En Afrique du Nord, la production de céréales d’hiver, dont la récolte est en cours, devrait être nettement supérieure à celle de l’an dernier, réduite par la sécheresse, en Algérie, au Maroc et en Tunisie, mais être légèrement inférieure en Egypte. Selon les premières estimations, la production de blé en Algérie atteindra environ 2,5 millions de tonnes, les précipitations, insuffisantes au départ, s’étant améliorées pendant la période de végétation. Au Maroc, des pluies abondantes pendant la période de végétation ont favorisé le développement des cultures et la production de blé pourrait atteindre 4,1 millions de tonnes, soit une hausse de plus de 70 pour cent par rapport à l’an dernier. De même, en Tunisie, grâce à des pluies bénéfiques, la production de blé devrait progresser d’environ 32 pour cent par rapport à l’année dernière. En Egypte, la production de blé, presque entièrement irriguée, devrait être très légèrement inférieure à celle de l’année dernière, en raison de températures exceptionnellement élevées, qui pourraient nuire aux rendements.
Dans les pays sahéliens d’Afrique de l’Ouest, les pluies sont arrivées début avril au Burkina Faso ; elles sont devenues abondantes et se sont étendues à l’ensemble du pays fin mai. Dans l’extrême sud du Tchad, au Mali et au Niger, la saison des pluies a commencé en avril. Les premières pluies non négligeables sont arrivées dans l’est de la Guinée-Bissau vers la mi-mai et dans l’extrême sud-est du Sénégal début juin. Ailleurs, au Cap-Vert, en Gambie, dans la plupart des régions du Sénégal, en Mauritanie et dans l’est du Niger, la préparation du sol et les semis sont en bonne voie après l’arrivée des pluies. Au Burkina Faso et dans le sud du Tchad et du Mali, les cultures lèvent convenablement. Dans les pays côtiers, la saison des pluies a commencé vers la mi-mars et des pluies abondantes sont tombées dans la région en avril et en mai. Le maïs de la campagne principale se développe convenablement dans le sud, tandis que les semis de mil et de sorgho sont pratiquement achevés dans les régions du nord. Les perspectives de récoltes sont défavorables en Sierra Leone, où l’insécurité sévit de nouveau dans les zones rurales. La situation des approvisionnements alimentaires et les perspectives de récoltes se sont un peu améliorées au Libéria, grâce au rétablissement de la paix et aux programmes de relèvement.
En Afrique centrale, les céréales secondaires récemment semées se développent convenablement au Cameroun et en République centrafricaine. Les semis ne sont pas encore achevés dans l’extrême nord du Cameroun. Les perspectives de récoltes sont inégales en République démocratique du Congo.
En Afrique de l’Est, les cultures vivrières de la campagne principale de 1998 en sont à différents stades. La récolte va commencer au Burundi, au Rwanda et en Tanzanie. Malgré des conditions météorologiques généralement satisfaisantes, la reprise de la production par rapport au faible niveau de l’an dernier sera freinée par des pénuries d’intrants agricoles dans les deux premiers pays et par une réduction des emblavures dans le dernier. En Somalie, les premières perspectives concernant les cultures de la campagne «Gu» de cette année sont défavorables, en raison de la réduction des emblavures et du temps sec. En Ouganda, il faudrait qu’il pleuve davantage après la période de sécheresse de mai. Ailleurs dans la région, les semis des cultures de la campagne principale ont commencé en Ethiopie, en Erythrée et au Soudan dans des conditions météorologiques jusqu'à présent favorables.
