La République populaire de Chine (Chine) est le principal producteur mondial de tabac. En 1999, la production de tabac en feuilles avoisinait les 2,4 millions de tonnes, soit près du tiers de la production mondiale. La majeure partie du tabac servait à la fabrication de cigarettes destinées à la consommation intérieure. En 1998, la production globale de cigarette a atteint environ 83 milliards de paquets (20 unités/paquet), représentant près de 30 pour cent de la production mondiale de cigarettes. Il était estimé que plus de 320 millions de Chinois fumaient et que presque 500 millions étaient des fumeurs passifs, ce qui faisait de la Chine le pays consommateur de cigarettes le plus important du monde et, par là même, le plus vulnérable aux risques du tabagisme.
Le tabac a été un produit très rentable en Chine, en particulier pour le gouvernement. Moins de 1 pour cent des terres agricoles étant semées, la production de tabac, parallèlement aux processus de transformation, procurait environ 95 milliards de RMB en taxes et bénéfices pour le gouvernement en 1998, alors que lensemble du secteur agricole ne contribuait que pour 40 milliards de RMB aux recettes fiscales publiques. Les recettes publiques ont totalisé 98,6 milliards de RMB en 1998, mais près du tiers a servi à subventionner les entreprises publiques non rentables, ce qui a résulté en un revenu net de 654,1 milliards de RMB avant les ajustements faits pour inclure les autres financements publics. De ce fait les taxes et les bénéfices tirés de la production de tabac se sont adjugé près de 15 pour cent du revenu national net. Étant donné limportance de son rôle dans les recettes publiques, la production de tabac a été longtemps sous le contrôle de lÉtat. Bien que de nombreuses entreprises industrielles et agricoles se soient partiellement ou entièrement libérées de ce contrôle à la suite des réformes économiques des deux dernières décennies, le gouvernement a édicté la «Loi de la République populaire de Chine relative au monopole du tabac» en 1992 pour renforcer le monopole dÉtat des tabacs. Il est clair que, pour analyser la tendance actuelle et future de la production, de la consommation et des échanges de tabac, il faut tenir compte de limportance de leur contribution aux recettes publiques et de la structure du monopole pour la production, la vente et le commerce.
Après le lancement des réformes économiques en 1978 et la mise en vigueur en 1992 de la loi concernant le monopole du tabac, la production est examinée ici pour trois périodes: 1970-1978, 1979-1992 et 1993-1999 afin de tenir compte des effets de la politique (voir le tableau 3.1).
La production de tabac en Chine sest accrue pendant les trois décennies écoulées. Les quantités moyennes produites annuellement étaient de 0,965, 2,106 et 2,921 millions de tonnes pour les périodes 1970-1978, 1979-1992 et 1993-1999, respectivement. Du fait que les rendements unitaires moyens nont pas augmenté pendant ce temps, laccroissement de la production est attribuable entièrement à lextension de la superficie plantée. Cette superficie a atteint en moyenne 1,75 million dhectares entre 1993 et 1999, soit 213 pour cent de plus quentre 1970 et 1978. Les rendements ont baissé un peu au fil du temps, en raison principalement de lempiétement des plantations de tabac sur des terres marginales et des zones qui nétaient pas traditionnellement productrices de tabac. Le manque de compétences et les conditions agronomiques défavorables de ces nouvelles zones de production ont abaissé le rendement moyen dans le pays. Bien quen Chine presque chaque province produise du tabac, la production sest concentrée dans quelques provinces seulement, à savoir celles du Yunnan, du Guizhou, du Sichuan (y compris la municipalité nouvellement établie de Chongqing) et du Henan. A ces quatre provinces sont imputables près de 60 pour cent de la superficie plantée totale en 1999.
Toutefois, la croissance de la production de tabac sest ralentie ces dernières années. Le taux de croissance annuelle sest élevé à 6 pour cent entre 1970 et 1978, 12 pour cent entre 1979 et 1992 mais 1 pour cent seulement entre 1993 et 1999. Le haut niveau de production en 1997 était le fait dune accumulation des stocks, et la production est restée bien au-dessous de ce niveau pendant les deux années suivantes.
