
Le coton occupe une place importante dans les échanges internationaux et par les nombreux emplois qu’il génère. En 2001, le commerce des articles à valeur ajoutée dans le secteur de l’habillement a atteint 19,5 milliards de dollars EU, tandis que le commerce du coton brut a représenté 6,3 milliards de dollars EU. Le Comité consultatif international du coton (CCIC) estime à plus de 100 millions le nombre des exploitations agricoles se livrant à la culture du coton dans le monde, mais l’ensemble de la filière en fait travailler beaucoup d’autres.
Les principaux pays producteurs et exportateurs de coton sont la Chine, l’Inde, les États Unis d’Amérique, l’Union européenne et plusieurs pays d’Asie centrale et d’Afrique. La production de coton de la Chine a varié considérablement, mais ce pays est toujours le plus gros exportateur mondial de tissu d’habillement et reste un marché potentiel pour les exportateurs de coton brut.

Avec le coton transgénique et l’avènement de nouvelles productions peu coûteuses et avec l’application de l’Accord sur les textiles et les vêtements, la production mondiale de coton devrait augmenter de 1,5 pour cent par an. Cela portera le volume du commerce de coton à 6,5 millions de tonnes en 2010, soit environ 9 pour cent de plus que son niveau actuel.
L’accroissement de la consommation finale de coton est largement attribuable aux pays développés, qui importent de plus en plus de vêtements et de textiles des pays en développement. La consommation des cotonneries et les importations de coton brut augmentent dans les pays en développement, particulièrement dans les pays d’Asie nouvellement industrialisés. Si pour le coton brut, l’essentiel du commerce va des pays développés vers les pays en développement, les échanges entre ces derniers sont également en expansion. Des pays d’Afrique orientale comme le Burkina Faso, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Mali, mais aussi l’Égypte, le Soudan, le Zimbabwe et la Tanzanie développent leurs exportations de coton. L’Afrique exporte aujourd’hui plus de 20 pour cent du coton brut vendu sur les marchés internationaux. Les pays en développement d’Asie assurent 55 pour cent des importations mondiales, le reste étant principalement absorbé par l’Europe tandis que le Mexique est aussi un importateur non négligeable.
Les subventions pratiquées par certains pays développés faussent les mouvements de la production et du commerce de coton. Les États Unis d’Amérique et l’Union européenne, qui représentent ensemble 25 pour cent de la production et 35 pour cent des exportations à l’échelle mondiale, soutiennent leurs producteurs, ce qui favorise l’accroissement de la production et des exportations et entraîne une baisse des cours. Les producteurs de nombreux pays en développement, dont beaucoup en Afrique, sont confrontés au rétrécissement de leurs marchés d’exportation et voient leurs recettes diminuer. D’après le CCIC, les subventions accordées aux cultivateurs de coton en 1999 se sont chiffrées à 4 milliards de dollars EU aux États Unis d’Amérique, et à 800 millions de dollars EU au sein de l’Union européenne. Une étude du CCIC a estimé que ces aides et celles d’autres pays développés ont réduit les cours du coton d’environ 20 pour cent, soit une perte de 300 millions de dollars EU pour les pays exportateurs de coton africains.
La production de coton assure 5 à 10 pour cent du PIB au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, au Tchad et au Togo, et les recettes provenant des exportations de coton sont déterminantes pour renforcer la sécurité alimentaire dans de nombreux pays d’Afrique. Ce groupe de pays a proposé que les subventions accordées à ce secteur servent au centre des négociations de l’OMC à Cancún et que les pays qui subventionnent leur production indemnisent les producteurs africains. Le Brésil a annoncé à l’Organe des différends de l’OMC son intention d’examiner la question des subventions avec les États-Unis. La diminution du soutien intérieur dans les pays développés donnerait un élan aux cours mondiaux ce qui encouragerait les pays producteurs dans lesquels ce secteur est rentable (beaucoup étant des pays en développement), à accroître leur production.
Les restrictions commerciales frappant le secteur des textiles et des tissus d’habillement ont eu de graves répercussions sur le commerce mondial de ces produits. Des réductions des droits de douane pour tous les articles manufacturés, y compris les textiles et les vêtements, ont été proposées dans le cadre du Programme de Doha pour le développement. Si elles se matérialisent, les marchés mondiaux du coton pourraient changer du tout au tout. Puisque la plupart des pays en développement prélèvent des droits plus élevés sur les textiles (avec un taux approximatif de 20 pour cent contre 10 pour cent environ dans la plupart des pays développés) et que l’on n’y consomme que 25 pour cent environ des textiles produits dans le monde, ces réductions stimuleraient la demande de fibres aussi bien naturelles que synthétiques dans les pays en développement. Vu la taille de la population, les marchés des pays en développement pourraient devenir le principal moteur de la demande mondiale de fibres.
Par ailleurs, la mise en oeuvre de l’Accord sur les textiles et les vêtements devrait éliminer, d’ici 2005, tous les contingents sur les textiles et les vêtements, en plus d’éventuelles réductions tarifaires, et intensifier la concurrence sur le marché mondial des textiles et de l’habillement. Ainsi, de nombreux pays qui, actuellement, fabriquent des textiles à grands frais - il s’agit aussi bien de pays développés que de pays en développement où les prix de revient sont élevés - risquent d’être évincés des marchés des textiles et des vêtements, voire de devenir importateurs ce qui bouleverserait les schémas du commerce mondial du coton. Plusieurs grands pays exportateurs de textiles comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie et le Pakistan, pourraient ainsi se mettre à importer de grosses quantités de coton brut.

Les grands enjeux