous savons lui donner toute la portée nécessaire dans le cadre de la nouvelle politique juridique à promouvoir. En mettant en évidence l'existence d'obligations correspondant aux droits sur les ressources naturelles, en impliquant des modes de gestion respectueux de la reproductibilité, le concept de patrimoine commun offre des potentialités si l'objectif de justice sociale peut y être associé (LE ROY, 1996E).

Pâturage

Prairie naturelle ou artificielle où les animaux vont paître (ACCT, 1977).

Le dictionnaire de langue française précise que le pâturage est le droit de faire paître du bétail sur une terre (LE PETIT ROBERT, 1977).

Plus fondamentalement, en matière de dynamique des systèmes agraires, des recherches récentes montrent que «le pâturage, en tant que valeur d’usage, est le produit d’une rencontre entre des troupeaux spécifiques et des ressources exploitées au cours de circuits» (MEURET, LANDAIS, 1977).

Cette perspective doit permettre à l’avenir de mieux articuler l’étude de l’écosystème aux conditions de sa gestion optimale (en termes de préservation, d’utilisation, de gestion collective et de sécurité d’accès pour les acteurs ruraux).

En Afrique, la législation a de plus en plus tendance à élaborer des textes spécifiques à la gestion des pâturages. Cependant, pour H. OUEDRAOGO (1996), la notion de pâturage reste relativement imprécise dans les différentes législations. Dans l'ensemble, il y a une carence de définition substantielle à cet égard.

Deux approches principales sont utilisées par les législateurs ouest-africains pour définir les pâturages: énumératives et négatives (OUEDRAOGO H., 1996). Dans la première approche, une série d'espaces est désignée par la loi comme constituant des pâturages (c'est le cas par exemple dans la législation actuellement en vigueur au Burkina Faso et au Bénin). La seconde approche définit comme pâturage tout espace naturel non cultivé. Enfin, certaines législations tentent de combiner ces deux approches (c'est le cas du projet de Code pastoral de la Guinée).

Paysage

Le terme paysage s’applique selon les auteurs à un ensemble de signes caractérisant une unité géographique sur le plan physique ou humain. Il apparaît comme une combinaison concrète où interviennent un grand nombre de faits: l’habitat, le parcellaire, les chemins, etc.

On parlera de paysage urbain, de paysage rural, de paysage périurbain, en fonction de l’activité dominante qui s’exerce sur l’espace dont il est question.

Ces différents paysages sont révélés par l’observation directe, par l’étude de photographies aériennes, des documents cadastraux, etc. L’interprétation de ces différents éléments suppose une connaissance approfondie de la géographie, de l’histoire, de l’archéologie, de la sociologie et de l’économie.

D’après P. GEORGES (1990, 348), d’acception originairement descriptive mais globale, le terme paysage a pris récemment une signification synthétique rassemblant l’ensemble des traits issus de la géographie naturelle et des apports des civilisations qui ont progressivement façonné le cadre initial et sont entrés dans la conscience de groupe des occupants. Il devient alors synonyme d’environnement.

Paysan, paysanne

Homme, femme vivant à la campagne et s’occupant des travaux des champs (LE PETIT ROBERT, 1993).

Ce terme paysan a une signification restreinte car il n’informe ni ne donne à penser sur le statut du travailleur ou sur celui de la terre.

La pauvreté conceptuelle de cette définition occulte bien la variété des relations foncières et des conditions d’existence.

Dans son article «des stratégies des agriculteurs africains au raisonnement stratégique», Jean-Pierre Chauveau montre par une histoire des idées, la succession des concepts qui sont venus progressivement enrichir notre connaissance de cette identité paysanne.

Paysannat, stratégie ou logique paysanne, stratégie des agriculteurs, pratiques agricoles constituent autant d’étapes qui permettent aujourd’hui de considérer le paysan comme un acteur combinant des statuts et des rôles très différents selon la «finalité poursuivie» (de résidence, de production, de consommation ou de transmission des biens) et la place qu’il occupe dans l’exploitation (en tant que jeune, vieux, femme, aîné...) (CHAUVEAU J.-P., 1997).

Enfin, en considérant les agriculteurs comme des acteurs sociaux qui se confrontent et négocient au sein d’arènes sociales multiples, tant au niveau local que régional voire national, c’est toute une vision réductrice du paysan qui vole en éclat, celle en particulier qui assimilait l’économie domestique au «mode de vie» paysan (OLIVIER DE SARDAN J.-P., 1995).

Paysannat sans terre

Dans le but d’identifier les paysans ou les ménages de travailleurs agricoles entrant dans la catégorie des «sans-terre et quasi-sans-terre» et de les quantifier, quatre critères principaux pour le moins sont utilisés, soit séparément, soit en combinaison: l’accès à la terre, le revenu, l’emploi dans l’agriculture et le «seuil de pauvreté».

Chaque critère a ses limitations et les estimations comportent une marge d’erreur élevée pour des raisons purement conceptuelles. A cela, s’ajoute la difficulté de recueillir les données appropriées aux sources classiques de statistiques. Dans ces conditions, il est difficile d’établir une estimation ferme de l’ampleur du problème des sans-terre et des quasi-sans-terre. Plusieurs classifications sont bien sûr envisageables, comme par exemple, une classification par catégorie, sous réserve de quelques doubles comptages, ce qui n’a rien d’exceptionnel en milieu rural où un ménage peut avoir plusieurs sources de revenus:

- les ménages de travailleurs agricoles ne possédant que peu ou pas de terre;

- les ménages non agricoles résidant en zone rurale, dépourvus de terre ou ne possédant qu’une simple parcelle, et qui exercent des activités variées dans des branches telles que métiers artisanaux, pêche, services, etc.;

- les petits paysans et paysans marginaux, propriétaires ou éventuellement locataires (ou métayers) d’exploitations de taille ou de qualité insuffisante pour leur assurer un niveau de vie décent;

- les autres ménages ruraux: pasteurs, nomades, paysans pratiquant des cultures itinérantes, chasseurs et cueilleurs, etc.

Les trois premières catégories sont totalement dépourvues de terre, ou n’en possèdent qu’une quantité dérisoire, et tirent tout ou partie de leur subsistance d’un travail salarié. Notons néanmoins que tous les individus classés dans ces catégories ne sont pas forcément pauvres. En ce qui concerne la quatrième catégorie, la situation est plus complexe, car la majorité de ceux qui la composent peuvent être pauvres, mais ce n’est pas toujours par manque d’accès à la terre.

