Dans cette étude, nous analysons l'importance du revenu généré par la commercialisation de certains produits forestiers non ligneux (PFNL) en Afrique centrale. Nous nous concentrons sur les marchés locaux, situés dans la zone des forêts humides au Cameroun et dans la région frontalière à proximité de la République Centrafricaine (RCA), de la Guinée équatoriale et du Gabon.
Les principales espèces de PFNL considérées sont: Irvingia spp. (mangue sauvage), Cola acuminata (noix de cola), Garcinia lucida (essok) et Garcinia kola (onie: noix de cola amère). L'accent est mis dans cet article sur la commercialisation du noyau et du fruit de Irvingia spp. et de cola, ainsi que de l'écorce de Garcinia lucida (essok) et Garcinia kola. L'écorce des deux dernières espèces citées est utilisée dans la fabrication du vin de palme car elles lui donnent un goût amer.
D'après les résultats de notre étude, la valeur des PFNL commercialisés s'élève à 753.000 $ pour le premier semestre de l'année 1995 et à 499.000 $ pour le premier semestre de l'année 1996. Sur ce montant total, la valeur sur le marché de l'écorce de Garcinia lucida et de Garcinia kola représente 30.000 $ (pour l'année 1995) et 23.500 $ (pour l'année 1996). Le déclin constaté, entre 1995 et 1996, des PFNL commercialisés sur le marché résulte d'une diminution de l'approvisionnement de ces produits et révèle la fragilité du marché des PFNL. Cette fragilité est due au caractère dynamique et non prévisible des PFNL et au fait que la récolte et la distribution sur le marché varient d'une année à l'autre.
Notre étude a également montré que la marge bénéficiaire hebdomadaire obtenue par les marchands pour la vente des écorces est comparable, voire supérieure, à celle qu'ils obtiennent pour la vente d'amandes (Irvingia spp.) ou de fruits (Cola acuminata). La vente d'écorces procure des revenus substantiels tant aux marchands qu'aux habitants des forêts, même si la récolte de l'écorce n'est pas toujours entreprise de manière durable. Ce facteur est révélateur de l'influence des marchés de PFNL sur la dégradation des ressources forestières et illustre la difficulté d'atteindre un équilibre entre la nécessité d'améliorer les conditions de vie des populations dépendant des forêts et la préservation du patrimoine forestier.
Il serait utile à l'avenir de consacrer des études à la recherche de taux d'exploitation de l'écorce, de manière à permettre aux habitants des forêts d'utiliser les espèces Garcinia lucida et Garcinia kola pour leurs moyens d'existence, tout en préservant les arbres.
De nombreuses études ont démontré l'importance des produits forestiers non ligneux pour la subsistance des habitants des forêts (Chamber & Leach, 1987; Beer & McDermott, 1989; Falconer, 1990; Scoones et al., 1992; Towmson, 1995; Ndoye et al., 1997). De plus, l'aménagement des PFNL est souvent considéré comme une solution alternative permettant une gestion durable des forêts et la préservation du patrimoine forestier (Ndoye, 1994; Nguedje, 1996). Et pourtant, bien que l'importance des PFNL soit reconnue, ils ne sont pas toujours récoltés ou collectés de manière durable, propre à permettre la préservation des ressources (Sayer, 1993; Hall et Bawa, 1993; Peters, 1994; Laird, 1995; Freese, 1996). Par exemple, l'étude de Ndoye (1995) a révélé que dans la zone de forêts humides du Cameroun, 58% des palmiers Elaeis guineensis incisés par un groupe d'agriculteurs de la région de Mbalamyo, sont morts suite à ce traitement. En outre, l'étude de Ndoye (1995) a également permis d'évaluer le coût de dégradation causé à la société: la mort de chaque palmier représente une perte qui se chiffre entre 70 000 et 129 000 francs CFA. Champaud (1973) a rapporté que la technique utilisée par les agriculteurs à Mom, dans la province du centre du Cameroun, pour extraire le vin de palme, était de nature à tuer les arbres (Elaeis guineensis). Oyono (1997) a découvert que 1000 palmiers (Raphia hookeri) avaient été tués suite aux opérations d'extraction à Ekom, dans le sud est du Cameroun.
Dans la province du Sud-ouest du Cameroun (dans le village M'mouck), les agriculteurs se sont engagés dans la plantation de Prunus africana, car ces arbres avaient presque disparus de certaines zones du village et il fallait aller toujours plus loin dans la forêt pour récolter l'écorce (BDCPC, 1997). La valeur marchande de l'écorce de Prunus africana, utilisée pour le traitement de l'hypertrophie de la prostate, est estimée à 150 milions de dollars EU par an (Cunningham et Mbenkum, 1993, p.7). L'écorce de Prunus africana est récoltée par 14% des ménages autour du Mont Cameroun (BDCPC, 1997). Entre 1986 et 1991, chaque année, 1923 tonnes d'écorce de Prunus africana ont été en moyenne transformées au Cameroun. Cela représente une moyenne de 35 000 arbres écorcés chaque année, affectant au moins 6 300 hectares de forêt de montagne (Cunningham et Mbenkum, 1993).
Suite au besoin croissant d'activités rentables pour les populations vivant dans les forêts et à proximité de celles-ci, il serait souhaitable d'étudier de manière continue le rôle potentiel de la commercialisation des PFNL dans la dégradation ou la préservation des ressources forestières. Les données rassemblées permettront aux chercheurs de donner la priorité aux PFNL pouvant être domestiqués, de mettre au point des méthodes de récolte améliorées et plus durables et de former les cueilleurs à l'utilisation de ces techniques. Les informations obtenues par les chercheurs fourniront également aux décideurs politiques davantage d'options permettant de prendre des mesures propres à améliorer les conditions de vie de la population dépendant des forêts, tout en préservant les ressources.
Notre rapport a pour but de clarifier le rôle potentiel des marchés de PFNL dans la dégradation ou la conservation des ressources forestières, grâce à l'analyse comparée des marchés de deux grandes catégories de PFNL: les fruits/amandes et les écorces. Généralement, la récolte et la vente d'amandes et de fruits, ne causant pas de dégâts aux arbres, affectent moins la préservation des ressources que l'extraction de l'écorce. En revanche, l'extraction et la commercialisation de l'écorce peut compromettre la durabilité des ressources forestières, tant pour les dégâts directs qu'elle occasionne que pour la survie à long terme des espèces, du fait de la disparition de semenciers potentiels (Peters, 1994; dans la présente publicaction). Les espèces Irvingia spp. et le fruit de Cola acuminata constituent deux espèces importantes pouvant être rangées dans la première catégorie de PFNL, alors que l'écorce de Garcinia lucida et Garcinia kola font partie de la deuxième catégorie.
La demande en Irvingia gabonensis dans le sud du Nigeria a été estimée à 80 000 tonnes par an (Leakey and Maghembe, non daté). Les négociants nigérien importent les fruits et noyaux du Cameroun (Scoones et al., 1992). Au Cameroun, Nkongmeneck (1985) a estimé que le marché des noix de kola atteignait 20 400 tonnes. In 1983, le revenu provenant des noix de kola dans quelques foyers ruraux au sud ouest du Cameroun était plus élevé que celui du café, en contribuant entre 5 et 37% aux revenus financiers du foyer (Laird et al., 1996). Les exportations des noix de kola du Ghana ont été estimées à 6 million de tonnes en 1988 et 7,5 millions de tonnes en 1989, pour une valeur de 1,03 million $EU et 1,48 million $EU respectivement (Laird et al., 1996).
Dans le sud du Cameroun, Ntamag (1997) a rapporté que Garcinia lucida était récolté dans des forêts peu perturbées et en général facile d'accès. Diaw (1997) a également découvert Garcinia lucida dans des forêts pratiquement vierges, dont l'accès est libre et réservé au membres de la communauté, c'est-à-dire du village. Pour Garcinia kola, les sources les plus abondantes se trouvent dans les plantations de cacao, les forêts vierges et les terres laissées en jachères. (Ntamag, 1997). van Dijk (1995) a découvert que Garcinia kola se trouvait seulement dans des zones forestières éloignées des implantations humaines. Elle a également remarqué que les espèces peuvent être mises en danger par la surexploitation provoquée par l'utilisation de l'écorce dans l'élaboration du vin de palme. A l'occasion d'un inventaire sur 11 transectes complets dans le sud du Cameroun, van Dijk (1995) n'a pas trouvé un seul arbre de Garcinia lucida et a suggéré que cela pouvait être dû aux niveaux de récolte élevés. Aussi, Guedje (1996) a également découvert que Garcinia lucida pousse dans des populations denses, avec une préférence pour les habitats forestiers non perturbés. Cette espèce ne peut pas récupérer et ses individus meurent si on prélève une large surface d'écorce sur le tronc (Guedje 1996). Elle a identifié des sites où plus de 50 pour cent des arbres étaient morts.