Tableau 3.1 - Superficie, rendement et production du tabac en feuilles, 1970-1999
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Superficie
récoltée |
Rendement moyen |
Production |
|
1970 |
383 000 |
2 050 |
785 000 |
|
1971 |
392 000 |
2 003 |
785 000 |
|
1972 |
422 000 |
1 991 |
840 000 |
|
1973 |
444 000 |
2 140 |
950 000 |
|
1974 |
471 000 |
2 089 |
984 000 |
|
1975 |
565 000 |
1 699 |
960 000 |
|
1976 |
667 000 |
1 454 |
970 000 |
|
1977 |
700 000 |
1 410 |
987 000 |
|
1978 |
783 000 |
1 586 |
1 242 000 |
|
Moyenne 1970-78 |
555 500 |
1 796 |
964 750 |
|
1979 |
625 000 |
1 506 |
941 400 |
|
1980 |
512 000 |
1 758 |
900 000 |
|
1981 |
757 000 |
1 978 |
1 497 000 |
|
1982 |
1 124 000 |
1 939 |
2 179 000 |
|
1983 |
766 960 |
1 800 |
1 380 600 |
|
1984 |
897 000 |
1 994 |
1 789 000 |
|
1985 |
1 313 000 |
1 847 |
2 424 849 |
|
1986 |
1 124 200 |
1 519 |
1 707 142 |
|
1987 |
1 128 000 |
1 723 |
1 943 000 |
|
1988 |
1 554 667 |
1 759 |
2 734 000 |
|
1989 |
1 798 000 |
1 574 |
2 830 353 |
|
1990 |
1 592 600 |
1 650 |
2 627 082 |
|
1991 |
1 804 670 |
1 680 |
3 031 000 |
|
1992 |
2 092 900 |
1 672 |
3 498 561 |
|
Moyenne 1979-92 |
1 220 714 |
1 743 |
2 105 928 |
|
1993 |
2 089 000 |
1 652 |
3 451 000 |
|
1994 |
1 489 750 |
1 502 |
2 238 000 |
|
1995 |
1 470 000 |
1 574 |
2 314 000 |
|
1996 |
1 853 000 |
1 745 |
3 234 000 |
|
1997 |
2 353 000 |
1 807 |
4 251 000 |
|
1998 |
1 361 000 |
1 737 |
2 364 000 |
|
1999 |
1 600 000 |
1 625 |
2 600 000 |
|
Moyenne 1993-99 |
1 745 107 |
1 663 |
2 921 714 |
La production de tabac en Chine a fait preuve dune grande instabilité au fil des ans, et pour la période 1979-1992, lécart type était de 0,79 million de tonnes contre une moyenne de 2,11 millions. La production en 1981, par exemple, était supérieure de 66 pour cent à celle de lannée précédente, alors quen 1986 elle est tombée de 30 pour cent par rapport à 1985. Bien quentre 1993 et 1999 la stabilité ait été moins prononcée quentre 1979 et 1992, elle était encore très marquée. Les variations du rendement étaient responsables de certaines des fluctuations de la production, mais le facteur principal a consisté dans les changements dans la superficie plantée. Les variations dans les rendements dune année à lautre au cours des trois décennies écoulées nont jamais dépassé 15 pour cent, sauf en 1986, quand les conditions atmosphériques particulièrement défavorables ont endommagé plusieurs grandes régions productrices. Cependant, la superficie plantée a fait lobjet de variations de plus ou moins 40 pour cent au fil des ans. Cette instabilité a souvent été attribuée à lintervention directe du gouvernement dans le cadre du système de planification centrale.
Au titre de la loi de la République populaire de Chine relative au monopole du tabac, le gouvernement central contrôle la production de tabac. Le Comité de planification de lÉtat formule un plan dachat qui est mis en oeuvre par ses organismes au niveau du comté. Sur la base de ce plan, la Société de production, dachat et de vente du tabac en feuilles de Chine, une unité industrielle du monopole dtat signe des contrats dachat avec les planteurs par le biais de ses organismes locaux. Les superficies à planter sont indiquées dans le contrat. Les intrants pour la production de tabac, comme les semences et les engrais, peuvent également être spécifiés et fournis par les société productrices de tabac de lÉtat à des prix fixes, qui pourraient être inférieurs aux prix du marché. Ces subventions implicites aux intrants nont pas nécessairement des impacts particuliers sur la décision de produire des tabaculteurs car ils sont contraints par les contrats dachat des sociétés productrices publiques et sont tenus de vendre toute leur production à lÉtat aux prix dachat fixés. Du côté du gouvernement, le coût des subventions aux intrants est compensé par la fixation de prix dachat plus modestes. Limpact limité des subventions aux intrants est également attribuable au monopole quexerce lÉtat sur la commercialisation du tabac en feuilles.
Au titre de la loi, les sociétés publiques productrices de tabac sont les seuls acheteurs de tout le tabac en feuilles produit par les planteurs. Aucune quantité de tabac en feuilles produite dans le cadre des programmes de lÉtat ne peut être vendue sur le marché, et ni les particuliers ni les sociétés ne sont autorisés à commercialiser le tabac. Les planteurs doivent vendre la totalité de leur production à lÉtat à des prix dachat fixés par ce dernier, sur la base de catégories établies. La société publique productrice de tabac est tenue dacheter, aux prix fixés, tout le tabac en feuilles produit par les planteurs sur les superficies établies par contrat.
Tout échange de tabac en feuilles entre les provinces ou au sein des provinces doit correspondre aux programmes formulés par le département de la planification de lÉtat ou de la province. Sans la permission du gouvernement, le tabac en feuilles ne peut être transporté dun endroit à lautre. Le gouvernement exerce un contrôle énergique par le biais de la planification de la production, létablissement par contrat des superficies à planter, la fixation des prix et le contrôle de la commercialisation.
Les administrations locales participent aussi directement au contrôle de la production de tabac. Elles mettent en oeuvre le plan de production assigné par le département de la planification de lÉtat, et aident les compagnies publiques productrices de tabac à négocier et signer les contrats de production avec les planteurs. À leur tour, les administrations locales perçoivent une taxe spéciale sur le produit agricole de 20 pour cent une fois que les compagnies productrices ont acheté le tabac en feuilles auprès des planteurs. De ce fait, ces recettes fiscales représentent une part importante du revenu budgétaire des administrations locales dans les grandes provinces productrices de tabac. Par exemple, à Xiao Shi Qiao, une ville du Yunnan, les recettes totales sélevaient 3,2 millions de RMB en 2000, dont 2,3 millions provenaient de la taxe spéciale sur le produit agricole frappant le tabac.
Étant donné que la majorité du tabac est utilisé pour la production de cigarettes, cest la demande de cigarettes qui détermine pour lessentiel lutilisation du tabac en feuilles en Chine.
