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ANNEXE 4

RAPPORT NATIONAL SUR LES PECHERIES PELAGIQUES MAROCAINES

Les eaux marocaines de la façade atlantique se caractérisent par un système de remontées d'eaux profondes riches en sels nutritifs. Ces remontées sont particulièrement intenses en été où plusieurs foyers se succèdent le long de la côte entrainant une grande variabilité spatio-temporelle dans la distribution et l'abondance de la production primaire et secondaire (plancton).

Grâce donc à ces remontées d'eaux froides, les eaux du plateau continental marocain hébergent d'importantes ressources halieutiques notamment les petits pélagiques. La sardine reste, toutefois, l'espèce la plus dominante.

Pour la sardine (voir figure) on distingue 3 stocks:

Les trois populations de sardine, peuplant le plateau continental atlantique, effectuent parallélement à la côte des déplacements saisoniers d'une certaine amplitude. Ces populations se décalent de façon plus ou moins synchrone vers le nord en été et vers le sud en hiver. La sardine prend le large au printemps et se manifeste par des petits bancs dispersés. De la fin du printemps jusqu'à l'automne, la sardine s'approche de la côte et forme de fortes concentrations et des bancs denses. Les lieux de ponte les plus stables se localisent dans les régions s'étendant du Cap Draa à Tarfaya et du Cap Garnet au Cap Barbas. La saison de reproduction s'étale de Novembre à Mars.

En ce qui concerne les autres espèces pélagiques qui constituent en fait que des espèces accessoires des prises des flottilles notamment les senneurs marocains, leurs répartitions se caracterisent par une distribution située au large de celle de la sardine et par des densités relativement moins importantes que celles de la sardine.

Les maquereaux peuplent l'ensemble des eaux marocaines. On distingue deux espèces: le maquereau européen (au Nord de la baie d'Agadir) et le maquereau espagnol (au sud de la baie d'Agadir). Ce dernier domine largement dans les prises de la flottille marocaine opérant dans la baie d'Agadir et de celle exploitantt le sud marocain. Le maquereau de la zone sud constitue en fait, un stock partagé avec la Mauritanie et sa distribution est plus étendue que celle de la sardine.

Le chinchard englobe trois espèces. Il est répandu de manière discontinue dans toute la zone qui s'étend de Saâdia à Essaouira, et d'une façon continue d'Essaouira au sud du Maroc. Les plus importantes concentrations se trouvent au sud du Cap Bojador, constituant des stocks communs avec la Mauritanie et même le sénégal, et font l'objet d'exploitation hauturière par les flottilles de l'Europe de l'Est.

Quant à l'anchois, cette espèce est rencontrée dans trois zones bien distinctes: entre Tanger et Casablanca, entre Essaouira et Sidi Ifni et entre Cap Barbas et Cap Blanc. Sa distribution est similaire à celle de la sardine mais reste relativement profonde.

A l'instar de la sardine, ces espèces effectuent des migrations trophiques et génétiques de grandes amplitudes de la côte au large et du nord au sud et inversement. Mais l'importance de l'étendue de leurs répartitions et de leurs mouvements, liées aux variations des conditions hydrologiques les caractérisent par une vulnérabilité à la pêche de type saisonnière et/ou cyclique plus au moins importante. Les prises de ces espèces sont par conséquent tributaires de leur disponibilité à la flottille de pêche concernée.

LES PECHERIES PELAGIQUES ET LEURS EXPLOITATION

Le long des cotes atlantiques marocaines, quatre pêcheries se sont développées chronologiquement du nord au sud. Les flottilles exploitant ces pêcheries sont hétérogènes.

A. LA PECHERIE DU NORD (TANGER-EL JADIDA)

L'activité des senneurs est fondée surtout sur l'exploitation du stock sardinier. A partir de 1980, La capture moyenne est de l'ordre de 20 000 tonnes. Les débarquements à Casablanca et à Larache représentent actuellement plus de 60% des prises pélagiques globales de cette région.

La flottille marocaine est actuellement composée d'une soixantaine de senneurs de petite taille (TJB moyen 40 tonneaux) dont plus de la moitié est basée à Larache et à Casablanca). L'exploitation est étalée de Mars à Décembre avec un maximum d'activité en été.