Le problème du paysannat sans terre revêt un aspect différent selon les pays et il est nécessaire d’adapter sa solution aux exigences de chaque situation. De plus, il est plus aigu dans certaines parties du tiers monde que dans d’autres. Ainsi, la terre est un facteur rare dans la majorité des pays surpeuplés de l’Asie du Sud; par contre, plusieurs pays d’Amérique latine disposent de superficies potentiellement cultivables, mais celles-ci sont inéquitablement distribuées. La prolétarisation du paysannat s’accentue également dans nombre de pays du Proche-Orient et d’Afrique du Nord sous l’effet d’un déséquilibre dans la répartition de la propriété foncière. Enfin, en Afrique au sud du Sahara, l’émergence du problème a été masquée par l’abondance des terres dont, selon une opinion couramment admise, cette région bénéficierait. «Cela serait vrai si les sols étaient partout pareils et pouvaient donc être mis en culture à l’endroit et au moment opportuns. Ce l’est moins lorsqu’on a à l’esprit la fragilité de beaucoup de sols tropicaux, les obstacles techniques, sanitaires et financiers qui freinent souvent l’exploitation des terres forestières en zone tropicale, la pression démographique exercée dans les bassins fluviaux très fertiles, les effets de la sécheresse et de la désertification» (SINHA, 1985). Le problème de la prolétarisation du monde paysan est que celle-ci est souvent considérée à la fois comme la cause et l’indice des maux dont souffre la masse des ménages ruraux, tels que la pauvreté chronique, l’insécurité, l’endettement, la mise en tutelle, etc. Les facteurs physiques précipitent certes la prolétarisation du paysannat, mais les causes profondes du problème sont les conditions de tenure et de maîtrise des terres, ainsi que l’absence, l’insuffisance ou la mauvaise orientation des politiques de développement rural. Ce phénomène a des incidences de vaste portée et ses effets sur l’emploi ne sont que l’un des aspects d’une situation extrêmement complexe.


Au Brésil, le combat pacifique des paysans sans terre est une réponse à une situation sans équivalent dans le monde.

Le Mouvement des Paysans sans terre a provoqué une prise de conscience d'une ampleur sans précédent au Brésil sur l'urgence de la réforme agraire. Privilégiant l'autosuffisance alimentaire et la diversification des cultures, contrairement aux grands propriétaires terriens, le Mouvement des paysans sans terre cherche d'abord à nourrir ceux qui travaillent la terre.

Mouvement d'essence pacifique, il base son action sur la négociation ou la pression sociale organisée: il appuie l'installation de paysans sans terre en campements provisoires - "acampamentos" - sur des terres non exploitées, obtient des parcelles incultes sur lesquelles s'établissent les paysans sans terre bénéficiaires de la réforme agraire - "assentamentos".

Depuis 1975, et plus spécifiquement depuis 1984 (date officielle de sa fondation), le Mouvement des Sans Terre (MST) demande que les terres non-exploitées des "fazendeiros" soient attribuées aux paysans. Aujourd'hui 100 000 familles sont actives au sein du MST soit 500 000 personnes. Il s'agit d'un mouvement social puissant, qui concerne la quasi-totalité des Etats brésiliens, et qui jouit d'une grande popularité urbaine, une popularité relayée par de nombreux mouvements politiques et syndicaux, et par la Commission Pastorale de la Terre (CPT), émanant de la Conférence épiscopale.

Sur le plan international, le Mouvement des paysans sans terre a reçu le prix Nobel alternatif de la Paix en 1991 et le prix pour le Développement décerné en 1997 par la Fondation Roi Baudouin de Belgique.

Fin 1996, plus de 40 000 familles vivent dans 244 "acampamentos" et 1 564 "assentamentos" rassemblent 145 000 familles, sur près de 5 millions d'hectares mis en valeur (http://www.FRANCE-FDH.ORG/CAMPAGNES/TERRA/MST.HTM).

Périmètre

Un périmètre est un espace délimité à l’intérieur duquel s’applique une réglementation particulière (CORNU, 2000).

Périmètre irrigué

Un périmètre irrigué est la limite d'une surface irriguée (FÉNELON, 1991), un contour d’une zone irriguée, un espace à l’intérieur duquel s’effectue un processus d’irrigation. Cette zone est destinée à des fins agricoles et soumise à des aménagements spécifiques conçus pour assurer l'approvisionnement en eau. L’aménagement peut être décidé par l'Etat (qui peut au besoin exproprier la terre et expulser les propriétaires fonciers), ou effectué par des initiatives privées.

Les périmètres irrigués villageois qui se sont développés rapidement sur la rive gauche (sénégalaise) du fleuve Sénégal depuis 1975 ont connu, pendant un peu plus de dix ans au moins (jusque dans les années 1985-1990), un développement rapide et une réussite certaine à la fois sur le plan technique (rendements élevés, méthodes d’exploitations intensives) et sur le plan de l’appropriation sociale de cette technique nouvelle par les groupements villageois de producteurs. Ceux-ci, fortement motivés par la sécurisation vivrière apportée par l’irrigation dans le contexte de la sécheresse, se sont organisés efficacement pour toutes les fonctions collectives essentielles de la culture irriguée: discipline pour la distribution de l’eau, collecte des redevances d’irrigation et paiement des intrants (gasoil, engrais, semences), travaux d’entretien du réseau, etc. Le non-interventionnisme des organismes d’Etat sur le plan foncier, quoique porteur d’ambiguïtés, a été un facteur favorable sans doute essentiel dans cette appropriation de l’irrigation par les structures sociales villageoises et donc de l’extension de la culture irriguée dans l’ensemble de la vallée. Dans une seconde étape, à partir de la fin des années 1980, les périmètres irrigués villageois rencontrent des difficultés multiples et qui semblent assez graves. Ces difficultés se traduisent inévitablement aussi sur le plan foncier: difficultés techniques et de mise en valeur (dégradation des aménagements, mauvais entretien des réseaux d’irrigation, usure des sols, etc.), économiques (modifications brutales du contexte: suppression des subventions aux intrants, relèvement du prix des motopompes, taux d’intérêts élevés pour les crédits d’équipement, etc.), foncières (endettement, mise en gage ou vente de la parcelle irriguée, etc.). Ce retournement de la situation foncière illustre bien l’importance de deux principes méthodologiques:

  • aborder la gestion foncière des terres irriguées dans une perspective dynamique qui prend en compte le contexte de transition économique globale souvent lié à l’irrigation;

  • considérer le foncier comme une variable, certes centrale, focalisant de nombreux enjeux et stratégies des acteurs, et cristallisant les transformations du milieu rural, mais également une variable qui n’est pas autonome, se transformant au contraire du fait de ses interactions avec des déterminants sociaux, politiques, techniques, etc. (LE BRIS, LE ROY, MATHIEU, 1991).

Selon la FAO (1992), les textes régissant spécialement les périmètres irrigués consacrent quatre principes fondamentaux qui produisent, tant pour l’Etat que pour les exploitants, des droits et des obligations spécifiques. Ces principes sont: la limitation du droit de propriété, l’octroi d’un «droit d’exploitation», l’obligation de mise en valeur et l’exigence d’une contribution financière.

Cependant, quelques années après la mise en place des aménagements, on constate une dérive sociale et foncière (et souvent aussi technique) de ceux-ci vers des situations différentes des normes officielles et des conditions d’exploitation prévues au départ: attributaires absentéistes; mise en gage, métayage et location de parcelles; concentration de l’appropriation effective des terres avec apparition d’un «marché foncier officieux» et occulte (parce qu’illégal) mais bien réel; appropriation réelle très fréquente des parcelles par des «non-paysans» détenteurs de capitaux et de revenus monétaires (fonctionnaires, commerçants) qui n’étaient pas officiellement attributaires au départ, etc. Apparaît alors un décalage croissant entre d’une part le «périmètre irrigué officiel», largement fictif, et l’aménagement réel mais officieux qui s’en différencie de plus en plus avec le temps. Cet aménagement réel est toléré ou ignoré par les organismes d’encadrement, mais il est en fait de moins en moins contrôlé par ceux-ci (MATHIEU, 1991).

