Previous PageTable Of ContentsNext Page

2.0. MOTEURS DU CHANGEMENT ET LEURS IMPLICATIONS SUR LE SECTEUR FORESTIER

2.1. Contexte Socio-économique de la République Démocratique du Congo

 

2.1.1. Population

La République Démocratique du Congo compterait actuellement environ 50 millions d’habitants. Avec un taux de croissance annuel de l’ordre de 3,2% (période de 1989 à 1997), cette population pourrait doubler d’ici les deux prochaines décennies.

L’examen du pyramide des âges renseigne que les pays compte plus de jeunes que d’adultes. En effet 58,9% de la population est âgée de moins de 20 ans, 37,6% ont un âge compris entre 20 et 59 ans.

Le taux d’analphabétisme de la population âgée de 15 ans et plus a été estimé à 32,7% en 1995. Cette situation est inquiétante du fait que la contribution de cette tranche de la population se trouve réduite.

Le sexe-ratio indique une proportion de 51% de la population est constituée de femmes contre 49% d’hommes.

En 1984, la population active ne représentait que 39% de la population totale

 

2.1.2 .Occupation humaine du territoire

Dans l’ensemble, le pays est sous-peuplé avec une densité moyenne de l’ordre de 22 habitants au Km². On note cependant quelques zones et foyers de forte densité où le potentiel en main d’œuvre est important et la demande potentielle des biens de consommation et de services est élevée. Environ 47 % de la population nationale est concentrée sur 10 % de la superficie du pays.

En examinant la carte d’occupation humaine du territoire établie à partir des données du recensement scientifique de la population de 1984, on distingue 3 axes de concentration de la population:

le premier se situe au Nord – Ouest et se structure autour de la ville de Gemena entre 3° et 5° latitude nord;

le deuxième est situé à la frontière – est du pays jusqu’à la frontière sud de la province du Maniema avec le Katanga et où la densité atteint 139 habitants au km²;

le troisième enfin, plus ou moins intérieur, va de l’Océan Atlantique (Bas-Congo) aux régions centrales du Kwilu – Kasai. Ce dernier passe par Kinshasa et inclut quelques villes de forte densité humaine (Boma, Matadi, Kikwit, Kananga et Mbuji Mayi.

Ceci se traduira par des très fortes pressions de la population sur les ressources naturelles en quête de la satisfaction de leurs besoins de survie (bois de feu, terres agricoles, urbanisation). Les milieux écologiques qui seront particulièrement touchés comprennent:

les forêts de montagne de l’Est;

la Mangrove, les forêts du Mayumbe, les savanes boisées du Nord et du sud et les forêts claires du sud du pays.

Par ailleurs, les aires protégées se localisant à l’intérieur de ces axes seront particulièrement en proie à l’intrusion et au braconnage par des populations riveraines.

Il faut également noter qu’environ 60% de la population nationale vivent en milieu rural contre 40% en milieu urbain.

 

2.1.3. Performances économiques globales

La République Démocratique du Congo fait face, depuis 1990 (année de la démocratisation) à une situation économique particulièrement difficile, provoquée par la baisse de la production minière sur quoi se fondait son économie ainsi que des pillages successifs de masse qui ont fortement détruit son tissu industriel et économique. Depuis lors le pays a connu un ralentissement de son activité économique ; le PIB par habitant baissant continuellement, l’infrastructure se détériorant et la dette extérieure grimpant. De l’ordre de 220 $ US par habitant en 1990, le PIB par habitant se chiffrait à 110 $ US en 1998.

Pour la période allant de 1990 à 1996, la contribution moyenne de différents secteurs productifs au PIB a été de:

46,2 % pour l’agriculture, la sylviculture, la pêche et l’élevage;

17,8% pour les industries;

34,6% pour les services;

1,4% pour les droits et taxes à l’exportation.

La même source estime que la production intérieure brute a été en baisse de 6,4% en 1997 et de 3,5% en 1998. Il faut également noter que le secteur forestier est considéré comme sous-secteur du secteur agricole et que sa contribution au PIB est à peine de 1%.