B. LA PECHERIE SAFI-SIDI IFNI (ZONE A)

Cette zone est exploitée exclusivement par des senneurs marocains. Les prises de Sardine dans cette zone fluctuent entre 100 000 et 200 000 tonnes avec une tendance à la baisse depuis 1986 qui s'est intensifié ces dernières années. Depuis 1990, les prises ont chuté à moins de 50 000 tonnes. Les prises des autres petits pélagiques dans cette zone restent relativement faibles malgré l'apparition marquée et de type cyclique durant les périodes courtes: du maquereau entre 1984 et 1986 et de l'anchois entre 1990 à 1992 (plus de 30 000 tonnes).

La flottille exploitant cette pêcherie est composée de prés de 250 unités actives. La pêche est pratiquée à proximité des ports. Le nombre de sorties est passé de plus de 43 000 sorties en 1973 à environ 30 000 sorties durant 1977–1978. Après cette date, le nombre de sorties a fluctué entre 30 000 et 40 000 pour chuter à moins de 25 000 sorties à partir de 1989.

C. LA PECHERIE SIDI IFNI- CAP BOJADOR (ZONE B)

Cette zone est exploitée à la fois par les flottilles marocaines et communautaires.

  1. L'exploitation marocaine

    L'ouverture en 1982 du nouveau port à Tan Tan a permis le transfert d'une partie de la flotte marocaine opérant dans la zone A. A partir de 1983, d'importantes captures ont été réalisées et ont compensé le déficit enregistré auniveau des prises de sardine de la zone A. Les prises de sardine ont passé de 25 000 tonnes en 1882 à plus de 230 000 tonne en 1991. L'activité des senneurs devient plus importante durant le deuxième semestre (Aout-Decembre). Le nombre de sorties, au port de Tan Tan, est passé d'environ 1200 en 1982 à plus de 10 000 sorties en 1991.

  2. L'exploitation Communautaire

    Durant la période 1982–1985, la capture communautaire se situait en moyenne à 130 000 tonnes/an. Ce niveau de capture a chuté en 1987 à 94 000 en 1987 pour s'accro tre par la suite à plus de 100 000 tonnes entre 1990 et 1992.

    L'évolution de l'effort de pêche communautaire exprimé en nombre de jours de pêche est en chute depuis 1976. Par contre, les rendements par jour de, pêche sont en augmentation depuis cette date.

D. LA PECHERIE CAP BOJADOR-CAP BLANC (ZONE C)

Les flottes opérant dans cette zone, originaires en grande partie des pays européens de l'Est notamment l'ex-URSS et Pologne, sont constituées de chalutiers pélagiques (type atlantique et super-atlantique). Des navires assistés de senneurs ont également opéré dans cette zone.

La pêche ex-soviétique de la sardine se fait aussi bien par le chalut pélagique que par la senne. Les fortes prises de la sardine sont réalisées au cours de la période de ponte intense (novembre-fevrier et avril-mai). Durant les autres périodes, une partie de la flottille change de cible et s'oriente vers l'exploitation du chinchard, du maquereau…etc.

De 1969 à 1976, les prises dans cette zone sont passées de 80 000 à 650 000 tonnes (déclarations officielles) elles sont retombées à mois de 200 000 tonnes depuis 1979 pour augmenter et atteindre un autre maximum en 1990 avec plus de 650 000 tonnes.

Toutefois, dans le cadre de l'accord de pêche signé entre le Maroc et la russie, la flottille s'est réduite d'une manière notable et l'effectif des bateaux ayant opéré dans la région sud est passé de 120 unités en 1990 à moins de 20 unités en 1993.

E. L'ETAT DES STOCKS

1) Stock central (Safi-Boujdor)

Les résultats de l'analyse biostatistiques (Analyse des cohortes) menée par l'ISPM révèlent que la biomasse a diminué après le pic de 1986. Les résultats des prospections acoustiques effectuées par le navire norvégien “Dr.Fridjof Nansen” en 1986, 89 et 92 comfirment la chute du stock sardinier central. La biomasse instantanée estimée pour ce stock a baissé de 2.000.000 tonnes à 1.700.000 en 1989 pour chuter à 300.000 tonnes au début de 1992.

