1.0. INTRODUCTION ET CONTEXTE FORESTIER NATIONAL
1.1. Objectif et contexte d’élaboration du rapport.
Le présent rapport s’inscrit dans le cadre de l’étude prospective du secteur forestier en Afrique (FOSA), initiée par la FAO en 1999.
L’étude vise à examiner, à partir de la situation actuelle, l’évolution probable future du secteur forestier dans le pays en identifiant les principaux facteurs de changement qui peuvent influencer le secteur durant les vingt années à venir.
Le rapport s’appuie essentiellement sur les données, informations et analyses capitalisées dans les études antérieures notamment:
le rapport du premier symposium national sur les forêts (1984)
l’étude institutionnelle du secteur forestier réalisée par l’IIED (1987);
l’étude nationale sur le PAFT (1990);
le plan national d’action environnemental (PNAE, 1995);
l’état actuel de l’Environnement en République Démocratique du Congo (1996);
la stratégie nationale et le plan d’action de la biodiversité (juin 1999);
le programme triennal minimum actualisé (1999 – 2001);
le premier rapport national sur l’état de la mise en œuvre de la Convention sur la Diversité Biologique (2000);
le rapport du Forum national sur la politique forestière (mai 2000).
Toutes ces études, menées de façon participative, ont rassemblé différents protagonistes du secteur forestier national afin d’avoir une vision commune et consensuelle de gestion durable des ressources forestières.
1.2. Contexte Forestier National
La République Démocratique du Congo est couverte à plus de 50% de son territoire par des formations forestières. Celles-ci restent cependant d’inégales potentialités en fonction de leur proximité de l'Équateur. Le massif le plus riche et d’un seul tenant (environ 100 millions d’hectares) est circonscrit par la Cuvette Centrale, vaste dépression située quasi au centre du pays.
Plus on s’y éloigne, plus la couverte forestière devient de moins en moins dense. Vers le Sud-Ouest du pays (région du Mayumbe) existait une forêt dense qui constituait le prolongement de la forêt du Gabon. Celle-ci ne garde aujourd’hui qu’à peine la cinquième de sa superficie d’il y a 50 ans.
Les forêts de la République Démocratique du Congo subissent des pressions dues notamment à l’exploitation de bois d’œuvre et d’industrie, de bois de feu, à la pratique agricole itinérante sur brûlis, à l’urbanisation, à la récolte des menus produits forestiers et à l’installation des infrastructures de développement. De plus en plus, l’exploitation minière pratiquée anarchiquement en zones forestières constitue une des causes de la dégradation des forêts.
En matière d’exploitation forestière, la production nationale oscille autour de 500.000 m3 par an. De type sélectif, cette exploitation ne cause généralement pas de préjudice aux forêts. On estime que les superficies forestières effectivement perdues, constituées par des infrastructures d’exploitation ainsi créées (routes, parcs à grumes, beachs, bâtiments) ne dépassent guerre les 3% des superficies annuellement soumises à l’exploitation. Cette exploitation est l’œuvre de deux groupes d’intervenants : les exploitants industriels et les scieurs de long. Les premiers contribuent à la quasi-totalité des superficies de coupes annuellement sollicitées et des volumes de coupe déclarées. L’exploitation de bois reste subordonnée aux règles de gestion relatives à la connaissance préalable du potentiel existant et à la détermination de volume de coupe maximal permissible par essence ou groupe d’essence.
La disponibilité forestière de bois d’œuvre exploitable, toutes forêts confondues a été estimée à un peu plus d’un milliard de m3 (SPIAF, 2000). En adoptant une rotation de 62,5 ans, le volume brut disponible annuellement serait de l’ordre de 16 millions de m3. Les possibilités d’exploitation restent donc énorme face au niveau actuel de production observé. Néanmoins, les forêts du Mayumbe ont été surexploitées pendant des décennies du fait de leur proximité des voies de sortie et se trouvent actuellement épuisées.
D’une façon globale, l’industrie forestière de la République Démocratique du Congo ne contribue que très faiblement à la constitution du P.I.B. (à peine 1%) comparativement à d’autres secteurs productifs du pays (mines, agriculture et élevage, services…). L’industrie du bois est vétuste (faibles crédits alloués) et moins compétitives et n’attire donc pas d’investissements privés : les exploitants forestiers sont soumis à une multiplicité de taxes (on en dénombre une centaine) et les massifs économiquement exploitables se trouvent éloignés des voies de sortie. A cela, il faut ajouter la carence d’énergie qui ne permet pas d’implanter des industries dans les lieux d’exploitation pour augmenter la valeur ajoutée des produits forestiers.
Dans le domaine de commerce de produits forestiers, la valeur des importations en 1998 (US $ 3.332.000) a été constituée essentiellement de papier et carton (99,1%) et très faiblement des panneaux à base de bois (0,1%) et autres produits dérivés du bois (0,8%). Au cours de la même année, la valeur des exportations (US $ 54.101.000) était constituée de bois rond industriel (59%), sciage (33,8%) et panneaux à base de bois (7,2%).
Le bois représente plus de 85% de la consommation énergétique du pays. L’analyse de la situation dénote un déséquilibre entre l’offre et la demande dans les principales zones de peuplement et les centres urbains qui sont paradoxalement implantés dans les milieux moins nantis en forêts. Il s’ensuit ainsi une régression rapide des forêts périphériques au bénéfice des savanes.
L’agriculture itinérante sur brûlis ne constitue pas en soi une cause de la destruction de la forêt en autant que la densité est faible et que la durée de la jachère est respectée. Malheureusement, la concentration de la population sur une minime portion des terres fait que la jachère ne soit plus respectée, empêchant ainsi la reconstitution forestière des étendues mises en culture.
La République Démocratique du Congo est un des pays d’Afrique Centrale ayant un fort taux d’urbanisation, estimé à 3,8% par an (rapport de la Banque Mondiale pour la période 1989 / 1997). Celle-ci se fait donc au détriment des espaces péri-urbains qui subissent des dégradations de différentes natures.
En conclusion, la situation forestière actuelle en République Démocratique du Congo devrait connaître durant les deux prochaines décennies, une évolution modérée sans changement majeur de nature à l’affecter profondément. Le développement de l’agriculture et la récolte de bois de feu continueront peu à peu à entamer les superficies forestières qui restent encore en majorité peu menacées. Le développement de l’exploitation forestière et de la filière bois dépendra de l’état économique général du pays qui, du reste, est la résultante de la politique économique nationale et de l’évolution économique mondiale.