D’une manière générale, les différentes branches économiques concourant à la formation du PIB ont montré des contre-performances dans la quasi-totalité des secteurs des biens et de services. Entre 1990 et 1996, la valeur ajoutée de ce secteur a connu un taux de croissance de –3,3% en termes réels résultant d’une baisse de 10,7% des activités du secteur secondaire, notamment l’industrie extractive (-11,2%), la manufacture (-10,6%) ainsi que les bâtiments et les travaux publics (-10,2%). Bref, toutes les composantes du secteur des services ont accusé une baisse de 8,3% pour les transports et communication, de 8,2% pour le commerce et de 10,7% pour les services marchands et non marchands.

En revanche, on note un contraste avec le secteur primaire pour la même période qui a connu un taux de croissance moyen positif résultant notamment de la poursuite des programmes d’équipement et de réhabilitation des principaux centres du pays en eau et en électricité (1,2%) ainsi qu’au secteur de l’agriculture, la sylviculture, la chasse et la pêche (1,1%).

Du point de vue de l’utilisation du PIB, on a observé la chute de 5% en moyenne de la consommation des ménages contre un taux démographique de 3,2%. La proportion de la population vivant au-dessus de seuil de pauvreté se situe à 75%. La population active subit de plus en plus le poids des inactifs et supporte une charge économique importante pour subvenir aux besoins scolaires, sanitaires et alimentaires des inactifs (jeunes au chômage, invalides et vieillards).

En matière des investissements, durant la période 1990 – 1996, le taux par rapport au PIB est passé de 10,8% en 1990 à 5,4 % en 1994. Il s’est relativement décéléré en 1995 pour atteindre 15% en 1996.Les investissements publics ont représenté durant la période, à peine 30% des investissements totaux : les 70% étant constitués des investissements privés et des ménages.

La monnaie locale subit une forte dépréciation à la suite de l’enchaînement des causes ci-après:

l’expansion de la masse monétaire liée au financement monétaire de déficit public et à la contrefaçon;

l’insuffisance de l’offre des biens et services consécutive à la baisse de l’activité de production;

la spéculation et les anticipations inflationnistes;

les pillages de 1991 et 1993 qui ont fortement détruit l’infrastructure industrielle.

Le tableau suivant montre l’évolution du taux d’inflation de 1990 à 1998

Tableau 1: Évolution du taux d’inflation de 1990 à 1998

Année

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Taux d’inflation

264,9

3.641,9

2.989,6

4.851,7

9.796,9

370,3

693,0

13,7

134,8

Source: Banque Centrale du Congo

Globalement, depuis l’indépendance du pays en 1960, la balance des paiements extérieurs, exception faite de l’année 1969, a présenté un solde négatif financé durant les années 80 par le recours aux réserves de change et à l’endettement extérieur. A dater de 1990, l’accumulation des arriérés de la dette extérieure a servi de principal mode de financement du déficit de la balance des paiements.

En fin 1997, la dette extérieure de la République Démocratique du Congo se chiffrant à 12.838,2 millions de USD dont 9.038,35 millions USD d’encours, 2.558,99 millions USD d’arriérés en intérêts contractuels et 1.230,85 millions USD d’intérêts de retard. Le stock global de cette dette représente respectivement 924% des exportations et 233 % du PIB. Au 30 juin 1998, l’encours de cette dette était estimé à 8.962,3 millions de USD contre 9.781,7 millions de USD en 1990 résultant de la bonne volonté du nouveau régime d’honorer ses engagements en fonction des résultats de la relance économique nationale. N’eut été la guerre que connaît le pays depuis août 98, cet effort se poursuivrait probablement.

 

2.1.4. Changements attendus dans le rôle des différents secteurs

Durant la période 1985 – 1987, la République Démocratique du Congo a réalisé un taux de croissance économique favorable qui a servi de référence à l’élaboration du programme triennal 1999 – 2001 qui prévoit un taux cumulé de 8,4%. Ainsi, le tableau ci-après donne à titre indicatif, le rôle attendu des différents secteurs productifs dans la constitution du PIB.

Tableau 2: Rôle attendu des différents secteurs dans la contribution au PIB

Secteurs

PIB (000 $ US) (1985 – 1987)

%

PIB 2001 en milliards $ US

Augmentation de la production 1999 – 2001 en % par rapport à 1988

Agriculture

733,5

29,9

2,05

107,3

Mines

316,7

12,9

0,88

104,0

Manufacture

235,4

9,6

0,66

112,7

Electricité + Eau

25,6

1,0

0,07

112,8

Bâtiments & Trav. Publics

119,4

4,9

0,34

98,5

Commerce

568,5

23,2

1,59

102,0

Télécommunications

95,9

3,9

0,27

100,5

Services Marchands

209,5

8,5

0,58

123,4

Services Administratifs

146,0

5,9

0,40

119,0

TOTAL

2.450,5

100,0

6,80

108,1

Source: Plan triennal minimum actualisé 1999 – 2001

Au regard de ce tableau, il ressort que la croissance économique du pays se reposera essentiellement sur les secteurs de l’Agriculture (y compris la foresterie), du commerce et de mines durant les prochaines années.

