La cheffe de communauté philippine Nida Collado a remporté aujourd’hui le prix Wangari Maathai des champions de la cause des forêts 2024 pour ses réalisations exceptionnelles et son engagement indéfectible en faveur de la conservation et de la restauration des forêt et de l’amélioration des moyens de subsistance.
Le prix a été décerné par le Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF), présidé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), lors d’une cérémonie organisée pendant la 27e session du Comité des forêts, à Rome (Italie).
«La passion et la pensée novatrice de Mme Collado ont permis d’apporter des changements durables et positifs dans les domaines de la gestion des forêts et de la restauration des mangroves. Elle est une source d’inspiration pour nous tous», a déclaré le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu.
Le cœur d’une guerrière qui œuvre au reboisement
La communauté de San Vicente, qui se trouve dans la province de Palawan, à l’ouest des Philippines, est confrontée à plusieurs problèmes, notamment le faible taux de survie des semis de reboisement, le braconnage, le commerce illégal d’espèces sauvages et les pratiques agricoles destructrices. Elle se remet également des dégâts causés par le typhon Rai en décembre 2021.
En tant que Présidente de l’Association de gestion communautaire des forêts et des côtes de Macatumbalen depuis 2002, Nida Collado a dirigé l’association et les membres de la communauté, qui ont œuvré à la restauration et à la protection de leur environnement grâce à des techniques novatrices et à une forte participation de la communauté.
Il s’est notamment agi de reboiser 1 450 hectares de terres dénudées et de protéger 400 hectares de forêts restantes et la source d’eau de la communauté. En 2009, elle avait mobilisé avec succès des projets émanant aussi bien d’organisations gouvernementales que d’organisations non gouvernementales, encourageant ainsi davantage la participation des communautés.
Elle sensibilise les agriculteurs aux méfaits de la culture sur brûlis et a organisé six groupes de femmes, deux associations de jeunes et une association d’hommes pour promouvoir la responsabilité collective dans le cadre de la protection des forêts et des mangroves.
Nida s’est fait le chantre d’une technique novatrice permettant de restaurer les mangroves dénudées. Les poches de mangroves reboisées, qui sont récoltées par chaque village, forment des poches interconnectées que gèrent les communautés villageoises. Cette innovation offre aux pêcheurs une voie qui leur permet de parcourir la mangrove, mêlant ainsi sagesse traditionnelle et pratiques de conservation modernes. Son dévouement a non seulement permis de restaurer de vastes étendues de forêts, mais aussi de donner à sa communauté les moyens de gérer durablement ses ressources naturelles et d’en tirer parti, ce qui montre l’impact considérable de la gestion environnementale menée par les communautés.
«Peu de personnes croyaient en ce projet quand nous avons commencé, puis nous avons été entendus au niveau national et, aujourd’hui, nous sommes présents ici sur la scène internationale. Ce parcours a eu une signification incroyablement importante pour moi et tous ceux qui ont cru en moi et m’ont soutenue. La réception du prix des champions de la cause forestière Wangari Maathai prouve que nos efforts valent la peine d’être mis en valeur et élargis», a déclaré Nida.
«Lorsque l’on voit le riche écosystème de nos forêts, les mangroves qui prospèrent, lorsque nous pouvons encore respirer un air pur, nager avec plaisir dans des eaux propres et que les sources d’eau ne manquent pas, c’est une récompense inestimable.»
Le Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF) décerne ce prix à une personne extraordinaire s’étant distinguée pour son engagement à améliorer nos forêts et la vie de ceux qui en dépendent. Établi par le PCF en 2012 en mémoire de l’environnementaliste kényane et prix Nobel de la paix, Wangari Maathai, le prix «Champions de la cause des forêts» reconnaît les personnes qui s’en sont inspirées dans leur engagement en faveur de la conservation, restauration et gestion durable des forêts.
En plus de la reconnaissance internationale et du prestige conférés par le prix, le vainqueur recevra une somme en espèces de 20 000 dollars des États-Unis, ainsi qu’une aide aux frais de voyage pour participer à la cérémonie de remise des prix.
Les candidatures seront examinées par un jury composé d’experts renommés dans le domaine forestier, allant du milieu de la recherche à celui de la politique, qui prendront aussi en compte les efforts déployés par le candidat pour renforcer la position des femmes, des jeunes et de la société civile, encourager l’engagement social, favoriser les réseaux, accroître la visibilité des forêts et promouvoir les valeurs socioculturelles de ces dernières.
Les précédents lauréats du prix Wangari Maathai sont Narayan Kaji Shrestha (2012), leader du mouvement de foresterie communautaire népalais, Martha Isabel ‘Pati’ Ruiz Corzo (2014), militante mexicaine pour l'environnement, l'activiste forestière ougandaise Gertrude Kabusimbi Kenyangi (2015), l'activiste forestière brésilienne Maria Margarida Ribeiro da Silva (2017), l'activiste forestier burundais Léonidas Nzigiyimpa (2019) et l'activiste en foresterie sociale camerounaise Cécile Ndjebet (2022).