Daprès les statistiques nationales, la consommation annuelle par habitant sest accrue passant de 38 paquets en 1980 à 70 paquets en 1995, mais elle est tombée par la suite à 65 en 1999 (tableau 3.2). Le nombre estimé de fumeurs de cigarettes en Chine étant de 320 millions, la consommation annuelle de cigarettes par fumeur sélèverait à environ 240 paquets (voir lappendice sur les statistiques de la consommation).
Tableau 3.2 - Consommation et prix des cigarettes, et revenu des ménages
|
Année |
Consommation (paquets par personne) |
Prix des cigarettes (par paquet en RMB de 1978) |
Revenu réel du ménage rural (par hab. en RMB de 1978) |
Revenu réel du ménage urbain (par hab. en RMB de 1978) |
|
1980 |
38 |
0,27 |
139,00 |
347,03 |
|
1985 |
58 |
0,44 |
268,90 |
499,86 |
|
1990 |
71 |
108 |
311,20 |
684,79 |
|
1995 |
70 |
1,92 |
383,70 |
1 041,63 |
|
1996 |
67 |
1,98 |
418,20 |
1 050,63 |
|
1997 |
67 |
2,04 |
437,40 |
1 079,91 |
|
1998 |
66 |
1,86 |
456,80 |
1 146,25 |
|
1999 |
65 |
1,78 |
462,80 |
1 221,50 |
Sources: Bureau des statistiques de Chine, Annuaire des statistiques de Chine, différents numéros.
De toute évidence, les modèles de la demande de cigarettes sont beaucoup plus complexes que pour la plupart des produits de consommation et, en Chine en particulier, des facteurs autres que le prix et les revenus peuvent influencer la demande:
Il existe plus de 1 000 différentes marques de cigarettes dont le prix varie pour les marques populaires entre 2 et 40 RMB. Le grand nombre de marques et les énormes différences de prix fournissent damples possibilités pour les fumeurs de changer de type de cigarettes plutôt que dadapter la quantité consommée en fonction du changement de prix. Tout en étant inefficace aux fins de réduire la consommation, cette mesure pourrait être improductive si, comme il paraît probable, les cigarettes de faible qualité sont plus nuisibles pour la santé.
Les cigarettes, en particulier celles ayant un nom commercial, ont été lun des cadeaux les plus populaires en Chine pendant des décennies. La théorie de la demande type ne sapplique pas toujours aux produits offerts comme cadeaux dont la demande pourrait être largement déterminée par dautres facteurs économiques et non économiques.
Les risques associés à la consommation de tabac ont été soulignés de façon croissante dans la publicité, et des restrictions ont été imposées sur lusage de la cigarette dans les lieux publics, y compris les écoles. En outre, des changements de politique ont fait retomber sur les particuliers certains des coûts des soins de santé. Il a été signalé quun nombre croissant de fumeurs au-dessus de 40 ans ont cessé de fumer pour des raisons de santé. Ce fait a contribué à la baisse de la consommation de cigarettes depuis 1995.
Daprès les données dune enquête sur les ménages, cette baisse de consommation, qui est évidente dans de nombreuses provinces depuis 1995, na pas entraîné une hausse de la consommation de produits alimentaires ou dautres produits agricoles. Cest ainsi que, daprès lEnquête sur les ménages ruraux de Chine, la consommation nationale moyenne de cigarettes par membre du ménage rural a fléchi de plus de 20 pour cent, passant de 30 paquets en 1995 à 23,6 paquets en 1998 (tableau 3.3). Du fait que le prix moyen des cigarettes na guère varié entre 1995 et 1998, la consommation réduite de cigarettes, conjuguée à laccroissement des revenus, devrait permettre aux ménages dacheter de plus grandes quantités dautres produits. Cependant, on nobserve que de petits accroissements des dépenses familiales consacrés aux denrées alimentaires. De fait, en 1998 les dépenses familiales destinées aux produits céréaliers et non céréaliers étaient inférieures denviron 8 pour cent et 4 pour cent respectivement à celles de lannée précédente. Laugmentation la plus importante dans les dépenses familiales a concerné le transport, la communication, léducation et les loisirs, ainsi que le logement.