2.2. Changements politiques et Institutionnels

Depuis le 17 mai 1997, le pays vit sous un nouveau régime. En ce moment, l’effort national est concentré sur la stabilisation de l’environnement économique et politique en vue de la reconstruction du pays sur des bases démocratiques saines et une bonne gouvernance. Malheureusement, cet élan de reconstruction a été brisé par la guerre que connaît le pays depuis août 1998.

Actuellement, les ressources publiques nationales paraissent extrêmement limitées et leur répartition entre différents secteurs prioritaires est dictée de façon aléatoire par des impératifs politiques et militaires. Dans les principaux secteurs sociaux, la dissolution progressive de l’Etat et de ses institutions a donné l’opportunité de bâtir un système solide de prestations au bénéfice des moins nantis. La société civile, les églises et le secteur privé ont occupé la place laissée vacante par l’Etat, reprenant ainsi une tradition de l’époque coloniale.

La vision nouvelle du développement du pays est donc axée sur les orientations suivantes:

la démocratisation du pays;

l’économie sociale de marché;

la promotion et le développement du commerce extérieur;

le développement humain durable,

le développement de la recherche scientifique et de la technologie, et

la bonne gouvernance.

La philosophie de l’économie sociale de marché vise la transfo rmation systématique en vue d’un développement durable. Ainsi, l’Etat s’assurera que son intervention n’entrave en rien les mécanismes du marché et n’interviendra dans l’activité économique et sociale que lorsque son intervention s’avère plus avantageuse que celle des entreprises privées, des associations, des ONG, des églises et des administrations locales. Le secteur privé s’occupera des activités de production des biens et services en vue de créer les richesses nationales et l’emploi, tout en s’acquittant de ses impôts et taxes. La société civile se livrera quant à elle aux activités d’épanouissement intégral de l’homme dans tous les domaines de la vie.

2.3. Politiques Agricoles

L’agriculture constitue un secteur clé de l’économie nationale et la vie de tout le peuple en dépend sur le plan de la sécurité alimentaire. Sa contribution au PIB est en moyenne de 38,33% et ce secteur vient au second rang après le secteur minier.

Entre 1985 et 1995, sa contribution au PIB a progressivement évoluée, passant de 29,86% en 1985 pour atteindre 51,82% en 1995. Malgré cette performance à la contribution au PIB, l’on n’a jamais atteint l’autosuffisance alimentaire et l’Etat est obligé de recourir aux importations pour combler le déficit.

La production vivrière occupe plus de 60% de la population rurale. Elle est l’œuvre des petits exploitants et est pratiquée sur des terres forestières considérées comme fertiles. On en dénombre entre 3 et 4 millions répartis sur 4,5 à 6 millions d’hectare ; chaque ménage exploitant en moyenne 1,5 ha. Le système d’exploitation est peu productif et la production est obtenue par la consommation de l’espace, plutôt qu’à l’accroissement de rendement à l’unité de surface. Les superficies forestières annuellement entamées par l’agriculture itinérante ne sont pas exactement connues faute de statistiques fiables. Néanmoins, en partant d’une superficie totale moyenne occupée par l’agriculture traditionnelle de l’ordre de 4,5 millions d’hectares, en adoptant une durée moyenne de mise en culture de 3 ans et estimant que 30% seulement de ménages agricoles seraient touchés par des projets d’intensification agricole, on peut valablement admettre que les superficies annuellement emblavées au détriment des superficies forestières (lambeaux forestiers, savanes boisées, forêts secondaires, etc.) représenteraient quelques 900.000 Ha. Toutefois, cette superficie ne doit pas être considérée comme définitivement converties en formations non forestières étant donné que le respect de la durée de la jachère permet une reconstitution forestière progressive.