En janvier 1994, le Cameroun et d'autres pays d'Afrique centrale se situant dans la zone du franc CFA9, ont été sévèrement touchés par la dévaluation du franc CFA. Cette dévaluation provoqua une hausse du prix de la bière et du whisky, rendant le vin de palme plus attractif, tant dans les régions rurales que dans les régions urbaines (Ndoye, 1994). Comme nous l'avons noté auparavant, les écorces de Garcinia lucida et de Garcinia kola sont couramment utilisées dans la fabrication du vin de palme. Garcinia lucida est également considéré comme un bien social, de par sa valeur médicinale et ses propriétés antipoison (Diaw 1997). Pour ces raisons, il est fort possible que l'exploitation de ces deux espèces augmente. En outre, étant donné que l'accès à la ressource de Garcinia lucida est libre, les arbres de cette espèce pourraient être davantage menacés par le comportement opportuniste de quelques habitants des forêts, profitant de la demande importante pour cette écorce sur le marché. Le comportement opportuniste, tel que défini par Williamson (1985) consiste à agir dans son propre intérêt avec ruse. Ce type de comportement, s'il apporte des bénéfices immédiats aux individus, présente un coût élevé pour la société dans son ensemble (Shaffer et al., 1987).
Les auteurs du présente article pensent que la recherche sur Garcinia lucida et Garcinia kola souffre de nombreuses lacunes fondamentales :
· Il n'y a pas d'information concernant le niveau d'exploitation durable de l'écorce qui permettrait de préserver les arbres de Garcinia lucida et Garcinia kola;
· Les techniques d'exploitation durable qui garantiraient la survie des arbres de Garcinia lucida et Garcinia kola restent encore à concevoir par les chercheurs. Ces techniques pourraient, dans le futur, aider à atténuer la pression sur les ressources;
· La domestication de Garcinia lucida et Garcinia kola, ainsi que leur culture par les habitants de la forêt, ne sont pas inclues dans les programmes de recherches actuellement menés sur les PFNL en Afrique centrale.
Dans cet article, nous soulignons que, si les PFNL constituent des opportunités alternatives valables, en terme de création de revenus pour les habitants des forêts, ce qui augmente le besoin de développer les marchés correspondant, il n'en reste pas moins que les méthodes de récolte ne sont pas toujours durables. Cela montre bien l'équilibre difficile qu'il y a entre l'amélioration des conditions de vie des personnes dépendant des ressources naturelles et la conservation des forêts. Parmi les quatre espèces de PFNL étudiées, les pratiques de récolte de Irvingia spp. et de Cola acuminata sont plus durables que celles de l'écorce de Garcinia lucida et Garcinia kola. Cependant, il faut remarquer que la récolte de fruits et de noyaux destinées à la consommation ou à la vente peut avoir un impact négatif à long terme sur la structure de la population des espèces concernées (Peters, 1994).
La deuxième partie de l'article est une brève description de la méthodologie utilisée pour l'étude. La troisième partie décrit la distribution et l'utilisation des quatre espèces de PFNL analysés dans cet article: Irvingia spp., Cola acuminata, Garcinia lucida et Garcinia kola. Puis, la quantité de PFNL commercialisée et les bénéfices réalisés par les négociants sont discutés. La cinquième partie analyse les effets, sur le bien-être des populations, de la commercialisation de Irvingia spp. et Cola acuminata, comparativement à celle de Garcinia lucida et Garcinia kola. La sixième partie propose une discussion sur le type de recherche requis pour traiter l'étroitesse des marchés de PFNL et la dégradation potentielle des ressources forestières. Enfin, la dernière partie présente les conclusions et implications de l'étude.
Cette étude a été réalisée en 1995 et 1996 sur vingt huit marchés, situés dans la zone forestière humide (ZFH) du Cameroun. La ZFH comprend 5 provinces (le Centre, le Sud, le Littoral, l'Est, le Sud-ouest) parmi les 10 provinces que compte le Cameroun. Les données recueillies lors du recensement de 1987 indiquent que 45% de la population totale du Cameroun vivent dans la ZFH. La ZFH comprend un territoire délimité au sud par la République du Gabon, la Guinée équatoriale et le Congo-Brazzaville, à l'est par la République Centrafricaine, et au nord-ouest par la République du Nigeria. Sa superficie est de 270 162 m2, soit 58% de la superficie du Cameroun.
Les PFNL selectionés pour notre étude sont Irvingia spp. (noix de mangue sauvage), Cola acuminata (noix de cola), Garcinia lucida et Garcinia kola. En ce qui concerne Irvingia spp. et Cola acuminata, on se basera sur la quantité de fruits et d'amandes commercialisés, alors que dans le cas de Garcinia lucida et Garcinia kola, on prendra en considération la quantité d'écorces commercialisée. Les données recueillies ont été obtenues sur une période de 29 semaines d'activité, réparties entre janvier et juillet, en 1995 et en 1996. En 1995, on a interviewé 267 négociants, alors qu'en 1996, on en a interrogé 347. Ces chiffres représentent respectivement 24% et 27% du nombre total de négociants actifs dans les marchés étudiés.
Irvingia gabonensis
Harris (1993) a identifié deux espèces d'Irvingia utilisées pour leur valeur alimentaire au Cameroun: Irvingia gabonensis et Irvingia wombulu. Nous ne traiterons ici que la distribution et l'utilisation d'Irvingia gabonensis. Irvingia gabonensis se trouve dans toute la zone forestière humide du Cameroun (c'est-à-dire dans les forêts sempervirentes, semi-caduques et de transition). L'espèce se distribue du sud du Sénégal au Zaïre (Vivien et Faure, 1985), dans les forêts humides et chaudes des vallées d' Afrique de l'ouest et d'Afrique centrale. En Afrique de l'ouest, on trouve Irvingia gabonensis au Sénégal, en Guinée Conakry, au Liberia, en Sierra Leone, en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Togo, au Bénin et au Nigeria. En Afrique centrale, il pousse au Cameroun, au Gabon, en République Centrafricaine et au Congo (Brazzaville).
Irvingia gabonensis, communément appelé «dika nut» (noix dika), appartient à la famille des Irvingiaceae. Son fruit ressemble à une petite mangue «domestiquée», d'abord vert puis jaune à maturité. Le fruit mur contient beaucoup de fibres. On consomme la pulpe fibreuse du fruit frais et on brise la noix pour en extraire l'amande. Cette amande peut facilement être séparée en deux parties.
L'amande est la partie la plus prisée de l'arbre Irvingia gabonensis. L'amande est un condiment très savoureux, utilisé dans les soupes et elle constitue une importante source de revenus pour les agriculteurs de la ZFH du Cameroun. Les amandes d'Irvingia peuvent être concassées et utilisées pour remplacer ou compléter l'arachide dans l'alimentation des habitants des forêts. Elles forment également la base de sauces pouvant être conservées de 3 à 4 jours en dehors d'un réfrigérateur. L'amande de Irvingia gabonensis peut également être broyée et utilisée dans la fabrication d'une pâte appelée «dika bread» au Gabon et «etima» dans la province du Centre au Cameroun. Cette pâte peut être conservée plus d'un an après avoir été séchée au soleil. Les amandes entières d'Irvingia gabonensis peuvent être conservées jusqu'à un an si elles sont complètement sèches.
Cola acuminata (noix de cola)
L'espèce Cola acuminata, communément appelée "abata cola", fait partie de la famille des Sterculiaceae et se trouve dans les forêts verdoyantes du Cameroun. Son aire de répartition s'étend du Nigeria jusqu'au Congo (Vivien et Faure, 1985). L'arbre produit des fruits consommés et commercialisés pour les propriétés stimulantes de ses noix. Cola acuminata fait l'objet d'un commerce important au sein du Cameroun et entre le Cameroun et ses pays voisins.
Garcinia kola
Garcinia kola appartient à la famille des Clusiaceae (Gutiferae) et se trouve dans la zone forestière humide du Cameroun. Son aire de distribution s'étend de la Sierra Leone au Gabon et au Zaïre (République Démocratique du Congo) (Vivien et Faure, 1985). Cela comprend une partie des plaines tropicales, chaudes et humides d'Afrique de l'ouest et d'Afrique centrale. En Afrique de l'ouest, on rencontre cette espèce au Cameroun, au Gabon, en République Centrafricaine et en Guinée Equatoriale. Garcinia kola est communément appelé "bitter kola" par la population locale, qui est le nom du fruit aphrodisiaque que l'arbre produit. C'est un produit important dans la zone forestière humide d'Afrique de l'ouest et d'Afrique centrale car il contribue à l'alimentation et aux revenus des ménages ruraux.