La chute de l'abondance du stock central de sardine a affecté principalement les captures des senneurs opérant dans la zone limitrophe (Zone A) de la distribution de ce stock. Par contre, dans la région s'étendant de Tan Tan à Tarfaya, les rendements des senneurs y sont en accroissement. En effet, l'augmentation de l'effort de pêche, dans cette dernière depuis 1982, a traduit une pression de pêche importante sur le noyau du stock sardinier central.

Par ailleurs, la dynamique de l'upwelling parait influencer la dynamique de la pêcherie et surtout le mouvement migratoire de la population de sardine entre la zone A et B.

2) LE STOCK SUD (BOJADOR-LAGOUIRA)

En terme de biomasse, le stock sud est généralement plus que le double du stock central (Zone A et B). Sa biomasse, estimée à 3.7 millions de tonnes au début de 1992, semble se maintenir au niveau de celle évaluée à 3.6 millions de tonnes en 1989.

AMENAGEMENT ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT

1) Stock central (Pêcheries A et B)

a) Réduction de l'effort de pêche dans la zone B

La pêcherie pélagique dans la zone A est étroitement liée à l'abondance de la sardine dans la zone B. La réduction de la pression de pêche sur le coeur de la population du stock central par le retrait complet de l'effort communautaire et Oson transfert au sud de Cap Bojador, diminuera les risques d'effondrement en maintenant la rentabilité biologique et économique de la flottillé opérant dans la zone Safi-Agadir et même celle de Tan tan.

b) Valorisation des débarquements

Pour faire face à l'irrégularité d'approvisionnement de l'industrie de transformation, la flottille en activité devrait être mieux utilisée dans le temps, par l'extension de la saison de pêche, et dans l'espace, par le transfert d'une partie de l'effort vers Tan Tan et Laayoune. Ceci n'est, toutefois, possible que par l'amélioration de la rentabilité de la flottille nécessitant une augmentation du prix du poisson, une amélioration de la qualité du poisson débarqué ou enfin une adéquation entre le volume débarqué et les possibilités de traitement.

2) Le stock sud de Cap Bojador (Zone C)

En ce qui concerne le stock sud, les évaluations acoustiques réalisées en 1989 et 1992 par le navire norvegien “Dr. Fridjof Nansen” relatent une stabilité de la biomasse. Toutefois, il faudrait limiter l'exploitation car le risque de surpêche et d'effondrement augmente rapidement quand la biomasse atteint son niveau bas.

La zone sud est actuellement exploitée par une dizaine de senneurs espagnols et une douzaine de chalutiers pélagiques russes opérant dans le cadre des accords de pêche. Les mesures d'aménagement actuellement en vigueur dans cette zone se basent sur:

  1. Le système du quota de captures pour les espèces ciblées et associées.
  2. L'instauration d'une bande côtière de 15 milles marins interdite à la pêche.
  3. L'instauration de période de repos biologique : 2 mois de fermeture à la pêche à l'instar de la pêcherie céphalopodière.

Pour le suivi de l'évolution de la dynamique des ressources de cette zone, un programme scientifique est mis en place en collaboration avec l'AtlantNIRO de la Fédération Russe. Un bateau de recherche sera mis à la disposition de l'ISPM.

L'échantillonnage au niveau des zones à forte production sera intensifié. Les travaux concerneront l'océanographie et l'hydrobiologie (physico-chimie de la mer, production primaire et plancton).

Parallèlement, la collecte des données statistiques et biologiques, nécessaires au suivi de l'état d'exploitation des ressources, à bord de ces bateaux sera effectuée par des observateurs scientifiques marocains.

Par ailleurs, il a été souligné la nécessité de standardiser les méthodologies de collecte des données bio-statistiques au niveau des captures et des débarquements de l'ensemble des flottes opérant dans les eaux marocaines.

ISPM: le 26/11/93

LAHNIGUE AZIZA.

Schéma de distribution des ressources pélaglques maricalnes, et localisation des principales pêcheries (d'aprés ISPM_Service Acoustique 1993.


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