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6.4 LEÇONS TIRÉES DES ÉTUDES DE CAS DU COMMERCE ÉQUITABLE


Dans toutes les études de cas impliquant des coopératives d’exploitants, il est clair que la prime de prix du commerce équitable n’est qu’une partie, et souvent seulement une petite partie, des bénéfices tirés du système du commerce équitable. Les réussites en termes d’auto-organisation paraissent beaucoup plus importantes, permettant d’être en meilleure position dans les négociations, de profiter d’une plus grande solvabilité et de réaliser des économies d’échelle. Le système du commerce équitable contribue à ces succès organisationnels par le renforcement institutionnel, la garantie d’un marché initial, des liens avec le marché international et l’apprentissage de l’exportation par la pratique. En outre, comme pour les études de cas biologiques, le commerce équitable a contribué aux améliorations de qualité.

Dans l’analyse, il faudrait idéalement distinguer la contribution du système de commercialisation équitable de la contribution d’autres activités d’aide au développement. Si les bénéfices résultent essentiellement du système de commercialisation, il faudrait accroître la part de marché des produits du commerce équitable pour avoir le même succès avec d’autres groupes d’exploitants. Inversement, si les bénéfices résultent essentiellement des autres activités d’aide, on pourrait reproduire l’approche adoptée par ces activités sans qu’un marché du commerce équitable ne soit nécessaire. Cependant, il semble que les deux types d’activités se soient soutenus mutuellement et soient fortement liés.

Une préoccupation relative au développement futur du commerce équitable est le manque global de connaissances du commerce équitable dont il est fait état du côté des membres individuels des grandes coopératives. Le doute est permis quant à la «démocratie effective» des grandes coopératives, et l’émergence d’une nouvelle «classe de direction» peut être suspectée. Ce dernier point n’est pas un inconvénient en soi, car tout organisme ne peut que bénéficier d’une direction professionnelle, tant qu’elle est effectivement et démocratiquement contrôlée par les membres.

Ce qui est peut-être important pour le développement à long terme est la perception par de nombreux consommateurs qu’un prix plus élevé améliore directement les revenus des exploitants. Comme on peut le conclure de ces études de cas, cela n’est pas toujours vrai. Il faudrait convaincre ces consommateurs que le développement de la capacité organisationnelle des groupes d’exploitants et les projets de crédit et d’enseignement financés par la prime contribuent à l’amélioration à long terme des conditions de vie.

Comme mentionné plus haut dans le chapitre 5, l’offre de producteurs certifiés FLO est bien supérieure à la demande. Cela est une des raisons pour lesquelles la prime du commerce équitable n’améliore pas toujours directement les revenus des exploitants. Souvent, un faible pourcentage de la production totale est vendu sur le marché du commerce équitable, par exemple dans les cas du café de Tanzanie et du cacao du Ghana. Une part de marché plus élevée est nécessaire pour avoir un impact plus direct sur les revenus.

Les choses sont différentes dans le cas du commerce équitable biologique. En raison de contrôles de certification plus individuels, les exploitants sont beaucoup plus sensibilisés à la «labellisation» et les primes du commerce équitable biologique sont significatives. L’UCIRI et ISMAM ont également réussi à vendre une grande part de leurs produits sous leurs propres labels, et ainsi l’impact est direct sur les revenus des exploitants.

Pour les situations d’embauche de travailleurs, le cas de VREL est le seul exemple ici, mais il ne doit pas être considéré comme un cas typique duquel des conclusions peuvent être généralisées. Sans commerce équitable, VREL n’aurait pas obtenu les licences d’importation UE; le commerce équitable a donc sauvé VREL. Un tel impact est certainement difficile à reproduire.


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