Durant la première moitié du siècle, la régénération naturelle et les plantations en layon ont été testées notamment en Côte d'Ivoire et au Nigeria. A partir des années 50, de nombreux autres pays ont aussi tenté des méthodes reposant sur la régénération naturelle, artificielle ou sur l'amélioration de la dynamique des peuplements.
Les trois principales méthodes fondées sur la régénération naturelle étaient:
· le "Tropical Shelterwood System" (TSS) au Nigeria (Encadré 6);
· l'Amélioration des Peuplements Naturels (APN) en Côte d'Ivoire (Encadré 7); et
· le "Selection System" au Ghana.
Elles ont toutes été abandonnées du fait de problèmes techniques ou des résultats décevants.
Encadré 6: Le "Tropical Shelterwood System"
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année n-5 - Délianage et dévitalisation des secondaires dans le sous-bois (diamètre <10 cm). année n-4 - Comptage de régénération. Dévitalisation d'une partie des secondaires dans les strates intermédiaires (Hauteur >20 m). Délianage complémentaire. année n-3 - Dégagement de la régénération des espèces commerciales (hauteur >50 cm). année n-2 - Dégagement et comptage de régénération. Plantations d'enrichissement si nécessaire. année n-1 - Dégagement de régénération. année n - Exploitation. Recépage des essences commerciales endommagées. année n+1 - Dégagement et comptage de la régénération. Eclaircie par dévitalisation des espèces secondaires dominantes. année n+5 - Dégagement de la régénération. année n+10 - Travaux de régénération assistée. Délianages. année n+20 - Eclaircie. |
Encadré 7: La méthode Okoumé dite "d'amélioration des peuplements"
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Une cartographie des peuplements est réalisée avec identification des taches d'Okoumé - Inventaires. - Peuplements denses d'Okoumé diamètre<10 cm: dégagement du recrû et dépressage en cas de trop forte densité (> 5 000 tiges/ha). - Peuplement d'Okoumé ,10 cm<Diam<20 m de diamètre: éclaircie par abattage dans les tiges d'Okoumé ramenant la densité à 400 tiges/ha. Eclaircie complémentaire par annélation des espèces secondaires dominantes. - Peuplement d'Okoumé, 20 cm<Diam<40 cm: éclaircie ramenant la densité à 80 tiges/ha par abattage des tiges de moins de 30 cm de diamètre et annélation des tiges plus grosses. - Peuplement d'Okoumé, 40 cm<Diam<60 cm: éclaircie sélective par annélation des sujets mal conformés ou tarés et des espèces secondaires dominantes. Le diamètre technique d'exploitabilité est de 70 cm. |
L'amélioration de la dynamique des peuplements a été appliquée dans les années 50 à la forêt d'Okoumé (Aucoumea klaineana) au Gabon en vue d'accélérer la croissance des tiges de toutes dimensions dans les peuplements (cette technique fut abandonnée en 1962 pour passer à la plantation directe de l'Okoumé).
Des techniques d'améliorations des peuplements dites "uniformisation par le haut" et "normalisation" ont vu le jour dans les années 50 principalement au Zaïre, sans grand résultat du fait de leur abandon.
Récemment, en Côte d'Ivoire un premier aménagement forestier a été réalisé de 1984 à 1989 dans la forêt de Yapo sur 8,000 ha de forêt, qui a largement contribué au démarrage du plan Sectoriel Forestier (1988 à 2015) sur financement de la Banque Mondiale pour l'aménagement de 700,000 hectares de forêts classées. Les principales stipulations techniques auprès des différents concessionnaires étaient de prélever un volume proche de la possibilité estimée de production. Des projets avec les mêmes types d'orientations ont été mis en place en Guinée (PROGERFOR, Banque Mondiale et KFW allemand) et au Cameroun (Projet d'Aménagement pilote, Coopération française). Ce dernier intègre notamment la dimension sociale, en privilégiant la double association des populations locales et d'un partenaire privé (exploitant/industriel) à tous les stades de la mise en _uvre de l'aménagement.
Au Ghana, de multiples essais, expérimentations et techniques sylvicoles en forêt naturelle, ont été réalisés pour être finalement abandonnés car trop coûteux; et depuis 1985, un inventaire général des réserves de forêts denses humides a été entrepris en vue d'un aménagement durable et global (avec la coopération britannique).
