SAHEL : SITUATION METEOROLOGIQUE ET ETAT DES CULTURES EN 2000 Système Mondial d'Information et d'Alerte Rapide
	Rapport No 2 - 11 juillet 2000

RESUME

La saison des pluies a commencé à la fin du mois d'avril ou en mai dans le sud du Burkina Faso, de la Guinée Bissau, du Mali, du Tchad, dans l'extrême sud-ouest du Niger et l'extrême sud-est du Sénégal. Les pluies ont progressé vers le nord en juin dans le reste du Sénégal, en Gambie et dans le sud de la Mauritanie. Les premières pluies ont également été enregistrées fin juin au Cap Vert. Les images satellites de la première décade de juillet montrent que la couverture nuageuse a progressé vers le nord, notamment sur l'ouest du Sénégal et la Mauritanie. Des pluies supérieures à la normales ont été reçues durant cette décade au Sénégal, en Mauritanie et à l'ouest du Mali. En revanche, les précipitations sont restées plus limitées dans le centre du Mali et la majeure partie du Burkina Faso.

Les semis progressent en suivant l'arrivée des pluies. Les cultures lèvent de manière satisfaisante dans le sud du Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Sénégal et au Tchad. De meilleures pluies sont nécessaires au Burkina Faso pour éviter des stress hydriques sur les semis récents. Les disponibilités en semences sont généralement bonnes suite aux récoltes records ou supérieures à la moyenne engrangées dans la plupart des pays sahéliens en 1999.

Les pâturages commencent à reverdir. La situation des ravageurs des cultures est dans l'ensemble calme. Des attaques de sauteriaux ont été signalées au Niger et au Tchad. Quelques criquets pèlerins ont été signalés à la mi-juin dans le nord de la Mauritanie. Quelques adultes solitaires ont également été vus dans le centre de l'Aïr au Niger.

RENCONTRE RÉGIONALE SUR L'HIVERNAGE AU SAHEL

Du 26 au 29 juin, au Centre AGRHYMET de Niamey, le CILSS (Comité inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel) a organisé une rencontre régionale sur la situation actuelle des cultures et des approvisionnements alimentaires dans le Sahel. Les participants ont passé en revue la situation pays par pays en ce début de période de soudure. Ils ont analysé les prévisions saisonnières élaborées par l'ACMAD (Centre Africain pour les Applications de la Météorologie au Développement) et le Centre AGRHYMET pour le troisième Forum sur la Prévision Saisonnière en Afrique de l'Ouest (PRESAO) (Voir Rapport Sahel no1). Les chiffres définitifs de la production 1999 ont été donnés pour la Mauritanie et les bilans céréaliers ont été actualisés en conséquence. Des informations ont été fournies sur la situation alimentaire actuelle et sur les opérations d'assistance alimentaire en cours dans chaque pays. Les marchés sont en général bien approvisionnés et les prix nettement inférieurs à ceux des années précédentes suite aux récoltes supérieures à la moyenne à record dans la plupart des pays en 1999.

Suite aux difficultés techniques ou financières rencontrées en 1999 dans plusieurs pays, l'état de la préparation des enquêtes agricoles de production a été passé en revue pour chaque pays. Le Centre AGRHYMET a fourni des fonds pour les services nationaux. Il a programmé des missions techniques en juillet en Guinée Bissau, en Mauritanie, au Mali et au Tchad pour discuter avec les autorités nationales de la mise en oeuvre des enquêtes de cette année.

Plusieurs présentations sur des questions méthodologiques ont été faites, notamment par le Programme Alimentaire Mondial sur son Programme VAM (Vulnerability Assessment and Mapping). Dans le cadre de ce programme ont été lancés un inventaire des sources statistiques nationales existantes sur la sécurité alimentaire et la mise en place d'une base de données sur la destination finale de l'aide alimentaire dans les pays (SAFAMS). Le projet AP3A du Centre AGRHYMET a aussi présenté une contribution sur l'approche méthodologique pour l'intégration de l'élevage dans la caractérisation des zones d'insécurité alimentaire structurelle dans plusieurs pays du Sahel. Le rapport final et "l'avis" préparés à l'issue de cette rencontre sont disponibles auprès du Secrétariat du CILSS.

SITUATION PAR PAYS

QUELQUES DEFINITIONS

Dans ces rapports sont mentionnées quatre zones écoclimatiques qui se différencient par le niveau de leurs précipitations annuelles moyennes et leurs caractéristiques agricoles (zone sahélienne, zone soudano-sahélienne, zone soudanienne et zone guinéenne). Ces zones apparaissent sur la carte et sont décrites dans les paragraphes qui suivent:

Zone sahélienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 250 à 500 mm. C'est la zone située à la limite de la végétation pérenne; là où les précipitations sont inférieures à 350 mm, il n'y a que des pâturages et, parfois, des cultures céréalières à cycle court résistant à la sécheresse; dans cette zone, toutes les activités agricoles sont hautement aléatoires.

Zone soudano-sahélienne : Les précipitations annuelles se situent entre 500 et 900 mm. Là où elles sont inférieures à 700 mm, on pratique surtout des cultures ayant un cycle de végétation bref de 90 jours, c'est-à-dire principalement du sorgho et du mil.

Zone soudanienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 900 à 1 100 mm. La plupart des céréales cultivées ont un cycle de végétation de 120 jours ou plus. C'est la zone où l'on produit l'essentiel des céréales, notamment du maïs, des racines et tubercules, et des cultures de rapport.

Zone guinéenne : Les précipitations annuelles moyennes dépassent 1 100 mm. Font partie de cette zone, où il est plus facile de cultiver des racines, la Guinée Bissau et une petite partie du Sud Burkina Faso, du Sud Mali et de l'extrême Sud du Tchad.

Il sera également question de la "Zone de convergence intertropicale", dont la trace à la surface du sol est dénommée "front intertropical". Il s'agit d'une zone quasi permanente entre deux masses d'air qui sépare les alizés de l'hémisphère Nord et ceux de l'hémisphère Sud. Elle se déplace au nord et au sud de l'Equateur et arrive généralement en juillet à sa position située le plus au nord. Sa position fixe les limites septentrionales des précipitations possibles au Sahel; les nuages de pluie se situent généralement à 150 ou 200 km au sud du front intertropical.