L'écorce de l'arbre Garcinia kola est utilisée dans le vin de palme pour donner au vin un goût amer et pour le rendre plus fort. Cette pratique est courante dans la province du centre du Cameroun, et également au Gabon. L'écorce, une fois trempée dans l'eau, peut être utilisée comme traitement contre les vers intestinaux et les douleurs à l'estomac. Mélangé à la noix de kola, le fruit de garcinia kola facilite la digestion.
Garcinia lucida
L'espèce Garcinia lucida appartient à la famille des Clusiaceae (Gutiferae) et se trouve au Cameroun, dans la zone forestière humide. L'écorce a des qualités antipoison. Elle est le plus souvent utilisée par les agriculteurs qui, après l'exploitation de l'arbre, en extraient du vin de palme. Selon les agriculteurs, l'écorce de Garcinia lucida donne un goût plus fort au vin de palme.
Volume et valeur des PFNL commercialisés
La quantité totale des ventes enregistrées dans un échantillon comprenant Irvingia spp., Cola acuminata, Garcinia kola, et Garcinia lucida s'élève à 138 tonnes pour l'année 1995 et 85 tonnes pour l'année 1996, représentant respectivement 84 072 000 francs CFA en 1995 et 77 262 100 francs en 1996 (voir le tableau 1). Selon une projection du nombre total de négociants présents sur les 28 marchés, la quantité totale atteindrait 677 tonnes en 1995 et 272 tonnes en 1996, pour une valeur totale de 361 558 000 francs CFA et 254 402 000 francs CFA respectivement (voir tableau 2). Ces chiffres sont obtenus en supposant que, pour un marché donné, le pourcentage de négociants responsables de tel ou tel PFNL dans notre échantillon est le même que pour l'ensemble du marché. Les quantités de PFNL commercialisées équivalent à 753 000 $EU en 1995 (480 francs CFA = 1 $EU) et 499 000 $EU en 1996 (510 francs CFA = 1 $EU). La valeur estimée des ventes d'écorces de Garcinia kola, et Garcinia lucida représente 57 tonnes en 1995 et 36 tonnes en 1996, pour une valeur totale de 14 331 000 francs CFA (30 000 $EU) et 11 977 000 (23 500 $EU) respectivement.
Irvingia spp. est le PFNL commercialisé par le plus grand nombre de négociants, suivi par Cola acuminata, l'écorce de Garcinia lucida et de Garcinia kola. En 1995, Cola acuminata était le PFNL le plus important en terme de quantités commercialisées, suivi par Irvingia spp., l'écorce de Garcinia lucida et de Garcinia kola. En 1996, l'ordre d'importance des quantités commercialisées a légèrement changé, avec en premier Irvingia spp., suivi par Cola acuminata et les deux espèces de Garcinia. La valeur des PFNL commercialisés a montré un ordre différent que celui relatif au volume. En 1995 et en 1996, la valeur des ventes de Irvingia spp. était la plus élevée, suivie par celle de Cola acuminata et des écorces de Garcinia lucida et de Garcinia kola. La quantité et la valeur des PFNL commercialisés reflètent les caractéristiques typiques des marchés étroits, par la combinaison des facteurs environnementaux et économiques. Cette aspect sera discuté plus loin.
Tableau 1: Marchés de PFNL sélectionnés dans la zone forestière humide, en 1995 et 1996*
% de vendeurs vendant des PFNL |
Ventes sur l'échantillon interviewé | |||||
PFNL |
Quantité (en Kg) |
Valeur (en francs CFA) | ||||
1995 (n=267) |
1996 (n=347) |
1995 |
1996 |
1995 |
1996 | |
Irvingia spp. |
45 |
47 |
36 390 |
34 400 |
43 000 000 |
47 534 600 |
Cola acuminata |
19 |
24 |
80 960 |
31 650 |
35 884 000 |
23 660 300 |
Garcinia lucida (écorce) |
2 |
4 |
14 600 |
13 500 |
3 726 000 |
4 882 500 |
Garcinia kola (écorce) |
1 |
1,5 |
5 970 |
5 560 |
1 462 000 |
1 184 700 |
TOTAL |
67 |
76,5 |
137 920 |
85 110 |
84 072 000 |
77 262 100 |
* 29 semaines pour tous les PFNL en 1995 et 1996
Tableau 2: Projection des ventes sur l'ensemble des marchés de PFNL dans la zone forestière humide en 1995 et 1996*
Projection des ventes pour tous les marchés de PFNL | ||||
PFNL |
Quantité (en Kg) |
Valeur (en francs CFA) | ||
1995 |
1996 |
1995 |
1996 | |
Irvingia spp. |
111 000 |
107 100 |
125 237 000 |
147 769 000 |
Cola acuminata |
509 000 |
127 400 |
221 990 000 |
94 656 000 |
Garcinia lucida (écorce) |
40 600 |
27 300 |
10 360 000 |
9 867 000 |
Garcinia kola (écorce) |
16 200 |
9 900 |
3 971 000 |
2 110 000 |
TOTAL |
678 800 |
271 700 |
361 558 000 |
254 402 000 |
* 29 semaines pour tous les PFNL en 1995 et 1996
Entre 1995 et 1996, la quantité cumulée d'écorce de Garcinia lucida et de Garcinia kola vendue a connu une diminution de 7%, alors que la valeur réelle des ventes a augmenté de 17% (voir tableau 1).
Etroitesse des marchés de PFNL
Comme l'indique le Tableau 1, la quantité et la valeur des PFNL étudiés ont significativement varié entre 1995 et 1996, surtout en ce qui concerne Cola acuminata. Il s'agit là d'une caractéristique propre aux marchés étroits. Les marchés sont définis comme étroits si un léger changement de la production a des effets très importants sur la quantité commercialisée. Ce facteur influence le rôle des marchés dans le regroupement et la distribution des PFNL d'une année à l'autre. Il y a plusieurs manières de traiter les marchés étroits, ceci fera l'objet d'une discussion ultérieure dans les conclusions de notre article.
En ce qui concerne les amandes d'Irvingia, la quantité de ce produit sur le marché a baissé de 5% entre 1995 et 1996, alors que la valeur des ventes a augmenté de 11% (voir tableau 1). En 1995, 59% de la quantité totale d'amandes d'Irvingia vendue a été écoulée sur les marchés de Ebolowa, d'Abang Minko (à la frontière entre le Cameroun et le Gabon) et de Kye-Ossi (à la frontière entre le Cameroun et la Guinée équatoriale). En 1996, ces marchés ne représentaient plus que 41% de la quantité totale d'Irvingia vendue. Ceci est du au marché de Mfoundi à Yaoundé qui est devenu plus important: en 1995, on y vendait 7% de la quantité totale d'Irvingia spp. alors qu'en 1996, ce chiffre s'élevait à 17%.
La diminution de la quantité d'Irvingia spp. commercialisées peut s'expliquer par la baisse de la production d'Irvingia wombulu entre 1995 et 1996. Comme l'a souligné Ndoye et al. (1997), il y a deux espèces d'Irvingia commercialisées dans la zone forestière humide du Cameroun et dans les régions frontalières: Irvingia gabonensis qui produit des fruits entre juin et août et Irvingia wombulu qui produit des fruits entre janvier et mars. Ce facteur a affecté de manière significative la quantité d'Irvingia commercialisées à Ebolowa (voir tableau 3). Bien que la quantité commercialisée d'Irvingia spp. a augmenté dans plusieurs marchés, cela n'a pas suffi à compenser la diminution constatée dans les autres marchés dont en particulier celui de Ebolowa, un des marchés principaux pour ce produit.
Figure 1: Relation prix/quantité des produits principaux
Table 3: Evolution du commerce de Cola acuminata, Irvingia spp., des écorces de Garcinia kola et de Garcinia lucida dans les marchés selectionnés de la zone forestière humide du Cameroun et ses régions frontalières.