L’exploitation agricole moderne se rapporte essentiellement aux cultures de rente (café, thé, palmier à huile, hévéa, cacao, quinquina, canne à sucre -). L’évolution de la production et des exportations de ces cultures connaît une baisse constante depuis 1990 due à la conjugaison de plusieurs facteurs : faible compétitivité au plan international (qualité), vestusté de l’outil de production, délabrement des infrastructures, insuffisance de la recherche et de la vulgarisation, épidémies diverses… La baisse continuelle des exportations aura une incidence défavorable dans un avenir proche sur la balance des paiements.

Afin d’atténuer les pressions agricoles sur les terres forestières, le Ministère de l’agriculture s'attelle à promouvoir des stratégies basées sur une agriculture intensive, notamment par la diffusion des méthodes durables, la promotion de technologie de production de production appropriée.

La politique et les stratégies préconisées visent:

la promotion de la recherche – développement (vulgarisation et encadrement des agriculteurs);

l’intensification des statistiques de production;

le désenclavement des régions agricoles (routes de desserte agricole);

la réhabilitation des industries et la promotion de la commercialisation;

la remise en état des exploitations agricoles (plantations et fermes) abandonnées;

la relance du système des crédits au titre de campagnes agricoles et la création d’une caisse de stabilisation des prix des produits agricoles;

la promotion et la diversification des échanges commerciaux avec les pays limitrophes;

la reconversion des vielles plantations qui immobilisent inutilement les terres.

2.4. Situation des industries

L’industrie congolaise, de structure néo-coloniale, est constituée de deux sous-secteurs, à savoir:

le sous-secteur primaire, c’est-à-dire de première transformation;

le sous-secteur secondaire, comprenant essentiellement l’ensemble des industries manufacturières.

Le premier sous-secteur est destiné au marché extérieur tandis que le second est essentiellement orienté vers le marché intérieur.

La R.D.C possède un fort potentiel de développement de son secteur industriel: abondance des ressources naturelles; disponibilité d’une main d’œuvre permanente, existence d’un Code des investissements attrayant; disponibilité d’un potentiel énergétique des plus importants du monde…

Malheureusement, l’industrie congolaise ne joue pas son rôle dans l’épanouissement économique de la nation. En effet, à la suite de différents problèmes, le secteur industriel a cumulé, depuis plus de deux décennies, des résultats particulièrement faibles en dépit des quelques actions envisagées et menées par le pouvoir politique et les organismes de promotion industrielle. Les pillages successifs de 1991 et 1993 sont venus aggraver la situation déjà précaire qui s’est traduite par un effondrement de la production, de l’emploi et la dégradation subséquente du volume des investissements voire, la disparition de certaines unités de production.

Le tableau suivant indique l’évolution de la contribution du secteur industriel au PIB entre 1985 et 1995.

Tableau 3: Contribution du secteur industriel au PIB / en milliards de Zaïres en 1987

Année

1985

1986

1987

1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

PIB prix du marché

800,00

861,00

861,00

865,99

854,1

789,0

730,80

654,30

565,80

545,90

547,70

Valeur ajoutée dans PIB (1)

113,60

118,30

122,90

126,00

118,90

90,7

72,50

50,90

44,80

44,00

50,60

Proportion en %

14,2

14,1

14,3

14,6

13,9

11,4

9,9

7,8

7,9

8,0

9,2

Source: Banque Centrale du Congo, rapport annuel 1996.

La République Démocratique du Congo est donc plongé dans une phase de désindustrialisation depuis 1985 et en 10 ans, la contribution du secteur industriel au PIB a chuté de près de 60%.

Bref, l’industrie congolaise présente les caractéristiques suivantes:

l’extraversion, qui place le secteur sous une triple dépendance à savoir:

dépendance commerciale, tant des débouchés extérieurs en ce qui concerne l’acquisition des biens d’équipement et d’autres intrants que d’écoulement des produits primaires et bruts ne rencontrant généralement pas une demande intérieure directe ou indirecte;

dépendance technologique (achat des technologies, pièces de rechange, brevets et licences de fabrication…);

dépendance financière et économique ; hormis des PME, l’industrie congolaise est caractérisée par la prédominance des capitaux étrangers;

la désarticulation ou le déséquilibre au niveau de la structure des activités économiques ainsi que de l’intégration sectorielle. D’où l’existence des dysfonctionnements notamment: entre l’industrie et l’agriculture; entre l’industrie lourde et l’industrie mécanique de base; au niveau de l’approvisionnement; au niveau des marchés locaux et de la distribution, des unités de production; dans l’organisation des acteurs et des activités; dans les modes de paiement; dans les systèmes incitatifs et fiscaux etc.