En République centrafricaine, le projet ECOFAC (financement européen) a mis en _uvre un plan d'aménagement à partir de 1992 en forêt de N'Gotto ayant comme principal objectif une production durable de bois alliée à la conservation de l'écosystème forestier et de sa biodiversité.
Actuellement, diverses initiatives privées voient le jour pour établir des plans d'aménagement rationnels et si possible durables, notamment au Gabon.
Encadré 8: L'exploitation forestière des forêts denses humides - quelques règles élémentaires
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Lors de l'exploitation quelques règles élémentaires simples peuvent aussi être proposées pour assurer la durabilité de l'exploitation des espèces commerciales: - Fixer un diamètre optimum d'exploitabilité pour chaque espèce sur des critères technico-économiques et écologiques. Ce diamètre sera choisi après analyse de la structure diamétrique et des objectifs et contraintes de l'aménagement. - Proscrire les passages répétés en coupe sur la même parcelle (repasse). Le délai d'exploitation d'une parcelle sera de trois ans au maximum afin de conserver une certaine souplesse dans les approvisionnements des industriels. - Limiter le volume exploitable à l'hectare à 25-30 m3/ha par rotation. Au-delà de ce seuil les dégâts d'exploitation deviennent très importants. Ce maximum doit impérativement tenir compte de l'accroissement du peuplement pendant la rotation choisie. - Cartographier les arbres à abattre et optimiser le réseau de débardage en fonction de leur localisation et de la topographie. - Orienter l'abattage lorsque cela est possible (cas des tiges n'ayant pas atteint de très gros diamètres). Dans ce cas, l'orientation de l'abattage doit tenir compte de celle du réseau de débardage ainsi que de la localisation des arbres d'avenir et des taches de régénération. - Recéper les brins de la régénération endommagés par l'exploitation. |
Encadré 9: La régénération en forêt dense humide africaine
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- Pour les espèces commerciales, il est nécessaire de garder des semenciers régulièrement répartis pour l'ensemble des espèces. On peut par exemple conserver des bouquets non exploités à l'intérieur des parcelles exploitées et/ou des gros arbres. - L'ouverture du couvert doit être dosée afin de limiter la prolifération des lianes et autres adventices indésirables dans les trouées tout en assurant une ampleur suffisante pour la régénération effective d'espèces héliophiles souhaitées. - Il faut faire en sorte de ramener au minimum les dégâts d'exploitation endommageant une grande partie de la régénération. L'essentiel des dégâts dans la régénération intervient lors du débardage qui doit être soigneusement réalisé et contrôlé. |
Encadré 10: Effet des éclaircies
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Les éclaircies systématiques au dépens des espèces en surnombre et inutilisables induisent un gain d'accroissement sur le diamètre des espèces désirables pendant au moins une dizaine d'années. Une telle éclaircie après exploitation, stimule le recrutement de nouvelles tiges d'espèces commerciales à partir de la régénération naturelle déjà existante. Cet effet des éclaircies sur l'accroissement en diamètre est particulièrement notable pour les arbres de taille moyenne (diamètre inférieur à 50-60 cm). Mais au delà de 10-12 ans, cet effet disparaît progressivement. Pour les arbres de grandes dimensions (diamètre supérieur à 70-80 cm), l'effet de l'éclaircie sur l'accroissement en diamètre est faible. D'une manière générale, la dynamique de reconstitution de ces forêts est lente: en moyenne moins de 5 tiges/ha d'espèces commerciales atteignent le diamètre de 10 cm chaque année. L'évolution modélisée sur 30 ans des peuplements montre que, pour les forêts semi-décidues étudiées, des délais d'une trentaine d'années sont nécessaires pour reconstituer un stock de 2 à 3 tiges/ha exploitables (diamètre supérieur à 60 cm) au sein des peuplements modérément ouverts par l'éclaircie. |
Encadré 11: Comment éclaircir?