En Afrique australe, la récolte de céréales secondaires de 1998 est presque terminée et, selon les estimations provisoires, la production serait inférieure à la moyenne: environ 15,5 millions de tonnes, contre 17 millions de tonnes en 1997. Cependant, les effets du phénomène El Niño ont été moins graves que prévu. La situation varie énormément d’un pays à l’autre, ainsi que l’ont confirmé les missions FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires récemment menées dans la sous-région. En Angola, au Malawi, au Mozambique et au Swaziland, les conditions de croissance ont été généralement favorables, avec des précipitations normales ou supérieures à la normale dans la plupart des régions. Malgré des pertes de rendement dues aux pluies excessives, la récolte céréalière serait, selon les premières estimations, supérieure à la moyenne dans ces pays. Cependant, au Lesotho, en Namibie et en Zambie, la production serait nettement inférieure à la moyenne à cause des conditions météorologiques anormales. Elle serait également inférieure à la moyenne au Botswana, en Afrique du Sud et au Zimbabwe, en raison de l’alternance de précipitations irrégulières et de périodes de sécheresse prolongées, qui ont limité les rendements. Les emblavures ont été également réduites dans plusieurs pays à cause de la menace de sécheresse et de l’arrivée tardive des pluies. A Madagascar, la récolte du riz de la campagne principale de 1998 est bien avancée et la production devrait être moins affectée par les acridiens qu’il n’avait été prévu initialement. Cependant, étant donné que des essaims nombreux sont encore présents dans plusieurs parties du pays et que leur déplacement vers les zones de production du centre et du nord est signalé, le risque de graves dommages causés aux cultures ne peut pas encore être écarté.
En Asie, la récolte des cultures d’hiver est presque terminée et les semis de paddy et de céréales secondaires ont commencé. En Chine, il est prévu que la production de blé de 1998 recule de 2 à 4 pour cent par rapport à la récolte record de l’année dernière (124 millions de tonnes). En Inde, une récolte de blé d’environ 66,5 millions de tonnes, soit quelque 3 millions de tonnes de moins que l’an dernier, est attendue cette année. Au Pakistan, grâce à des approvisionnements en engrais suffisants et des prix garantis plus élevés, la production de blé atteindra un niveau record, estimé à plus de 18 millions de tonnes. En Indonésie, on estime que, malgré les fortes averses qui ont grossi les réserves d’eau d’irrigation pour les cultures de la deuxième campagne à Java, la production totale de paddy de 1998 tombera à environ 47,5 millions de tonnes, soit quelque 3,6 pour cent de moins que l’année dernière. Aux Philippines, la sécheresse a réduit la récolte de riz et de maïs de la campagne secondaire, récemment engrangée, et a entravé les semis du paddy de la campagne principale. De même, au Viet Nam, la sécheresse a entraîné un recul de la production de paddy d’hiver-printemps, qui vient d’être récolté, et elle risque de compromettre le démarrage des cultures d’été-automne, dont les semis sont en cours. En RPD de Corée, les semis de maïs et de la majeure partie du paddy sont terminés et les premières perspectives sont favorables. En Thaïlande, les semis de riz de la campagne principale sont en cours. En Afghanistan, le relèvement de l’agriculture se poursuit dans les zones où règne la paix et la production pourrait augmenter grâce aux précipitations généralement favorables de l’hiver et du printemps derniers. Cependant, le récent tremblement de terre a probablement causé des dommages aux infrastructures d’irrigation. En Iraq, il est à prévoir que la production des cultures d’hiver pâtira des précipitations inférieures à la moyenne et irrégulièrement réparties, et de la pénurie d’intrants essentiels.
En Amérique centrale et dans les Caraïbes, les semis des céréales de la première campagne de 1998 sont retardés dans la plupart des pays en raison du manque de pluies, imputable aux effets de traîne du phénomène El Niño. Cependant, les quelques pluies modérées enregistrées début juin pourraient indiquer l’arrivée de la saison des pluies dans les pays d’Amérique centrale, où des emblavures moyennes ou supérieures à la moyenne sont prévues. En République dominicaine et en Haïti, les semis sont terminés et, selon les prévisions provisoires, la production céréalière devrait être moyenne ou supérieure à la moyenne, tandis qu’à Cuba, le mauvais temps a sérieusement compromis la récolte importante de la canne à sucre.