La prédominance des industries de biens de consommation constituant 69% de la valeur ajoutée contre 31% pour les biens d’approvisionnement et d’équipement.

La polarisation inappropriée des activités industrielles à travers les provinces: Kinshasa (53%), Katanga (17,4%), Bas-Congo (9,6%) et les huit autres provinces restantes se partageant les 19,9%

2.5. Situation des Infrastructures de transport

La République Démocratique du Congo se trouve confronté aux effets conjugués de la dispersion des populations, des ressources naturelles et de l’éloignement des zones de production souvent reculées des centres de consommation et des ports d’exportation.

Tout ceci nécessite le développement d’un réseau de transport et communication dense pour désenclaver les régions et assurer le contact entre peuples (transports des biens et des personnes).

Le système actuel des transports comprend 4 réseaux distincts interconnectés et complétés à des points stratégiques par un réseau urbain. Il s’agit des réseaux: routier, ferroviaire, des voies navigables et aériennes. Les trois premiers intéressent directement le secteur forestier.

Le service de transport est l’œuvre de 4 principaux intervenants : l’Etat (à travers ses ministères mandatés), les offices, les sociétés et les Régies chargés de l’exploitation et de la gestion proprement dires et les opérateurs économiques privés. Ces derniers éprouvent malheureusement des difficultés qui entravent la prospérité de leurs entreprises, résultant notamment d’un environnement socio-économique malsain et d’un délabrement prononcé des infrastructures.

Le réseau routier assure environ 50% du trafic intérieur soit plus au moins 30 millions de tonnes dans les conditions normales. Il est composé de 152.400 km répartis comme suit:

58.000 Km des routes d’intérêt général dont environ 95% sont dans un état de délabrement poussé;

87.000 Km des routes d’intérêt local dont 70% sont dégradés;

7.400 Km de voiries urbaines détruites à 90% environ.

Les voies ferrées principales non interconnectés représentent une longueur de 5.032 Km. Ce réseau se caractérise par un état de destruction de l’ordre de 80%, le vieillissement du matériel roulant dont l’âge moyen est de 40 ans; l’inopérationalité du système des télécommunications (± à 80%); l’insuffisance du matériel dont le niveau représentait en 1998 40% de celui de 1974. Dans l’espace d’environ 10 ans ; le tonnage transporté a baissé d’environ 82%.

Les voies d’eau navigables comprennent 16.000 Km subdivisé en trois biefs, à savoir:

le bief maritime, long de 150 Km et allant de Matadi à Banana;

le bief moyen, comprenant le fleuve (Kinshasa – Kisangani), la rivière Kasaï et leurs affluents totalisant 13.458 Km;

le bief supérieur comprenant le Lualaba et les lacs, totalise 2.630 Km.

Environ 50% du commerce extérieur du pays passe par le bief maritime du fleuve Congo, constituant le maillon aval de la voie routière nationale. L’ensemble du réseau navigable du pays n’est entretenu que dans l’ordre de 37,5%, soit 6.000 Km.

2.6. Secteur Energétique

L’énergie est indispensable au développement industriel et à la satisfaction des besoins en énergie domestique des ménages. Les besoins globaux en énergie du pays ont été estimés à 8,3 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP), dont 86 % pour l’énergie domestique, 6% pour l’industrie et 8% pour le transport.

L’examen de différentes sources d’approvisionnement pour la satisfaction des besoins énergétiques se présente comme suit :

Bois 86 %

Electricité 4 %

Pétrole 9 %

Charbon minéral 1 %

En matière énergétique, La République D&e acute;mocratique du Congo dispose d’un important potentiel énergétique diversifié, constitué essentiellement de:

ressources non renouvelables: charbon, uranium, gaz naturel, schistes bitumeux, sable asphaltique;

ressources renouvelables : énergie de biomasse (bois) et bio gaz, énergie solaire, énergie éolienne, énergie géothermique et hydroélectricité;

ressource en eau : eau naturelle, eau minéral et eau thermale.