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L'exploitation forestière est une forme d'éclaircie dans les espèces commerciales. Une structure irrégulière avec des éclaircies sélectives s'adapte mieux aux exigences spécifiques de chaque espèce présente. La diversité peut dans beaucoup de cas favoriser la productivité. Dans des forêts plurispécifiques, la sylviculture doit permettre de favoriser une tige donnée si cela est nécessaire pour optimiser sa croissance. Les éclaircies sont des opérations optionnelles fonction du degré d'intensité de la gestion et de l'exploitation. Les éclaircies systématiques sont à éviter dans la mesure du possible. Les éclaircies sélectives sont à mener au profit des jeunes arbres d'avenir (diamètre inférieur à 50 cm). Ces éclaircies sélectives peuvent être réalisées autour des arbres d'avenir sélectionnés dans un rayon d'une dizaine de mètres. Les éclaircies seront de préférence réalisées par dévitalisation des arbres sur pied par annélation profonde. L'emploi de produits arboricides est seulement à préconiser pour les espèces résistantes à l'annélation simple. |
Les principaux types de sylviculture qui ont été (ou qui le sont encore) utilisés en Malaisie et en Indonésie sont:
· Le "Regeneration Improvement Feling" (RIF) est un des plus anciens systèmes d'aménagement connu. Il était appliqué aux forêts de Diptérocarpacées de plaine en Malaisie. Son objectif était d'éliminer les espèces secondaires afin d'améliorer le développement et la régénération des espèces exploitables. Après six ans, le massif est exploité. Ce système a prouvé qu'il était une bonne technique d'aménagement des forêts tropicales humides. Néanmoins, il fut abandonné dans les années 40-50 du fait des progrès techniques d'exploitation qui a entraîné une augmentation des dommages causés au peuplement résiduel et à la régénération naturelle.
· Le "Malaysian Uniform System" (MUS) utilisé depuis 1948 en Malaisie Péninsulaire et dès 1971 au Sabah puis au Sarawak sur de vastes superficies (plusieurs centaines de milliers d'hectare). Le principe était d'octroyer un rôle important aux éclaircies de dégagement après exploitation commerciale (diamètre minimum d'exploitabilité de 45 cm). Le cycle de coupe est de 50 à 70 ans. Cette méthode a été utilisée avec succès dans les forêts à Diptérocarpacées de plaine en Malaisie. Par contre, elle rencontre certains problèmes lorsqu'elle est utilisée dans les forêts de colline du fait des difficultés de terrain, de la régénération incertaine suivant l'exploitation du fait de la concurrence avec la végétation secondaire.
· Appliqué dès 1972, le "Selective Management System" (SMS), mis au point en Malaisie péninsulaire, permet des choix souples d'aménagement fondés sur un inventaire préalable à la coupe, en vue de déterminer des diamètres limites et les essences à extraire. Un délianage est effectué ainsi qu'un marquage des arbres pour leur abattage directionnel afin de réduire au minimum les dégâts d'abattage au peuplement résiduel. Le cycle de coupe est de 25 à 30 ans, avec le maintien de plus de 30 arbres de valeur d'au moins 30 cm de diamètre à l'hectare. Le diamètre d'exploitation pour les Diptérocarpacées est de 50 cm et de 45 cm pour les autres (voir encadré ci-après).
· Le "Tebang Pilih Indonesia" (TPI), établi en 1972, prévoie un diamètre d'exploitabilité de 50 cm pour un cycle de rotation de 35 ans. Vingt-cinq arbres de valeur entre 20 et 49 cm de diamètre doivent subsister après exploitation. Ce système a été remplacé en 1989 Par le "Tebang Pilih Tanam Indonesia" (TPTI) du fait que les arbres d'avenir n'existaient pas forcement lors de l'inventaire préalable des coupes. Le TPTI prévoit un reboisement dés que les conditions minimales requises pour le maintien du peuplement naturel ne sont pas réunies après exploitation (voir étude de cas No 6 ci-devant).
Plus récemment, des techniques d'Exploitation à Faibles Impact (EFI) qui s'inspirent du code international des pratiques durables d'exploitation forestière, ont été implantées à Kalimantan Est et à Sabah. Ces techniques sont variables en fonction de la situation de chaque pays. Ce sont des types d'exploitation sélective des arbres associant des procédures dont le but est de réduire l'impact de l'exploitation sur la végétation résiduelle, le sol et la faune.