Tableau 3.3 - Frais de subsistance par habitant dans les ménages ruraux, 1980-98
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1980 |
1985 |
1990 |
1995 |
1997 |
1998 |
|
Dépenses pour les cigarettes (RMB) |
5,64 |
12,34 |
36,34 |
60,53 |
54,19 |
49,14 |
|
Paquets achetés (Nbre.) |
18,20 |
26,00 |
31,80 |
30,00 |
25,00 |
23,60 |
|
Aliments (RMB) |
100,19 |
183,43 |
343,76 |
768,19 |
890,28 |
849,64 |
|
Aliments de base (RMB) |
60,58 |
83,24 |
135,47 |
316,72 |
329,01 |
303,45 |
|
Aliments non de base (RMB) |
35,27 |
73,01 |
146,09 |
316,40 |
381,50 |
364,11 |
|
Autres aliments (RMB) |
4,36 |
22,56 |
49,45 |
102,60 |
132,03 |
126,35 |
|
Habillement (RMB) |
19,99 |
30,86 |
45,44 |
89,79 |
109,41 |
98,06 |
|
Logement (RMB) |
22,46 |
57,90 |
101,37 |
182,21 |
233,23 |
239,62 |
|
Médicaments et soins de santé (RMB) |
- |
7,65 |
19,02 |
42,48 |
62,45 |
68,13 |
|
Transport et communication (RMB) |
19,57 |
5,48 |
8,42 |
33,76 |
53,92 |
60,68 |
|
Services et articles relatifs à la culture, léducation et les loisirs (RMB) |
- |
12,45 |
31,38 |
102,39 |
148,18 |
159,41 |
|
Autres produits et services (RMB) |
- |
3,40 |
4,34 |
23,06 |
34,27 |
32,87 |
|
Dépenses totales (RMB) |
162,21 |
317,42 |
584,63 |
131036 |
1617,15 |
1590,33 |
Dans les années 1960 et 1970 les cigarettes ont été rationnées, mais le gouvernement na eu aucun contrôle direct sur leur consommation depuis 1980. Les fumeurs nont plus besoin de coupons émis par le gouvernement pour acheter des cigarettes auprès des détaillants. Labandon du rationnement des cigarettes à la fin des années 1970 a été largement responsable de la brusque flambée de la consommation de cigarettes au début des années 1980. Toutefois, le gouvernement recourt à dautres moyens pour influencer la consommation. Au titre de la loi relative au monopole du tabac, toute entreprise ou particulier se livrant à la vente au détail de produits à base de tabac doit obtenir une licence de lAdministration du monopole du tabac. Le gouvernement fixe aussi les prix des cigarettes. Au titre de la loi, lAdministration du monopole du tabac, de concert avec lAdministration des prix de lÉtat, fixe les prix de certaines marques choisies de cigarettes. Les prix des autres marques sont établis par lAdministration du monopole du tabac ou ses organismes provinciaux, en fonction des prix fixés pour les marques choisies. Les prix de ces cigarettes sont déterminés par lAdministration du monopole du tabac sans intervention directe de lAdministration des prix de lÉtat.
Lintervention du monopole dÉtat dans la fabrication de cigarettes exerce un impact important sur la demande de tabac en feuilles. Il existe environ 150 fabriques de cigarettes gérées par lÉtat en Chine. Au titre de la loi sur les monopoles, la production de cigarettes dans toutes les fabriques était contrôlée directement par le Comité de planification et lAdministration du monopole du tabac par le biais dun plan de production annuel pour chaque fabrique, lequel non seulement établissait la production totale envisagée, mais aussi les contingents pour les différentes catégories et marques de cigarettes. Une fois fixé lobjectif de production totale, la demande de tabac en feuilles était aussi établie.
Les changements technologiques survenus dans les processus de fabrication des cigarettes ont eu aussi des impacts notables sur la demande de tabac en feuilles. Ladoption de matériel de fabrication moderne et lintroduction de nouvelles techniques de transformation, comme les processus de gonflement et de reconstitution du tabac, ont grandement contribué à réduire le volume de feuilles nécessaire dans la fabrication des cigarettes (tableau 3.4). Daprès lAdministration du monopole du tabac, la quantité de tabac servant à produire une cigarette est maintenant égale à environ deux tiers seulement de celle requise il y a 15 ans. En 1985, 41,26 tonnes de tabac ont été utilisées pour produire un million de paquets de cigarettes. En 1998, un million de paquets ne nécessitaient que de 27,8 tonnes de tabac. Bien que la quantité de tabac en feuilles utilisée soit restée largement inchangée entre 1985 et 1998, la production de cigarettes sest accrue de presque 50 pour cent.
Tableau 3.4 - Changements techniques et utilisation du tabac
| |
|
1985 |
1990 |
1995 |
1998 |
|
Quantité totale de tabac utilisée |
(milliers de tonnes) |
2 430,4 |
2 431,1 |
2 437 |
2 325 |
|
Production de cigarettes |
(millions de paquets) |
58 900 |
82 250 |
86 750 |
83 733 |
|
Quantité de tabac utilisée par unité |
(tonnes/million paquets) |
41,26 |
29,56 |
28,09 |
27,77 |
La production et la consommation de tabac en Chine sont énormes, alors que le commerce na connu quune importance limitée au cours des décennies écoulées. Pendant les années 1980, les exportations totales de tabac se situaient à environ 30 000 tonnes/an, soit un peu moins de 2 pour cent de la production totale. Cependant, les exportations se sont accrues pendant les années 1990, et en 1998 elles dépassaient 100 000 tonnes, soit plus de 4 pour cent de la production totale. Les exportations de cigarettes ont suivi le même modèle. En 1980, environ 300 000 paquets de cigarettes ont été exportés, mais ce commerce avait atteint 1,14 milliard de paquets - 1,3 pour cent de la production totale de cigarettes - en 1998. Les importations de cigarettes ont fluctué ces dernières décennies. Les plus grosses importations ont été enregistrées en 1996, soit environ 8 milliards de paquets, alors quen 1998 elles ne sélevaient quà 0,17 milliard de paquets, chiffre qui était approximativement semblable à celui du début des années 1980.
Lévolution du marché na eu quun impact limité sur le commerce car les exportations et les importations tant de tabac que de cigarettes sont gérées par le gouvernement. Au titre de la loi, lAdministration du monopole du tabac est la seule organisation autorisée à commercialiser le tabac. Une organisation spéciale oeuvrant dans le cadre du monopole du tabac est chargée de toutes les importations et exportations de tabac en feuilles et de cigarettes. Ni les particuliers ni les entreprises publiques ou privées ne sont autorisés à se livrer au commerce du tabac en feuilles et des cigarettes. En outre, il faut des permis délivrés par lÉtat pour toutes les importations. À part les produits à base de tabac, le commerce de tout léquipement et le matériel nécessaires à la fabrication du tabac et utilisés dans la fabrication de cigarettes sont gérés par le gouvernement. Les investissements étrangers dans les industries du tabac sont aussi contrôlés par lÉtat. Toute entreprise étrangère désirant se consacrer à la fabrication de cigarettes ou de tabac, ainsi que le matériel de transformation, doivent obtenir une autorisation de lAdministration du monopole du tabac. À lheure actuelle, aucune entreprise étrangère ne produit de cigarettes en Chine bien que plusieurs coentreprises aient été établies pour la production de matériels auxiliaires servant à la fabrication des cigarettes.