Le potentiel hydroélectrique est estimé à environ 100.000 MW dont 42% sont concentrés dans le barrage d’Inga au Bas-Congo. Ce potentiel équivaut à lui seul à 30 millions de TEP par an, soit de quoi satisfaire les besoins énergétiques actuels quatre fois environ.

Le taux actuel de desserte de l’énergie électrique des ménages part la Société Nationale d’Electricité reste cependant très faible. De l’ordre de 5,67%, il se répartit entre différentes provinces de la manière suivante : Maniema (0,11%), Kasaï – Oriental (0,16%), Bandundu (0,22%), Kasai-Occidental (0,49%), Katanga (4,34%), Sud Kivu (5,04%), Bas-Congo (9,27%) et Kinshasa (37,6%).

Comme on peut le constater, le programme d’électrification du pays ne progresse que très timidement. Le bois continuera encore pour longtemps de fournir et de satisfaire les besoins en énergie domestique des ménages. L’industrialisation dans les principales sites de production forestière restera hypothétique compte tenu de l’évolution actuelle de la desserte en énergie.

2.7. Politiques forestières

Au terme de la loi foncière, les forêts congolaises constituent une propriété domaniale. Il revient ainsi à l’Etat de concevoir une politique de gestion appropriée et de remplir son rôle de gardien des intérêts de la société.

Le domaine forestier est régi par le décret royal du 11 avril 1949 complété par quelques textes actualisés qui se rapportent essentiellement à l’exploitation forestière et regroupée dans «le Guide de l’exploitation forestier».

Un code forestier a été préparé en 1979, puis révisé et amendé en 1989. Celui-ci prévoit le classement des forêts en 4 catégories:

les forêts protégées, constituant le domaine public de l’Etat;

les forêts à combustibles;

les forêts de production;

les forêts vacantes.

Les 3 dernières catégories font partie du domaine privé de l’Etat qui peut les concéder aux tiers pour exploitation sous certaines conditions. Dans les forêts protégées par contre, l’exploitation forestière ne peut s’exercer, à l’exclusion des droits d’usage des populations rurales et autochtones.

La politique nationale en matière de la gestion des ressources forestières vise à promouvoir une exploitation forestière basée sur un rendement soutenu appuyé d’une industrie forestière forte et performante en vue d’accroître la contribution du secteur au développement socio-économique du pays. Pour ce faire, les objectifs suivants ont été visés:

Augmenter progressivement la production de bois pour atteindre en état de croisière une production annuelle de 6.000.000 de m3;

Installer une industrie forestière performante en vue d’augmenter la valeur ajoutée des produits exploités;

Construire des infrastructures de base permettant l’évacuation et la transformation locale (routes, voies ferrées, ports, balisage et dragage de la voie fluviale, installation de l’énergie électrique, etc..);

Créer un climat de confiance et des conditions d’incitation à l’investissement privé grâce à une volonté politique manifeste;

Assurer la conservation des écosystèmes forestiers par l’érection des aires protégées et la mise en place des programmes d’inventaire et d’aménagement forestier, y compris le reboisement;

Renforcer les capacités institutionnelles de gestion, la recherche et la formation.

Pour traduire dans le fait cette volonté politique, il a été organisé au cours du mois de mai 2000, un forum national sur la politique forestière avec comme thème principal: «Pour un Développement harmonieux et durable du secteur forestier». La suite devra déboucher sur la formulation et l’adoption d’une politique forestière nationale adaptée au contexte de l’heure.

En fonction des principaux domaines du secteur forestier les objectifs de la politique gouvernementale se résument ainsi:

Production de bois d’œuvre

renforcement de la réalisation des inventaires forestiers en vue d’une meilleure connaissance des forêts et d’une meilleure planification de leur exploitation;

augmentation progressive de la production de bois pour atteindre en l’an 2000 un volume annuel de 1,2 millions de mètres cubes (et non 6 millions de m3 comme prévu initialement) ;

diversification des essences à exploiter et transformation locale plus poussée du bois ;

amélioration des infrastructures de transport et de manutention du bois.

Production de bois de feu

création des plantations à but «énergie» autour des principaux centres urbains;

production et diffusion des foyers et cuisinières améliorées;

vulgarisation des techniques améliorées de carbonisation;

amélioration des conditions d’existence de la femme.

Conservation des écosystèmes forestiers

protection des espèces de faune et de flore menacées d’extinction;

extension des aires protégées (qui actuellement représentent 9,6% de la superficie nationale) pour atteindre 15% du territoire national,

implication des populations riveraines dans la conservation et la gestion des aires protégées.