Markets |
Cola acuminata |
Irvingia spp. |
Garcinia kola (écorce) |
Garcinia lucida (écorce) | |||||||
Différence 96-95 (sacs) |
Changement Relatif % |
Différence 96-95 (sacs) |
Changement Relatif % |
Différence 96-95 (sacs) |
Changement Relatif % |
Différence 96-95 (sacs) |
Changement Relatif % | ||||
Mbalmayo |
+20 |
+147 |
+36 |
+259 |
- |
- |
+76 |
+40 | |||
Edea |
+15 |
+157 |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |||
Mfoundi (Yde) |
-81 |
-58 |
+55 |
+117 |
- |
- |
- |
- | |||
Sangmelima |
+6 |
+182 |
-42 |
-62 |
- |
- |
- |
- | |||
Mokolo (Yde) |
-43 |
-60 |
-24 |
-72 |
- |
- |
- |
- | |||
Ebolowa |
+32 |
+124 |
-137 |
-59 |
- |
- |
-324 |
-66 | |||
Abang Minko |
+3 |
+35 |
-6 |
-4 |
-10 |
-7 |
+51 |
+69 | |||
Kribi |
- |
- |
+28 |
+148 |
- |
- |
- |
- | |||
Bertoua |
-2 |
-95 |
-8 |
-81 |
- |
- |
- |
- | |||
Abong Mbang |
- |
- |
-10 |
-75 |
- |
- |
- |
- | |||
Bafia |
-673 |
-99 |
+7 |
+612 |
- |
- |
- |
- | |||
Monatele |
- |
- |
+0.4 |
+17 |
- |
- |
- |
- | |||
Zoatele |
+5 |
+407 |
+1.2 |
+46 |
- |
- |
+80 |
+138 | |||
Akonolinga |
-40 |
-92 |
-17 |
-84 |
- |
- |
- |
- | |||
Batouri |
- |
- |
-2 |
-24 |
- |
- |
- |
- | |||
Kenzou |
+27 |
+170 |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |||
New-Bell |
+83 |
+290 |
+15 |
+226 |
- |
- |
- |
- | |||
Kumba |
-0.8 |
-12 |
+2.3 |
+72 |
- |
- |
- |
- | |||
Limbe |
- |
- |
-12 |
-76 |
- |
- |
- |
- | |||
Saa |
- |
- |
-1.1 |
-68 |
- |
- |
- |
- | |||
Ombessa |
-209 |
-90 |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |||
Kye-Ossi |
- |
- |
+10 |
+98 |
- |
- |
- |
- | |||
La quantité commercialisée et la valeur de Cola acuminata ont baissé respectivement de 61% et de 34% entre 1995 et 1996. En 1995, 82% de la quantité totale de Cola acuminata était vendue dans les marchés de Mfoundi (Yaoundé), Bafia et Ombessa alors qu'en 1996, ce chiffre est descendu jusqu'à 18%. En revanche, le marché New Bell à Douala gagna en importance: alors qu'il ne représentait que 2% de la quantité commercialisée en 1995, ce chiffre s'est élevé à 22% en 1996. En 1995, les marchés les plus importants pour Cola acuminata étaient ceux de Bafia et Ombessa (situés plus au nord de Yaoundé). En 1996, les marchés situés plus au sud de Yaoundé (Mbalmayo, Ebolowa), ceux de la province du Littoral (Edea, New Bell), et le marché transfrontalier avec la République Centrafricaine (Kenzou) sont devenus plus importants pour le regroupement et la vente de Cola acuminata.
La diminution de la quantité de Cola acuminata depuis les marchés de Bafia et d'Ombessa peut s'expliquer par la diminution radicale de la production, due à des facteur logistiques, biologiques et/ou écologiques. Des analyses plus approfondies sont nécessaires car, parmi les PFNL étudiés, Cola acuminata est l'espèce la plus fréquemment plantée par les habitants des forêts, en particulier dans leurs plantations de cacao. Malgré cette culture très répandue, est a connu la baisse la plus importante dans les quantités vendues.
Entre 1995 et 1996, la quantité d'écorces de Garcinia lucida commercialisée a diminué de 8% alors que la valeur des ventes a augmenté de 31%. En 1995, les marchés de Mbalmayo, d'Ebolowa et d'Abang Minko (situés à la frontière entre le Cameroun et le Gabon) représentaient 93% de la quantité totale de Garcinia lucida commercialisée et 74% en 1996. Pendant cette période, le marché de Zoatele est devenu plus important, traitant 18% de la quantité commercialisée en 1996, au lieu de 7% en 1995. Comme le montre le tableau 3, le commerce de l'écorce de Garcinia lucida est dominé par les marchés situés au sud de Yaoundé (Mbalmayo, Zoatele) et à la frontière avec le Gabon (Abang Minko). La diminution globale de la quantité d'écorces de Garcinia lucida commercialisées est due à la réduction drastique de la quantité vendue au marché d'Ebolowa qui n'a pas été compensé par l'augmentation des ventes aux marchés de Mbalmayo, d'Abang Minko et de Zoatele. En outre, la réduction de la quantité d'écorces de Garcinia lucida commercialisées peut s'expliquer par la surexploitation de cette ressource dans les régions approvisionnant le marché d'Ebolowa.
Quant à l'écorce de Garcinia kola, la quantité commercialisée et la valeur des ventes ont respectivement diminué de 7% et 19% entre 1995 et 1996. Pour les deux années, tout le commerce était réalisé au marché d'Abang Minko. Cette écorce est fort prisée par les consommateurs gabonais qui l'utilisent pour améliorer le goût (amer) du vin de palme et pour accroître son degré d'alcool.
Les discussions en cours révèlent que le marché des PFNL est assez complexe et mettent en évidence les difficultés et les défis qu'implique leur étude. Les liens entre les quantités vendues et les prix pratiqués pour les 4 produits dont il est question sont liés à la baisse du volume mis sur le marché. Deux facteurs peuvent expliquer la diminution de la quantité de produit qui changent de main dans les marchés :
1) Pour Irvingia spp., Cola acuminata et l'écorce de Garcinia lucida, la réduction de la production conduit à une baisse des quantités commercialisées, en particulier pour Cola acuminata. Ceci peut être dû à l'un des facteurs suivants, ou une combinaison de ceux-ci :
_ Une réduction dans la production et dans la demande de PFNL, tant des vendeurs que des consommateurs;
_ Un lien de cause à effet entre la production et la quantité de produits vendus par les habitants des forêts, de telle sorte qu'une réduction dans la production se traduit par une réduction de la quantité commercialisée, à cause de la faiblesse des capacités de stockage à long terme dans les années de bonnes récoltes; et/ou
_ Une réduction de la production se traduisant par une diminution de la quantité commercialisée par les habitants des forêts, une partie fixe de la production étant réservée à la consommation des ménages.
2) En ce qui concerne l'écorce de Garcinia kola, la demande a été réduite car le marché où ce produit est distribué, Abang Minko, a souffert des conséquences de la panne du ferry qui a réduit le nombre de consommateurs gabonais traversant la frontière. Cette situation a produit un excès de produits sur le marché, donc une chute des prix. De plus, il en a résulté une baisse de la qualité de l'écorce de Garcinia kola vendue sur le marché, ce qui n'était pas le cas pour Irvingia spp., celle-ci bénéficiant de meilleurs dispositifs de stockage à court terme.
Comme le montre la figure 1, le marché des trois PFNL Irvingia spp., Cola acuminata et l'écorce de Garcinia lucida se comporte de manière prévisible, montrant une élasticité semblable des prix de l'offre. La baisse de la quantité commercialisée se traduit par une hausse des prix et plus cette baisse est importante, plus l'augmentation des prix est élevée. Par contre, le marché du quatrième PFNL considéré, l'écorce de Garcinia kola, se comporte de manière inverse car la réduction de la quantité commercialisée n'était pas la conséquence d'une baisse de l'offre (comme pour les trois autres produits), mais le résultat de la saturation du marché suite au problème du ferry. Lorsque les négociants sont arrivés sur le marché, ils ont trouvé des acheteurs moins nombreux, donc une demande plus faible et ont dû, par conséquent, baissé leur prix.
Le rôle de regroupement et distribution de plusieurs des marchés étudiés a changé entre 1995 et 1996. Pour Irvingia spp. , Cola acuminata et l'écorce de Garcinia lucida, l'augmentation de la quantité commercialisée dans certains marchés n'a pas suffi à compenser la diminution dans d'autres marchés. Cela s'est traduit par une diminution globale des quantités de produits commercialisées. La baisse de production de ces PFNL peut s'expliquer par des facteurs écologiques tels que la sécheresse, la surexploitation des ressources provoquant une baisse de leur disponibilité, ou des variations météorologiques affectant la période de floraison et de fructification des PFNL.