Outre les licences dimportation exigées, toutes les importations de tabac en feuilles et de cigarettes sont sujettes à des tarifs douaniers. Les tarifs autorisés étaient de 65 pour cent, mais le chiffre effectivement appliqué était de 36 pour cent en 1999. Dans les engagements pris pour adhérer à lOMC, la Chine a accepté dabaisser ses tarifs moyens sur toutes les importations, lesquels seraient passés de 22 à 17 pour cent, de permettre les investissements privés dans son industrie des télécommunications et douvrir ses marchés par dautres moyens aux banques, produits alimentaires, compagnies dassurance et industrie du divertissement étrangers. Elle na formulé aucun engagement vis-à-vis de lindustrie du tabac. Toutefois, il a été signalé quun fabricant multinational de tabac négociait avec le gouvernement létablissement dune fabrique de cigarettes en Chine. Si les tarifs appliqués aux importations de tabac et de cigarettes étaient sujets à la réduction moyenne appliquée à toutes les importations, à savoir 24 pour cent, le prix des marques étrangères populaires de cigarettes vendues en Chine pourrait passer denviron 14 RMB le paquet à 13 RMB, ce qui nest pas susceptible de provoquer une augmentation sensible de la demande de cigarettes importées. En ce qui concerne larôme et le goût, les cigarettes importées diffèrent de celles auxquelles les fumeurs chinois sont habitués, et leur prix serait encore supérieur à celui des marques populaires locales.
Le tabac est une culture à coefficient élevé de main-doeuvre en Chine. Daprès une étude nationale sur la production et les coûts réalisée en 1997, la main-doeuvre totale utilisée dans la production de tabac représentait 46,2 journées de travail par Mu (1 Mu = 0,067 ha), soit plus de deux fois celle nécessaire pour dautres cultures vivrières comme le riz et le maïs. Cependant le tabac est cultivé en monoculture chaque année, alors que les autres récoltes sont produites en double culture annuellement. Cest ainsi que le blé plus la canne à sucre (les provinces du Yunnan et du Guizhou sont dimportantes productrices de canne à sucre), ou les graines oléagineuses plus le coton (le Henan est un grand producteur de coton) ou le blé en hiver et le riz en été exigent une main-doeuvre totale semblable, voire supérieure, à celle servant au tabac produit en monoculture. Les graines oléagineuses plus le coton, par exemple, demandent 54,3 journées de travail par Mu, chiffre supérieur à celui nécessaire à la production de tabac. En particulier, il faudrait davantage de main-doeuvre si les planteurs passaient à la production de légumes, qui est en général lactivité agricole la plus exigeante en main-doeuvre en Chine. Le remplacement du tabac par dautres cultures nentraînerait donc pas nécessairement une baisse de lemploi agricole. Les modèles de plantation figurant au tableau 3.5 en sont la preuve.
La superficie totale plantée en tabac en Chine a accusé un recul, passant de 2,35 millions dhectares en 1997 à 1,36 million en 1998, une baisse denviron 42 pour cent. Dans les provinces du Yunnan, du Guizhou, du Sichuan et du Henan, les superficies plantées en tabac ont reculé de 43, 54, 35 et 26 pour cent par rapport à 1997. Cependant, aucune de ces provinces na connu une diminution de ses terres agricoles totales. Dans la province du Yunnan, par exemple, où environ 10 pour cent des terres agricoles totales ont été affectés à la production de tabac en feuilles en certaines années, la superficie plantée en tabac est passée de 570 000 hectares en 1997 à 323 000 ha en 1998. Malgré cette réduction, la superficie totale utilisée pour toute la production agricole est restée inchangée à 5,23 millions dhectares en 1997 aussi bien quen 1998. Les terres retirées de la production de tabac ont été immédiatement affectées à dautres cultures. Ces faits confirment lhypothèse selon laquelle la main-doeuvre enlevée à la production de tabac ne sera pas nécessairement au chômage mais pourrait être transférée à dautres spéculations.
Les ménages producteurs de tabac ont affecté des terres à dautres cultures à la suite de la réduction des superficies occupées par le tabac. Bien que la superficie plantée en tabac se soit réduite de près de 250 000 ha, le Yunnan et le Guizhou ont augmenté celle consacrée aux cultures vivrières, à la canne à sucre et aux légumes, de même que le Guizhou. Sil est vrai que la superficie assignée aux cultures vivrières se soit accrue au Sichuan, celle plantée en légumes et graines oléagineuses a enregistré une hausse quand la superficie occupée par le tabac sest amenuisée. Dans la province du Henan, lextension de la superficie plantée en légumes a plus que compensé la superficie réduite des plantations de tabac. Les diverses réactions à la chute brusque de la production de tabac montrent que les cultures le remplaçant étaient disponibles et que les ménages producteurs de tabac ont pris leurs décisions relatives à la production en fonction des occasions offertes par le marché.