Développement de l’écotourisme.

Utilisation des terres forestières

mise en place d’un mécanisme de consultation entre les principaux utilisateurs de terres;

contrôle de la dégradation des ressources forestières et des terres (lutte anti-érosive, protection contre les feux de brousse et aménagement des bassins versants);

établissement d’un zonage en fonction des différentes utilisations concurrentes;

promotion de l’agroforesterie et des espèces multi-usages;

reconstitution forestière dans les forêts dégradées ainsi que dans les zones de savane.

Commerce

amélioration de la qualité des produits sur le marché et encadrement du secteur informel;

consolidation de la position de la République Démocratique du Congo sur le marché international;

harmonisation avec les politiques internationales, des normes sur le commerce international des produits forestiers (ATIBT et SATA);

révision régulière de la mercuriale de bois par rapport aux tendances du marché.

Participation des communautés locales

implication des ONG dans l’encadrement des populations;

création d’équipes polyvalentes chargées de vulgarisation des méthodes culturales améliorées.

Education et formation

organisation à tous les niveaux, de l’éducation et de la formation relative à la gestion des ressources naturelles,

éducation mésologique des populations.

Recherche

réalisation de recherches appliquées (agroforesterie, gestion et exploitation des ressources forestières, dynamique du couvert végétal, etc.).

Développement institutionnel

restructuration et renforcement de l’administration forestière;

révision de la législation forestière.

2.8. Autres facteurs pouvant influencer le secteur forestier

 

2.8.1. Développement du secteur informel

Comme conséquence de la crise économique exprimée par les chiffres hauts, la population qui est paupérisée toujours davantage d’année en année, a développé des activités économiques en informel, pour survivre.

Le secteur informel a pris de l’ampleur surtout après les pillages auxquels il a été fait déjà allusion. Le secteur de services est celui qui est le plus marqué par l’informel : menuiserie, cordonnerie, couture, coiffure, réparations diverses, construction métallique légère, boulangerie, pâtisserie, élevage, etc.. sont autant d’activités qui se sont multipliées en informel, très souvent, sans structure formalisée.

C’est dans ce contexte qu’il faut situer la prolifération des organisations non gouvernementales (ONG) aujourd’hui disséminé à travers tout le pays. Ce fait a été davantage encouragé indirectement par la préférence des bailleurs des fonds extérieurs de travailler avec les ONG plutôt qu’avec le Gouvernement Congolais.

Le mouvement ONG est un phénomène aussi vieux que la colonisation du pays. Il est né au Congo belge d’alors, de l’initiative des missionnaires (principalement) et de quelques volontaires expatriés.

Soucieux de rendre ce mouvement plus efficace, le Gouvernement s’y est intéressé et s’est concerté avec les ONG en vue de les structurer. C’est ainsi qu’en 1974, le ministère du Plan a initié une concertation avec les bailleurs des fonds, dont le PNUD afin de réfléchir sur l’évolution du mouvement et sur l’appui que l’on pouvait lui apporter. De 1986 à 1996, le nombre des ONG recensées est passé de 275 à 1.322, inégalement réparties du point de vue géographique. La répartition de ces ONG selon leur nature juridique montre que la plupart d’entre elles sont des Associations (64,6%) ou des Comités de développement (21,6%), les coopératives quant à elles représentent 8,2% de l’ensemble des ONG. La ville de Kinshasa compte près de 25% de ces ONG contre 2% dans la Région du Maniema.

La concertation entre le Gouvernement et les ONG a permis à ces dernières d’assurer leur indépendance et leur autonomie financière vis-à-vis du Gouvernement tout en mettant en place des structures de concertation et de collaboration entre les ONG, le Gouvernement et les bailleurs de fonds.

Grâce à ce mouvement, les femmes qui jouent un rôle capital dans l’économie du Congo (particulièrement dans l’informel) sont en train de s’organiser par-ci par-là pour remplir effectivement leur rôle.

 

2.8.2. Conflits et Guerres

La République Démocratique du Congo possède 9.375 km de frontières avec 9 pays : au Nord, la République Centrafricaine et le Soudant; à l’Est, l’Ouganda, le Ruanda, le Burundi et la Tanzanie ; au sud, la Zambie et l’Angola; à l’Ouest la République du Congo et l’Enclave du Cabinda.