En 1995, il est apparu qu'il y avait en général des relations stables entre les marchés et leurs environs immédiats d'où provient la marchandise (comme c'est le cas lorsque le marché est situé dans la zone de provenance du PFNL) (voir tableaux 4 à 7). Pour la majorité des marchés, les bassins d'approvisionnement ont changé entre 1995 et 1996, ce qui renforce l'idée d'une ressource instable et irrégulière affectant de manière positive ou négative le rôle de chaque marché dans le regroupement et la distribution des PFNL entre les deux années. Comme le souligne Peters (1994), "très peu d'espèces forestières tropicales produisent des quantités régulières de fruits à des périodes bien définies et prévisibles de l'année". D'où la nécessité d'une gestion à long terme des PFNL, afin de mieux les caractériser en tenant compte simultanément des facteurs écologiques des PFNL (c'est-à-dire le cycle de vie, le type de produit, l'abondance dans la forêt et la distribution en classe de taille des populations naturelles) (Peters, 1994), des facteurs climatiques, d'autres facteurs environnementaux associés et également des facteurs socio-économiques et culturels.
Tableau 4: Les trois provenances les plus importantes d'Irvingia spp. commercialisé en 1995 et en 1996
MARCHES |
1995 |
1996 | |||||
Provenance 1 |
Provenance 2 |
Provenance 3 |
Provenance 1 |
Provenance 2 |
Provenance 3 | ||
Mbalmayo |
Mbalmayo |
- |
- |
Mbalmayo |
- |
- | |
Edea |
Mfoundi (Yde) |
- |
- |
Edea |
- |
- | |
Mfoundi (Yde) |
Mfoundi (Yde) |
Mokolo (Yde) |
Ebolowa |
Mfoundi (Yde) |
Mbalmayo |
Ngomedzap | |
|
Sangmelima |
Sangmelima |
Ebolowa |
Ezezang |
Sangmelima |
Elom |
Ebolowa | |
|
Mokolo (Yde) |
Mokolo (Yde) |
Mfoundi |
Mbalmayo |
Mokolo (Yde) |
- |
- | |
|
Ebolowa |
Ebolowa |
Route Kribi |
Nkok-Ekie |
Ebolowa |
Kribi |
Mbalmayo | |
|
Abang Minko |
Ebolowa |
Essos (Yde) |
Ngozip |
Ebolowa |
Kribi |
Ambam | |
|
Kribi |
Ebolowa |
Biwong |
Kribi |
Kribi |
Ebolowa |
Likoube | |
|
Bertoua |
Mfoundi (Yde) |
Bertoua |
- |
Bertoua |
- |
- | |
|
Abong Mbang |
Abong Mbang |
- |
- |
Abong Mbang |
Medjo |
- | |
|
Bafia |
Bafia |
- |
- |
Bilig-Bidig |
- |
- | |
|
Monatele |
Monatele |
- |
- |
Monatele |
- |
- | |
|
Zoatele |
Mfoundi (Yde) |
Ebolowa |
- |
Ebolowa |
Mfoundi (Yde) |
- | |
|
Akonolinga |
Akonolinga |
Ebolowa |
Mfoundi |
Akonolinga |
Mfoundi (Yde) |
- | |
|
Batouri |
Batouri |
Kadey |
Mfoundi |
Batouri |
Kadey |
Mfoundi | |
|
Kenzou |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
New-Bell (Dla) |
New-Bell |
Saa |
- |
New-Bell |
Saa |
Mfoundi | |
|
Kumba |
Kumba |
- |
- |
Kumba |
- |
- | |
|
Limbe |
Limbe |
Muyuka |
Mamfe |
Limbe |
Mamfe |
- | |
|
Saa |
Saa |
- |
- |
Saa |
- |
- | |
|
Ombessa |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Kye-Ossi |
Ebolowa |
- |
- |
Ebolowa |
- |
- | |
Tableau 5: Les trois provenances les plus importantes de Cola acuminata commercialisé en 1995 et 1996
|
MARCHES |
1995 |
1996 | |||||
|
Provenance 1 |
Provenance 2 |
Provenance 3 |
Provenance 1 |
Provenance 2 |
Provenance 3 | ||
|
Mbalmayo |
Mbalmayo |
- |
- |
Mbalmayo |
Mvog-Mbi |
Mengueme | |
|
Edea |
Edea |
- |
- |
Edea |
- |
- | |
|
Mfoundi (Yde) |
Mfoundi |
Bokito |
Mbangassina |
Mfoundi |
Bafia |
Monatele | |
|
Sangmelima |
Mfoundi |
- |
- |
Sangmelima |
Mbalmayo |
Mfoundi | |
|
Mokolo (Yde) |
Mokolo |
Bokito |
Ndom |
Mokolo |
Ndom |
- | |
|
Ebolowa |
Ebolowa |
- |
- |
Ebolowa |
Route Mvangan |
Biboulman | |
|
Abang Minko |
Mfoundi |
Abang Minko |
- |
Mfoundi |
- |
- | |
|
Kribi |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Bertoua |
Obala |
- |
- |
Bertoua |
- |
- | |
|
Abong Mbang |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Bafia |
Bafia |
Bokito |
Yabeng |
Tiko (Bafia) |
Banda |
- | |
|
Monatele |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Zoatele |
Ebolowa |
- |
- |
Ebolowa |
Mfoundi |
- | |
|
Akonolinga |
Akonolinga |
- |
- |
Akonolinga |
- |
- | |
|
Batouri |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Kenzou |
Mbanga |
Loum |
- |
Mbanga |
Batouri |
- | |
|
New-Bell |
Loum |
- |
- |
Saa |
New-Bell |
Mbangassina | |
|
Kumba |
Kumba |
- |
- |
Kumba |
- |
- | |
|
Limbe |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Saa |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Ombessa |
Bouraka |
- |
- |
Melen |
- |
- | |
|
Kye-Ossi |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
Tableau 6: Les trois provenances les plus importantes de l'écorce de Garcinia lucida commercialisée en 1995 et 1996
|
MARCHES |
1995 |
1996 | |||||
|
Provenance 1 |
Provenance 2 |
Provenance 3 |
Provenance 1 |
Provenance 2 |
Provenance 3 | ||
|
Mbalmayo |
Mvog-Mbi |
Ebolowa |
- |
Mbalmayo |
Mvog-Mbi |
- | |
|
Edea |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Mfoundi (Yde) |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Sangmelima |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Mokolo (Yde) |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Ebolowa |
Ebolowa |
Ngoul Essama |
- |
Ebolowa |
Ebolowa-Assi |
- | |
|
Abang Minko |
Ebolowa |
- |
- |
Ebolowa |
- |
- | |
|
Kribi |
- |
- |
- |
- |
|||
|
Bertoua |
- |
- |
- |
- |
|||
|
Abong Mbang |
- |
- |
- |
- |
|||
|
Bafia |
- |
- |
- |
- |
|||
|
Monatele |
- |
- |
- |
- |
|||
|
Zoatele |
Ebolowa |
- |
- |
Ebolowa |
Mvog-Mbi |
Lolodorf | |
|
Akonolinga |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Batouri |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Kenzou |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
New-Bell |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Kumba |
- |
- |
- |
- |
|||
|
Limbe |
- |
- |
- |
- |
|||
|
Saa |
- |
- |
- |
- |
|||
|
Ombessa |
- |
- |
- |
- |
|||
|
Kye-Ossi |
- |
- |
- |
- |
|||
Tableau 7: Les trois provenances les plus importantes de l'écorce de Garcinia kola commercialisée en 1995 et 1996
|
MARCHES |
1995 |
1996 | |||||
|
Provenance 1 |
Provenance 2 |
Provenance 3 |
Provenance 1 |
Provenance 2 |
Provenance 3 | ||
|
Mbalmayo |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Edea |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Mfoundi (Yde) |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Sangmelima |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Mokolo (Yde) |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Ebolowa |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Abang Minko |
Ebolowa |
- |
- |
Ebolowa |
Melanga |
Akom | |
|
Kribi |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Bertoua |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Abong Mbang |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Bafia |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Monatele |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Zoatele |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Akonolinga |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Batouri |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Kenzou |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
New-Bell |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Kumba |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Limbe |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Saa |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Ombessa |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
|
Kye-Ossi |
- |
- |
- |
- |
- |
- | |
Tableau 8: Marges bénéficiaires nettes, en francs CFA, des vendeurs de PFNL en 1995 et 1996
|
Marge bénéficiaire nette totale (x 1000 CFA) |
Marge bénéficiaire hebdomadaire par vendeur |
Marge bénéficiaire sur le % total des ventes | ||||
PFNL |
1995 |
1996 |
1995 |
1996 |
1995 |
1996 |
|
Irvingia spp. |
12 988 |
11 292 |
3 800 |
2 400 |
30% |
24% |
|
Cola acuminata |
6 362 |
6 205 |
4 400 |
2 600 |
18% |
26% |
|
Garcinia lucida (écorce) |
972 |
1 627 |
5 600 |
4 000 |
26% |
33% |
|
Garcinia kola (écorce) |
544 |
289 |
6 200 |
2 000 |
37% |
24% |
Tableau 9: Marges bénéficiaires des négociants dans les marchés sélectionnés (en francs CFA)
|
Marché |
1995 |
1996 | |
|
Cola acuminata | |||
|
Mfoundi (Yde) |
5 800 |
2 200 | |
|
Bafia |
13 900 |
2 600 | |
|
Ombessa |
8 000 |
1 500 | |
|
New Bell (Dla) |
3 100 |
6 800 | |
Kenzou |
3 700 |
5 800 | |
|
Irvingia spp. | |||
|
Mfoundi (Yde) |
2 000 |
2 900 | |
|
Ebolowa |
5 500 |
1 800 | |
|
Abang Minko |
13 700 |
7 800 | |
|
New Bell (Dla) |
1 500 |
3 700 | |
|
Limbe |
1 800 |
900 | |
|
Kye-Ossi |
2 800 |
8 600 | |
Garcinia lucida | |||
|
Mbalmayo |
6 000 |
4 800 | |
|
Ebolowa |
10 200 |
7 800 | |
|
Abang Minko |
1 600 |
2 300 | |
|
Zoatele |
4 000 |
5 000 | |
Garcinia kola | |||
|
Abang Minko |
6 200 |
2 000 | |
En 1995, la marge nette hebdomadaire perçue par chaque vendeur est plus élevée en moyenne pour les écorces de Garcinia lucida et de Garcinia kola que pour Irvingia spp. et Cola acuminata (voir tableau 8). L'année suivante, les marges nettes les plus élevées étaient celles de l'écorce de Garcinia lucida et étaient comparables pour Irvingia spp. et Cola acuminata. Cette tendance se reflète également dans les marges commerciales globales (en tant que pourcentage des valeurs de vente), plus élevées pour les écorces. Cela signifie que les négociants continueront à s'approvisionner en écorces, en raison de leur utilisation dans la production de vin de palme.