La structure de la production de tabac en Chine permet aux planteurs de modifier leur production assez aisément en fonction de la variation des contrats dachat du gouvernement. Les petits exploitants ont dominé la production agricole depuis lintroduction du système de responsabilité de la production en 1979. La taille moyenne de lexploitation dans les principales provinces productrices de tabac est denviron 0,3-0,4 hectare, dont le tiers ou la moitié seulement est affecté à la production de tabac. Il y a très peu de producteurs spécialisés: la plupart dentre eux produisent des cultures vivrières et autres pour la consommation familiale parallèlement au tabac. Cela veut dire quils disposent des compétences nécessaires à la production dautres cultures.
Une autre caractéristique importante des petits planteurs diversifiés en Chine est le fait que la production de tabac est entreprise largement à la main. Avec un capital fixe très limité, les coûts dadaptation à des nouvelles cultures est négligeable. Les compétences en matière de production diversifiée de la main-doeuvre familiale et les faibles coûts dadaptation assurent aux ménages la capacité technique et économique nécessaires pour compenser rapidement toute réduction dans la production de tabac.
Lénorme quantité de planteurs marginaux pourrait aussi contribuer à limpact insignifiant que de brusques changements dans la production exercent sur lemploi rural. Lexpansion de la production de tabac au cours de la décennie écoulée était largement due à de nouveaux venus. Il a été signalé quau moment de sa période de pointe en 1997, environ 20 millions de ménages ruraux se consacraient à la production de tabac en feuilles, soit plus de deux fois le nombre présent en 1985. Cependant, daprès lAdministration du monopole du tabac, le nombre de ménages producteurs a fléchi, tombant à environ 8 millions en 1999 en raison de lamenuisement de la superficie plantée en tabac qui est passée de 2,1 millions dhectares en 1997 à 1,2 million en 1999. La plupart des ménages qui ont abandonné la production de tabac étaient formées de nouveaux producteurs. Ils avaient moins de compétences que la moyenne et les conditions agronomiques des terres marginales quils cultivaient nétaient pas aussi favorables que celles des terres traditionnellement productrices de tabac.
Table 3.5 - Superficie plantée dans les principales provinces productrices de tabac, 1997 et 1998
| |
Année |
Superficie plantée (milliers dha) |
||||||
|
Tabac |
Légumes |
Canne à sucre |
Coton |
Graines oléagineu ses |
Cultures vivrières |
Total |
||
|
Yunnan |
1997 |
570,6 |
226,2 |
249,5 |
1,7 |
138,5 |
3 719,1 |
5 225,3 |
| |
1998 |
322,6 |
247,3 |
283,8 |
1,8 |
142,8 |
3 886,3 |
5 225,9 |
|
Changement absolu dans |
|
|
|
|
|
|
0,6 |
|
|
la superficie |
|
-248,0 |
21.1 |
34,3 |
0,1 |
4,3 |
167,2 |
|
|
Changement 1998 - 1997 |
-43% |
9% |
14% |
6% |
3% |
4% |
0% |
|
|
Guizhou |
1997 |
436,6 |
296,6 |
10,3 |
2,8 |
442,5 |
2 927,5 |
4 492,5 |
| |
1998 |
199,0 |
314,6 |
13,2 |
3,1 |
448,1 |
3 128,6 |
4 514,2 |
|
Changement absolu dans |
|
|
|
|
|
|
21,7 |
|
|
la superficie |
|
-237,6 |
18,0 |
2,9 |
0,3 |
5,6 |
201,1 |
|
|
Changement 1998 - 1997 |
-54% |
6% |
28% |
11% |
1% |
7% |
0% |
|
|
Sichuan |
1997 |
199,7 |
888,8 |
33,2 |
140,4 |
991,2 |
10 099,0 |
13 102,9 |
| |
1998 |
129,0 |
965,7 |
32,0 |
140,5 |
1 028,0 |
10 238,3 |
13 328,9 |
|
Changement absolu dans |
|
|
|
|
|
|
226,0 |
|
|
la superficie |
|
-70,7 |
76,9 |
-1,2 |
0,1 |
36,8 |
139,3 |
|
|
Changement 1998 - 1997 |
-35% |
9% |
-4% |
0% |
4% |
1% |
2% |
|
|
Henan |
1997 |
215,6 |
760,4 |
3,x6 |
868,0 |
1 208,5 |
8 879,9 |
12 276,7 |
| |
1998 |
160,5 |
934,5 |
3,7 |
800,0 |
1 235,9 |
9 102,0 |
12 567,1 |
|
Changement absolu dans |
|
|
|
|
|
|
290,4 |
|
|
la superficie |
|
-55,1 |
174,1 |
0,1 |
-68,0 |
27,4 |
222,1 |
|
|
Changement 1998 - 1997 |
-26% |
23% |
3% |
-8% |
2% |
3% |
2% |
|
Sources: Annuaires des statistiques provinciaux du Yunnan, Guizhou, Sichuan et Henan, 1998 et 1999.
Contrairement à la situation régnant dans de nombreux pays, le tabac ne paraît pas être la culture la plus rentable en Chine (tableau 3.6). Bien que les prix du tabac en feuilles aient atteint un maximum en 1997, les bénéfices nets tirés de la production de tabac évalués par unité de terre étaient plus faibles que pour le coton et la canne à sucre. Le bénéfice brut tiré de la production de tabac sélevait à 678,3 RMB/Mu en 1997, chiffre sensiblement inférieur aux 804,3 RMB/Mu pour la canne à sucre et 791,5 RMB/Mu pour le coton. Le revenu par journée de travail de la main-doeuvre produisant le tabac (14,7 RMB) était plus faible que pour le soja (26,9 RMB), la canne à sucre (22,0 RMB), le riz (21,1 RMB) ou le coton (20,4 RMB). La raison principale qui incitait les agriculteurs à planter le tabac résidait dans labsence de risque lié au marché. Une fois quils avaient souscrit au contrat établi par le gouvernement, le prix était garanti. Dautres cultures agricoles sont sujettes à de graves risques commerciaux. En outre, lAdministration du monopole du tabac réalisait des bénéfices et elle navait donc pas de difficultés à payer comptant les agriculteurs une fois la récolte livrée. Dautres organismes publics, qui reposent largement sur les allocation budgétaires de lÉtat et les crédits des banques, ont parfois du mal à effectuer un paiement immédiat.