Fig. 23 - Périmètre maraîcher de N'Golokorola, Mali
Source: http://www.banquemondiale.org.ml/partenariat/environ.html

Fig. 24 - Canal d'irrigation secondaire: périmètre d'irrigation du Gharb (Maroc)
Source: http://www.gce.ucl.ac.be/hydr/enseignement/didacti/lecon03/references3-1.html

Permis d’habiter

Un permis d’habiter est une autorisation administrative attribuée par l’autorité municipale ou locale au sein d’un quartier réservé à cet effet.

D’après J.-F. TRIBILLON (1993, 149-150), «à l’origine, ce permis peut s’analyser comme une autorisation administrative donnée à un chef de famille et lui accordant le droit d’habiter une parcelle du domaine. Elle lui est expressément attribuée par l’autorité municipale ou locale au sein d’un quartier réservé à cet effet. Le permis d’habiter est attribué à la population indigène «nécessiteuse». Il est délivré gratuitement. Le bénéficiaire ne paie aucun loyer, mais doit personnellement occuper et habiter sa parcelle. Il ne peut ni la louer, ni la céder. Il est simplement et personnellement titulaire d’un droit d’occupation.

Pour construire, il doit se conformer à des règles minimum de voirie, de salubrité et d’urbanisme. Il n’a en aucune manière l’obligation de mettre en valeur sa parcelle en fonction d’un éventuel cahier des charges. S’il quitte le pays, il doit remettre sa parcelle à l’administration sans pouvoir exiger d’elle aucune indemnité correspondant à la valeur des constructions et aménagements.

L’autorité publique se réserve le droit de reprendre les parcelles ainsi attribuées lorsque l’utilité publique et les nécessités urbanistiques l’exigent. L’Administration ne verse aucune indemnité mais doit assigner au «déguerpi» un nouvel emplacement. Elle doit le «recaser». Certaines législations ont exigé du bénéficiaire le paiement d’une somme d’argent correspondant aux frais de bornage. Cette somme est forfaitaire. Elle est versée au moment de l’attribution de la parcelle. La tendance actuelle, la plus évidente, est de faire payer sous une forme ou une autre une redevance annuelle au permissionnaire et de faire échec par tous les moyens au principe originel de la gratuité. En cas de déguerpissement ou de réduction de la parcelle pour cause d’utilité publique, la plupart des législations prévoient aujourd’hui le versement d’une indemnité correspondant au dommage subi par les constructions et aménagements. Il ne correspond en aucun cas au paiement du prix du sol, puisque le terrain reste la propriété de l’État. L’innovation la plus importante consiste à admettre que le titulaire d’un permis d’habiter puisse devenir propriétaire de sa parcelle. Deux systèmes de conversion du permis en titre de propriété ont été imaginés:

- le titulaire d’un permis d’habiter peut demander à l’Administration sa transformation en concession provisoire assortie d’un cahier des charges décrivant la mise en valeur à réaliser pour se voir concéder, à titre définitif et en toute propriété, la parcelle en question;

- le titulaire du permis peut, s’il a réalisé une certaine mise en valeur décrite par les textes réglementant le permis d’habiter, demander que le terrain lui soit vendu en toute propriété (dans ce cas, le permis vaut concession provisoire, étant entendu que le programme de mise en valeur est moins important que pour une concession urbaine).»

Permis de construire

Un permis de construire est l’autorisation délivrée à une personne qui en fait la demande à l’autorité compétente d’édifier un bâtiment. L’obtention d’un permis de construire est soumise à une réglementation et à des normes strictes et est conditionnée à la présentation d’une preuve légale quant au droit de propriété sur le terrain.

Selon les pays et les législations, de nombreux services administratifs peuvent être mis à contribution.

Par exemple, en Algérie, les différentes étapes de l’approbation d’un permis de construire sont les suivantes.

Permis de construire

(FARVACQUE-VITKOVIC, MCAUSLAN, 1993, p. 29)

Permis d’occuper

Toute autorisation à durée déterminée, délivrée par l’administration et accordant à un particulier un simple droit d’installation sur le domaine privé de la collectivité publique (TRIBILLON J.-F., 1993).

Notons que l’auteur distingue:

1. le permis d’occuper sous forme de permis d’habiter à durée déterminée;
2. le permis d’occuper sous forme d’une autorisation précaire et révocable d’installation ou d’habitation délivrée aux risques et périls du bénéficiaire sur un terrain qui n’a pas encore été ni domanialisé ni loti (terrain donc toujours susceptible de revendications par d’éventuels titulaires de droits coutumiers).

Plus généralement, le permis d’occuper ne garantit ni l’indemnisation en cas de non-renouvellement de l’autorisation, ni l’obtention ultérieure d’un titre de propriété.

Dans les faits, par le jeu du clientélisme ou dans une perspective de sécurisation des habitants (pour encourager l’amélioration des logements), l’administration peut être amenée à «transformer» les titres fonciers précaires, comme le permis d’occuper, en titres fonciers permanents (PROUZET et CLAVER KOBO, 1986).

Permis d’exploiter

Accordé aux personnes ou aux personnes morales, le permis d’exploiter est une autorisation «permanente» d’utiliser la terre de propriété publique.

Photocarte

Photogrammétrie

De façon générale, la photogrammétrie désigne la détermination de la dimension des objets, au moyen de mesures faites sur des perspectives photographiques de ces objets (LE PETIT ROBERT).

En géomatique, il s'agit de la discipline qui a pour objet principal la mesure des propriétés géométriques de l’environnement à partir de photographies aériennes.

En règle générale les procédés de photogrammétrie sont basés sur la perception du relief à partir d’un couple de photographies. Il s'agit donc d'une application de la stéréophotographie aux levées topographiques, aux relevés des formes et des dimensions des choses très diverses (BONN F., ROCHON G., 1992). La restitution consiste à dessiner la planimétrie et l’altimétrie par transfert optico-mécanique de l’observation des couples et par correction des déformations planimétriques dues au relief. Actuellement la saisie des données en informatique permet les traitements nécessaires à la mise en géométrie correcte, voire au dessin automatique.

Photographie aérienne

La photographie aérienne (aerial photography) est une technique assez récente, développée initialement par les militaires puis par les géographes. Il s’agit de survoler un terrain à une altitude déterminée en fonction de l’échelle voulue pour la carte dans un avion équipé d’une chambre de prises de vues de haute précision. La photographie aérienne permet l’observation du paysage. Mais elle présente des déformations dues à l’angle de visée et aux variations du relief.

Le terme de photographie aérienne recouvre une très grande variété de documents. Variété dans l’altitude de la prise de vue, dans la nature des images enregistrées (couleurs naturelles, infrarouge-couleur, véritables émulsions photographiques, photographies numériques...). Variété aussi dans l’utilisation de cette «imagerie»: de la carte postale à la reconnaissance militaire, à la recherche scientifique, à la prospection des ressources naturelles, à l’aménagement du territoire. Tantôt l’accent sera mis surtout sur les informations qualitatives; tantôt, à ces informations s’ajoutera un aspect métrique, en vue de mesurer des objets au sol ou de cartographier ce sol lui-même. De nombreuses techniques ont été développées pour exploiter les images aériennes (voir photogrammétrie, photointerprétation, télédétection).

