Les forêts couvrent un peu plus de la moitié du territoire national. De par leurs étendues, elles viennent au troisième rang mondial des pays de la bande intertropicale (après le Brésil et l'Indonésie). Les superficies exactes couvertes par divers types de formations forestières varient d'une source à l'autre. On estime que plus de 60 % des forêts denses congolaises seraient susceptibles de faire l'objet d'une exploitation forestière soutenue.
L'utilisation des terres forestières se répartie entre : l'exploitation forestière, l'exploitation pour le bois de feu et/ou de service, la récolte des produits forestiers non ligneux y compris les animaux, l'agriculture et l'élevage, la protection essentiellement pour le tourisme et la recherche, l'extraction de minerais et les infrastructures humaines.
Malgré ses potentialités naturelles et humaines, la République Démocratique du Congo demeure l'un des pays les plus pauvres du monde, avec un PIB/habitant estimé à 110 $US en 1998. Le pays possède pourtant des atouts pour son décollage économique : un riche sous-sol minier, le quatrième potentiel hydroélectrique du monde, un potentiel touristique exceptionnel de par la variété et la richesse de ses écosystèmes naturels, mais qui demeure malheureusement sous exploité et donc sous - rentabilisé.
En matière d'exploitation forestière, il se manifeste une volonté affirmée d'accroître la production de bois d'œuvre qui jusqu'ici stagne à un faible niveau comparativement à la possibilité annuelle qui y est offerte. C'est encore le bois qui constitue actuellement la source d'énergie la plus utilisée par la population et le problème d'approvisionnement en cette denrée se pose déjà autour des grandes agglomérations et dans les principaux axes de peuplement humain.
Le déséquilibre dans le développement économique est également visible entre les différentes provinces du pays. La cuvette centrale, très nantie en forêts, est particulièrement défavorisée en infrastructure; alors que le Bas-Congo, le Katanga et le Kivu bénéficient d'une évolution plus rapide, souvent au détriment de l'environnement. Le plan de développement national devrait ainsi viser à réduire les pressions de plus en plus croissante sur l'environnement observées dans certaines provinces (notamment Kinshasa, Bas-Congo, le Katanga et le Kivu) tout en encourageant l'ouverture des zones actuellement enclavées (cuvette centrale). Cela permettrait de mettre en place une exploitation rationnelle et durable des forêts au profit d'une part, des provinces déficitaires en bois et des marchés extérieurs d'autre part. Toutefois, les priorités d'intervention devront être définies en fonction des spécificités provinciales. Dans les provinces déficitaires en bois et présentant une forte densité, on s'appuiera notamment sur des plantations d'essences à croissance rapide (pour le bois - énergie et de service), des boisements de protection et des boisements de production pour le bois d'œuvre. Il est également indispensable de prévoir la protection des forêts présentant une importance du point de vue de leur conservation (aires protégées) et de promouvoir un système de gestion communautaire. Par ailleurs, des techniques d'agriculture plus rentables, centrées sur des sites surexploités (périphérie des villes et dans les axes de peuplements denses) devraient être encouragées (subventions et encadrement de qualité).
Les compétences, les moyens d'actions ainsi que la coordination des différentes institutions chargées de la gestion forestière devraient être revus de manière à faciliter l'exécution des grands programmes et objectifs nationaux. Pour ce faire, la mise sur pied d'une structure unique de gestion des forêts intégrant les compétences des services existant et élargissant d'un même coup leurs mandats devrait être une priorité. Cette structure devrait conséquemment être dotée des moyens financiers conséquents et des infrastructures lui permettant une intervention efficace et soutenue sur le terrain (contrôle et surveillance continue).
Les objectifs nationaux tout à fait louables, d'augmentation de la production en bois d'œuvre (6 millions de mètre cube par an) et le développement de l'agriculture vers une autosuffisance alimentaire, peuvent engendrer quelques problèmes à terme s'ils ne sont pas correctement et raisonnablement planifiés. Ainsi, l'on devra agir dans le sens d'un rééquilibrage de l'exploitation du milieu et d'une diversification de son utilisation. La production future de bois d'œuvre devrait d'une part se baser sur l'exploitation des forêts naturelles de la cuvette centrale (amélioration des conditions d'évacuation, promotion d'essence dites "secondaire", implantation des unités de transformation locales…) et l'exploitation des plantations forestières arrivées à maturité dans le Bas-Congo (Mayumbe).
Le développement de l'agriculture vivrière intensive est à promouvoir dans les zones très peuplées et celui de cultures d'exportation génératrices de devises, dans les territoires moins peuplés et sur des sols en jachères en évitant d'entamer de plus en plus les forêts.
Compte tenu du gigantisme du pays, l'amélioration des infrastructures de communication et des possibilités d'évacuation est tout aussi une priorité bien que parfois, elles puissent accélérer l'exploitation des milieux encore peu ou pas touchés. En effet, les grandes distances à parcourir et les moyens de communication largement insuffisants entravent un développement harmonieux et équilibré du pays.
En ce qui concerne l'occupation des terres, la précarité des droits fonciers où l'on note la juxtaposition de deux régimes (traditionnel et étatique) constitue un obstacle à une allocation cohérente des terres pour différentes spéculations prioritaires. Cette situation devrait être analysée et revue dans le sens d'une amélioration.
La loi sur la chasse doit être revue de manière à rentabiliser les domaines de chasse existants et la gestion du potentiel cynégétique tourisme cynégétique (gestion communautaire de la faune sauvage, etc.).
Hormis de nombreuses actions de fond relatives à l'évolution des mentalités, des consciences, l'amélioration de la formation, l'acquisition des connaissances et la circulation de l'information, les orientations stratégiques suivantes devront être considérées:
développer l'éducation et la sensibilisation aux problèmes de l'environnement et de la gestion rationnelle des ressources naturelles;
élaborer de plans directeurs d'aménagement à l'échelle nationale et aux échelles régionales;
améliorer l'exploitation et la reconstitution du capital en bois d'œuvre;
régénérer le potentiel ligneux en bois-énergie;
améliorer la productivité agricole et les voies de communication et d'évacuation des produits et rentabiliser l'utilisation des sols;
compléter la représentativité écologique du réseau des aires protégées en encourageant une gestion intégrée et une approche participative avec les populations locales et riveraines;
restructurer et renforcer les institutions de gestion dans le but d'améliorer la coordination des actions et prévoir des amendements à la législation en diminuant son aspect répressif et parfois incohérent.