Previous Page   Table Of Contents   Next Page

Conclusions

Les ECCM et d'autres sources d'information montrent clairement que le concept du caractère multifonctionnel de l'agriculture et des terres peut être utile pour identifier les nombreux avantages potentiels privés et collectifs pour les agriculteurs, les communautés rurales et les sociétés dans leur ensemble. Les principales conclusions peuvent être résumées comme suit:

Il semble par ailleurs que quelques agriculteurs aient commencé à adopter des pratiques agricoles et de gestion des terres qui ont de multiples fonctions et procurent des avantages substantiels. Par exemple, une Récente étude sur 45 projets réalisés dans 17 pays d'Afrique a constaté que 730 000 ménages d'agriculteurs exploitant entre 600 et 900 000 hectares de terres pratiquent une agriculture durable combinant diverses fonctions. Les rendements ont augmenté (dans 95% des cas les initiatives visant à élever le rendement céréalier ont obtenu des gains de 50 à 100%), et d'autres avantages importants pour le capital naturel et social ont aussi été retirés. Sur le continent africain, des millions d'agriculteurs pourraient adopter des pratiques agricoles qui peuvent procurer des avantages alimentaires et non alimentaires similaires, et garantir la sécurité alimentaire à travers une augmentation de l'accès à la nourriture, des disponibilités alimentaires, et des revenus. En Indonésie, plus d'un million de riziculteurs ont participé à des stages agricoles pratiques et adopté de nouvelles méthodes de culture, extrêmement avantageuses pour eux et pour l'environnement, grâce à la réduction des doses de pesticides.

En Europe, les innovations dans le domaine des pratiques agricoles durables se multiplient, sous le double effet de l'appui accru des pouvoirs publics et de l'augmentation de la demande des consommateurs. Les agriculteurs qui sont passés à un type d'agriculture rigoureusement biologique, sont presque toujours confrontés à une forte baisse de la productivité et, bien souvent, la viabilité économique de leur exploitation n'est maintenue que grâce à des subventions et/ou aux « sur-prix » payés par les consommateurs. Cependant, vu le nombre limité d'études qui ont été effectuées, on peut penser que, si l'on combine plusieurs mesures, les rendements augmentent au fil du temps avec l'amélioration de la fertilité des sols et que d'autres éléments du système rendent de précieux services aux agriculteurs. La combinaison de nouvelles technologies et de systèmes « verts », demeure un enjeu important dans les économies les plus fortement industrialisées et est directement applicable dans les pays en développement.

Dans le contexte social, la décennie passée a été marquée par la naissance de plusieurs milliers de groupements de gestion des ressources locales partout dans le monde - pour la gestion de l'irrigation et des bassins versants, la protection des forêts, la protection intégrée contre les ravageurs, et les activités de recherche des agriculteurs. Des comparaisons (par ex: aux Philippines, au Kenya, au Danemark, en Australie et aux États-Unis) entre des agriculteurs travaillant en groupe et d'autres travaillant seuls (avec le même éventail de technologies) montrent que la coopération est bénéfique pour les agriculteurs et pour la collectivité, tant sur le plan environnemental que social. De surcroît, les systèmes deviennent plus productifs lorsque le capital humain augmente, en particulier lorsque les agriculteurs sont mieux à même d'innover et de gérer activement leurs systèmes agricoles dans l'optique d'obtenir des résultats durables. Le manque d'information et de qualifications en matière de gestion compromet cependant encore sérieusement l'exploration du potentiel de ces nouvelles dimensions dans le secteur agricole. On dispose de moins d'informations sur la conservation des ressources que sur l'utilisation d'intrants externes dans les systèmes agricoles modernes, et les institutions de recherche s'intéressent moins aux technologies axées sur la conservation des ressources.

Il est clair que le processus par lequel les agriculteurs prennent connaissance des options technologiques est crucial. Si ces processus leur sont imposés, il y a de fortes chances pour qu'ils n'utilisent les nouvelles technologies que pendant une période limitée. En revanche, un processus participatif permettant aux agriculteurs d'en savoir plus sur leurs exploitations et sur leurs ressources, devrait jeter les bases d'un processus d'adaptation et innovations continues. Il faut faire en sorte que le processus social même de l'innovation soit durable.

Le défi est de parvenir à stimuler la capitalisation des multiples fonctions possibles de l'agriculture et des terres. Cette capitalisation serait elle-même bénéfique à bien des égards pour les économies nationales du monde entier. Les étapes susceptibles de conduire à cet objectif, c'est-à-dire les actions, la collaboration et les partenariats requis pour que le concept du CMFAT contribue effectivement à la réalisation de l'objectif de durabilité, sont analysées dans le document de travail complémentaire.

Previous Page   Table Of Contents   Next Page