Les Philippines possèdent aussi de vastes forêts productives. L'orientation principale est basée sur le principe selon lequel une exploitation sélective convenablement effectuée laisse un peuplement résiduel qui se développe, de telle sorte qu'une nouvelle coupe commerciale est possible dans un délai de 30 à 45 ans. En 1975, le "Timber Stand Improvement" (TSI) a été testé (via un projet allemand the RP German TSI Project): selon différents critères, un nombre variable d'arbres par hectare est sélectionné comme potentiellement exploitable et sera suivi durant un cycle d'exploitation de 45 ans environ.
L'expérience indienne, du fait de la grande diversité de ses forêts, englobe un certain nombre de méthodes sylvicoles dont l'une des plus récentes est le "Selection System" qui prévoit une exploitation sélective des essences commerciales et une aide à la régénération naturelle à des intervalles périodiques. Il est utilisé quand il y a une faible proportion d'espèces économiquement intéressantes, un manque d'information sur l'utilisation finale, un accès aux ressources limité et une exigence de protection environnementale. C'est la méthode la plus utilisée en Inde. Mais les problèmes de régénération naturelle couplés au besoin d'exploitation intensive ont déclenché l'utilisation des "Shelterwood systems", dont les principaux utilisés en Inde sont le "Indian irregular shelterwood system" et le "Uniform System". La variante "uniforme" impose l'exploitation des arbres successivement selon un certain temps de régénération, alors que celle "irrégulière" tient compte d'un diamètre en dessous duquel l'arbre appartient à la future récolte.
Les systèmes malais et indonésiens (SMS et TPTI) ont plus ou moins été respectés du fait des difficultés d'application et de contrôle. Ils sont censés dispenser d'opérations lourdes de sylviculture mais ils reposent sur des hypothèses de croissance annuelle élevée. Leur application est controversée du fait de la fréquence raccourcie des coupes qui engendre des dégâts sur la population résiduelle et de la "sélection négative" des arbres de taille moyenne, qui ne possèdent pas forcément un fort potentiel de développement et de valorisation. La plupart des techniciens et des chercheurs préconisent des systèmes simples proches du MUS avec des diamètres d'exploitation d'environ 50 cm, des cycles de coupe relativement longs (aux alentours de 50 ans) afin d'éviter les dégâts occasionnés par des coupes trop fréquentes, et des interventions minimes de délianage et d'éclaircie en un seul passage.
Le système sélectif élaboré en Inde est, quant à lui, relativement coûteux, ce qui influence le choix de l'intensité de l'exploitation. De plus, il est orienté généralement sur quelques espèces, malgré la nature complexe de l'écosystème forêt. Ceci est l'une des principales causes des problèmes de régénération naturelle rencontrés avec cette méthode. Souvent le choix se porte sur des systèmes d'exploitation plus intensifs tels que le Shelterwood System dans sa variante "irrégulière" ou "uniforme". Cette forme d'exploitation n'est viable que si la régénération naturelle est abondante et que les pressions exercées pour d'autres utilisations sont négligeables. Dans le cas inverse, le recours à la régénération artificielle, qui coûte cher, entraîne un raccourcissement du cycle de rotation.
En ce qui concerne les Philippines, l'exploitation sélective est considérée comme le meilleur système applicable à ses forêts de Diptérocarpacées.