Les raisons des différences de marges commerciales entre les fruits/amandes et les écorces sont complexes. Elles sont liées à la période d'entreposage plus ou moins longue, au caractère plus ou moins périssables du produit et à la relative rareté des écorces par rapport aux fruits et amandes. Par conséquent, les produits ayant un marché plus vaste (Cola acuminata et Irvingia spp.) procurent des marges nettes hebdomadaires moins élevées.
Entre 1995 et 1996, la marge nette hebdomadaire perçue par les négociants en Irvingia spp., Cola acuminata et en écorces de Garcinia lucida et Garcinia kola a baissé respectivement de 37%, de 41%, de 29% et de 68% (voir tableau 8). L'écorce de Garcinia kola, vendue exclusivement sur le marché de Abang Minko a subi la baisse la plus importante en termes de marge bénéficiaire nette.
En ce qui concerne Irvingia spp. , les marges nettes hebdomadaires pour l'année 1995, étaient plus élevées sur les marchés de Abang Minko (situé sur la frontière entre le Cameroun et le Gabon) et d'Ebolowa, s'élevant respectivement à 13 700 francs CFA et 5 500 francs CFA (voir tableau 9). En revanche, pour l'année 1996, ce sont les marchés de Kye-Ossi (situé à la frontière entre le Cameroun et la Guinée équatoriale) et celui d'Abang Minko qui rapportaient le plus, la marge bénéficiaire nette hebdomadaire étant respectivement de 8 600 francs CFA et de 7 800 francs CFA. La baisse enregistrée sur le marché d'Abang Minko a été causée par la panne du ferry, forçant les négociants à vendre à plus bas prix. Mais malgré cette baisse, le commerce d'Irvingia spp. reste plus rentables sur les marchés frontaliers (voir tableau 9).
En ce qui concerne Cola acuminata, les marges bénéficiaires nettes perçues par vendeur pour l'année 1995 étaient les plus élevées sur les marchés de Bafia et Ombessa, avec respectivement 13 900 francs CFA et 8 000 francs CFA. En revanche, en 1996, ce sont les marchés de New Bell (Douala) et Kenzo (situé à la frontière entre le Cameroun et la République Centrafricaine) qui rapportaient le plus, la marge bénéficiaire nette s'élevant respectivement à 6 800 francs CFA et 5 800 francs CFA. En moyenne, la marge bénéficiaire nette par vendeur a augmenté de 119% au marché de New Bell et de 57% à celui de Kenzou entre 1995 et 1996 (voir tableau 8).
En ce qui concerne l'écorce de Garcinia lucida, les marché d'Ebolowa et de Mbalmayo procuraient aux négociants la marge bénéficiaire nette la plus élevée en 1995 (10 200 francs CFA pour le marché d'Ebolowa et 6 000 francs CFA pour celui de Mbalmayo). En 1996, les marges étaient les plus élevés dans les marchés d'Ebolowa et de Zoatele s'élevant respectivement à 7 800 francs CFA et à 5 000 francs CFA. En moyenne, la marge bénéficiaire nette par vendeur lors de cette période a chuté de 24% sur le marché d'Ebolowa et a augmenté de 25% sur celui de Zoatele (voir tableau 8).
Tant en 1995 qu'en 1996, le marché d'Abang Minko était le seul à commercialiser l'écorce de Garcinia kola. La marge bénéficiaire nette par vendeur a chuté dramatiquement, passant de 6 200 francs CFA en 1995 a 2 000 francs CFA en 1996. Cette réduction importante est due à la chute du prix de vente de l'écorce entre 1995 et 1996 et la hausse des coûts de transport et de stockage, causée par le mauvais fonctionnement de ce marché. Les marchands ont été contraints de rentrer chez eux sans avoir vendu, et après avoir payé les coûts liés au transport de leur produit jusqu'au marché. Le ferry d'Abang Minko a subi une avarie dans la période mai-juin 1995 et il n'avait toujours pas été réparé au moment de notre enquête en 1996. De plus, des tensions à la frontière entre le Cameroun et le Gabon ont provoqué plusieurs fois la fermeture du marché. Les négociants n'ont pas été avertis de ces difficultés avant leur arrivée au marché, ce qui leur aurait permis d'éviter les coûts d'un transport inutile de leur produit. Cette situation a également provoqué une diminution de la qualité de l'écorce.
Cette partie est consacrée à la comparaison entre Irvingia spp. et Cola acuminata d'une part et l'écorce de Garcinia lucida et Garcinia kola d'autre part, en ce qui concerne leur contribution au bien-être social. Deux questions importantes doivent être posées :
· La vente de Irvingia spp. et de Cola acuminata procure-t-elle davantage de bien-être que celle des écorces de Garcinia lucida et Garcinia kola ?
· Quelle serait la solution possible pour un compromis entre les deux activités ?
Les avantages en terme de bien-être pour les habitants des forêts
Les habitants des forêts reçoivent un certain pourcentage perçu sur le prix de gros et sur le prix au détail quand ils vendent leur PFNL. Il apparaît que les cueilleurs perçoivent un pourcentage plus élevé du prix au détail dans la vente de Irvingia spp. que dans celle de l'écorce de Garcinia lucida et Garcinia kola (voir tableau 10). La différence de pourcentage perçus sur les prix au détail par les habitants des forêts pour les ventes à l'intérieur du Cameroun n'est pas significative. Les différences observées dans le cas des ventes à la frontière avec la Gabon peuvent s'expliquer par des facteurs tels que les coûts de transport et les marges bénéficiaires généralement plus élevées dans les marchés frontaliers, en particulier pour Irvingia spp. Ceci implique que les habitants des forêts devraient consacrer davantage de temps à la récolte et à la vente d'Irvingia spp. qu'à l'exploitation de l'écorce de Garcinia lucida et Garcinia kola. Bien que les habitants des forêts soient toujours à la recherche d'activités pouvant améliorer leurs revenus, il n'est pas sûr que cette information soit susceptible de changer leur comportement.
Les avantages pour les vendeurs
Comme nous l'avons vu précédemment, la marge bénéficiaire nette hebdomadaire tirée de la vente des écorces de Garcinia lucida et de Garcinia kola est supérieure ou égale à celle tirée de la vente d'Irvingia spp. et Cola acuminata. Il en résulte que les négociants continueront à demander les écorces de Garcinia lucida et Garcinia kola en raison de leur importance dans la production du vin de palme, dont la consommation a fortement augmenté suite à la dévaluation du franc CFA.
Des compromis sont sant doute nécessaires quand on essaye de maximiser les profits pour les habitants des forêts et les marchands. Cette situation est discutée plus loin, dans les besoins pour la recherche.
Réduire l'étroitesse des marchés de PFNL
Pour réduire l'étroitesse des marchés de PFNL, plusieurs conditions doivent être réunies. La plus importante est l'augmentation de la production globale, qui peut être réalisée à travers la conservation ou la domestication.