On peut distinguer la photographie aérienne documentaire de la photographie aérienne technique.

La photographie aérienne documentaire est destinée aux visualisations de projets de construction, de sites archéologiques. Il s’agit presque exclusivement de photographies obliques prises à basse altitude.

La photographie aérienne technique consiste essentiellement en la couverture aérienne complète d’une zone plus ou moins vaste d’un territoire, composée de photographies à axe vertical. Cette couverture est double en ce sens qu’elle est stéréoscopique. Elle est effectuée à bord d’un avion, selon des bandes rectilignes et parallèles. Dans chaque bande, la cadence de prise de vue est telle que les images successives se recouvrent d’environ 60 pour cent; chaque «couple» formé par deux photographies successives peut ainsi être examiné en relief sous stéréoscope (voir photointerprétation). Ces couvertures sont avant tout destinées à la cartographie topographique.

Fig. 25 - Photographie aérienne, région de Namur, Belgique.
Extrait de l’orthophoto n° B186128, avec l’autorisation A1701 de l’Institut géographique national (Belgique)

Photointerprétation

Analyse des photographies aériennes servant à établir les éléments de base d’une carte (LE PETIT ROBERT).

La photointerprétation, ou photomapping en anglais, est un travail d’analyse et de mesure exécuté à partir de photographies, simples ou stéréoscopiques (BRUNET, 1993).

Cette étude thématique d'une image aérienne ou spatiale s’effectue à partir de l'analyse des informations préalablement obtenues par photo-identification et, comme les traitements qui peuvent s’appliquer aux images de télédétection, vise à l’identification des objets contenus ou plus simplement à leur localisation.

Elle s’appuie en grande partie sur la vision stéréoscopique du relief car l’exagération verticale que celle-ci procure permet de repérer des subtilités de relief qui sont souvent indicatrices de phénomènes géologiques ou géomorphologiques sous-jacents (BONN F., ROCHON G., 1992).

On peut chercher à identifier d’une part le contenant (ou plus simplement à le tracer) et d’autre part, le contenu (dans un parcellaire rural, par exemple, la propriété bâtie est souvent aisément reconnaissable). Toutefois, au-delà de ce traitement, un personnel spécialisé et des moyens informatiques, tant ordinateurs que systèmes de traitement de l’image et logiciels sophistiqués, sont nécessaires (LE BRIS, LE ROY, MATHIEU, 1991).

La photointerprétation est pratiquée depuis de nombreuses années dans le domaine de la photographie aérienne. Elle continue à être largement utilisée en imagerie satellitaire où elle présente certains avantages.

En fonction de sa connaissance du sujet étudié et du terrain, le photo-interprète expérimenté peut analyser une image dans son ensemble, en prenant en compte non seulement les teintes et couleurs mais également la forme, la texture et la structure des divers éléments qui la composent, ainsi que leur agencement dans l’espace et faire abstraction des données parasites (ou «bruit»). II peut de plus prendre en compte des informations extérieures à l’image (géologiques, pédologiques, climatologiques, etc.) et tirer parti de son expérience. La qualité de l’interprétation de l’image dépend donc avant tout de la compétence du photo-interprète. Par contre, l’estimation des superficies occupées par les différents thèmes délimités par l’observateur reste longue, fastidieuse et peu précise. De manière générale, la photointerprétation met en jeu des procédés difficilement généralisables, qui doivent être renouvelés à chaque image traitée. Toutefois, on commence à parler de photointerprétation assistée par ordinateur (HTTP://RESSOURCES.CIHEAM.ORG/OM/PDF/A04/CI911175.PDF, http://www.CFWB.BE/FRANCA/BD/TDETFICH.HTM).

Photoplan, Orthophotoplan (voir également orthophotographie)

Le photoplan est un document établi au moyen de photographies aériennes agrandies et assemblées. L’effet du relief sur la planimétrie conduit à n’utiliser le photoplan que pour les terrains peu accidentés.

A l’inverse, l’orthophotoplan est une mosaïque totalement positionnée et rectifiée d’orthophotographies. Il réalise une géométrie rigoureuse de l’espace par traitement informatique des clichés.

Un orthophotoplan possède généralement un habillage cartographique complet (cadre, échelle, orientation du document, indications toponymiques...). Il combine en conséquence la précision de la restitution photogrammétrique à la lisibilité générale apportée par la reproduction intégrale de la photographie corrigée.

Fig. 26 - Orthophotoplan d’Ottignies Louvain-la-Neuve (Belgique)

Piste de transhumance

L’espace est le support d’activités multiples et variées qui l’utilisent de façon alternée ou simultanée. L’eau (eaux de surface et eaux souterraines, aménagées ou non), les aliments consommés par le bétail (pâturages herbacés, aériens, champs cultivés, bourgoutières, terres salées...) et les voies de déplacement du bétail constituent l’espace pastoral. Toutes les ressources et tous les aménagements (couloirs de passage, pistes de transhumance...) qui permettent l’activité d’élevage sont inclus dans l’espace pastoral. La gestion de l’espace pastoral est donc soumise à des règles qui régissent les modalités de son utilisation entre les différents acteurs qui se le partagent.

Plan

Représentation (d’une construction ou d’un ensemble de constructions, d’un terrain, d’un jardin...) en projection horizontale.

Dans le langage courant, le plan désigne une carte à grande échelle d’une ville ou d’un réseau de communication.

Le plan diffère de la carte en ce que la surface représentée est suffisamment restreinte pour que, la courbure de la sphère terrestre étant négligée, l’échelle y soit considérée comme constante.

Plan d’occupation des sols

Nom du document qui, en France, édicte l’ensemble des dispositions d’urbanisme réglementaire applicables dans une commune. Il se compose essentiellement d’un plan de zonage du territoire communal et des règlements applicables dans chaque catégorie de zone (COMBY J., 1977).

Le classement des règles en 15 articles (énumérés par l’auteur) couvre 3 grands domaines:

1. Les types d’utilisation des terrains complètement interdits ou soumis à des conditions spéciales;

2. Les règles de desserte par la voirie et par les autres réseaux ainsi que les capacités de stationnement pour véhicules;

3. Les règles d’implantation des constructions, la densité maximale des constructions et les cas particuliers prévus, le traitement des espaces libres.

Généralement, l’existence d’un plan d’occupation des sols suppose l’existence d’un statut de propriété des terrains reconnu et légitimé par la loi.

Extrait du Plan d’occupation des sols, Nice, Côté d’Azur, France
(règlement 2001)

TITRE I: DISPOSITIONS GENERALES

ARTICLE 2 - PORTEE RESPECTIVE DU REGLEMENT A L'EGARD D'AUTRES LEGISLATIONS RELATIVES A L'OCCUPATION DES SOLS -

1/- Les dispositions du présent règlement se substituent à celles du Livre 1er, Titre 1er, Chapitre 1er intitulé: "Règles générales d'urbanisme" du Code de l'Urbanisme à l'exception des articles R.111-2, R.111-3-2, R.111-4, R.111-14, R.111-14-2, R.111-15 et R.111-21 qui demeurent applicables.