Encadré 12: Le "Selective Management System"
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Le "Selective Management System" (ou "Malayan Uniform System Modified"), est une variante actualisée du "Tropical Shelterwood System" pour les forêts irrégulières. Il repose sur les principes de base suivants: - la régénération installée doit être suffisante; - une éclaircie doit être réalisée dans les strates supérieures; - le diamètre d'exploitabilité technique est de 50 cm pour les Diptérocarpacées et de 45 cm pour les autres essences; - le matériel sur pied résiduel après exploitation devrait comprendre au minimum 32 tiges d'essences commerciales de diamètre supérieur à 30 cm; - avant et après exploitation, la proportion des Diptérocarpacées de diamètre supérieur à 30 cm doit être maintenue; - les dépressages ne sont déclenchés que lorsque la régénération est affranchie des lianes; - la régénération est évaluée régulièrement; et - la rotation est de 25-30 ans. Séquence des opérations sylvicoles année n-5 : Délianage année n-3 : Inventaire année n-2 : Attribution de la coupe année n-1 : Marquage en délivrance et délianage année n : Exploitation année n+0-1 mois : Recollement après exploitation année n+0-2 mois : Evaluation de la régénération année n+3-6 mois : Eclaircie par dévitalisation. Délianage année n+10 : Evaluation de la régénération n+15 : Eclaircie par dévitalisation. Délianage année n+22 : Inventaire avant exploitation année n+25 à n+30 : Exploitation |
Pratiquement tous les pays d'Amérique latine possédant des forêts tropicales ont en cours des initiatives pilotes de gestion de la forêt naturelle ayant pour but d'obtenir des avantages économiques sans pour autant en détruire la capacité productive à long terme. Par contre, la recherche effectuée pour la connaissance du fonctionnement de l'écosystème et de sa dynamique en fonction des interventions humaines ou sylvicoles est très modeste.
En ce qui concerne les programmes et projets d'aménagement, rares sont les projets engagés avec un réel succès en forêt humide, à l'exception de Trinidad où les premières élaborations ont été conçues en 1935. Sur 75,000 hectares, 16,000 sont considérés comme complètement régénérés après le passage en exploitation grâce aux différents systèmes sylvicoles d'aménagement suivants:
Open Range System (Système Sélectif). Il s'agit du modèle le plus couramment utilisé pour contrôler l'exploitation forestière, et il est encore utilisé dans certaines forêts de production. C'est le service forestier qui délimite les forêts pour lesquelles est délivré l'octroi de coupe d'un volume et d'un nombre d'arbres limité. C'est lui aussi qui assure ensuite le contrôle des arbres sélectionnés en fonction du potentiel de jeunes arbres d'avenir. Ce même système a été amélioré à partir de 1948 en matérialisant des blocs au sein des massifs pour une meilleure répartition de l'impact de l'exploitation (open range system whithin blocks). Le Système Sélectif, s'il est mal contrôlé et suivi, peut aboutir à un appauvrissement définitif avec reconversion éventuelle par plantations. Les estimations de production grâce à ce modèle sont d'environ 1 m3/ha/an, ce qui reste inférieur à celles escomptées avec les autres systèmes. C'est le "Periodic bloc system with silvicultural marking" qui est actuellement préconisé avec des rotations de coupe entre 25 et 30 ans.
Periodic bloc system with silvicultural marking. Démarré en 1976, ce système est plus intensif que le précédent. Les arbres abattus sont ceux nécessaires à maintenir une structure satisfaisante (bonne distribution des tiges d'avenir et de porte-graines) et ceux considérés comme défectueux ou moins intéressants. Ce modèle a dû être amélioré du fait de la difficulté d'obtenir l'abattage des arbres sans valeur, par un système d'encouragement jouant sur le système de taxation (with compulsory felling).
Shelterwood system (coupe sous abri). Entamé en 1929, ce modèle a été abandonné du fait de la baisse spectaculaire de la demande en charbon de bois à partir des années 50. En effet, durant les trois premières années d'application du traitement, le prélèvement d'une part importante du sous-étage et de l'étage supérieur étaient réalisées par les producteurs de charbon de bois, rendant les opérations plus aisées et moins coûteuses. Toutefois ce système originaire d'Asie a longtemps été mené avec succès dans l'île de Trinidad.