A cause de ce voisinage, les conflits internes dans chacun de ces pays ont eu des répercussions sur le pays. Ainsi, la guerre civile et les troubles inter-éthniques au Ruanda et au Burundi en 1994, ont provoqué le déplacement de plusieurs milliers de personnes à l’Est qui ont exercé une forte pression sur les ressources de l’Environnement.

En août 1998, une guerre qui n’en finit pas avait éclaté. Aujourd’hui près de la moitié du territoire nationale se trouve occupée. Il s’agit essentiellement des zones à fort potentiel de développement forestier. Cette situation présente des avantages, mais aussi des inconvénients en matière d’exploitation forestière.

Comme avantages, elle occasionne un gel des ressources du fait que le territoire occupé se trouve ainsi enclavé par rapport aux voies de sortie (Kinshasa, Matadi, et Boma) en plus d’être désavantageux du point de vue de l’énergie.

Par contre, elle provoque une surexploitation dans le territoire sous contrôle gouvernemental du fait que l’Etat se trouve dans l’obligation de mettre en valeur les forêts, pour lui procurer des revenus nécessaires. Les forêts résiduelles et les plantations du Mayumbe dans le Bas-Congo ainsi que les forêts du Bandundu sont celles qui sont actuellement visé. Il y a donc risque, au cas où la guerre persisterait, que ces massifs soient fortement entamés et épuisés.

 

2.8.3. Convention et accords internationaux relatifs à la gestion durable des ressources environnementales

La République Démocratique du Congo est signataire de plusieurs conventions et accords en matière de gestion de l’environnement (annexe). Le pays se trouve dans l’obligation morale d’œuvrer à l’atteinte des objectifs qui y sont fixés. C’est dans ce cadre qu’on peut situer l’élaboration du Plan d’Action Forestier National dans le cadre du PAFT (1990), du Plan d’Action Environnemental – PNAE (1996), de la Stratégie Nationale et Plan d’Action de la Diversité Biologique – SNPA – DB (1999). De même, dans le cadre de la Convention sur la Lutte contre la Désertification (CCD), l’élaboration d’un plan d’action national est envisagée.

 

 

2.8.4. Gestion de l’information environnementale

L’information environnementale permet d’améliorer le système de production et de gestion des ressources ainsi que la protection de l’environnement. Elle est la base des processus d’analyse et de décision qui sous-tendent, à leur tour, une action efficace. C’est donc en vue de concrétiser les objectifs du Programme Régional de gestion de l’Information Environnementale (PRGIE), que la République Démocratique du Congo a mis en place en juin 1998, le Centre National de l’Information Environnemental (CNIE) en vue de répondre aux préoccupations inhérentes aux lacunes constatées dans la production, le traitement, l’analyse, la valorisation et la circulation de l’information environnementale. Ce centre est ainsi appelé à créer des banques des données, à les diffuser dans le but d’aider les décideurs et les planificateurs à disposer des éléments d’analyse fiables. Dans sa programmation, le CNIE prévoit mettre en œuvre des projets relatifs au suivi des allocations forestières et à la tenue des statistiques forestières.

 

2.8.5. Ecole Régionale Post-universitaire d’Aménagement et de Gestion Intégrés des Forêts Tropicales (ERAIFT)

La République Démocratique du Congo abrite depuis 1998, une école post-universitaire régionale. Les enseignements se font suivant une approche systémique et intégrée de l’aménagement du territoire. C’est donc une opportunité pour le pays, qui compte l’essentiel des étudiants inscrits actuellement, d’avoir des cadres imprégnés d’une vision intégrée d’approche dans le milieu forestier.

 

2.8.6. Tourisme

Par la variété de ses milieux naturels et la richesse de ses parcs, la République Démocratique du Congo possède un potentiel touristique exceptionnel. Malheureusement, ceci reste à l’état du potentiel ; car nettement sous-rentabilisé.

En effet, même en période de paix, le secteur de tourisme n’a pu drainé en moyenne qu’environ 35.000 touristes par an. L’objectif étant d’augmenter ce chiffre à 100.000. Les principaux axes d’attraits touristiques identifiés comprennent: Kinshasa et le Bas-Congo (axe Kinshasa – Océan), l’axe Kivu – Province Orientale et le Katanga.

 

 

Previous PageTop Of PageNext Page