2/- Sont et demeurent applicables les dispositions du Code de l'Urbanisme et notamment les articles:

- L.111-3 et L.111-4 relatifs aux règles générales de construction. Par voie de conséquence les constructions de toute nature devront respecter les dispositions du Code de la Construction et de l'Habitation et les arrêtés municipaux qui les complètent.

- L.111-5 relatif au détachement d'une partie d'un terrain bâti. Il est précisé que toutes les dispositions du présent règlement devront être respectées sur tous les terrains issus de la division.

3/- Les servitudes d'utilité publique affectant l'utilisation du sol qui sont annexées au présent Plan d'Occupation des Sols en application de l'article L.126-1 du Code de l'Urbanisme (document 5-2) sont applicables.

4/- L'obligation d'obtenir un permis de démolir (Article L.430-1 et suivants et textes réglementaires subséquents) est requise sur tout le territoire de la Commune.

(WWW.NICE-COTEAZUR.ORG/FRANCAIS/ECONOMIE/URBANISME)

Plan d’urbanisme

Un plan d’urbanisme est un instrument de définition et même de mise en œuvre foncière d’une politique d’équipement d’une agglomération donnée.

«Le plan d’urbanisme classique est un instrument relativement coûteux à fabriquer et surtout à gérer. Il est empreint d’un certain formalisme et n’est pas très souple. Pour qu’il produise tous ses effets fonciers, il doit être précis: pour dire «ici sera construite une école primaire et rien d’autre, puis pour enchaîner «le terrain sera grevé d’une servitude de réserve qui bénéficie à la commune», le plan d’urbanisme doit avoir dressé une carte scolaire sérieuse et avoir défini sur un plan topographique à une échelle convenable (sans doute 1/5000e ou le 1/2000e) les contours du terrain en question. Il est politiquement, mais aussi juridiquement souhaitable que le projet de plan ait fait l’objet d’une enquête préalable, même sommaire. Mais les qualités du plan d’urbanisme sont réelles. Il est un instrument performant de programmation de l’équipement dans la mesure où il permet de combiner les considérations relatives au site, la dynamique de peuplement et, par exemple, la politique scolaire» (TRIBILLON J.-F., 1993).

Plan foncier rural

Le Plan foncier rural vise à constituer un inventaire des réalités foncières telles qu’elles se présentent sur le terrain et telles qu’elles sont vécues par les populations.

Exemple ivoirien présenté par son maître d’œuvre
(Extrait du Site Internet du BNETD, Société d’État de Côte d’Ivoire, maître d’œuvre du Plan foncier rural).

Ce plan (en cours de réalisation depuis 1997) a été conçu de manière à tenir compte des problèmes fonciers liés:

- à la réinstallation des populations déplacées;
- aux conflits agriculteurs-éleveurs;
- aux conflits entre villages;
- au manque d’informations sur les disponibilités en terres;
- à l’aménagement durable des terres rurales.

Deux objectifs principaux sont poursuivis:

1) Apaiser durablement les conflits fonciers par:

- une clarification et une formalisation du foncier rural tel qu’il se présente;
- la prise en compte des différentes positions foncières.

2) Fournir à l’administration et aux développeurs une documentation foncière complète en vue de:

- bâtir une législation foncière adaptée;
- faciliter la gestion du domaine rural;
- mieux planifier les actions de développement local.

Les moyens utilisés sont:

- l’acquisition des supports de travail (photoplans);
- des programmes de sensibilisation des populations;
- le recensement démographique;
- le recensement contradictoire des droits et des ayants droit relatifs aux parcelles;
- le levé topographique des limites des parcelles et l’établissement d’un parcellaire pour chacun des villages concernés;
- la constitution d’un système d’information foncière de chaque village enquêté (BNETD, 1998).

Plan parcellaire

Un plan parcellaire est un document, généralement à grande échelle, figurant outre le réseau routier, toutes les parcelles de propriété ou d’exploitation, avec indication de leurs limites, des bornes et le plus souvent des distances entre celles-ci. Les bâtiments y sont également représentés. En général le plan parcellaire renvoie à un registre parcellaire. Le plan cadastral est un plan parcellaire.

Fig. 27 - Plan parcellaire, partie de la commune de Saint-Jean-de-Muzol (France).
1. Régions inondables 2. Terres labourables 3. Poiriers 4. Pêchers 5. Abricotiers 6. Vigne 7. Vigne et abricotiers en culture à double étage 8. Cerisiers 9. Vergers abandonnés 10. Route nationale et voie ferrée.
D'après COUSTAURY, «Revue de géographie de Lyon», 1966 in Les grands types de structures agraires dans le monde, R. LEBEAU, Masson - Armand Colin, 1996.

Planification territoriale

La planification territoriale consiste en l’élaboration de normes qui deviennent les cadres de programmes destinés à orienter, par des mesures incitatives ou la conclusion de contrats, l’action des entreprises à moyen ou long terme pour la réalisation d’objectifs économiques, nationaux ou régionaux à atteindre au cours d’une période déterminée.

Politique foncière

Une politique foncière est la ligne d’action décidée par un État pour organiser:

- les modalités d’accès à la terre (en milieu rural et en milieu urbain), et aux ressources naturelles;

- les modalités d’appropriation les concernant;

- la sécurité des droits sur la terre et les ressources naturelles qu’elle porte et l’usage et la gestion de l’espace. Dans ce sens, les politiques foncières peuvent relever du niveau local notamment de la commune; le plan d’occupation des sols traduit alors une partie de la politique foncière locale.

Une politique foncière est toujours déterminée en fonction d’enjeux, nationaux et internationaux, qui sont d’ordre économique et politique. Ces enjeux sont variables selon les orientations politiques et économiques de l’État concerné.

Une politique foncière est toujours intimement liée à un projet de société. Elle répond donc à des objectifs d’ordre politique, économique et environnemental et repose sur des stratégies destinées à servir ces objectifs. Pour ce faire, une politique foncière s’appuie toujours sur des outils et des instruments destinés à servir les objectifs poursuivis.

Politique forestière

Elle définit les grandes orientations au niveau de la gestion, de l’aménagement et de la protection des forêts. Ces orientations s’inscrivent généralement en termes d’objectifs dans un document de planification révisable après un nombre minimum d’années (10 ans est une période nécessaire pour que la politique forestière puisse s’inscrire dans la réalité).

Les indicateurs destinés à organiser les activités forestières concernent:

- l’évolution de l’état des ressources;
- les besoins en produits forestiers;
- les nécessités en matière de formation et de recrutement (les agents forestiers de l’État);
- les mesures de protection, de mise en valeur, d’aménagement et de traitement qui seront particulièrement poursuivies.

Depuis 1990, la République de Guinée dispose d’une politique forestière et d’un plan d’action forestier national. Les objectifs de ce plan sont poursuivis grâce à une stratégie générale définie au moyen de champs d’action tels que «faire participer la population et renforcer les institutions» (TRAORE, 1996).