Il existe aussi des initiatives concernant le massif guyanais (Guyane française et Surinam). Au Surinam, les plantations étaient largement recommandées (avant la seconde guerre mondiale) au détriment de l'aménagement de la forêt naturelle. A la suite de l'écrémage des essences les plus nobles, les craintes concernant la future récolte ont entraîné des aides étrangères importantes pour des programmes de reboisement. Les plantations se sont révélées moins productives et plus coûteuses que prévu, entraînant la mise au point d'une sylviculture permettant une gestion durable de la forêt:
Le Celos Management System. Ce système mis au point au Surinam repose sur deux composantes principales: un contrôle strict des opérations d'exploitation (Celos Harvesting System, CHS) et la réalisation d'interventions sylvicoles ultérieures (Celos Silvicultural System, CSS). Le CHS a pour but de réduire les dégâts et les coûts d'exploitation grâce à un strict contrôle de l'exploitation (la surface affectée passe de 25% à 15% de la surface totale) et par une meilleure planification des interventions (voir Encadré 13). Le CSS (ou système polycyclique de coupe) prévoit des éclaircies dans les essences secondaires avec une périodicité de 8 ans pour un cycle d'exploitation de 20-25 ans environ. Le Celos Management System quant à lui, semble être adapté d'un point de vue économique et écologique pour la gestion de massifs forestiers permanents et dans des conditions de marché acceptables. Malencontreusement, ces systèmes sont à ce jour inappliqués et n'ont pas dépassé le stade expérimental.
Encadré 13: La méthode "Celos" ou "système polycyclique de coupe"
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Un diamètre minimum d'exploitation de 45 cm. Une rotation entre deux coupes d'exploitation successives de 20-25 ans. Un volume exploité correspondant à 8-10 arbres/ha. Des éclaircies dans les essences secondaires avec une périodicité de 8 ans. Année 0 - Eclaircie par dévitalisation. La surface terrière est ramenée de 28 à 12 m²/ha. Année 8 - Eclaircie par dévitalisation. La surface terrière est ramenée de 20 à 10 m²/ha. Année 16 - Eclaircie par dévitalisation. La surface terrière est ramenée de 18 à 15 m²/ha. Année 20 - Récolte de 20 m3/ha au diamètre d'exploitabilité physique de 45 cm soit environ 50% de l'accroissement du volume exploitable. |
En Guyane française, les services forestiers s'attachent surtout à la sylviculture des peuplements naturels en évitant leur transformation radicale. Les projets d'aménagement forestier en vue d'une exploitation durable se situent sur la bande côtière où s'exerce l'exploitation. Des projets pilotes sont en cours afin de tester une sylviculture à faible intrant financier (étayée par une recherche préalable appliquée). Elle consiste à réaliser des éclaircies des gros bois d'essences non commercialisables après l'exploitation des espèces intéressantes pour favoriser la croissance des espèces commerciales d'avenir avec un cycle de coupe compris entre 30 et 50 ans.
Des projets d'aménagement durable ont été aussi initiés dans la forêt nationale de Tapajos au Brésil et de Von Humbolt au Pérou. Mais dans les deux cas, ils n'ont pas été parfaitement développés pour des raisons incluant l'important investissement demandé pour Von Humbolt et la faible demande du marché du bois au Tapajos. Dans les pays amazoniens, de nombreux projets de recherche et d'assistance technique existent mais ne peuvent être considérés comme faisant partie de projets d'aménagement durable effectifs. Dans quelques concessions, l'exploitation est faite avec une efficacité croissante grâce à une prise de conscience des propriétaires face à une ressource de plus en plus rare (exemple de Pucallpa au Pérou). Il faut aussi noter l'émergence de tentatives privées, par exemple à Santarem au Brésil, où certaines entreprises d'exploitation et de transformation du bois auraient démarré des actions soigneuses d'inventaire et de programmation de coupes.
PAPERS PRODUCED BY FAO FOR THE WORLD BANK FOREST POLICY IMPLEMENTATION REVIEW AND STRATEGY
Contreras-Hermosilla, A, 1999, Towards sustainable forest management: an examination of the technical, economic and institutional feasibility of improving management of the global forest estate, FAO/FPIRS/01.
Whiteman, A, Brown, C, and Bull, G, 1999, Forest product market developments: the outlook for forest product markets to 2010 and the implications for improving management of the global forest estate, FAO/FPIRS/02.
Hagner, S, 1999, Forest management in temperate and boreal forests: current practices and the scope for implementing sustainable forest management, FAO/FPIRS/03.
Dupuy, B, Maître, H -F, and Amsallem, I, 1999, Tropical forest management techniques: a review of the sustainability of forest management practices in tropical countries, FAO/FPIRS/04.
Dupuy, B, Maître, H -F, and Amsallem, I, 1999, Techniques de gestion des écosystèmes forestiers tropicaux: etat de l'art, FAO/FPIRS/05.