En Amérique du Sud, la récolte de maïs de 1998 est presque achevée dans les régions méridionales. En Argentine, selon les prévisions officielles, la production devrait atteindre un niveau record tandis qu’au Brésil, elle serait inférieure à la moyenne, ce qui est dans une large mesure imputable aux intempéries liées au phénomène El Niño. En Uruguay et au Paraguay, selon les estimations, la production serait supérieure à la moyenne malgré des pertes dues aux fortes pluies et aux inondations. Au Chili, elle devrait être moyenne. Dans les pays andins, la sécheresse imputable au phénomène El Niño a eu de graves retombées sur les cultures de maïs, d’orge et de pommes de terre dans les vallées des zones d’altitude de Bolivie et du Pérou, tandis qu’en Equateur, une faible production céréalière est attendue à cause des fortes pluies et des inondations qui ont frappé les principales régions productrices pendant des mois. En Colombie et au Venezuela, les conditions météorologiques sont redevenues normales, favorisant ainsi les semis de maïs et de paddy, en cours actuellement.
En Europe, les perspectives restent satisfaisantes pour les cultures de céréales de 1998, les conditions météorologiques des deux derniers mois ayant été généralement propices au développement des cultures d’hiver et aux semis de printemps. Selon les prévisions, la production céréalière totale de la CE atteindrait 209 millions de tonnes, chiffre pratiquement inchangé par rapport à l’année précédente. L’accroissement de la production de blé devrait être compensé par la réduction de la production de céréales secondaires. Dans les régions orientales, il est prévu que la production fléchisse en Bulgarie, en Hongrie et en Roumanie, mais qu’elle reste généralement inchangée par rapport à 1997 dans les autres pays. Dans les pays baltes, les perspectives sont satisfaisantes pour la récolte de céréales de 1998 et la production pourrait avoisiner celle de l’année dernière.
Dans la Communauté des Etats indépendants (CEI), selon les indications actuelles, la récolte de céréales serait inférieure aux 156 millions de tonnes de l’an dernier. La superficie totale ensemencée en céréales a diminué, en raison principalement de problèmes économiques et de la réduction des emblavures au Kazakhstan et en Ukraine, mais aussi dans un certain nombre d’Etats plus petits. Dans la Fédération de Russie, les semis ont été retardés bien au-delà de la période optimale d’ensemencement et les problèmes météorologiques localisés enregistrés dans les Nouvelles Terres, conjugués à une application réduite d’engrais, risquent également d’entraîner un fléchissement des rendements.
En Amérique du Nord, la récolte de blé de 1998 s’annonce toujours bonne aux Etats-Unis. Selon les prévisions officielles, la production de blé de 1998 s’établirait à 64,1 millions de tonnes, soit 7 pour cent de moins que l’an dernier, à cause du net recul des emblavures. Les semis de maïs, qui ont bénéficié de conditions favorables, sont pratiquement achevés et la récolte de cette année devrait augmenter d’environ 4 pour cent. Au Canada, les semis des céréales de printemps sont presque terminés. Il est prévu que, pour le blé, la production totale atteigne 24,5 millions de tonnes, niveau légèrement inférieur à celui de 1997, tandis que pour les céréales secondaires, elle s’établirait à 27,3 millions de tonnes, soit environ 8 pour cent de plus qu’en 1997.
En Océanie, les perspectives sont favorables pour les récoltes des céréales d’hiver de 1998. Les semis de blé sont en général achevés et les bonnes pluies des deux derniers mois ont favorisé une croissance précoce. La superficie ensemencée en blé a augmenté par rapport à l’an dernier et, selon les prévisions actuelles, la production atteindrait 19,3 millions de tonnes, chiffre supérieur à celui de 1997. En revanche, pour ce qui est des céréales secondaires, les emblavures et la production devraient diminuer, les perspectives en matière de prix restant médiocres pour ces cultures.