Dans «Politiques et pratiques forestières en Afrique Sèche», Gérard BUTTOUD propose une alternative aux politiques forestières répressives. Ces politiques doivent évoluer pour devenir moins spécifiques (en s’intégrant plus aux choix agricoles) et moins techniques (en adaptant la gestion au contexte socio-économique).

«Une réorientation du dispositif d’encadrement des pratiques forestières s’impose d’autant plus que l’un des facteurs de déséquilibre réside dans le décalage entre la réglementation formelle et son application concrète» (BUTTOUD G., 1989).

Pratiques foncières (locales)

Les pratiques foncières sont bien souvent embrouillées et prêtent à de multiples interprétations, car si le transfert et la généralisation des procédures coloniales de gestion foncière ont été, globalement, un échec, l’idéologie de la propriété foncière a rencontré un écho positif parmi les classes sociales ascendantes. Cette réussite de l’idéologie propriétariste en l’absence de titres fonciers pour constater et organiser les services des droits reste ambiguë et cette confusion pose de nombreux problèmes.

Les pratiques foncières (et les droits fonciers) diffèrent selon les types de lieux ressortissant à ce dispositif, ainsi que selon l’usage de l’espace (espace de la production agricole, cynégétique, de la reproduction sociale, etc.).

Il faut également remarquer qu’une pratique foncière, ou un système foncier, même s’ils exercent des effets positifs sur le développement, peuvent par ailleurs dans le même temps exercer des effets négatifs sur l’environnement (cas où les problèmes fonciers dans un périmètre irrigué sont réglés, mais où la surexploitation épuise le sol du périmètre par exemple).

Malgré la place centrale des enjeux fonciers, les réglementations spécifiquement foncières ne déterminent jamais à elles seules les transformations et les pratiques (juridiques, techniques, économiques) effectives dans l’aménagement. Elles sont toujours le produit de l’interaction entre l’ensemble des facteurs, des ressources, contraintes et incitations qui déterminent les choix effectifs des exploitants (LE BRIS, LE ROY, MATHIEU, 1991).

J. SWINNEN (2002) insiste sur le fait que les différences et les transformations ressenties dans les diverses pratiques foncières sont causées par une combinaison des facteurs économiques, institutionnels et politiques, des changements dans la rentabilité agraire, certaines réformes, etc. Selon lui, les changements significatifs amenant quelquefois à certaines réformes au sein des pratiques foncières en Europe occidentale seraient d’ailleurs le résultat de l’association entre la meilleure représentation politique au Parlement et la sévère crise économique.

Prescription

Selon CORNU (2000), la prescription est le mode d’acquisition ou d’extinction d’un droit, par l’écoulement d’un certain laps de temps (d’un délai) et sous les conditions déterminées par la loi.

De nombreux régimes fonciers accordent l'acquisition des droits fonciers à travers l'utilisation continue d’un terrain et/ou l’installation sur celui-ci. La période de temps pendant laquelle les besoins peuvent être admis est habituellement fixée à plusieurs années, afin de donner l’opportunité de réunir et de régler toutes les réclamations de concurrence avant que les droits définitifs ne soient acquis.

Prêt

Un prêt est un contrat par lequel une personne transmet à une autre l'usage d'un bien pendant un certain temps (BERNARD, 1975), à charge de restitution (en nature ou en valeur). Ce terme peut être également donné par extension à des opérations portant non sur des choses, mais sur des prestations de services (CORNU, 2000).

Prêt foncier/Prêt hypothécaire

Le prêt est un contrat pour lequel celui qui a le capital, dans ce cas dénommé le prêteur, le met à la disposition d’une autre personne ou d’un agent économique, dénommé emprunteur. Le prêt se développe selon certaines modalités convenues à l’avance, telles que le versement d'un intérêt, les échéances ou la garantie. Les prêts sont distribués par les notaires, les banques et des organismes spécialisés.

Le prêt foncier se concentre sur les opérations concernant les biens fonciers (terrains bâtis ou non). C'est généralement un prêt hypothécaire.

Le prêt avec garantie hypothécaire est constitué d’un droit de garantie sur des immeubles, qui restent cependant sous le pouvoir du débiteur.

Le Crédit foncier de France est un organisme semi-public qui a pour objet d'accorder des prêts, en principe sur hypothèque de premier rang, à la propriété foncière, bâtie ou non bâtie. Il se livre à quatre types d'opérations:

  • Les prêts à long terme sur hypothèque aux propriétaires d'immeubles.

  • Les prêts à moins de vingt ans, avec ou sans garantie hypothécaire, aux collectivités locales pour la réalisation de leurs investissements (hôpitaux et écoles par exemple).

  • Participation au financement de la construction de logements, au travers de prêts spéciaux aux particuliers.

  • Réescompte des effets matérialisant certains crédits à moyen terme, octroyés par le Comptoir des Entrepreneurs et les banques (CONSO P., LAVAUD R. et COLASSE B.).

Prêtre de la terre

Le prêtre de la terre n’exerce que des fonctions limitées au domaine des relations foncières.

Alors que le chef de terre, lui, a un rôle social et culturel qui peut être étendu aux attributions du prêtre de la terre (veiller au calendrier dans le déroulement des travaux et écarter ou réparer toute action mettant en danger la vie de la communauté).

Le chef de terre peut donc, dans certaines circonstances, exercer la fonction du prêtre de la terre alors que le contraire n’est pas possible (ROULAND N., 1988).

Dans les faits, ces deux positions sont relativement proches. Elles dépendent en grande partie de l’histoire du village et d’une répartition des pouvoirs entre lignages de puissance plus ou moins égale.

Projection

La projection est la correspondance géométrique univoque entre les points d'une figure et ceux d'une surface de référence.

Dans le cadre d’un système géodésique de référence, la projection est la méthode utilisée pour représenter le sphéroïde modélisant la surface terrestre sur une surface plane.

Cette projection entraîne bien sûr des déformations. Pour établir une projection, il est nécessaire entre autres de disposer d'un système géodésique de référence et d'un modèle ellipsoïdal de la surface de la terre. Par calcul, il est possible de définir le type et les paramètres d'une projection dans le but de minimiser certaines déformations. On choisit alors soit de conserver les surfaces (projections équivalentes), soit de conserver localement les angles (projections conformes), soit d'opter pour une représentation ne conservant ni les angles ni les surfaces (projections dites "aphylactiques"). Les deux premières sont utilisées pour représenter la surface terrestre dans son entier.

Chaque méthode de projection est définie par un certain nombre de paramètres. Les valeurs accordées aux paramètres définissant une projection sont adaptées en fonction du lieu et de l’étendue de la surface terrestre représentée sur la carte.

Exemples de projections: UTM (Universal Transverse Mercator), Gauss, Lambert.

La projection cartographique est le report, selon des règles mathématiques, de tous les points d'une portion de surface courbe sur une surface plane (CALSAT, 1993).

Le principal défi de la carte géographique est de devoir représenter en deux dimensions, à plat, une sphère ou une partie de la sphère. On n’a pu trouver que des palliatifs: ils se nomment projections. L’art et la technique consistent à projeter sur un plan, selon des règles définies, le canevas des méridiens et des parallèles qui sous-tend toute carte. On a ainsi «projeté» le globe sur un plan tangent en un certain point choisi, sur un plan éloigné, sur un rouleau de papier enveloppant et tangent (projection cylindrique), sur un cornet (projection conique). On le regarde de son centre, ou d’un azimut, et parfois même, on l’écorce comme une orange, ou on le fragmente en pièces de puzzle. Ce sont toutes des projections.