· La conservation peut être réalisée en déterminant le taux d'exploitation durable qui permet de préserver les arbres de PFNL, en introduisant des techniques de récolte durables pour l'exploitation de l'écorce et en formant les habitants des forêts afin qu'ils puissent se servir efficacement de ces techniques.
· La domestication et la culture des espèces entreprise par les habitants des forêts réduira la durée du cycle de production des PFNL, tout en préservant les caractéristiques qui sont importantes pour les consommateurs.
La domestication peut nécessiter des travaux de recherche à plus long terme et davantage de ressources financières que pour la conservation, qui relève d'une stratégie à court terme. La crise économique actuelle, les politiques d'ajustement structurelles et la dévaluation du francs CFA ont augmenté la pauvreté dans les régions rurales et urbaines (Banque Mondiale, 1995) et eu pour conséquence l'exode des villes vers les campagnes (Bela, Laurent Manga, 1994; Pokam, 1997). Ces difficultés tendent à réduire les possibilités pour faire de la conservation une option viable. La domestication des PFNL et leur culture dans des systèmes agroforestiers stratifiés (comme par exemple les systèmes de culture à base de café et de cacao au Cameroun) pourraient être une alternative plus viable en réduisant la pression exercée sur les forêts.
Cependant, l'augmentation de l'offre globale des PFNL est une condition nécessaire mais insuffisante pour réduire l'instabilité des marchés de PFNL. D'autres conditions sont requises: un accès facilité aux informations et aux infrastructures du marché, une réduction des coûts de transaction (coûts liés à l'information, aux contrats et à leur mise en application) et un soutien institutionnel amélioré (crédits), en faveur des habitants des forêts et des négociants. Si on ne tient pas compte de ces facteurs, toute tentative visant à domestiquer et planter des PFNL peut échouer.
La dégradation potentielle des ressources
Le risque de dégradation des ressources suite à l'écorçage
Les nombreux inventaires réalisés en zone forestière révèlent des chiffres discutables concernant la ressources disponibles de Garcinia lucida dans les forêts. Ces divergences peuvent être expliquées par la densité très irrégulière de chaque espèce en conditions naturelles. Cela pourrait expliquer pourquoi les variations d'abondance et de distribution de certains PFNL peuvent être très élevées, même dans une zone relativement réduite.
Dans un inventaire forestier réalisé au Sud-Cameroun, van Dijk (1995) n'a pas trouvé un seul arbre de Garcinia lucida. Ntamag (1997) a trouvé des exemplaires de Garcinia lucida exclusivement dans la forêt vierge, avec une densité moyenne de 4 arbres par hectare. Nguedje (1997) a trouvé 58 arbres vivants de Garcinia lucida par hectare, dans un inventaire couvrant 8,45 hectares. Elle a également découvert que les arbres qui avait un diamètre supérieur ou égal à 10 cm étaient les plus exploités (écorcés): 32 arbres par hectare ont été recensés dans cette catégorie. Toutes ces études ont été menées dans le site Tropenbos, une région de taille relativement réduite, couvrant 200 000 hectares.
La densité d'arbres par hectare de Garcinia kola semble également beaucoup varier. Tchatchou (1997, cité par Doucet et Koufani, 1997) a trouvé une densité d'arbres de 0,01 par hectare dans l'est du Cameroun. En outre, Doucet et Kofani (1997) n'ont trouvé aucun exemplaire de Garcinia kola dans un inventaire également réalisé dans l'est du Cameroun. Enfin, van Dijk (1995) a trouvé une densité de 0,4 arbres par hectare pour l'espèce Garcinia kola dans le sud du Cameroun.
La recherche actuelle sur les espèces Garcinia lucida et Garcinia kola est actuellement confrontée à trois difficultés majeures. Il n'y a actuellement aucune donnée sur le taux d'exploitation durable de l'écorce permettant la pérennité de l'arbre. La littérature fournit des données très différentes concernant la disponibilité des stocks de Garcinia lucida et Garcinia kola. Ceci montre que le potentiel de la ressource (les stocks) ne sont pas connus précisément et/ou qu'il est sans doute nécessaire d'améliorer la méthodologie utilisée dans les inventaires pour évaluer la disponibilité de la ressource. Peters (1994) a averti que les inventaires devraient être réalisés dans plusieurs types différents de forêts. En plus de ces difficultés, il n'y a aucune information concernant le rendement moyen des arbres.
Les deux premiers points sont importants pour concilier l'amélioration des moyens d'existence et la conservation de l'environnement. Les données sur la densité et le rendement moyen permettraient de calculer la surface de la zone forestière qui est potentiellement affectée par l'écorçage de Garcinia lucida et Garcinia kola.
Cunningham et Mbenkum (1993) ont supposé que le rendement moyen de Prunus africana est de 55 kg par arbre. Faute d'information concernant l'état actuel des recherches sur ces produits, nous avons supposé que Garcinia lucida et Garcinia kola avaient un rendement similaire. Une raison qui pourrait justifier cette approximation est la taille similaire des arbres: de 25 à 30 mètres pour Prunus africana (BDPC, 1997), 25 mètres pour Garcinia lucida (Guedje, 1996) et 35 mètres pour Garcinia kola (Vivien et Faure, 1996).
En se basant sur la supposition ci-dessus concernant le rendement moyen par arbre (55 kg par arbre), on évalue à 738 le nombre d'arbres de Garcinia lucida ecorcés pour l'année 1995 et à 496 pour l'année 1996. Pour l'espèce Garcinia kola, on estime le nombre d'arbres écorcés à 295 en 1995 et à 180 en 1996. Ces chiffres représentent une diminution de 33% dans le nombre d'arbres de Garcinia lucida exploités entre 1995 et 1996 et de 39% pour Garcinia kola (voir tableau 11). La surface possible de forêt affectée par l'extraction de l'écorce (voir tableau 12) peut être calculée en utilisant différentes estimations de la densité par hectare de Garcinia lucida et de Garcinia kola, d'après les études de Ntamag (1997), Guedje (1996), Doucet et Koufani (1997) et van Dijk (1995). Pour l'année 1995, on estime que le nombre d'hectares touchés par l'exploitation commerciale de l'écorce de Garcinia lucida varie entre 13 à 185 hectares, alors que pour Garcinia kola, il varie entre 738 et 29 500 hectares. Pour l'année 1996, on estime que ces chiffres varient entre 9 et 124 hectares pour Garcinia lucida et entre 450 et 18 000 hectares pour Garcinia kola (voir tableau 12).
Moins d'arbres de Garcinia lucida et Garcinia kola ont été écorcés en 1996. Ceci peut être du à une diminution du nombre d'arbres murs, consécutif à la raréfaction de la ressource. Il est également possible que la demande sur les marchés frontaliers ait diminuée, en particulier pour l'écorce de Garcinia kola. La réduction d'arbres écorcés peut également être due à une combinaison de ces deux facteurs.
Tableau 10: Proportion des prix reçus par les habitants des forêts
|
PFNL |
% du prix en gros (Cameroun) |
% du prix au détail (Cameroun) |
% du prix pour les Gabonais |
% du prix pour les Guinéens Eq. |
|
Irvingia spp. |
68 |
64 |
61 |
54 |
|
Cola acuminata |
63 |
60 |
- |
- |
|
Ecorce de Garcinia lucida |
- |
63 |
47 |
- |
|
Ecorce de Garcinia kola |
- |
- |
50 |
- |
Table 11: Estimation du nombre d'arbres écorcée en 1995 et 1996*
|
Garcinia lucida |
Garcinia kola | |
|
1995 |
738 arbres |
295 arbres |
|
1996 |
496 arbres |
180 arbres |
*basé sur un rendement moyen de 55 kg d'écorce par arbre et sur la projection du tableau 1.
Tableau 12: Estimation du nombre d'hectare de forêt affectés par cette exploitation (en hectare)
|
Garcinia lucida |
Garcinia kola | |||||
|
4 arbres/ha |
32 arbres/ha (D1.3 _10 cm) |
58 arbres/ha |
0.01 arbres/ha |
0.4 arbres/ha | ||
|
_ |
_ |
_ |
_ |
_ | ||
|
1995 |
185 |
23 |
13 |
29 500 |
738 | |
|
1996 |
124 |
16 |
9 |
18 000 |
450 | |
_ - D'après Ntamag (1997)
_ - D'après Guedje (1996)
_ - D'après Doucet et Koufani (1997)
_ - D'après van Dijk (1995)
L'importance de la recherche pour trouver un équilibre entre l'amélioration du bien-être des populations et la conservation des ressources forestières
Améliorer le bien-être des communautés forestières tout en conservant les forêts constitue toujours un véritable défi, tant pour les chercheurs que pour les décideurs politiques et la communauté internationale. D'après les résultats de notre travail, les PFNL contribuent à la subsistance des populations dépendant des forêts. Les négociants ont intérêt à continuer de fournir des débouchés pour le marché de Garcinia lucida et Garcinia kola aux habitants des forêts, étant donné que la marge bénéficiaire nette hebdomadaire des écorces est plus élevée, ou comparable, avec la vente de fruits et d'amandes (voir tableau 3). Qui plus est, les négociants vont rechercher ces produits du fait de la demande internationale émanant du Gabon et des autres pays proches.