Les données sur le revenu des principaux provinces et comtés démontrent que la production de tabac nest pas plus rentable que dautres cultures. Au Yunnan, par exemple, la superficie totale consacrée au tabac a accusé un recul denviron 46 pour cent entre 1997 et 1998, et la production a chuté, passant de 1,1 million de tonnes à moins de 0,6 million. Au prix moyen du tabac en feuilles, soit 7,5 RMB/kg, la perte de revenu due à une production inférieure de tabac en 1998 se serait située à environ 4 milliards de RMB, soit près de 20 pour cent du revenu agricole total en 1997. Cependant, une comparaison entre les revenus agricoles provinciaux et le revenu familial moyen indique une légère augmentation du revenu agricole total en 1998, ce qui laisse entendre que la brusque chute du revenu tiré de la production de tabac a été plus que compensée par laugmentation des recettes provenant dautres cultures.
Les planteurs de tabac dans certaines régions, notamment celles dont les conditions agronomiques laissent à désirer et sans irrigation, pourraient être soumis à dimportants risques sils devaient réduire leur production de tabac. Les planteurs vivant près des centres urbains auraient moins à craindre car le revenu tiré du tabac représente un pourcentage beaucoup plus limité du revenu familial total et lemploi non agricole offrirait de nouvelles occasions de revenu.
Tableau 3.6 - Coûts de production, bénéfices et productivité de la main-doeuvre relatifs aux principales cultures agricoles en 1997
| |
Production unitaire |
Prix moyen |
Coûts de production |
Bénéfice brut |
Main-doeuvre totale utilisée Journées de travail/Mu |
Revenu de la main-doeuvre RMB/journée de travail |
|
Riz |
423,0 |
1,4 |
211,0 |
376,4 |
17,8 |
21,1 |
|
Blé |
227,0 |
1,4 |
190,0 |
128,3 |
12,2 |
10,5 |
|
Maïs |
350,0 |
1,1 |
162,0 |
227,7 |
15,9 |
14,3 |
|
Soja |
136,0 |
3,0 |
107,0 |
301,8 |
11,2 |
26,9 |
|
Coton |
75,0 |
14,1 |
266,0 |
791,5 |
38,8 |
20,4 |
|
Graines oléagineuses |
116,0 |
2,5 |
112,0 |
181,2 |
15,5 |
11,7 |
|
Canne à sucre |
5 128,0 |
0,3 |
488,0 |
804,3 |
36,6 |
22,0 |
|
Tabac |
137,0 |
7,5 |
353,0 |
678,3 |
46,2 |
14,7 |
Note: 1 Mu = 0.067 ha
Source: Rural Statistical Yearbook of China, 1999.
Le gouvernement chinois gère lindustrie du tabac si bien que les bénéfices aussi bien que les taxes contribuent aux recettes publiques, assurant 10 pour cent des recettes totales du gouvernement central en 1998. Environ 40 pour cent des recettes totales ont été aux investissements agricoles, à léducation, aux soins de santé, à laide sociale et à la défense.
Au niveau régional, en particulier dans les provinces tributaires du tabac comme le Yunnan et le Guizhou, la production de tabac et la fabrication de cigarettes ont joué des rôles beaucoup plus importants dans les finances publiques et le développement provincial. En particulier, de nombreuses administrations locales tirent leurs revenus de la taxe spéciale frappant les cultures agricoles. Du moment que cette taxe se fonde uniquement sur les recettes provenant du tabac en feuilles, une baisse de production du tabac déterminerait un recul des recettes fiscales.
La fabrication de cigarettes est un générateur de recettes de premier plan pour les administrations locales. Cest ainsi que les ventes de 1 429 entreprises publiques au Yunnan ont totalisé 69,1 milliards de RMB environ en 1998, alors que huit usines de fabrication de cigarettes se sont adjugé près de 53 pour cent des ventes totales de lindustrie provinciale, soit 36,2 milliards de RMB. La fabrication de cigarettes était le principal secteur de la province, devançant les industries de produits chimiques dont les recettes natteignaient que 5,1 milliards de RMB. La fabrication de cigarettes fait partie des rares industries publiques rentables, ayant payé les taxes provinciales sur les bénéfices des sociétés au taux de 38 pour cent. Sur les 16,8 milliards de RMB des recettes totales des administrations provinciales, les diverses recettes fiscales tirées de la production de tabac et de la fabrication de cigarettes représentaient environ 70 pour cent. Près de 45 pour cent des recettes totales ont été affectés au développement rural, à léducation, à laide sociale et au développement industriel de la province. La situation était semblable au Guizhou, la fabrication de cigarettes absorbant plus de 30 pour cent des recettes de ladministration provinciale.