La projection conforme conserve les angles; méridiens et parallèles s’y coupent donc toujours à angle droit, comme sur la sphère. Mais les terres de hautes latitudes sont alors très agrandies. La projection de mercator est cylindrique (tangente à l’équateur) et conforme. La projection Lambert, qui sert de base à la carte topographique française, est conique et conforme. La projection équivalente conserve au contraire les surfaces, ce qui est indispensable pour la gestion du territoire, les cartes statistiques, au prix de difficultés pour la représentation des trajets. Elle n’empêche pas une certaine déformation des contours, surtout sur les bords de la carte, mais elle convient mieux aux petites échelles et sert surtout dans les atlas.

Il existe des solutions de compromis, avec des cartes qui, n’étant ni l’un ni l’autre, ne sont exactement satisfaisantes pour personne, mais passent souvent mieux pour l’image, la démonstration, la publicité ou l’enseignement (BRUNET, FERRAS, THERY, 1993).

Fig. 28 - La représentation Lambert.
Projection sur un cône tangent à l’ellipsoïde le long d’un parallèle de latitude?0 appelé parallèle origine. On peut également définir la même projection sécante à l’ellipsoïde le long de deux parallèles origines. C’est une projection " conforme " qui conserve les angles.
Source: www.cnig.fr/commun/proserv/ficheamo/fserie2/fiches/12.htm

Fig. 29 - Projection cylindrique
Source: www.etat.lu/ACT/datum.html

Fig. 30 - Projection conique
Source: www.etat.lu/ACT/datum.html

Fig. 31 - Projection azimutale
Source: www.etat.lu/ACT/datum.html

Projection de Mercator

En projection cylindrique, l’ellipsoïde est projeté sur un cylindre tangent le long d’un diamètre de celui-ci. Les méridiens se transforment en des droites parallèles verticales, droites génératrices du cylindre. Les parallèles se transforment en des droites parallèles horizontales, ligne développée des sections droites circulaires du cylindre. Les cartes sont graduées en degrés. L'échelle est la même le long d'un parallèle, et est donnée par la graduation de la latitude: une minute de latitude est égale à un mille marin, soit 1852 mètres environ sur la surface de l'ellipsoïde.

Le rapport d'échelle entre un degré de longitude et un degré de latitude est égal au cosinus de la latitude. L'utilisation de cette projection est limitée à des latitudes inférieures à 70°; au-delà, les déformations sont trop importantes. Sur un cylindre développé, on obtient un carroyage rectangulaire, l'échelle variant en fonction de la latitude. Le cylindre développé sur un plan donne une planisphère qui ne représente correctement que les régions voisines du diamètre tangent.

La projection équatoriale de Mercator est utilisée pour les mappemondes. La projection Universal Transverse Mercator (UTM) inscrit la terre, ramenée d’abord à une sphère, dans un cylindre tangent à un méridien. Ce système comporte donc une double projection, de l’ellipsoïde sur la sphère, puis de la sphère sur un cylindre.

Ce système est dit universel puisqu’il permet de couvrir toute la Terre en minimisant les déformations le long du méridien tangent. Son intérêt immédiat est que l'échelle locale ne dépend que de la latitude. Par contre, les déformations deviennent très rapidement importantes dès que l’on s’éloigne du méridien tangent. On a donc défini un découpage de la surface terrestre en 60 fuseaux. Dans chaque fuseau, les coordonnées couvrent un champ qui va des pôles à l’équateur et du méridien tangent aux méridiens situés à 3° de part et d’autre.

(http://www.CNERTA.EDUCAGRI.FR/INFOGEO/SIGCARTO/COURS/COURPROT/COURFR2.HTM, HTTP://MEMBRES.LYCOS.FR/SMEYS/PROJEC.HTM).

Fig. 32 - Projection de Mercator
Source: http://www.library.yale.edu/MapColl/ladmoc.html

Propriétaire

Le propriétaire est le titulaire du droit de propriété (CORNU, 2000), c’est-à-dire une personne naturelle ou juridique qui exerce certains pouvoirs ou qui a une certaine faculté d’utiliser, de bénéficier ou de disposer de ses biens pour sa propre exploitation, avec les limites imposées par la loi et relatives au bien commun (CODE CIVIL COLOMBIEN, 2000).

Dans le cadre de la crise du logement en Afrique, LE BRIS, LE ROY ET MATHIEU (1991) établissent une typologie des propriétaires fondée sur le statut foncier ou le statut locatif.

Parmi les "propriétaires"-occupants (bénéficiant d’un titre foncier sûr ou d’un titre précaire), on peut distinguer deux types:

  • les propriétaires qui poursuivent des stratégies défensives: ils recherchent la sécurité foncière pour avoir la sécurité du logement, pour eux-mêmes et pour les membres de la famille;

  • les propriétaires fonciers qui poursuivent des stratégies spéculatives dans le but d’obtenir une rente foncière ou des revenus locatifs.

Propriétaire foncier

Un propriétaire foncier possède une propriété qu’il loue à des locataires sous certaines conditions, impliquant habituellement le paiement du loyer par ceux-ci.

Remarquons qu’au sein d’un même village, toutes les familles n’ont pas le même statut foncier. L’espace cultivé est réparti en quartiers, contrôlés par les lignages autochtones. Les familles «d’étrangers» n’ont que des droits secondaires. Les termes de «propriétaire foncier» et «d’exploitant», couramment utilisés, ne permettent pas de rendre compte de la logique des droits d’exploitation et créent de graves confusions, car ils renvoient à une vision individualiste de la propriété, où un espace est propriété d’un individu (ou d’une personne morale) qui détient tous les droits sur lui. La combinaison des droits d’accès, de soustraire, de gérer, d'exclure et d'aliéner donne naissance à cinq catégories de détenteurs de droits: le propriétaire en droit, le propriétaire de fait, l’ayant droit, l’usager autorisé et non-autorisé (LAVIGNE-DELVILLE, BOUJU, LE ROY, 2000).

Droits

Propriétaire
en droit

Propriétaire
de fait

Ayant
droit

Usager
autorisé

Usager
non-autorisé

d'accès

X

X

X

X

X

de prélèvement

X

X

X

X


de gérer

X

X

X



d'exclure

X

X




d'aliéner

X





(SCHLAGER, OSTROM, 1992)

Propriété

Le terme propriété employé seul désigne la propriété privée et la pleine propriété, type le plus achevé de droit réel: droit d’user, jouir et disposer d’une chose d’une manière exclusive et absolue sous les restrictions établies par la loi (CORNU, 2000).

La propriété est le résultat d’une appropriation (par la force, l’achat, l’héritage, le don). Elle peut être un bien-fonds, quelquefois sans bâtiment, quelquefois avec et parfois une demeure seulement (BRUNET, 1993).

Lorsqu’on aborde le concept de propriété, on distingue la propriété privée et la propriété publique.