Pendant des décennies l'écorce de Garcinia lucida et de Garcinia kola a été exploitée de manière durable par les habitants des forêts. Outre leurs propriétés médicinales ces produits sont traditionnellement utilisés par les peuples des forêts pour améliorer le goût de leur vin de palme. Garcinia lucida présente également d'autres fonctions sociales, comme sa propriété d'antidote contre le poison qui est très appréciée dans les zones rurales10. Cependant, lorsque d'autres facteurs contribuent à la situation économique générale, des compromis sont nécessaires entre le bien-être de la population et la conservation des forêts. La chute du cacao et du café sur les marchés internationaux dans les années 80, la crise économique du Cameroun dès 1986, des programmes d'ajustement structurel accompagnés de licenciements en masse et la dévaluation du francs CFA en janvier 1994 sont de nature à accroître la pression sur les palmiers (Elaeis guineensis, Raphia hookeri) et sur Garcinia lucida et Garcinia kola. Dans l'est du Cameroun, Oyono (1997) a rapporté que les jeunes arbres de Raphia sont maintenant exploités, ce qui n'était pas le cas 10 ans auparavant. Guedje (1996) a trouvé des sites dans le sud du Cameroun où plus de 50% des arbres de Garcinia lucida avaient péri. Selon les résultats de notre enquête, les arbres de Garcinia kola qui portent encore des fruits sont vendus par les habitants des forêts aux marchands qui en extraient l'écorce. Cette pratique n'était pas courante dans le passé. Avant la dévaluation du francs CFA, le prix d'un arbre adulte de Garcinia kola variait entre 10 000 et 15 000 francs CFA, actuellement il se situe entre 20 000 et 25 000 francs CFA.
Suite au développement des marchés locaux et internationaux, il pourrait y avoir un danger de conflit entre la valeur sociale de Garcinia lucida (et Garcinia kola) et la rentabilité économique de ces PFNL. En raison de la crise économique et de la recherche pour de nouvelles sources de revenu, les intérêts privés risquent de compromettre les avantages sociaux jusqu'ici durables, dérivés de l'exploitation des PFNL, en particulier pour Garcinia lucida qui est régie par un accès libre. Le remplacement des avantages sociaux par les gains privés, motivés par un comportement opportuniste individuel, peut dégrader les ressources et faire porter un lourd tribu aux communautés forestières dans leur ensemble, qui dépendent de ces produits.
Les inventaires montrent que le stock de ressources disponibles de Garcinia lucida et Garcinia kola subit d'importantes variations et il n'y a pas d'information sur le taux d'exploitation durable qui permettrait de préserver ces espèces. En outre, ces PFNL ne font pas partie des espèces prioritaires pour la recherche sur la domestication. Faut-il que les ressources doivent être totalement dégradées avant que les chercheurs ne passe à l'action ?
Afin de concilier les objectifs d'amélioration du bien-être de la population et de conservation des ressources, les chercheurs devront adopter une approche axée à la fois sur la recherche de pointe, mais également sur la résolution pratique des problèmes. En d'autres termes, il s'agira de développer des solutions à des problèmes qui risquent de se produire à l'avenir, plutôt que de répondre seulement après qu'il soit largement admis qu'une certaine ressource, importante pour les communautés forestières, est dégradée ou menacée d'extinction.
Il est également nécessaire de mettre à la disposition des utilisateurs des forêts des techniques améliorées, afin qu'ils puissent à la fois continuer à tirer profit des PFNL pour leur bien-être et préserver leurs forêts. Les habitants des forêts doivent eux aussi bénéficier de ces techniques, afin d'enrayer l'accroissement de la pression sur les ressources, causé par l'augmentation de la pauvreté, par la recherche de sources de revenus alternatives et par le retour migratoire des villes vers les campagnes. La meilleure manière d'atteindre l'objectif recherché, c'est-à-dire de concilier le bien-être des populations et la conservation des ressources, consiste à adopter une recherche pluridisciplinaire, où biologistes et sociologues travailleraient en partenariat.
Les PFNL contribuent dans une large mesure au bien-être des populations, et pour cette raisons, ils doivent être exploiter de manière durable. Cet article a montré l'importance des marchés de PFNL en comparant, d'une part, la commercialisation de Irvingia spp. et Cola acuminata et, d'autre part, celle des écorces de Garcinia lucida et Garcinia kola.
La valeur des quatre PFNL dans les marchés étudiés lors du premier semestre 1995 et 1996 s'élève respectivement à 753 000 $EU et 499 500 $EU. Or les marchés des PFNL apparaissent instables et donc leur rôle dans le regroupement et la distribution des marchandises varie d'une année à l'autre. Liée à ces changements, la quantité globale commercialisée des quatre PFNL a baissé de 1995 à 1996. Certes, la quantité commercialisée a augmenté sur quelques marchés entre les deux années, mais cela n'a pas été suffisant pour compenser la baisse dans les autres marchés.
La diminution des quantités de PFNL commercialisés est imputable à une baisse générale de la production, celle-ci étant à son tour provoquée par plusieurs facteurs: la sécheresse, une pression excessive sur les ressources naturelles et des changements météorologiques ayant affecté la période de floraison et de fructification des PFNL. Cela met en évidence la complexité des marchés de PFNL, le défi que représente leur étude, et la nécessité de les suivre sur une longue période, afin de pouvoir les caractériser de manière plus précise. En général, les marchés des grands centres urbains, tels que ceux de Yaoundé ou de Douala et les marchés frontaliers, sont généralement plus rentables que les autres.
Bien que l'exploitation des PFNL a toujours un certain impact sur l'environnement, la récolte et la commercialisation des fruits et amandes d'Irvingia spp. et de Cola acuminata sont plus durables, dans la mesure où l'arbre est préservé. Par contre, la récolte des écorces de Garcinia lucida et Garcinia kola, en général, tue ou affaibli les arbres exploités.
Avec la dévaluation du francs CFA et la recherche continue de sources de revenus alternatives par les habitants des forêts, les écorces de Garcinia lucida et Garcinia kola continueront d'être demandées par les marchands et par les consommateurs de vin de palme, générant donc des revenus pour les habitants des forêts et les marchands. En particulier, Garcinia lucida, dont l'accès est libre, est davantage menacée par le comportement opportuniste de certains qui risque d'accroître dangereusement la pression sur la ressource. Le compromis entre le bien-être des populations dépendant des forêts et la conservation des ressources n'est pas facile à trouver. Les différents inventaires de Garcinia lucida et Garcinia kola varient beaucoup entre eux, ce qui peut être causé par l'abondance très irrégulière de cette ressource dans les conditions naturelles. La recherche a un rôle important à jouer pour contribuer à trouver un équilibre approprié entre l'amélioration du bien-être des populations et la conservation des PFNL et des forêts.
La recherche pourrait jouer un rôle significatif :
· En fournissant des informations sur le taux d'exploitation durable pouvant préserver les arbres Garcinia lucida et Garcinia kola;
· En mettant au point des techniques de récolte durable assurant la survie des arbres Garcinia lucida et Garcinia kola, afin de diminuer les pressions futures sur ces ressources;
· En domestiquant les espèces Garcinia lucida et Garcinia kola et en favorisant leur culture par les habitants des forêts;
· En mettant ces techniques améliorées à la disposition des habitants des forêts;
· En évaluant l'impact de ces nouvelles technologies sur le mode de vie des habitants des forêts, ainsi que sur la conservation des forêts.
Des recherches faisant appel à une seule discipline ne suffisent pas. Nous pensons que seule une recherche pluridisciplinaire ou, au moins, une meilleure communication entre biologistes et sociologues peut contribuer à résoudre le dilemme entre le bien-être des populations et la conservation des forêts. Tant le bien-être de centaines de millions de personnes que la préservation des bienfaits écologiques procurés par la forêt sont en jeu.
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10 Selon Diaw (1997), «L'écorce de Garcinia lucida contribue de manière essentielle aux relations sociales dans des sociétés ou le partage des boissons et la crainte de l'empoisonnement sont fort diffus».