5 - Propositions d’amélioration de la collecte et de la gestion des statistiques forestières
Les mesures suivantes sont formulées afin de contribuer à améliorer la collecte, le traitement et la diffusion des statistiques relatives aux produits forestiers.
Proposition 1 :
S’il est possible de quantifier objectivement l’importance des fraudes qui sont réelles dans l’exploitation et les transactions commerciales des différents produits forestiers, alors elles devraient être prises en compte dans la collecte des données forestières.
C’est à ce niveau que le besoin d’améliorer la collecte et la gestion des données relatives aux produits forestiers est manifestement le plus évident. Les mesures suivantes sont alors proposées et s’adressent aux acteurs ci-après.
5.1.1 - Collecte des données de la filière commerciale du bois
Il s’agira à prime abord de chercher à maîtriser la collecte des statistiques forestières de la filière commerciale du bois en utilisant plus judicieusement les informations contenues dans les différents outils de réglementation de l’exploitation forestière, en l’occurrence le permis de coupe et le permis de circulation. En effet, lorsqu’il est correctement rempli, le type et la quantité du bois, et le montant de la taxe correspondant, sont bien mentionnés sur le permis de coupe. De même, le type et la quantité de bois transporté sont mentionnés sur le permis de circulation, en plus du montant de la taxe forestière correspondant. Or on constate actuellement que les informations relatives aux quantités par type de bois ne sont pas exploitées. Seuls les montants des recettes ordinaires ressortent des rapports trimestriels d’activités des structures déconcentrées de l’administration forestière.
Proposition 2 :
La Direction Générale des Eaux et Forêts (DGEF) doit désormais exiger de faire ressortir dans les rapports périodiques d’activités (mensuels, trimestriels et annuels) élaborés au niveau des différents échelons de l’appareil administratif du Service forestier, les données suivantes par l’exploitation plus judicieuse des informations mentionnées dans les souches des carnets relatifs au permis de coupe :
montant de la redevance par type et quantité de bois pour lesquels le permis de coupe est délivré.
type et quantité de bois pour lesquels le permis de coupe est délivré ;
De la même manière, les informations relatives aux types et aux quantités de bois transportés doivent être avantageusement exploitées, à partir des souches des carnets relatifs au permis de circulation, et acheminées à travers des rapports périodiques d’activités jusqu’au niveau central de l’administration forestière.
Des fiches types (sous forme de tableaux) faisant partie intégrante des différents rapports périodiques d’activités devront être élaborées à cet effet.
Enfin, la similitude ou la disparité des données forestières provenant des deux sources (permis de coupe et permis de circulation) peuvent contribuer un tant soit peu mais positivement à apprécier la fiabilité des statistiques forestières produites avant leur diffusion.
Le suivi de l’exploitation forestière est déjà effectif et satisfaisant au niveau de certaines forêts aménagées. Il gagnerait à être généralisé.
Proposition 3 :
Dans toutes les zones où l’exploitation du bois est organisée et dans toutes les forêts aménagées, il doit désormais être fait obligation aux organisations paysannes de gestion forestière de tenir des statistiques relatives aux quantités de bois produites et commercialisées, et par type de produit. Cette nécessité sera consignée sous forme de clause dans les cahiers de charges qui doivent préciser, en conformité avec le Code forestier, les modalités relatives au droit d’exploitation forestière qui leur est légalement reconnu.
Les données relatives aux productions des deux scieries font déjà parties intégrante des rapports annuels sur leurs campagnes d’exploitation forestière qu’elles transmettent régulièrement au Service forestier, en application de dispositions des cahiers de charges qui accompagnent les permis de grande coupe à elles délivrés.
Proposition 4 :
Le Service forestier doit désormais mieux valoriser les données provenant des scieries dans un système global de gestion de base de données à créer.
5.1.2 - Collecte des données de la filière non commerciale du bois
L’exploitation domestique du bois s’exerce sous forme de droits d’usage traditionnels. Il n’existe pas, par conséquent, d’un outil permanent (permis de coupe, par exemple, pour l’exploitation commerciale) en usage au niveau du Service forestier à même de permettre la collecte de données relatives aux produits forestiers. Aussi a-t-on recours aux résultats d’enquêtes ou d’études ponctuelles
Proposition 5 :
Instituer au niveau du Service forestier la réalisation d’enquêtes rapides, décentralisées au niveau des régions forestières, mais d’envergure nationale, sur l’exploitation et la consommation du bois. Une méthode d’enquête devra être mise au point à cet effet ; elle tiendra surtout compte du fait que la réalisation des enquêtes devra être considérée, non pas comme un projet particulier, mais comme une activité normale du Service forestier dont la périodicité de mise en œuvre sera régulière (tous les deux ou cinq ans, par exemple). Des appuis financiers pourront être recherchés auprès de partenaires au niveau local, régional ou national (projets de développement, ONG, bailleurs de fonds, etc.). Cependant, cela ne doit pas constituer une condition pour la réalisation de l’activité.
Des estimations acceptables de la production et de la consommation nationales du bois (combustibles ligneux, bois de service, bois œuvre) seront réalisées à partir des résultats de ces enquêtes périodiques.
Cette proposition est réaliste si elle est conçue de manière pratique ; car elle n’est pas plus difficile à réaliser que l’estimation des superficies brûlées par les feux de brousse demandée régulièrement au personnel forestier de terrain sans pour autant mettre à sa disposition une méthode d’estimation éprouvée et simple d’application sur le terrain.
La collecte et la gestion des données relatives aux produits forestiers faisant l’objet de transactions dans le cadre du commerce extérieur (importations et exportations) sont des plus maîtrisées actuellement au Burkina par la Direction Générale des Douanes.
Proposition 6 :
La DGEF doit entreprendre les démarches administratives nécessaires pour que de façon officielle, la DGD mette chaque année à sa disposition les extractions de sa base de données, des données relatives aux produits forestiers importés et exportés.
5.3 - Vers une meilleure gestion des statistiques forestières au Burkina
Pour donner aux statistiques forestières toute l’importance qui est la leur dans la formulation et la planification des politiques forestières au Burkina, et en tenant compte des six propositions qui précèdent, il est proposé ce qui suit :
Proposition 7 :
Elle est particulièrement adressée à la FAO afin qu’elle apporte un appui technique et financier pour la réalisation de ce qui suit :
doter la cellule chargée des statistiques forestières au niveau de la Direction Générale des Eaux et Forêts d’équipements informatiques adéquats ;
mettre au point un SGBD pour permettre à la cellule de constituer une base de données forestières provenant tant de la production nationale que du commerce extérieur des produits forestiers ;
faire une analyse détaillée de la nomenclature des produits forestiers du Système Harmonisé en vue de les classifier selon la nomenclature CE-FAO. Le SGBD à mettre au point doit alors nécessairement offrir la possibilité de stocker et de traiter les données forestières provenant des diverses sources de manière à produire et à diffuser les statistiques forestières à volonté selon l’une ou l’autre nomenclature ; enfin, il faudra déterminer des coefficients de conversion pour permettre d’exprimer les données forestières fournies en poids (TM) dans le cadre du commerce extérieur en volume (Cum) ;
former le personnel nécessaire préalablement mis à la disposition de la cellule pour assurer son bon fonctionnement, à l’utilisation du SGBD.
Proposition 8 :
Forte de l’appui technique et financier qu’elle aura reçu de la FAO pour la mise en place d’un système de gestion de données, la Direction Générale des Eaux et Forêts prendra toutes les mesures idoines pour produire chaque année un annuaire des produits forestiers du Burkina Faso qui sera fait disponible pour les différents utilisateurs de statistiques forestières.