La propriété privée est celle qu’exerce un particulier sur un bien, en opposition à la propriété publique qui est celle qu’exerce l’Etat sur un bien.

En outre, deux autres types de propriétés sont à différencier: la propriété collective et la propriété communale.

La première est celle qui concerne un ensemble de personnes et qui s’exerce sur un bien ou une ressource naturelle. Les possesseurs de ce droit et les usagers sont clairement définis et ceux-ci ont le droit d’exclure des personnes tierces.

Dans la seconde, tous les habitants d’une localité ont le droit d’effectuer des activités dans cette zone -situation de libre accès-. Certains moyens de contrôle peuvent être appliqués, ceci afin de limiter la dégradation et l’usage inconsidéré de la propriété communale (CIPARISSE, 2002)

Ce concept est absent dans les sociétés dites primitives, où les biens ne sont pas détachables des personnes qui, d’ailleurs, ne se vivent pas comme des individus uniques et irremplaçables, mais comme les membres interchangeables d’une même unité sociale formée d’humains, d’esprits (ceux des défunts notamment) et de biens (BONTÉ, IZARD, 1992).


Quoique couramment utilisé, le terme de propriété est fondamentalement inadapté pour décrire les rapports fonciers africains: ceux-ci s’expriment en termes d’appropriation, c'est-à-dire d’affectation de droits d’exploitation et de contrôle de la terre et des ressources qu’elle porte. La terre est un patrimoine collectif du lignage qui l’a défrichée. Ce n’est pas une propriété privée. Le droit de vendre est en général exclu, ou du moins limité, et surtout, le chef de famille n’est pas propriétaire des terres: il en est gestionnaire au nom du lignage. En parlant de «propriété», on tend inconsciemment à considérer le chef de famille comme un propriétaire, au sens du Code civil, seul maître de son bien; ou à lui donner envie de le faire... au détriment des autres membres de son lignage.

Il est donc important de plutôt parler de droits d’appropriation. Lorsqu’on parle ici de propriété, il s’agit ici d’une «propriété fonctionnelle», impliquant que la personne ou le groupe concerné dispose de tous les droits, sauf (en général) celui de vendre (LAVIGNE-DELVILLE, BOUJU, LE ROY, 2000).

Propriété collective

La propriété collective sur une ressource naturelle suppose que les détenteurs de droits et les usagers soient clairement définis et qu’ils aient le droit d’exclure des tiers. La propriété collective s’oppose à une situation d’accès libre.

Propriété étatique

La propriété étatique fait référence à ce qui appartient à l’État. Elle est effective si elle porte sur le domaine privé, synonyme d’un droit éminent sur les autres portions du domaine (public, national, etc.).

Dans le domaine foncier de nombreuses réformes ont attribué la propriété de la terre à l’État. Dans ce sens, on peut donc parler de propriété étatique de la terre.

Le domaine public est une forme de propriété étatique.

Propriété foncière

La propriété foncière est un des éléments fondamentaux de la combinaison ou de la structure agraire, mais aussi une des notions les plus abstraites et souvent des plus vagues.

C'est d'abord une notion juridique: la propriété foncière est le droit de jouir et de disposer d'un bien foncier d'une façon exclusive et absolue, sous réserve des limitations imposées par la loi (CLÉMENT, 1981). Elle est aussi une notion spatiale: c’est une terre agricole ou forestière, se composant de l'ensemble des biens-fonds, cultivée ou non d'une surface appréciable formant une unité foncière et possédée par une personne, ou un ensemble de personnes en indivision ou en copropriété (CALSAT, 1993).

On peut distinguer la propriété foncière urbaine et la propriété foncière rurale, celle-ci comprenant des terrains incultes et des terrains cultivés, divisés en parcelles groupées ou dispersées autour des bâtiments servant d'abris, unies par des chemins ou des routes. Ces éléments de la propriété du sol peuvent être gérés et exploités par une communauté (Etat, monastère, etc.), ou par un individu qui a recours au faire-valoir direct ou indirect (fermage, métayage). Il s'agit alors d'un domaine qui peut être vaste, moyen ou petit, et cohérent en un seul bloc, ou divisé en fermes et métairies, et même dispersé en parcelles éparses dans un finage. En règle générale, la propriété foncière correspond le plus souvent à un domaine. Actuellement, par suite de l'exode rural et de la mécanisation, les propriétés foncières ont tendance à s'agrandir par achat de propriétés abandonnées (FÉNELON, 1991). Une même propriété peut être divisée en plusieurs exploitations, de même qu'une exploitation peut regrouper des portions de plusieurs propriétés (GEORGE, 1993).

Propriété immobilière

La propriété immobilière se définit par sa localisatioin, ses limites et sa zone.

La propriété immobilière est un des éléments de base du cadastre. À travers celle-ci, les particularités sur la possession de la terre sont identifiées, localisées et enregistrées, et les droits sur une propriété foncière ou un immeuble se souscrivent et se matérialisent juridiquement. Chaque propriété immobilière est identifiée et numérotée dans le cadastre.

Dans les pays de l’Amérique latine, on emploie ce terme pour désigner la terre ou le terrain qui appartient à un ou plusieurs propriétaires, tant en zone rurale qu’urbaine.

La croissance régulière de la population dans les villes africaines a engendré une demande croissante de terrains urbains et une crise du logement. Or, en Afrique, la résolution de la question du logement passe essentiellement par une large distribution du sol. Un telle politique foncière visant à lier la "propriété" foncière à l’accès au logement ne rend cependant pas compte du fait que nombre de quartiers populaires dans les villes africaines comptent beaucoup de locataires, voire parfois plus de locataires que de propriétaires occupants.

De plus, une grande partie de la population urbaine (les plus démunis, mais, dans une mesure croissante, il s’agit également d’une partie de la classe moyenne en voie de paupérisation), se trouve sur le plan juridique dans une situation marginale, illégale. Ces citadins qui se sont installés soit par l’intermédiaire d’un promoteur immobilier privé soit par occupation irrégulière, n’ont aucun titre officiel sur le terrain qu’ils occupent et se trouvent souvent dans une situation assimilée à celle de "squatters" (LE BRIS, LE ROY ET MATHIEU, 1991).

Propriété privée

Dans l’article 544 du Code Civil français: «la propriété privée est le droit de jouir et de disposer des choses de la manière la plus absolue pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois et règlements».

Il s’agit donc d’une propriété exclusive et absolue qui ne peut s’exercer que sur un bien. Les caractéristiques de la propriété sont le droit d’aliéner et de disposer.

Dans l’imaginaire collectif, la propriété apparaît comme une institution universelle, fondatrice de tous les projets de société.

Pourtant ce n’est pas une institution universelle des rapports socialement reconnus entre les hommes et les choses. La propriété est une institution particulière aux relations sociales que sont les relations marchandes et elle est le produit sophistiqué d’une société où triomphe l’individu. Cette institution s’oppose donc fondamentalement aux statuts des biens des sociétés non-marchandes qui sont communautaires et statutaires (MADJARIAN G., 1991).

Publicité foncière

Procédure par laquelle les parties versent leurs actes immobiliers à la conservation foncière.

Cette procédure confère aux droits publiés leur opposabilité aux tiers.


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