En tant quindustrie clé dans plusieurs provinces, la fabrication de cigarettes a joué un rôle de premier plan dans le développement communautaire local, telle lexpansion de la ville de Da Yin Jie, lune des villes proches du principal fabricant de cigarettes chinois, Hongta Group, dont le revenu industriel sest accru au cours des décennies écoulées, passant de moins de 200 millions de RMB à plus de 2,2 milliards dont 2 millions environ provenaient de la production daccessoires pour fumeurs. La croissance rapide du revenu tiré de ces accessoires en a fait lune des villes les plus riches de la province. La hausse des taxes sur les cigarettes qui, à son tour, en accroît le prix, pourrait dans de nombreux pays déterminer une augmentation des recettes fiscales et réduire la demande de cigarettes. Étant donné quune grande part de lindustrie des cigarettes en Chine appartient à lÉtat qui en retire effectivement des bénéfices et des taxes, la relation entre ces deux éléments devrait faire lobjet dune évaluation attentive par un gouvernement qui envisagerait daugmenter les taxes.
La consommation de cigarettes ayant atteint un point culminant au début des années 1990, toute croissance future ne pourra quêtre limitée. Le ralentissement de la croissance démographique, la prise de conscience accrue des dangers pour la santé de lusage du tabac, ainsi que les réformes nationales des services de santé pourraient freiner un redressement sensible de la consommation de cigarettes dans les décennies à venir. Les progrès techniques accomplis dans la fabrication des cigarettes pourraient entraîner une réduction relative ultérieure de lutilisation de tabac par cigarette produite. Il est attendu que la production totale de tabac fluctuera aux environs de 3 millions de tonnes dans les quelques prochaines années à moins dune initiative décisive du gouvernement visant à réduire le tabagisme.
La structure de lagriculture et du marché du tabac sont des facteurs importants qui déterminent la réaction des planteurs face à lévolution de la demande de tabac, et les conséquences économiques de cette évolution. Les résultats de cette étude suggèrent quune réduction progressive de la demande de tabac naurait quun faible impact sur lemploi rural et le revenu des familles car les exploitations de tabac sont généralement de petite taille, diversifiées et non mécanisées. Cette situation permet aux planteurs de passer facilement de la production de tabac à celle dautres cultures, car les membres de la famille ont les compétences nécessaires pour produire dautres récoltes. La main-doeuvre représentant lintrant principal, les frais dadaptation sont faibles.
Toute réduction dans lusage du tabac déterminerait une diversification du secteur manufacturier qui abandonnerait la production de cigarettes en faveur dautres activités, si bien que la dépendance vis-à-vis de cette production pour dégager un revenu diminuerait au fil du temps. Cependant, une certaine assistance serait justifiée pour aider les planteurs à quitter le tabac pour se tourner vers dautres cultures.
Le faible développement du système de commercialisation et de linfrastructure dissuadent souvent les agriculteurs de produire dautres cultures de rente. De meilleures routes, des informations sur le marché fournies en temps utile, la modernisation des usines locales de transformation et un accès aisé aux moyens de transport faciliteraient lajustement qui pourrait simposer. Avec une croissance économique constante, la demande de nombreux produits agricoles devrait saccroître de telle sorte que les cultures remplaçant le tabac ne risquent pas dêtre privées de débouchés commerciaux.
Les estimations de la consommation de cigarettes fondées sur les données nationales sécartaient énormément des statistiques provenant de lenquête sur les ménages urbains et ruraux. Daprès le China Statistical Yearbook 1999 (Annuaire des statistiques de la Chine pour 1999), le niveau national moyen des cigarettes achetées par habitant, calculé sur la base de lenquête sur les ménages, ne sélevait quà 27,25 paquets pour les ménages urbains en 1998, alors que lannuaire des statistiques rurales pour 1999 signalait 23,6 paquets pour chaque membre du ménage rural pendant la même période. Les rapports provenant des statistiques provinciales donnaient des informations semblables à celle de lenquête. En 1997, par exemple, la moyenne des achats de cigarettes par habitant était de 30 paquets et de 26 paquets pour les ménages urbains et ruraux respectivement dans la province de Sichuan, qui absorbe 10 pour cent environ de la population totale. Un grand écart sépare donc les données sur la consommation de cigarettes par habitant provenant des statistiques cumulées (66 paquets) et celles de lenquête sur les ménages (moins de 26 paquets).
Plusieurs facteurs pourraient contribuer à cet écart entre les statistiques nationales et celles de lenquête sur les ménages.
Le commerce des cigarettes a représenté un important pourcentage de la production de cigarettes. En 1998, 1,14 milliard de paquets de cigarettes ont été exportés alors quenviron 0,2 milliard de paquets ont été importés. Aux exportations nettes était imputable environ 1 pour cent de la production. Cest pourquoi les statistiques nationales fondées sur les ventes de cigarettes pourraient surestimer la consommation réelle.
Simultanément lenquête sur les ménages pourrait avoir sous-estimé la consommation. Les cigarettes ont été un cadeau très apprécié au cours des dernières décennies. Les ménages pourraient ne pas avoir signalé celles achetées et offertes à ce titre. De nombreux hôtels, restaurants, bars, salles de thé, nightclubs et lieux de divertissement vendent des cigarettes. Lorsquelles sont achetées et consommées sur place, elles pourraient échapper aux statistiques sur les achats du ménage. En outre, étant donné que de nombreux jeunes membres de ménages ruraux travaillent en ville toute lannée, leurs achats de cigarettes pourraient ne pas figurer dans lenquête sur les ménages.
Aucune tentative na été faite dans la présente étude dajuster les statistiques publiées de la consommation de cigarettes.